Arnaud Montebourg: (Des) politiques de consolidation budgétaire excessives peuvent conduire à l’augmentation du fardeau de la dette. Entre 2010 et 2012, les pays qui ont réalisé les efforts structurels les plus importants, c’est à dire l’Italie, l’Espagne et la France, sont ceux qui le payent le plus cher en termes de chômage qui culmine à 26% en Espagne !
(...)
Jürgen Stark: C’est un peu court de voir une solution miracle dans les achats d’obligations d’Etat. Même les Américains se demandent si la reprise créée de façon artificielle sera durable. Faire marcher la planche à billets n’aide pas ! L’excès de liquidité crée une nouvelle bulle spéculative. Les records sur les marchés actions ne sont pas justifiés sur le plan économique. Au Japon aussi, on assistera à de nouvelles bulles immobilières ou boursières.
 

Un dialogue de sourds, et cependant fort instructif :

L’un pointe à raison que la politique d’austérité impulsée sous direction de l’Union Européenne ne mène qu’à des catastrophes.
C’est l’évidence :
- Dépression économique en Espagne et en Grèce, six millions de chômeurs chez nos voisins hispaniques -ce qui compte tenu de la différence de population correspondrait en France à huit millions !-, le chômage des jeunes au-delà de 50%, tandis que la dette publique explose comparée à une économie nationale qui se contracte à grande vitesse
- Italie engluée dans une forte récession qui continue de s’aggraver, 800 000 chômeurs supplémentaires en un an
- Et la récession qui commence en France... un processus qui pour chacun des pays frappés n’a fait que s’aggraver une fois qu’il avait commencé

L’autre rétorque avec justesse que l’alternative d’une création monétaire débridée à la manière américaine, britannique ou japonaise ne peut que mener à terme à d’autres catastrophes.
C’est le bon sens même :
- L’augmentation de la quantité d’une chose a tendance à en faire diminuer la valeur relative. Surtout lorsque cette augmentation est massive : la Banque d’Angleterre a créé près de 400 milliards de livres sterling depuis 2008, tandis que la Banque fédérale des Etats-Unis crée en continu des dollars à raison de mille milliards par an, ceci sans limite de temps. Les prix des actions et des obligations d’Etat ont fortement augmenté suite à ce torrent d’impression monétaire... à quand les prix à la consommation ?
- En plus de ses risques inflationnistes, cette utilisation débridée de la planche à billets n’a réussi à relancer durablement la croissance ni en Angleterre ni aux Etats-Unis, où le taux de chômage officiel n’est contenu que par l’explosion du nombre des découragés qui n’apparaissent même plus comme demandeurs d’emploi

La conclusion obligée ne peut être que la suivante : aucune des deux options "austérité" et "croissance" qui occupent tant les discours politiques européens n’est une solution. Toutes deux ne sont que des impasses !

Il faudra chercher ailleurs... à la fois refuser le désastreux programme d’austérité obligée imposé par la Troïka UE / BCE / FMI et refuser l’expédient dangereux et addictif de la planche à billets pour payer ses factures courantes.


Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Noeud Gordien est un site d’analyses et d’investigations sur la Crise. Article écrit par Alexis TOULET. Merci de visiter notre site