Président de la République et gouvernement prétendent suivre les avis du Conseil scientifique formé pour étudier la réponse au Covid-19. Emmanuel Macron l’affirmait encore lors de son allocution du 16 mars

(Les décisions) ont été prises avec ordre, préparation, sur la base de recommandations scientifiques avec un seul objectif : nous protéger face à la propagation du virus.

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Or les avis du conseil scientifique sont désormais publics, notamment l’avis rendu le 16 mars, avec sa recommandation N°4 qui à la lire entièrement est on ne peut plus claire

Concernant les activités professionnelles, seules doivent persister les activités strictement nécessaires à la vie de la Nation, en s’appuyant sur les plans déjà existants type PCA, entrant dans le contexte d’une crise sanitaire majeure. Toutes les autres activités doivent être réorganisées notamment sous la forme de télétravail, quand cela est possible. Il appartient à l’Etat de mettre en place les dispositions nécessaires.

La question de la poursuite hors télétravail d’une activité économique donnée s’apprécie donc à partir de la question de savoir si cette activité est "strictement nécessaire à la vie de la Nation", sachant que toute autre activité doit être réorganisée sous forme de télétravail "quand cela est possible". Sinon, elle ne peut "persister".

Autrement dit, la décision du président et du gouvernement de demander à ce que toutes les activités économiques qui ne peuvent être organisées en télétravail continuent, plutôt que seulement celles qui sont "strictement nécessaires à la vie" du pays, ne correspond pas aux recommandations scientifiques reçues par le président et le gouvernement. La déclaration d’Emmanuel Macron le 16 mars plus haut est donc mensongère. L’incohérence est manifeste et pour tout dire criante.

La politique appliquée est plus proche de celle demandée par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, qui met en avant la nécessité de "nourrir nos soignants, transporter, communiquer, chauffer", autrement dit des besoins effectivement nécessaires à la vie, comme le transport des soignants ou l’alimentation de la population, mais demande dans les faits d’ "assurer la continuité de l’activité dans les domaines vitaux bien sûr, mais aussi dans tous les domaines connexes, puisque notre économie est intégrée et les secteurs interdépendants les uns des autres".

Politique consistant non en confinement aussi strict que possible, afin de maximiser les chances d’éteindre la contagion comme cela a été fait dans le Hubei en Chine, mais en "semi-confinement", sous condition d’interrompre aussi peu d’activités que possible, plutôt que de continuer les seules activités "strictement nécessaires à la vie de la Nation", comme le recommandent les experts du Conseil scientifique que le président affirme prendre comme "base" de sa politique de défense contre l’épidémie.

C’est une politique de gribouille, car ce que risquent les demi-mesures et les semi-confinements, c’est l’échec à maîtriser l’épidémie, ou au mieux un retard dans sa maîtrise, pendant lequel le coronavirus continuerait encore une progression de type exponentiel. D’où des désordres et des coûts incomparablement pires que le peu qui aurait pu être gagné par la poursuite d’activités non nécessaires pendant quelques semaines de plus. Ceci en ne parlant que de l’aspect financier.

Et il faudrait bien entendu parler aussi de l’aspect humain.