Le Noeud GordienA l'heure de la Vague scélérate - Conjonction et synergie de toutes les crises en une déferlante globale2024-03-18T22:34:13+01:00urn:md5:2e1e50df2175f77cc507de58e6d51ff5DotclearCoronavirus - Combien coûte le décalage du confinementurn:md5:8ea38862c504fc75bd93049411d7c511Saturday 6 February 2021Saturday 6 February 2021Alexis TouletBilletsCoronavirusCovid-19France<p><em>Les autorités ne publient pas les simulations de l’épidémie qu’elles utilisent. Il est cependant possible de reconstituer à partir des données publiques une modélisation de l’épidémie dans la période de début janvier à début mars 2021, qui à la fois rend compte du "plateau" actuel dans les contaminations et montre l’augmentation accélérée qui suivra en deuxième moitié de février, et qui rendra tôt ou tard inévitable un nouveau confinement strict.</em></p>
<p><em>L’outil permet encore de modéliser l’effet de ce nouveau confinement en fonction de la date à laquelle il sera décidé. Les conclusions sont sans appel : trois semaines de décalage supplémentaire rallongeraient encore le confinement de plus de deux semaines avec un surcoût de l’ordre d’une trentaine de milliers de vies, 35 milliards de PIB et 20 milliards de dette publique.</em></p> <p>Les modélisations de l’épidémie utilisées par les autorités françaises comme base de leurs décisions ne sont pas publiques, ce qui peut renforcer l’impression d’une dispute de nature politicienne entre partisans par principe du reconfinement et partisans par principe de l’ouverture à tout prix. Cela participe de <ins>l’opacité des autorités françaises quant aux raisons de leurs décisions</ins>, qui contraste avec la <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/02/Faut-il-s-attendre-%C3%A0-encore-quatre-ou-cinq-ans-de-pand%C3%A9mie-Covid-19">communication complète et réaliste d’autres gouvernements, comme par exemple celui de Singapour</a>.</p>
<p>Est-il possible, à partir des données publiques, de reconstituer une modélisation de la phase actuelle de l’épidémie qui fasse sens, et qui permette à chacun d’évaluer <ins style="">par lui-même</ins> les arguments des uns et des autres ? <strong>Oui</strong>.</p>
<p>Construite par une seule personne et à partir des seules données publiques, la modélisation sera certes moins détaillée et probablement moins précise que celles dont les autorités doivent disposer - et qu’elles se gardent bien de publier. Mais elle permettra bien de <strong>comprendre ce qui est en train de se passer</strong>, et notamment :</p>
<ul><li>Pourquoi au juste nous sommes actuellement sur un quasi-plateau du nombre des contaminations</li>
<li>Pourquoi ce plateau va, non pas "peut-être", mais presque certainement être suivi d’une augmentation accélérée du nombre des contaminations avant la fin février, ce qui forcera alors le président de la République à mettre en place un confinement strict, similaire à celui que la France a connu au printemps 2020, similaire à celui que le Royaume-Uni connaît aujourd’hui</li>
<li>Quel est approximativement <ins>le coût, en milliers de morts, en jours de confinement et en milliards d’euros de pertes supplémentaires</ins>, de la décision de décaler le confinement strict - sans parler du coût en emplois perdus</li>
</ul>
<p>Dans un premier temps, j’exposerai les éléments de base du modèle, et discuterai également ses simplifications donc ses limites.</p>
<p>Dans un deuxième temps, j’en détaillerai l’aspect mathématique. La feuille de calcul permettant de générer les simulations est jointe. Cette partie peut sans inconvénient être négligée par les personnes que l’aspect mathématique n’intéresse pas.</p>
<p>Enfin, j’exposerai les résultats, avec les visualisations de la dynamique prévisible de l’épidémie dans les prochaines semaines, ainsi qu’après le début du confinement en fonction de la date à laquelle Emmanuel Macron, <ins>forcé par les événements</ins> et après avoir refusé les propositions des scientifiques cherchant à minimiser le coût en vies et en argent du confinement en le commençant plus tôt, décidera de reconfiner, comme Boris Johnson l’a fait le 5 janvier devant l’explosion des contaminations en Grande-Bretagne, et peut-être aussi tard que lui.</p>
<p>Voici pour commencer les principales conclusions</p>
<h4><strong>Principales conclusions</strong></h4>
<ol><li>En l’absence de confinement, le rythme moyen des contaminations augmentera nettement à partir de la mi-février et <strong>dépassera les 40 000 vers début mars</strong></li>
<li>A partir du <strong>20 février environ</strong>, les nouveaux variants plus contagieux (britannique, sud-africain, brésilien) seront <strong>majoritaires</strong> parmi les nouvelles contaminations</li>
<li>Par rapport à la mise en place dès lundi 8 février d’un nouveau confinement strict continué jusqu’à ce que les contaminations puissent être maîtrisées par traçage et isolation (situation similaire à juin-juillet 2020), <strong>le décalage du confinement au 15 février, 22 février et 1er mars coûtera respectivement de l’ordre de</strong><ul><li><ins>15 février</ins> : + 6 000 morts et + 4 jours de confinement soit presque 10 milliards d’euros de PIB et 5 milliards d’euros de dette publique</li>
<li><ins>22 février</ins> : + 15 000 morts et + 9 jours de confinement soit 20 milliards d’euros de PIB et 11 milliards d’euros de dette publique</li>
<li><ins>1er mars</ins> : + 29 000 morts et + 16 jours de confinement soit plus de 35 milliards d’euros de PIB et 20 milliards d’euros de dette publique</li>
</ul>
</li>
</ol>
<h4>Les éléments du modèle</h4>
<p>La modélisation est basée sur les <strong>données</strong> suivantes :</p>
<ul><li>Circulent en France d’une part le variant classique du Covid-19 actuellement majoritaire, d’autre part plusieurs autres variants (britannique, sud-africain et brésilien) qui sont plus contagieux. </li>
<li>Des restrictions supplémentaires à la circulation du virus ont été mises en place à partir du 17 janvier (couvre-feu à 18 heures), dont l’effet a du apparaître dans les chiffres des contaminations à partir du 22 janvier compte tenu d’un délai d’incubation moyen de 4 jours + 1 jour pour obtenir le résultat d’un test</li>
<li><a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/france">Le compte des contaminations détectées en France</a>, moyenné sur 7 jours, chaque jour entre le 7 janvier et le 5 février</li>
<li>La proportion des nouveaux variants dans les contaminations était de <a href="https://www.bfmtv.com/sante/le-variant-anglais-du-covid-19-represente-3-3-des-cas-positifs-en-france_AN-202101270505.html">3,3% le 8 janvier</a> et <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/covid-19-le-poids-des-variants-du-coronavirus-atteint-21-en-france-20210205">21,3% le 3 février</a></li>
<li>Le nombre des décès par rapport aux contaminations détectées (rappelons que les contaminations réelles sont nettement plus nombreuses, beaucoup n’étant pas détectées) peut être estimé à <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/france" hreflang="en">environ 2,4%</a> en comparant le nombre des contaminations détectées en deuxième moitié de décembre soit 14 300 par jour en moyenne et le nombre des décès en première moitié de janvier soit une moyenne de 345 par jour</li>
<li>Le <a href="https://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/cout-du-confinement-de-4-16-milliards-deurossemaine" hreflang="fr">coût économique d’un confinement strict</a> est estimé à une perte de 16 milliards d’euros de PIB et un supplément de 8 à 9 milliards d’euros de déficit public pour chaque semaine de confinement</li>
</ul>
<p>Les <strong>hypothèses</strong> suivantes sont utilisées :</p>
<ul><li>S’il est confronté à une augmentation brutale des contaminations, le président de la République décidera de réagir, même avec retard comme il l’a fait en mars 2020 et octobre 2020. Le scénario où il choisirait de viser l’immunité collective en acceptant le débordement des services de réanimation et la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes en quelques mois ainsi que le handicap de centaines de milliers d’autres par les séquelles longues du covid n’est pas pris en compte <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/06/Coronavirus-Combien-co%C3%BBte-le-d%C3%A9calage-du-confinement#R1">(1)</a></li>
<li>Emmanuel Macron décidera alors un confinement strict similaire à celui que connaît la Grande-Bretagne actuellement et celui qu’a connu la France au printemps 2020. Comprenant sans délai qu’un confinement allégé comme celui de l’automne 2020 ayant tout juste réussi à maîtriser les contaminations au variant classique, il ne permettrait pas de maîtriser les nouveaux variants beaucoup plus contagieux, le président de la République ne cherchera pas à se contenter d’un tel confinement plus léger dans un premier temps - ce qui n’aurait pour conséquence que d’augmenter encore les dégâts en morts, en handicaps et en argent</li>
<li>Ce confinement sera poursuivi jusqu’au moment où le rythme des contaminations sera maîtrisable par la stratégie tester / tracer / isoler qu’ont utilisée tous les pays qui ont le mieux protégé à la fois leur population et leur économie (Japon, Australie, Corée du Sud, Finlande, Singapour, Chine, Vietnam, Nouvelle-Zélande, Islande…) <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/06/Coronavirus-Combien-co%C3%BBte-le-d%C3%A9calage-du-confinement#R2">(2)</a> Ce rythme a été estimé à <a href="https://www.lci.fr/sante/coronavirus-confinement-d-ou-vient-cet-objectif-de-5000-contaminations-par-jour-a-ne-pas-depasser-2168497.html" hreflang="fr">5 000 contaminations détectées par jour</a>. Le scénario où Emmanuel Macron choisirait de relâcher le confinement avant qu’il ait produit ses pleins effets - menant naturellement à une relance des contaminations - n’est pas pris en compte</li>
</ul>
<p>D’autre part, le modèle présente les <strong>simplifications</strong> suivantes :</p>
<ul><li>L’ensemble des nouveaux variants sont supposés avoir la même contagiosité. Cette simplification est justifiée, au minimum pendant les quelques prochaines semaines, du fait que le variant britannique est très majoritaire parmi les nouveaux variants</li>
<li>L’effet du confinement strict une fois mis en place est supposé parallèle à <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/uk" hreflang="en">celui que la Grande-Bretagne a établi à partir du 5 janvier</a>, c’est-à-dire un ralentissement de l’augmentation des contaminations pendant 5 jours suivi de leur diminution au rythme de -4% chaque jour. C’est une simplification parce que le rythme de diminution peut varier légèrement selon les circonstances, par exemple il était de -4,6% en France au mois d’avril 2020 pendant le premier confinement. Elle est cependant justifiée du fait que l’exemple britannique doit être le plus représentatif, puisqu’il fait intervenir la même version du virus, dite "variant britannique"</li>
<li>Ni le ralentissement des contaminations à l’école du fait des vacances de février, ni le risque d’accélération des contaminations du fait des départs en vacances ne sont pris en compte, pour la simple raison que l’un comme l’autre ne sont guère modélisables. Du fait que ces deux effets sont de sens contraire, ils devraient dans une certaine mesure se compenser. Si les départs en vacances devaient être peu nombreux, il faut sans doute s’attendre à ce que l’épidémie progresse un peu moins vite et prenne donc quelques jours de "retard" par rapport à la modélisation, le seuil de 40 000 contaminations par jour étant donc franchi non le 1er mars mais plutôt dans les premiers jours de mars</li>
</ul>
<h4>Aspect mathématique</h4>
<p>Dans les conditions prévalant en France jusqu’au 22 janvier - apparition de l’effet du couvre-feu à 18 heures - le rythme des contaminations au variant classique du Covid-19 augmente d’un facteur quotidien inconnu ρ<sub>o</sub>, tandis que le rythme des contaminations aux nouveaux variants augmente d’un facteur quotidien ρ<sub>a</sub>. D’autre part le passage au couvre-feu à 18 heures diminue le rythme des contaminations à tous les variants du virus d’un facteur inconnu α.</p>
<p>Ces facteurs peuvent être évalués à partir du nombre moyen des contaminations au 8 janvier (15 338) et du pourcentage des variants dans le total (3,3%), au nombre moyen des contaminations au 3 février (20 615) et pourcentage des variants dans le total (21,3%) ainsi que du nombre moyen des contaminations en milieu de période (19 760 au 22 janvier). Il vient :</p>
<ul><li>ρ<sub>a</sub> = 1,09755</li>
<li>ρ<sub>o</sub> = 1,01351</li>
<li>α = 0,97862</li>
</ul>
<p>Les valeurs calculées servent de base à la modélisation de la propagation de l’épidémie entre début janvier et début mars - voir visualisation plus bas. La simulation prévoit une proportion des nouveaux variants dans le total des contaminations de 13,4% au 27 janvier, proche de la valeur mesurée de <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/coronavirus-14-de-variants-dans-les-cas-positifs-en-france-20210204" hreflang="fr">14%</a>, ce qui crédibilise le modèle.</p>
<p>On peut noter que compte tenu d’un intervalle intergénérationnel moyen <a href="https://www.decision-sante.com/actualites/article/2020/03/18/covid-19-la-fausse-surprise_29322" hreflang="fr">estimé à 6 jours</a> - intervalle entre deux "générations" du virus - les facteurs calculés correspondent pour la période depuis le 22 janvier à un facteur de reproduction pour le variant classique et pour les nouveaux variants respectivement de :</p>
<ul><li>R<sub>o</sub> = ( ρ<sub>o</sub> * α )<sup>6</sup> = 0,95</li>
<li>R<sub>a</sub> = ( ρ<sub>a</sub> * α )<sup>6</sup> = 1,54</li>
</ul>
<p>Voici la <a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Combien_coute_le_decalage_du_confinement_2021.xlsx" hreflang="fr">feuille de calcul générant les simulations</a>.</p>
<h4>Les résultats</h4>
<p>La simulation de la propagation de l’épidémie dans la période entre début janvier et début mars 2021 mène bien au "plateau" actuel dans le rythme de contaminations, suivi à partir de la mi-février d’une augmentation de plus en plus rapide.</p>
<p>La raison apparaît clairement à la lecture du graphique : le couvre-feu à 18 heures d’une part fait diminuer lentement le variant classique du virus, d’autre part est insuffisant pour faire mieux que légèrement ralentir les nouveaux variants. En ce début de février, le variant classique restant majoritaire, il y a équilibre entre la lente diminution de ce variant et l’augmentation des autres, certes rapide mais partant d’une base beaucoup plus basse. <ins>Au cours du mois de février, les nouveaux variants devenant progressivement majoritaires, l’équilibre est rompu et c’est le comportement d’augmentation rapide des variants britannique, sud-africain et brésilien qui apparaît</ins>.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Contaminations.png" title="Contaminations.png"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Contaminations_m.jpg" alt="Contaminations.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a>
<p align="center"><em>Contaminations détectées, moyenne sur 7 jours<br />Orange = total mesuré ; Gris = modélisation variant classique ; Bleu = modélisation autres variants</em></p>
<p>Sous les hypothèses listées plus haut, voici l’effet sur les contaminations d’un confinement strict, de type "Britannique" actuel, <ins>s’il est mis en place lundi 8 février</ins>. La date de chute du nombre moyen de contaminations quotidien en dessous de 5 000 - permettant de mettre en place la stratégie la plus efficace "Tester Tracer Isoler" - est calculée au 23 mars soit un confinement de 43 jours : environ <strong>6 semaines</strong>.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Confinement_02-08.png" title="Confinement_02-08.png"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Confinement_02-08_m.jpg" alt="Confinement_02-08.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a>
<p align="center"><em>Confinement strict mis en place le 8 février<br />Durée 43 jours - Levée du confinement le 23 mars</em></p>
<p>Les trois simulations suivantes modélisent l’effet d’un confinement strict mis en place 1 semaine, 2 semaines ou 3 semaines plus tard, c’est-à-dire les 15 février, 22 février et 1er mars respectivement.</p>
<p>A chaque fois, <ins>la durée du confinement augmente</ins> car la situation de départ est empirée. De plus, le nombre total des contaminations est augmenté, à la fois parce que la situation de départ est pire et parce que le tout - décalage + confinement - a duré plus longtemps. Il en résulte naturellement <ins>un plus grand nombre de morts</ins>. Ce décalage a également <ins>un coût économique important</ins>, estimé à partir des données citées plus haut sur le coût de chaque semaine de confinement.</p>
<p>Enfin, <ins>un nombre plus grand d’emplois sont mis en danger</ins>, et le <ins>poids psychologique subi par l’ensemble de la population - durée de l’isolement notamment - est alourdi</ins>.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Confinement_02-15.png" title="Confinement_02-15.png"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Confinement_02-15_m.jpg" alt="Confinement_02-15.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a>
<p align="center"><em>Confinement strict mis en place le 15 février<br />Durée 47 jours - Levée du confinement le 3 avril<br />Décalage 1 semaine entraîne + 6 000 morts et + 4 jours de confinement</em></p>
<br />
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Confinement_02-22.png" title="Confinement_02-22.png"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Confinement_02-22_m.jpg" alt="Confinement_02-22.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a>
<p align="center"><em>Confinement strict mis en place le 22 février<br />Durée 52 jours - Levée du confinement le 15 avril<br />Décalage 2 semaine entraîne + 15 000 morts et + 9 jours de confinement</em></p>
<br />
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Confinement_03-01.png" title="Confinement_03-01.png"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Confinement_03-01_m.jpg" alt="Confinement_03-01.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a>
<p align="center"><em>Confinement strict mis en place le 1er mars<br />Durée 59 jours - Levée du confinement le 29 avril<br />Décalage 3 semaines entraîne + 29 000 morts et + 16 jours de confinement</em></p>
<p>Une grande partie des pertes humaines et des coûts monétaires et psychologiques subis pendant un nouveau confinement strict sont désormais inévitables. Seuls les pays qui ont su d’abord éradiquer le virus sur leur territoire, ensuite lutter contre toute nouvelle flambée par la combinaison des stratégies tester / tracer / isoler et sas de contrôle aux frontières, peuvent les éviter.</p>
<p>L’enjeu à ce stade est de <strong>limiter ces pertes humaines, ces coûts en argent et ces dégâts psychologiques</strong> en reconnaissant l’inévitable et en n’acceptant plus aucun délai, qui ne fait qu’empirer la situation.</p>
<p>La décision est dans les mains du président de la République Emmanuel Macron. Elle dépend de son sens de l’anticipation et de sa capacité à regarder en face les réalités, même les plus dures.</p>
<p>Charles de Gaulle le disait : "<em>Toujours le chef est seul en face du mauvais destin</em>".</p>
<br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/06/R1" name="nomref">(1)</a> - Le taux de létalité moyen au Covid-19 tous âges confondus compte tenu d’une prise en charge médicale du meilleur niveau (hospitalisation, réanimation) est estimé suivant les études <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-quel-est-vraiment-le-taux-de-letalite-du-covid-19-6882368" hreflang="fr">entre 0,5% et 1%</a>. L’immunité collective étant estimée aux alentours de 66% de la population pour le variant classique du virus, donc 80% pour le variant britannique plus contagieux, il faudrait envisager la mort d’au moins 0,5% à 1% de 80% des 67 millions de la population française c’est-à-dire 250 à 500 mille personnes - mais en fait davantage étant donné que tous ne pourraient être pris en charge par des services de réanimation débordés. Ce sacrifice ne procurant d’ailleurs aucun bénéfice aux survivants puisque l’immunité collective à un variant du virus ne garantit pas l’immunité aux autres, voir <a href="https://www.lapresse.ca/international/amerique-latine/2021-02-05/bresil/manaus-une-metropole-assiegee-deux-fois-par-le-virus.php" hreflang="fr">la situation de Manaus au Brésil</a>, il faudrait donc compter sur une autre ponction de centaines de milliers de vies un peu plus tard dans l’année</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/06/R2" name="nomref">(2)</a> - Bien sûr, la stratégie tester / tracer / isoler n’a pu être efficace que jointe à un "sas" de contrôle aux frontières permettant de protéger le pays contre les recontaminations venues de l’étranger. A titre d’exemple, un voyageur entrant en Corée du Sud non seulement subira un test Covid-19 mais devra même en cas de résultat négatif se soumettre à <a href="https://kr.ambafrance.org/Informations-Coronavirus-Covid-19" hreflang="fr">une quarantaine obligatoire de 14 jours avant d’être autorisé à se déplacer dans le pays</a>. Un tel dispositif est praticable pour des pays au commerce extérieur plus intense que le français - Corée du Sud et d’autres - il le serait à plus forte raison pour la France, soit à ses frontières nationales, soit à celles de l’espace Schengen suivant le choix des partenaires européens du pays</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/06/Coronavirus-Combien-co%C3%BBte-le-d%C3%A9calage-du-confinement#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/127Faut-il s'attendre à encore quatre ou cinq ans de pandémie Covid-19 ?urn:md5:f04c7e240d432e1c0662319403e8aea2Tuesday 2 February 2021Tuesday 2 February 2021Alexis TouletEssaisCoronavirusCovid-19<p><em>Le gouvernement de Singapour, qui a démontré son efficacité en protégeant sa population du covid-19 bien mieux que le gouvernement français, adopte une stratégie de communication divergente, allant jusqu’à prévenir que la fin de la pandémie pourrait ne pas arriver avant "quatre ou cinq ans" plutôt que de présenter de préférence les scénarios les plus roses.</em></p>
<p><em>Quels sont ses arguments ? Et quels sont les avantages d’un plus grand partage avec la population des incertitudes, des risques et même des scénarios pessimistes ?</em></p> <p>Singapour fait partie des pays qui ont su le mieux se protéger de la pandémie au Covid-19. Le petit Etat asiatique n’a connu que <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/singapore" hreflang="en">29 décès à ce jour</a>, soit 5 par million d’habitants et la pandémie y est actuellement étroitement contenue avec une trentaine d’infections quotidiennes détectées, alors que la France a dépassé les 1 100 décès par million d’habitants pour une vingtaine de milliers d’infections quotidiennes repérées.</p>
<p>Pourtant, les autorités n’y font pas montre d’un optimisme exubérant, c’est le moins qu’on puisse dire ! Le ministre de l’Education Lawrence Wong, co-directeur de la cellule interministérielle anti-covid de Singapour indiquait probablement une vue partagée par l’ensemble du gouvernement lorsqu’il a dit <a href="https://www.ndtv.com/world-news/covid-pandemic-could-last-4-to-5-years-singapore-minister-lawrence-wong-2358187" hreflang="en">le 25 janvier</a></p>
<blockquote><p><em>"À un moment donné, la pandémie passera, mais il faudra <strong>peut-être quatre à cinq ans avant de voir enfin la fin de la pandémie</strong> et le début d’une normale post-Covid. À quoi ressemblera ce nouveau monde post-Covid ? Personne ne peut le dire", a déclaré M. Wong.</em></p>
<p><em>(...) Il a ajouté que le respect de mesures de gestion sûres, comme le port de masques et l’évitement des foules, se poursuivra cette année et "peut-être une bonne partie de l’année prochaine".</em></p>
<p><em>(...) Il a noté que les vaccins actuels pourraient ne pas être aussi efficaces contre les nouvelles souches mutantes du virus, et devront être modifiés pour les contrer.</em></p>
<p><em>"Dans le scénario positif, cela signifie que le vaccin devient un peu comme une piqûre annuelle contre la grippe ... ou peut-être que nous développons un vaccin qui fonctionne pour toutes les souches. Mais dans le pire des cas, nous finissons toujours par avoir un temps de retard sur un virus en évolution, et vous ne pourrez pas le rattraper à temps", a-t-il déclaré.</em></p>
<p><em>"Il y a donc <strong>encore d’énormes incertitudes devant nous</strong>. Et l’essentiel est que nous vivons dans un monde partagé et que <strong>personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité"</strong></em></p>
</blockquote>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Lawrence_Wong_m.jpg" alt="Lawrence_Wong.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Lawrence Wong (Singapour) : "Il faudra peut-être quatre à cinq ans avant de voir enfin la fin de la pandémie"</em></p>
<h3>Une stratégie de communication différente</h3>
<p>La communication gouvernementale singapourienne s’écarte nettement de celle par exemple du gouvernement français. Il ne s’agit pas de rassurer par un discours optimiste supposé rendre plus facile à la population de supporter les restrictions - quitte au final à inquiéter et troubler encore plus lorsque les annonces optimistes sont démenties par les faits - comme</p>
<ul><li>l’espoir à l’été 2020 de ne connaître aucune deuxième vague à l’automne - qui fut démenti</li>
<li>l’espoir à l’automne 2020 qu’un confinement allégé et bref suffirait à remettre les contaminations sous contrôle - démenti lui aussi</li>
<li>ou l’espoir en cet hiver 2021 que refuser un reconfinement préventif ne laissera pas la France aussi vulnérable au variant anglais que ne l’était fin 2020 l’Angleterre, où les contaminations ont explosé à partir des écoles et un confinement encore plus long que celui que la France a connu au printemps 2020 n’est pas assez rapidement efficace pour épargner au Royaume-Uni <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/uk" hreflang="en">de longues semaines à 1 000 morts ou plus par jour</a> - espoir que déjà les scientifiques démentent, avant il faut le craindre que la réalité ne s’en charge</li>
</ul>
<p>L’objectif du ministre Wong semble être plutôt d’exposer une description "non filtrée" de la situation, <ins>sans dissimuler les inquiétudes ni les risques</ins>, et avec pour seule "manœuvre de communication" l’idée que ne rien cacher des incertitudes et même des scénarios les plus noirs d’une part permet à la population de se préparer mentalement à faire face - plutôt que de risquer de la désorienter et d’affaiblir sa résistance lorsque le scénario rose s’effondre - d’autre part permet paradoxalement de rassurer en montrant que le gouvernement tente d’anticiper et de prévoir, qu’il a une vision de long terme et ne navigue pas à vue.</p>
<p>Le scénario que Lawrence Wong présente comme le meilleur, ce sont des mesures barrière qui s’étendraient non seulement sur tout 2021, mais encore "<em>peut-être une bonne partie</em>" de 2022, avec un vaccin anti-covid qui devient "<em>comme une piqûre annuelle contre la grippe</em>" pour s’adapter aux nouveaux variants du virus.</p>
<p>Et son scénario noir, ce sont les "<em>énormes incertitudes</em>" et le risque que les humains aient "<em>toujours un temps de retard</em>" sur le virus, si bien que la pandémie durerait encore "<em>cinq ans</em>".</p>
<h3>Les trois risques majeurs</h3>
<p>S’adressant avant tout à ses concitoyens, Lawrence Wong ne liste pas parmi les risques une percée brutale du nouveau variant anglais, puisque Singapour, ayant visé l’éradication du virus plutôt que d’imaginer qu’il soit possible de "<a href="https://www.challenges.fr/top-news/coronavirus-nous-aurons-une-vision-plus-claire-en-milieu-de-semaine-prochaine-dit-macron_734127" hreflang="fr">vivre avec le virus</a>" sans se faire déborder, ne connaît qu’une circulation très faible de la covid-19. Ce risque, que les Français courent largement, ne concerne pas les Singapouriens. De même que le handicap pour l’économie de Singapour est <a href="https://www.businesstimes.com.sg/government-economy/singapore-gdp-shrinks-58-in-2020-contraction-slowed-in-q4" hreflang="en">moins lourd</a> que celui subi par l’économie française, toujours du fait du choix de la stratégie d’éradication plutôt que de vie avec le virus.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Il-faut-vivre-avec-le-virus_m.jpg" alt="Il-faut-vivre-avec-le-virus.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Emmanuel Macron (France) : "Il faut vivre avec le virus"</em></p>
<p>Restent <strong>trois risques majeurs</strong> qui concernent tous les pays, non pas seulement ceux qui ont cherché une voie moyenne et suivant l’expression du président français un "<em>chemin de crête</em>" : les variants d’aujourd’hui, les potentiels variants à venir, et les conséquences politico-économiques de la pandémie.</p>
<h4>1. Les variants d’aujourd’hui</h4>
<p>Le nouveau variant actuellement probablement le plus répandu, <strong>variant "anglais"</strong> apparu dans la région de Londres, serait suivant les derniers résultats aussi sensible aux vaccins que le variant d’origine. Cependant, sa plus grande contagiosité - dans une marge de <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/en-direct-mardi-2-fevrier-covid-le-point-sur-lepidemie-en-france-et-dans-le-monde-1286463" hreflang="fr">40 à 70%</a> - a pour conséquence d’une part qu’il est nettement plus difficile de le maintenir sous contrôle par des mesures d’éloignement classiques, qu’il sera donc nécessaire de durcir pour parvenir au même résultat, d’où un confinement nécessairement étroit comme celui que connaît aujourd’hui le Royaume-Uni. D’autre part que pour arriver à l’immunité collective, il sera nécessaire de vacciner une plus grande partie de la population : pour fixer les idées, si le R0 de la variante de base était de 3 en l’absence de mesures barrières, nécessitant de vacciner 67% de la population pour atteindre l’immunité collective, celui du variant anglais étant de 40% à 70% supérieur serait de 4,2 voire 5,1, d’où la nécessité d’aller jusqu’à 77 voire 81% de la population vaccinée pour se passer de mesures barrière, avec un problème logistique et des délais accrus d’autant.</p>
<p>Le <strong>variant sud-africain</strong>, d’après les premières indications, pourrait être plus dangereux. En effet, ce sont au moins deux vaccins qui s’avèrent <a href="https://www.theguardian.com/world/2021/jan/30/two-new-covid-vaccines-work-worse-against-south-african-strain" hreflang="en">beaucoup moins efficaces contre le variant sud-africain</a> que contre variants d’origine et anglais : le vaccin Johnson & Johnson voyait son efficacité diminuée de 72% à 57%, tandis que celle du vaccin Novavax s’effondrait de 89% à 50%. Même si les résultats obtenus par les autres vaccins contre ce variant sud-africain ne sont pas encore connus, et même s’il est encore possible d’espérer que l’un ou l’autre s’avère aussi efficace contre lui que contre les variants moins puissants, le risque qu’il soit sinon invulnérable, du moins largement protégé contre les vaccins existants ne peut être écarté. Quand bien même tel vaccin existant s’avèrerait efficace, la protection contre le variant sud-africain pourrait exiger de reconfigurer les installations de production pour le produire plutôt que d’autres, donc encore une fois des délais supplémentaires.</p>
<p>Le <strong>variant brésilien</strong> quant à lui inquiète à la fois par la rapidité des contaminations et par la capacité potentielle à attaquer des personnes ayant déjà développé des anticorps contre le variant d’origine.</p>
<blockquote><p><em>"Alors que le variant britannique a mis environ trois mois pour dominer l’épidémie en Angleterre, le variant P.1 n’a mis qu’un mois environ pour dominer l’épidémie à Manaus. En outre, Manaus avait déjà été très durement touchée par le virus en avril. Une étude a estimé que la population aurait dû atteindre l’immunité collective et que le virus ne devrait pas pouvoir s’y propager facilement. Alors pourquoi la ville a-t-elle connu une augmentation encore plus importante dix mois plus tard ? Le P.1 pourrait-il échapper aux anticorps produits contre la version précédente du virus, facilitant ainsi les réinfections ? Pourrait-il simplement être beaucoup plus contagieux ? Les deux hypothèses seraient-elles vraies ?"</em></p>
</blockquote>
<p>Même si les informations sont à ce stade moins claires que pour les variants anglais et sud-africain, la réalité d’une contamination particulièrement rapide et la possibilité que le variant brésilien puisse réinfecter des personnes dont on aurait pu penser qu’elles étaient immunisées ne laissent pas d’inquiéter. Le degré d’efficacité des vaccins existants sur ce variant reste à estimer. Quoi qu’il en soit, même dans l’hypothèse la plus optimiste où leur efficacité ne serait pas diminuée, un variant plus contagieux nécessitera de toute façon de vacciner une proportion plus élevée de la population pour atteindre à l’immunité collective.</p>
<p>Enfin, la liste des variants repérés à ce jour inclut le tout récent <strong>variant californien</strong>, dont peu de choses sont encore connues sinon qu’il est certainement <a href="https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/covid-19-le-variant-californien-seme-la-panique-aux-etats-unis-et-se-multiplie-7127867" hreflang="fr">plus contagieux et plus agressif, y compris pour les enfants</a>.</p>
<blockquote><p><em>« Nous ne sommes pas certains de ce que l’apparition de cette souche et de ces mutations signifie en termes d’infectivité et de résistance aux anticorps (…) Mais il semble sûr que ce variant est plus agressif et plus contagieux ; même pour les enfants, lesquels connaissent de sévères troubles respiratoires. À regarder les chiffres de l’augmentation des décès, il est aussi permis de penser qu’il est plus mortel. Cela demande une étude de suivi sur le plus long terme. Mais le temps presse ».</em></p>
</blockquote>
<h4>2. Les potentiels variants à venir</h4>
<p>Au moins quatre variants majeurs, constituant autant de nouvelles versions plus "efficaces" du covid-19, ont été identifiées en l’espace de quatre mois, entre septembre et décembre 2020. Qu’il s’agisse d’une plus grande contagiosité, de la capacité à attaquer des personnes disposant d’anticorps contre le variant originel, voire de la capacité à attaquer davantage les plus jeunes, chacun représente une adaptation du virus, apparue par le hasard d’une recopie fautive du virus puis sélectionnée par mécanisme darwinien.</p>
<p>Il y a lieu de prévoir que d’autres variants apparaissent à l’avenir, et c’est là l’explication de la formule du ministre singapourien "<em><strong>personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité</strong></em>".</p>
<p>On pourrait croire à une simple fiction bienveillante cherchant à convaincre les pays et individus les plus prospères de se préoccuper aussi du sort des autres. C’est au contraire la réalité la plus concrète et scientifiquement fondée.</p>
<p><strong>Il faut en effet bien comprendre d’où viennent ces nouveaux variants</strong>. Contrairement à ce qu’a pu dire le président du Conseil scientifique <a href="https://www.bfmtv.com/sante/jean-francois-delfraissy-on-a-affaire-a-un-virus-diabolique-et-beaucoup-plus-intelligent-qu-on-ne-le-pense_VN-202101240184.html" hreflang="fr">Jean-François Delfraissy, probablement entraîné par un élan lyrique</a>, le virus covid-19 n’est en aucun cas "<em>intelligent</em>", sans parler d’être "<em>diabolique</em>". Non seulement il n’a aucune volonté, il n’est même pas vivant à proprement parler, du moins pas autant que la plus petite bactérie ou la plus humble moisissure. Le virus est simplement un <ins>morceau de code génétique</ins> qui parasite la machinerie cellulaire d’êtres bien vivants - en l’occurrence des êtres humains - et produit de nouvelles copies de lui-même.</p>
<p>A chaque fois qu’une telle copie a lieu, il y a une très petite chance qu’une erreur survienne, d’où un virus légèrement modifié. A chaque fois qu’une telle modification survient, il y a une très petite chance qu’elle ne détruise pas la fonctionnalité du virus, et soit donc conservée. A chaque fois qu’une modification non destructive survient, il y a une très petite chance pour que cette modification rende le virus plus efficace, suite à quoi la version nouvelle se répand davantage que l’ancienne… et un nouveau variant vient d’apparaître.</p>
<p>La probabilité d’apparition est au final infinitésimale, plus encore que la probabilité de gagner à la loterie. Mais <ins>à chaque fois que le virus se reproduit, il joue à cette loterie</ins>. Et le virus se reproduit d’autant plus souvent que ses effectifs sont plus grands. <strong>Laisser le virus se répandre, c’est lui offrir une énorme quantité de billets de loterie, donc accepter l’apparition en continu de nouveaux variants</strong>. C’est pourquoi il est pratiquement impossible de mettre véritablement fin à la pandémie tant qu’on n’y sera pas parvenu <strong>partout sur Terre</strong>.</p>
<p>Il va de soi que les pays qui ont visé l’éradication du virus (Japon, Corée du Sud, Chine, Australie, Norvège, Singapour, Vietnam, Nouvelle-Zélande etc.) sont dans une bien meilleure situation que ceux qui pratiquent le yo-yo entre périodes de restrictions plus ou moins prononcées et périodes de remultiplication du virus, que ce soit au plan des morts, du coût économique comme du coût psychologique de restrictions variables et sans fin discernable. Mais même eux ne sont pas protégés contre le risque que les nouveaux variants plus dangereux apparus dans des pays moins efficaces ne passent leurs défenses et se répandent chez eux.</p>
<p>De même, les pays qui auront réussi à protéger leur population contre les variants du covid-19 à un instant donné ne seront pas protégés contre l’apparition ailleurs de nouveaux variants attaquant même les personnes précédemment vaccinées. Pas tant qu’une vaccination efficace n’aura pas été étendue <strong>à tous les pays</strong>.</p>
<p>Vacciner la grande majorité de huit milliards de personnes, et avec un vaccin efficace contre tous les variants déjà apparus ? Sachant qu’il en apparaît à ce jour en continu, sachant que la production de ces vaccins reste lente au mieux quelques centaines de millions de doses par mois tous vaccins confondus, sachant que si les mauvaises nouvelles sur les variants sud-africain et brésilien sont confirmées l’humanité pourrait déjà avoir au moins un "coup" de retard sur le virus ?</p>
<p><strong>La prudence de Lawrence Wong sur le délai avant de parvenir à la réussite est bien compréhensible</strong>.</p>
<p>Et si l’épreuve doit durer encore plusieurs années, alors <strong>c’est bien la résilience de la population qui sera cruciale</strong>. Ce qui suppose bien de ne pas toujours mettre en avant le scénario le plus rose, mais plutôt <ins>communiquer honnêtement y compris sur les incertitudes, les risques et les scénarios les plus pessimistes</ins>.</p>
<p>D’autant qu’il faut parler du troisième risque majeur.</p>
<h4>3. Les conséquences politico-économiques de la pandémie</h4>
<p>L’impact de la pandémie sur l’économie - récession mondiale en 2020, risque qu’elle se poursuivre en 2021 voire qui sait au-delà - comme sur l’emploi, la pauvreté ou les dettes publiques et privées est à l’évidence majeur, même s’il varie fortement d’un secteur à l’autre et d’un pays à l’autre. Ces impacts sont très bien documentés. On ne prête en revanche sans doute pas assez d’attention aux <strong>impacts politiques présents et potentiels</strong> de la pandémie.</p>
<p>Il est certes difficile de les documenter précisément, sans parler de les chiffrer ou de les prévoir. Les affaires humaines ne s’y prêtent guère.</p>
<p>Il est cependant permis de noter plusieurs faits troublants :</p>
<ul><li>Les Etats-Unis, nation certes déjà divisée contre elle-même, ont connu depuis un an plusieurs épisodes de violence politique exacerbée, plusieurs dizaines de tués en marge des manifestations "contre les violences policières" au printemps 2020, manifestations ne visant du moins pas à renverser la République, cinq tués lors de la tentative du 6 janvier 2021, qui certes était condamnée d’avance mais a bien visé à réaliser un coup d’Etat. Un commentateur pouvait conclure "<a href="https://www.nytimes.com/2021/01/30/opinion/san-francisco-school-renaming.html" hreflang="en">Quand la vie normale s’estompe, c’est l’idéologie qui remplit le vide</a>"</li>
<li>Si un retour relatif des logiques de force dans les relations internationales est perceptible depuis plusieurs années déjà, l’année 2020 a vu la tendance se poursuivre et peut-être se renforcer. Voir par exemple la pression croissante exercée par le gouvernement chinois contre Taiwan et les <a href="http://www.opex360.com/2021/01/30/des-bombardiers-chinois-soupconnes-davoir-simule-une-attaque-contre-un-porte-avions-americain-pres-de-taiwan/" hreflang="fr">démonstrations de force de Pékin</a> faisant immédiatement suite à l’entrée en fonction de Joe Biden, sans laisser ne serait-ce qu’une fenêtre d’opportunité au nouveau président américain pour, peut-être, chercher une amélioration des relations entre Amérique et Chine</li>
</ul>
<p>Il peut sembler logique que lorsque les cadres de la vie établie sont menacés, lorsque beaucoup sont frappés par chômage et pauvreté et tous s’inquiètent de l’être demain, les tendances à la violence politique et collective risquent de se renforcer. Il est permis de soupçonner que ce processus a déjà commencé.</p>
<p>Là encore, <strong>c’est la résilience générale qu’il faudrait chercher à développer</strong>. Non seulement pour le cas où violence politique ou violence collective seraient imposées du dehors à la France ou à l’Europe, mais encore pour parer le risque de violence qui naîtrait en leur sein.</p>
<p>Et pour cela, encore une fois, <ins>une communication complète et réaliste, et une "vue longue" des étapes de sortie de crise, y compris sur plusieurs années, y compris dans les scénarios les plus pessimistes</ins>, sont nécessaires. Au-delà de la seule réaction à la probable explosion dans les prochaines semaines en France des cas de variant anglais.</p>
<p>Il faut souhaiter que le gouvernement français développe et partage rapidement une telle vision.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/02/02/Faut-il-s-attendre-%C3%A0-encore-quatre-ou-cinq-ans-de-pand%C3%A9mie-Covid-19#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/126Les options de Vladimir Poutineurn:md5:cdcea0ba398706a7e4a7016cca9065b5Friday 29 January 2021Friday 29 January 2021Alexis TouletBilletsNavalnyPoutineRussie<p><em>Confronté au mouvement anti-corruption mené par Alexei Navalny, que sa tentative d’assassinat ratée n’a fait que rendre plus déterminé et plus écouté en Russie, Vladimir Poutine prépare sa riposte.</em></p>
<p><em>Quelles sont ses options ?</em></p> <p>Vladimir Poutine reste en butte au mouvement déclenché par Alexei Navalny, qui doit l’inquiéter sérieusement, au vu des manifestations monstres de l’été dernier en Biélorussie – même si elles n’ont pas débouché sur un changement politique, du moins pour l’instant. Ces manifestations avaient très probablement été l’élément déclencheur de la décision du président russe de faire empoisonner son opposant le plus en vue.</p>
<p>Or, après l’échec catastrophique de l’empoisonnement débouchant sur une humiliation internationale pour Vladimir Poutine, après les manifestations de samedi dernier dans toutes les villes de Russie répondant à l’appel de l’opposant emprisonné lancé dans <a href="https://www.pauljorion.com/blog/2021/01/20/le-cadeau-de-navalny-pour-poutine-ou-comment-et-pourquoi-se-jeter-dans-la-gueule-du-loup-par-alexis-toulet/" hreflang="fr">sa vidéo du 19 janvier</a>, laquelle dénonçait le palais privé d’un luxe aberrant construit par le président russe pour son confort personnel – vidéo qui a dépassé les 100 millions de vues ! – Alexei Navalny continue au même rythme.</p>
<p>Les enfants du couple Navalny sont restés en sécurité à l’étranger. L’opposant et son épouse sont en Russie, acceptant tous les risques et faisant feu de tout bois. Ce qui pouvait déjà depuis des années être décrit comme une sorte de croisade anticorruption, tout se passe comme si c’était devenu une affaire personnelle pour Navalny. Ainsi, probablement, que pour Poutine lui-même.</p>
<p>L’opposant a publié aujourd’hui <a href="https://www.youtube.com/watch?v=H7TCtwnmApU" hreflang="ru">une nouvelle vidéo</a> qui est son discours devant le tribunal qui l’a entendu aujourd’hui. Il y reste tout aussi incisif et n’y retient aucun coup, utilisant les mots les plus clairs, notamment contre les kleptocrates qui gouvernent son pays. En l’espace de sept heures, elle a dépassé les 3,5 millions de vues. De nouvelles manifestations sont prévues dimanche prochain 31 janvier <a href="https://navalny.com/p/6457/" hreflang="ru">dans tout le pays</a> – et à Moscou, devant le siège du FSB !</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Navalny_29-01-21_m.jpg" alt="Alexei Navalny 29-01-21" title="Alexei Navalny 29-01-21" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Alexei Navalny<br />Accepter tous les risques, faire feu de tout bois</em></p>
<p>Suivant Navalny, <em>« si 10% des 100 millions (qui ont visionné la vidéo sur le palais Poutine) descendent dans la rue, alors nous gagnons »</em></p>
<p>Le président russe doit être d’autant plus mal à l’aise que <strong>l’évolution d’un mouvement de ce genre est par nature très difficile à prévoir</strong> :</p>
<ul><li>Un « flop » plus ou moins cuisant est possible, par exemple un épuisement progressif des manifestations demandant la libération de l’opposant, même si à voir l’attention qu’il a attirée sur lui et la taille des manifestations du 23 janvier – moyennes d’un point de vue français, grandes pour la Russie où l’habitude de la manifestation est fort loin d’être ancrée – ce scénario dont Vladimir Poutine rêve sans doute ne semble pas le plus probable, du moins dans l’immédiat</li>
<li>Le scénario de rêve pour Alexei Navalny, c’est-à-dire une transition démocratique non violente, est-il réaliste ? Difficile à dire, même si des exemples existent certainement comme la révolution des Œillets au Portugal en 1974 ou la transition démocratique post-Franco en Espagne</li>
<li>Divers scénarios intermédiaires sont envisageables, revenant à imaginer que sans réussir à le renverser, Navalny demeure pour Poutine un souci impossible à ignorer, et probablement trop dangereux à faire éliminer, du moins dans l’immédiat – surtout à voir l’équipe de « bras cassés » des assassins d’Etat qui a manqué Skripal en Angleterre en 2018 puis Navalny en 2020 !</li>
</ul>
<p>Vladimir Poutine est-il sans autre ressource que la répression policière – déjà très intense, avec arrestations en pagaille pour participation à des manifestations interdites ? Certes non !</p>
<p>Il est même permis de discerner dans <ins>deux événements survenus jeudi 28 janvier</ins> les signes d’une option que le président russe pourrait être en train de se préparer. Une option assez troublante, même si elle pourrait lui apparaître logique.</p>
<h4>Un avertissement sans frais</h4>
<p>Jeudi 28 janvier donc, alors que Navalny mettait en ligne le discours prononcé à son procès, Poutine intervenait à distance en invité inattendu au forum de Davos. Or, le discours qu’il a prononcé, dont <a href="http://kremlin.ru/events/president/news/64938" hreflang="ru">le verbatim est sur le site du Kremlin</a>, à côté de remarques convenues et aussi de points de vue incisifs de l’homme d’Etat considérant la situation mondiale, contient encore ce passage :</p>
<blockquote><p><em>« Nous pouvons nous attendre à ce que la nature des actions pratiques devienne plus agressive, y compris la pression sur les pays qui n’acceptent pas le rôle de satellites obéissants gérés, <strong>l’utilisation de barrières commerciales, les sanctions illégitimes, les restrictions dans les domaines financier, technologique et de l’information.</strong></em></p>
<p><em><strong>Un tel jeu sans règles augmente de manière critique les risques d’utilisation unilatérale de la force militaire</strong> – c’est-à-dire le danger, l’utilisation de la force sous l’un ou l’autre prétexte farfelu. Elle multiplie la probabilité de nouveaux points chauds sur notre planète. Ce sont toutes des choses qui nous concernent. »</em></p>
</blockquote>
<p>Il y a une allusion claire à la situation de l’Iran soumis aux sanctions économiques américaines suite à la décision de Donald Trump de sortir de l’accord sur le nucléaire de 2015, mais elle ne semble pas expliquer entièrement ces paroles. Il est possible d’y entendre encore un avertissement sur le fait que les sanctions économiques et les restrictions dans le domaine financier peuvent débouchent sur une « <em>utilisation unilatérale de la force militaire</em> »</p>
<p>Quelles sanctions économiques ? …Peut-être celles dont certains Européens commencent à parler pour inciter le président russe à modérer la répression chez lui ?</p>
<p>Quelles restrictions financières ? …Celles qui pourraient éventuellement viser l’équipe au pouvoir en Russie, dont le cœur est russe et patriotique – du moins s’il faut en croire leurs paroles – mais le portefeuille se trouve bien à l’Ouest, ainsi que le plus clair de leurs investissements ?</p>
<h4>Un appel à l’annexion ouverte</h4>
<p>D’autre part, jeudi 28 janvier, <strong>Margarita Simonian</strong> était à Donetsk dans le Donbass, la partie de l’Ukraine orientale séparée de Kiev suite à la guerre civile de 2014-2015.</p>
<p>Qui est Margarita Simonian ? C’est la rédactrice en chef de la partie anglophone de RT, principal média extérieur de la Russie – et premier canal d’influence du gouvernement russe auprès des opinions publiques étrangères. Autant dire d’une part qu’elle est un agent de premier rang de l’appareil d’influence russe, tout sauf une lampiste. D’autre part que ses paroles sont nécessairement mesurées et contrôlées à l’avance. L’initiative personnelle est exclue en ce qui la concerne.</p>
<p>Or le discours qu’elle a prononcé devant des responsables des deux Etats non reconnus apparus en Ukraine orientale sous patronage russe les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk <a href="https://www.youtube.com/watch?v=b44EOWPUZS0" hreflang="ru">n’est pas ordinaire !</a></p>
<p>Margarita Simonian y précise bien qu’elle n’est pas politicienne, seulement journaliste. Qu’elle ne fait que donner son opinion, et partager sa douleur. Mais n’a-t-elle pas droit à son opinion, et à sa douleur ? Puis, <a href="https://t.me/rt_russian/57653" hreflang="ru">ceci</a> :</p>
<blockquote><p><em>« Les habitants du Donbass veulent avoir la possibilité d’être russes. Et nous sommes obligés de leur offrir cette possibilité.</em></p>
<p><em>Les habitants du Donbass veulent avoir le droit de parler russe, afin que personne ne puisse jamais leur enlever ce droit. Et nous sommes obligés de leur donner une telle possibilité.</em></p>
<p><em><strong>Les habitants du Donbass veulent vivre chez eux et faire partie de notre grande et généreuse Mère Patrie. Et nous leur devons bien ça.</strong></em></p>
<p><em><strong><ins>Mère Russie, ramène le Donbass chez toi !</ins></strong> »</em></p>
</blockquote>
<p>Depuis la pause (relative) dans les combats et la stabilisation de la ligne de front en 2015, la Russie a continué de soutenir économiquement les deux Etats autoproclamés d’Ukraine orientale, et aussi avec des armes. Et les proclamations d’amitié ne sont pas rares.</p>
<p>Mais ce que cet agent de premier rang de l’appareil médiatique d’Etat de la Russie décrit, c’est <ins>un appel à une annexion ouverte</ins>. Et encore une fois, ses protestations de « <em>simple journaliste</em> » qui a bien le droit de donner « <em>son opinion personnelle</em> » ne sont pas crédibles une seconde, vu son poste.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Rossiya_Matoushka_m.jpg" alt="Rossiya Matoushka" title="Rossiya Matoushka" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>« Mère Russie, ramène le Donbass chez toi ! »<br />L’annexion comme distraction ?</em></p>
<h4>Que prépare donc Vladimir Poutine ?</h4>
<p>Deux interprétations, qui d’ailleurs ne s’excluent pas. Poutine peut <strong>préparer deux options, garder deux fers au feu</strong>, à utiliser suivant les circonstances :</p>
<p>1 - <ins>D’une part, l’intimidation des pays occidentaux qui envisageraient des sanctions</ins>, par exemple financières contre le groupe dirigeant russe et ses avoirs et propriétés en Europe</p>
<p>A demi-mot, leur faire comprendre que l’option de la force n’est pas exclue. Et dans le même temps, crédibiliser cette option en semblant la préparer, sur le front évident c’est-à-dire en Ukraine orientale.</p>
<p>Non pour la déclencher, mais pour que la menace protège les intérêts financiers du groupe dirigeant – pendant éventuellement qu’il « fait ce qu’il faudra » contre le mouvement anti-corruption mené par Alexei Navalny.</p>
<p>L’habile Poutine utilise d’ailleurs la carotte comme le bâton, et dans le même discours il a vanté les rapprochements possibles avec l’Europe. Le message est clair : si vous ne cherchez pas à me gêner, si vous ne critiquez pas trop sérieusement ce que je ferai pour conserver le pouvoir, vous trouverez en moi un partenaire commode.</p>
<p>2 - <ins>D’autre part, la distraction et la gloire pour le peuple russe</ins></p>
<p>Après que les militaires russes ont forcé le parlement de Simferopol la capitale de la Crimée à organiser un référendum sur l’union avec la Russie en mars 2014, référendum dont le résultat fut appliqué tambour battant, Poutine a connu un grand regain de popularité.</p>
<p>Alors, pourquoi ne pas réitérer l’opération dans le Donbass ? Surtout si le mouvement Navalny devait prendre trop d’ampleur. Voire en préventif ?</p>
<p>Il suffirait après tout d’inviter les responsables des deux Républiques populaires à organiser des référendums sur la question du rattachement. Ils ne se feraient sans doute guère prier, et le résultat des référendums serait éminemment prévisible s’agissant de territoires appauvris, où tout le monde parle russe, dans un pays qui est par ailleurs le plus pauvre d’Europe. Un pays où le niveau de vie russe peut faire envie. La Fédération de Russie y gagnerait deux membres supplémentaires.</p>
<p><strong>Militairement, l’opération ne serait pas vraiment risquée</strong>. La ligne de front est stable après tout, quelques violences sont toujours envisageables, mais qui à Kiev a vraiment envie de mourir dans une guerre perdue d’avance ?</p>
<p><strong>Diplomatiquement, l’opération serait désastreuse pour la Russie</strong>. L’éloignant davantage du reste de l’Europe, gelant les initiatives pour rapprocher les deux parties du continent comme celle initiée par le président français en 2019, elle mettrait la Russie encore davantage dans les mains du pays dix fois plus riche et dix fois plus peuplé qu’elle avec lequel Poutine fait semblant de pouvoir maintenir un partenariat équilibré. Fiction à laquelle Xi Jinping fait bien entendu semblant de croire, puisqu’elle le sert.</p>
<p>Mais certes, le président russe pourrait en espérer un regain de popularité – au moins l’espérer, car il n’est pas sûr que tous les Russes se laisseraient prendre au piège, et les circonstances ne sont pas les mêmes qu’en 2014. D’autre part, le sentiment obsidional d’être entouré d’ennemis pourrait en être renforcé – et il sert le président russe.</p>
<p>S’il estime que la survie de son pouvoir passe par là, Vladimir Poutine reculera-t-il vraiment devant le risque d’infliger un désastre diplomatique à son pays ? Il est hélas permis d’en douter.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Xi_et_Poutine_m.jpg" alt="Xi et Poutine" title="Xi et Poutine" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Entre Russie et Chine, un rapport de forces pour l’économie et la population encore plus déséquilibré qu’entre France et Etats-Unis<br />Et un « partenariat » équilibré ?</em></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/29/Les-options-de-Vladimir-Poutine#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/125Taux d'intérêt de banque centrale si bas - c'est sans précédent depuis deux sièclesurn:md5:3f183c651dc544b45745dab79fc6b0f0Saturday 2 January 2021Saturday 2 January 2021Alexis TouletBilletsBitcoinCrise économique et financièreMonnaie<p><em>Le système financier mondial n’a jamais vraiment surmonté la crise de 2008, et sa survie n’est assurée que parce que l’ensemble des monnaies fiduciaires ont été mises en gage pour l’assurer - un coup d’œil à l’histoire longue des taux d’intérêt de banque centrale suffit pour le découvrir.</em></p>
<p><em>Ce système s’avèrera-t-il stable, et qu’en sera-t-il de l’avenir des monnaies fiduciaires qui le garantissent ? Seul l’avenir le dira, car la situation est véritablement sans précédent historique aucun.</em></p> <p>J’ai trouvé matière à réflexion dans ce graphique retraçant <strong>l’évolution du taux d’intérêt de base de la Banque d’Angleterre</strong>.</p>
<p align="center"><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/BoE_official_policy_rate_1830-2020.jpg" title="BoE_official_policy_rate_1830-2020.jpg"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/BoE_official_policy_rate_1830-2020.jpg" alt="BoE_official_policy_rate_1830-2020.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p align="center"><em>Taux officiel de la Banque d’Angleterre 1830-2020<br />Source : Resolution Foundation</em></p>
<p>Son avantage est de replacer dans la longue durée les évolutions récentes, notamment la crise financière commencée en 2007-2008.</p>
<p>On savait que la politique de "<em>taux d’intérêt zéro</em>" (ZIRP en anglais) – comme d’ailleurs l’"<em>assouplissement quantitatif</em>" (QE) – pratiquée par les principales Banques centrales s’écartait très fortement de l’ordinaire, et de tout ce qui a été classiquement considéré comme la "bonne gestion" d’une monnaie fiduciaire. </p>
<p>Ce graphique montre <strong>à quel point</strong> cette politique est sans précédent.</p>
<p>Entre 1830 et 2008, le taux d’intérêt de base de la Banque d’Angleterre n’était <ins>jamais</ins> descendu en-dessous de 2%. Depuis 2008, il n’a <ins>jamais</ins> été remonté au-dessus de 2%, ni même de 1%. Pourquoi : parce que si la Banque d’Angleterre, la BCE, la <em>Federal Bank</em> américaine etc. faisaient une telle chose, la bulle de l’endettement mondial public et privé exploserait. Or une telle chose est politiquement impensable. C’est pourquoi ces taux ne seront jamais remontés à des niveaux adéquats à une "bonne gestion".</p>
<p>De deux choses l’une :</p>
<p><ins>1. Soit nous sommes entrés dans une "nouvelle norme" soutenable</ins>, un nouveau système monétaire et financier qui est stable en lui-même et peut s’avérer durable dans le plein sens de ce terme – ses seules limites étant physiques la limitation des réserves en énergie fossile et les déséquilibres croissants que nous infligeons à la biosphère. Dans ce nouveau régime, comme <a href="https://www.pauljorion.com/blog/2020/12/14/le-media-le-capitalisme-se-suicide-et-veut-nous-emporter-avec-lui-le-14-decembre-2020/" hreflang="fr">le remarquait récemment Paul Jorion dans un entretien avec Le Média</a>, l’endettement importe peu puisque le taux d’intérêt payé sur une obligation (publique ou privée) peut être maintenu aussi bas que nécessaire, au besoin en faisant acheter ces obligations par la banque centrale directement (comme la <em>Federal Bank</em> américaine) ou indirectement (comme la BCE européenne). La seule chose qui importe est bien sûr d’avoir le soutien de la Banque centrale, laquelle décide en dernier recours de qui aura à payer ce taux d’intérêt pratiquement nul, et qui devra payer un taux plus ordinaire – ce qui l’étouffera</p>
<p><ins>2. Soit cette nouvelle norme n’est en réalité pas soutenable</ins>. Elle prendra fin à échéance autre que le "long terme", peut-être bien avant le pic des énergies fossiles ou les pires effondrements environnementaux, et puisqu’elle ne peut se terminer que par quelque suite d’événements catastrophiques équivalents à une perte de confiance massive dans les monnaies elles-mêmes, eh bien c’est ainsi qu’elle finira en effet. Si elle continue à durer douze ans après, c’est avant tout à cause de l’énormité de ce qui a été mis en gage de la survie et continuation "tel quel" du système financier mondial. Rien moins que la confiance en les principales monnaies fiduciaires au monde : dollar, euro, yuan, yen, livre, franc suisse, etc. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/02/Taux-d-int%C3%A9r%C3%AAt-de-banque-centrale-si-bas-c-est-sans-pr%C3%A9c%C3%A9dent-depuis-deux-si%C3%A8cles#R1">(1)</a> !</p>
<p>Dans le premier cas, nous sommes face à un système de pouvoir nouveau, qui est <ins>aussi centralisé que le défunt pouvoir soviétique, tout en étant aussi inégal que le plus dur des capitalismes</ins>. Les nouveaux maîtres du monde, c’est-à-dire les Etats (Etats-Unis, Chine…) et systèmes d’Etats (UE) qui contrôlent l’une des principales monnaies, à la fois centralisent un pouvoir sans guère de précédent sur l’ensemble du système économique et l’utilisent pour maintenir voire renforcer des inégalités aiguës et même croissantes entre les 1% - voire en fait 0,1% - et les autres. Tant qu’ils n’iront pas "trop loin", tant qu’ils se souviendront que comme le dit l’adage "<em>il faut tondre les moutons et non pas les écorcher</em>", leur pouvoir restera sans doute pratiquement inattaquable <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/02/Taux-d-int%C3%A9r%C3%AAt-de-banque-centrale-si-bas-c-est-sans-pr%C3%A9c%C3%A9dent-depuis-deux-si%C3%A8cles#R2">(2)</a></p>
<p>Dans le deuxième cas, le système financier mondial est en réalité <ins>aussi stable qu’un ballon de baudruche qui gonfle indéfiniment</ins>, et la question est ce qui pourrait avancer ou retarder son éclatement. Question ouverte. Une partie de cette question pourrait être de savoir si la baudruche risque de rencontrer le chemin d’une aiguille, par exemple d’un substitut susceptible de "remplacer" les monnaies fiduciaires aux yeux des principaux détenteurs de capitaux – car c’est bien sûr avant tout leur opinion qui compte, non celle du pékin lambda. L’or est la solution classique, c’est une aiguille solide et qui a fait ses preuves. Mais elle est relativement immobile, c’est d’ailleurs un facteur connu puisque son interaction avec les monnaies fiduciaires dure depuis quelques générations déjà. Les monnaies décentralisées de pair à pair - au premier rang desquelles le bitcoin - c’est autre chose : l’aiguille est beaucoup plus petite, sa survie est tout sauf assurée s’agissant d’une tentative si novatrice. Mais elle est rapidement mobile et c’est un facteur très nouveau, dont l’interaction avec les monnaies fiduciaires est encore largement inconnue, et pourrait potentiellement s’avérer dévastatrice, surtout lorsque le système même des monnaies fiduciaires est fragilisé, devant supporter à lui seul le poids de la continuation à l’identique d’un système financier mondial profondément distordu et surchargé de dettes irremboursables.</p>
<p>En l’absence d’une aiguille, qu’elle soit dorée ou crypto, il faut peut-être imaginer que le ballon de baudruche puisse encore gonfler assez longtemps. Même s’il finit bien par exploser au final, et peut-être sans crier gare.</p>
<p>Dans les deux cas, <strong>la situation est véritablement sans précédent historique aucun</strong>.</p>
<br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/02/Taux-d-int%C3%A9r%C3%AAt-de-banque-centrale-si-bas-c-est-sans-pr%C3%A9c%C3%A9dent-depuis-deux-si%C3%A8cles#" name="R1">(1)</a> Ce sont bien les monnaies fiduciaires elles-mêmes qui servent de garantie au système financier mondial. On pourra en juger aux <a href="https://www.youtube.com/watch?v=BX0AkD4jp64" hreflang="en">déclarations de Neel Kashkari</a>, président de la Banque fédérale de Minneapolis et ancien responsable du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Paulson" hreflang="fr">programme de rachat d’actifs "à problèmes"</a> par la Banque centrale américaine en 2008</p>
<blockquote><p>- Que dites-vous à la personne qui se prépare à prendre ses clés de voiture et à aller retirer 3 000 dollars dans un automate bancaire ?"<br />
- Vous n’en avez pas besoin. Votre automate bancaire est en sécurité, votre banque est en sécurité, il y a assez de liquide dans le système financier et <strong>il y a une quantité infinie de liquide à la Réserve fédérale</strong>. Nous ferons <strong>quoi que ce soit qui sera nécessaire</strong> pour qu’il y ait assez de liquide dans le système bancaire</p>
</blockquote>
<p>Notez que, même si le regard de M. Kashkari peut être un peu troublant, surtout quand il prononce les mots "<em>quantité infinie de liquide</em>", <ins>il a entièrement raison</ins>.</p>
<p>Il est tout à fait exact qu’il y a une quantité infinie de liquide à la Réserve fédérale américaine. Comme dans n’importe quelle autre Banque centrale.</p>
<p>En revanche, seulement environ 190 000 tonnes d’or ont été minées jusqu’ici, et seulement 21 millions de bitcoins seront minés au final.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Infinite_amount_of_cash.jpg" title="Infinite_amount_of_cash.jpg"><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Infinite_amount_of_cash.jpg" alt="Infinite_amount_of_cash.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></a></p>
<p align="center"><em>"Une quantité infinie de liquide"</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/02/Taux-d-int%C3%A9r%C3%AAt-de-banque-centrale-si-bas-c-est-sans-pr%C3%A9c%C3%A9dent-depuis-deux-si%C3%A8cles#" name="R2">(2)</a> Si l’option n°1 est vérifiée, c’est-à-dire si le système financier actuel peut se maintenir contre ou à travers les crises financières, alors la question de la stabilité du pouvoir des banques centrales, des Etats qui les contrôlent et de la classe sociale des 0,1% qui en profite est bien celle de savoir s’ils sauront « ne pas exagérer », c’est-à-dire tondre plutôt qu’écorcher. Les révoltes, les révolutions et les autres effondrements sociaux ne surviennent en général que si des gens suffisamment nombreux souffrent suffisamment. Cela peut déplaire, mais historiquement quand la situation est « supportable », que l’on peut se convaincre qu’elle est « normale, en fait » ou que l’on craint qu’elle empire, la résignation est l’attitude la plus commune.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2021/01/02/Taux-d-int%C3%A9r%C3%AAt-de-banque-centrale-si-bas-c-est-sans-pr%C3%A9c%C3%A9dent-depuis-deux-si%C3%A8cles#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/124Coronavirus - Etats-Unis, vers une extension de la catastrophe, ou le refus de regarder la réalité en faceurn:md5:15b56946581d3a62846fd892cf3505ddFriday 3 July 2020Friday 3 July 2020Alexis TouletEssais<p><em>Les Etats-Unis se dirigent tout droit, non pas tellement vers une deuxième vague, mais vers une relance de la première à échelle supérieure, qui risque de déboucher dans les prochaines semaines sur un regain du rythme des morts - et pire encore, la poursuite de l’extension du virus au-delà du record déjà atteint.</em></p>
<p><em>La principale défaillance est politique, le refus de regarder les réalités en face. Pendant qu’une bonne partie du pays s’abîme dans des disputes et criailleries politiques, le virus a tout loisir de se répandre.</em></p> <p>Voici un point détaillé sur la situation des Etats-Unis par rapport à l’épidémie de Covid-19 et les inquiétudes qu’elle peut susciter.</p>
<h4>I. Situation générale à ce jour</h4>
<p>Si on regarde les <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/country/us/" hreflang="en">sept Etats américains comptant le plus grand nombre de cas détectés</a> et totalisant un peu plus de la moitié du total national de presque 2,9 millions à ce jour, on trouve :</p>
<p>- Trois Etats <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/new-york/" hreflang="en">New York</a>, <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/new-jersey/" hreflang="en">New Jersey</a> et <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/massachusetts/" hreflang="en">Massachusetts</a> où le coronavirus a très fortement reculé et ne continue à circuler qu’à niveau faible, une situation assez parallèle à celle que nous connaissons en France, en pire cependant si on tient compte des populations respectives, par exemple à peu près 700 contaminations détectées par jour en France, comme dans l’Etat de New York, mais celui-ci n’a qu’un tiers de la population de la France</p>
<p>===> Épidémie sous contrôle, le danger de reprise demeure naturellement, mais il n’est pas forcément plus élevé que ce que France ou Italie connaissent</p>
<p>- Un Etat plus tangent l’<a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/illinois/" hreflang="en">Illinois</a> où le rythme des nouvelles contaminations a certes nettement baissé comme dans les trois précédents, mais reste à niveau assez élevé, presque 800 par jour pour un cinquième de la population française</p>
<p>===> Épidémie sous contrôle, mais avec une inquiétude plus grande </p>
<p>- Trois progressions de type exponentiel en <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/california/" hreflang="en">Californie</a>, <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/texas/" hreflang="en">Texas</a> et <a href="https://www.worldometers.info/coronavirus/usa/florida/" hreflang="en">Floride</a> avec dans chacun de ces Etats un rythme de nouvelles contaminations plus élevé que jamais et en cours de multiplication. En un mois, la moyenne sur 7 jours des nouvelles contaminations a été <strong>multipliée par 2,5 en Californie</strong>, elle a presque <strong>quintuplé au Texas</strong> et littéralement <strong>décuplé en Floride</strong>...</p>
<p>===> <ins>Trois catastrophes en cours</ins></p>
<p>Soit dit en passant, on n’entend guère parler de restrictions de voyage entre ces trois Etats et le reste du pays. Leurs "performances" en matière de lutte contre le virus auront donc probablement des effets à l’échelle nationale. J’écrivais plus haut que le danger de reprise n’était pas forcément plus grand à New York ou à Boston qu’il ne l’est en France ou en Italie, en fait il vaudrait mieux dire qu’il ne serait pas plus grand si ces Etats refusaient l’entrée aux Californiens et aux Texans. Mais comme ce n’est pas le cas...</p>
<h4>II. Evolution probable dans les semaines à venir</h4>
<p>A regarder les résultats cette fois-ci à l’échelle fédérale, dans l’ensemble des Etats-Unis, on peut faire deux constats.</p>
<p><ins>1. La moyenne sur 7 jours des nouveaux cas détectés a presque doublé dans les deux dernières semaines</ins>, environ 24,8 milliers au 18 juin contre 47,2 milliers au 2 juillet</p>
<p>La valeur la plus grande atteinte jusqu’ici était de l’ordre de 30 à 32 milliers par jour, sur la période du 7 avril au 1er mai. Cependant, il n’est pas certain que les chiffres soient comparables : ferait-on davantage de tests aux Etats-Unis aujourd’hui qu’au mois d’avril ? Si oui, il est possible que la situation ne soit pas en fait aussi grave qu’au mois d’avril, du moins pas encore. Mais elle est de toutes façons deux fois pire qu’il y a deux semaines ! Et c’est cette dynamique qui est le principal facteur d’inquiétude.</p>
<p>Et encore, en tenant compte du fait que les frontières intérieures de la fédération américaine n’étant pas fermées, il y a fort à parier que le désastre en cours aujourd’hui en Californie, au Texas et en Floride ne tarde pas à déborder sur le reste du pays.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Contaminations_covid-19_Etats-Unis_200702.jpg" alt="Contaminations_covid-19_Etats-Unis_200702.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Le rythme des contaminations quotidiennes a doublé en deux semaines</em></p>
<p><ins>2. La moyenne sur 7 jours des morts quotidiens continue à ce jour à décroître</ins>, moins de 600 contre plus de 1 000 à début juin et plus de 2 000 à la mi-avril</p>
<p>Bien sûr, il y a un risque que cette tendance s’inverse. D’une part ceux qui succombent au Covid-19 "mettent un certain temps à mourir" à partir du moment où ils sont détectés positifs, si bien que beaucoup des nouveaux malades californiens, texans et de Floride des deux dernières semaines peuvent très bien résister encore au virus mais mourir bientôt, d’autre part le nombre des nouvelles contaminations pourrait fort bien continuer à augmenter dans les semaines qui viennent.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Morts_covid-19_Etats-Unis_200702.jpg" alt="Morts_covid-19_Etats-Unis_200702.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Le rythme des morts continue pour l’instant à décroître... par simple effet retard, les nouveaux malades n’ont pas eu "le temps de mourir"</em></p>
<p>Il est cependant permis d’espérer que les Etats-Unis ne reviennent pas aux plus de 2 000 morts quotidiens du mois d’avril, le plus fort de l’épidémie. Ou plutôt il serait permis de l’espérer :</p>
<p>- Si une partie de l’augmentation des cas détectés était bien l’effet de tests plus nombreux</p>
<p>- Si la prise en charge médicale des malades s’était réellement améliorée comme certains échos l’affirment</p>
<p>- Et surtout <ins>si la dynamique de l’épidémie était bientôt brisée</ins>, ce qui nécessiterait sans doute à la fois un confinement vraiment sérieux dans les Etats où la progression du virus est exponentielle et une forte restriction des déplacements avec le reste du pays - à noter que les trois grands Etats en question Californie Texas et Floride totalisent 90 millions d’habitants, pas loin de 30% de la population américaine totale, et probablement une plus grande part de l’économie du pays</p>
<p>Le problème principal, et le premier souci d’inquiétude, c’est que ce genre de programme d’action déterminé ne semble pas être envisagé sérieusement. Bien loin de là</p>
<h4>III. Tempête et criailleries politiques, le refus de regarder en face les réalités déplaisantes</h4>
<p>Des mesures partielles commencent à être prises, de manière désordonnée d’un Etat à un autre, mais sans vision d’ensemble et sans que l’on parle de restreindre les déplacements entre Etats - ce qui peut faire craindre que tout succès contre le virus obtenu localement par tel Etat ne soit bientôt compromis par une nouvelle propagation depuis tel autre Etat où la lutte aura été moins efficace.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Whack-a-mole_m.jpg" alt="Whack-a-mole.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Le virus qui dès qu’il est éliminé à un endroit peut se réfugier et resurgir ailleurs - le prix d’une politique non coordonnée entre les différents Etats.</em></p>
<p align="center"><em>Drôle s’il s’agit du Jeu de la taupe. Moins drôle quand la vie de centaines de milliers de gens est en jeu</em></p>
<p>D’autre part, l’Amérique traverse une tempête politique d’une rare violence, qui mène beaucoup d’Américains à <ins>détourner les yeux de l’épidémie pour se réfugier dans tel ou tel récit politique fermé sur lui-même</ins>, qui leur permet peut-être avant tout de s’échapper de la réalité d’un virus hors de contrôle et d’une catastrophe économique historique avec une trentaine de millions d’emplois détruits.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Rapport_emploi_population_Etats-Unis_2000-2020.jpg" alt="Rapport_emploi_population_Etats-Unis_2000-2020.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Trente millions d’Américains ont perdu leur travail en deux mois, on comprend aisément que le désarroi soit profond. Le problème, c’est que les troubles politiques empêchent de lutter contre le virus, d’où remontée de la contamination qui risque de briser le début de remontée du taux d’emploi</em></p>
<p align="center"><em>Source : <a href="https://www.bls.gov/charts/employment-situation/employment-population-ratio.htm" hreflang="en">US Bureau of Labor Statistics</a></em></p>
<p>En caricaturant à peine, si l’on parle de confinement et de distanciation :</p>
<p>- Une partie des gens de droite répondra "<em>Pas question, ça interfère avec la liberté, et d’ailleurs à quoi serviraient masques et gel contre ce virus transmis par la 5G comme chacun sait, tout ça est antipatriotique !</em>"</p>
<p>- Pendant qu’une partie des gens de gauche répondra "<em>Pas question, ça interfère avec la justice raciale, et d’ailleurs vous êtes coupable vous aussi, venez manifester et vous repentir avec nous, sinon c’est que vous devez être raciste</em>"</p>
<p>On objectera peut-être que ce sont là des positions extrêmes et extrémistes. Peut-être, mais tout se passe comme si c’étaient celles-là qui avaient droit de cité les premières, et qui déterminaient l’action – ou plutôt l’inaction – des politiques.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Philadephia_200606_m.jpg" alt="Philadephia_200606.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Meeting_Trump_200621_m.jpg" alt="Meeting_Trump_200621.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Comment lutter contre une épidémie ? Solution de la gauche américaine : des manifestations de masse à répétition dans tout le pays. Solution de la droite américaine : meeting de campagne dans un endroit fermé et les masques c’est antipatriotique</em></p>
<p>Sans doute, on pourrait répondre aux uns que la liberté de vivre est mieux protégée par des restrictions vivables et d’ailleurs temporaires que par une agonie sur un lit de réanimation, et d’ailleurs un virus n’a rien à voir avec la 5G c’est une sottise conspirationniste. Et aux autres que la mort de centaines de milliers de concitoyens de toutes couleurs est un problème plus urgent que celle des quelques dizaines de personnes désarmées tuées par les polices américaines chaque année <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2020/07/03/Coronavirus-Etats-Unis%2C-vers-une-extension-de-la-catastrophe%2C-ou-le-refus-de-regarder-la-r%C3%A9alit%C3%A9-en-face#N1">(1)</a> et qu’il semblerait plus judicieux de s’attaquer au problème plus grave en premier, plutôt que de relancer la contamination par des manifestations de masse supposées aider à préserver des vies innocentes mais en réalité aidant le virus à se répandre et à tuer.</p>
<p>Bien sûr il reste des Américains sensés, de gauche comme de droite. Mais ils ne sont pas forcément assez nombreux, ou alors pas assez convaincus et actifs pour raisonner ou maîtriser les autres. Et naturellement la responsabilité de susciter et d’organiser une politique d’ensemble parmi des dizaines d’Etats constituants, qui dans les pays fédéraux comme les Etats-Unis est la charge et la raison d’être du gouvernement fédéral, est bien mal tenue lorsque le président américain semble occupé à tout sauf à regarder les dangers en face et à travailler sérieusement à forger un consensus et prendre des décisions basée sur les réalités.</p>
<p><strong>L’Amérique traverse une <ins>vraiment</ins> mauvaise passe.</strong></p>
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<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2020/07/03/Coronavirus-Etats-Unis%2C-vers-une-extension-de-la-catastrophe%2C-ou-le-refus-de-regarder-la-r%C3%A9alit%C3%A9-en-face#" name="N1">(1)</a> - Voir <a href="https://www.washingtonpost.com/graphics/2019/national/police-shootings-2019/" hreflang="en">ce compte détaillé</a> : en 2019, 55 Américains désarmés ont été tués par la police, dont 25 Américains blancs et 14 Américains noirs</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2020/07/03/Coronavirus-Etats-Unis%2C-vers-une-extension-de-la-catastrophe%2C-ou-le-refus-de-regarder-la-r%C3%A9alit%C3%A9-en-face#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/122