Le Noeud Gordien - Tag - Le PenA l'heure de la Vague scélérate - Conjonction et synergie de toutes les crises en une déferlante globale2024-03-28T12:40:14+01:00urn:md5:2e1e50df2175f77cc507de58e6d51ff5DotclearÉlire Macron ou Le Pen - Un point sur les risques de part et d'autreurn:md5:771d3c7d33da6b80521916672621d099Thursday 4 May 2017Thursday 4 May 2017Alexis TouletBilletsCrises politiques et internationalesLe PenMacronPolitiquePrésidentielle<p><em>Le débat présidentiel du 3 mai n’a pas réussi à clarifier les points forts des deux projets en concurrence, c’est encore peu de le dire.</em></p>
<p><em>Au-delà de l’occasion manquée, il reste indispensable d’y voir plus clair afin de décider en connaissance de cause. Macron et Le Pen défendent chacun des visions et des projets différents, mais ils s’entendent chacun à en dissimuler les risques.</em></p> <p>Quelles que soient les analyses, quels que soient les points de vue, tous s’accordent semble-t-il sur ce fait que le débat du second tour de la présidentielle a été fort décevant, et n’a sans doute guère aidé les électeurs à préciser leur opinion des projets en jeu et des personnalités qui les portent.</p>
<p>Cet échec à éclairer les enjeux rend encore plus nécessaire d’éclairer les risques de chacune des options proposées. Car s’il y a bien un point sur lequel Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’entendent, c’est pour dissimuler <ins>les risques qu’ils prévoient de faire prendre au pays</ins>, et chacun échoue par ailleurs à attaquer efficacement son adversaire sur ce sujet.</p>
<p>Ces risques peuvent se grouper en plusieurs thèmes, voici les liens vers chaque thématique pour plus de commodité :</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T1">1 - Modèle social</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T2">2 - Economie et emploi</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T3">3 - Démocratie</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T4">4 - Crises financières</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T5">5 - Intégration et migrations de masse</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T6">6 - Indépendance</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T7">7 - Relations internationales</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T8">8 - Personnalité</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#T9">9 - Guerre</a></p>
<h4>Les Erreurs dans le débat</h4>
<p>On ne citera pas les imprécisions et petits arrangements avec la vérité, comme Marine Le Pen prétendant qu’Emmanuel Macron aurait décidé la vente de SFR à Patrick Drahi alors qu’il n’a fait que la débloquer <a href="http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/bercy-donne-son-feu-vert-au-rachat-de-sfr-par-numericable-846083.html" hreflang="fr">en donnant son accord</a> ou que le montant de la participation nette de la France à l’UE serait de 9 milliards d’euros annuels alors qu’il était de <a href="http://ec.europa.eu/budget/figures/interactive/index_en.cfm" hreflang="en">5,5 milliards en 2015</a>. Ou comme Emmanuel Macron prétendant n’avoir rien eu à faire avec la cession de SFR au milliardaire si puissant dans les médias - alors qu’il l’a autorisée - ou faisant semblant de lutter contre la GPA alors qu’approuver en France l’adoption des enfants qui en sont issus revient à une autorisation particulièrement hypocrite, limitée au cas où la mère porteuse est étrangère. Ces imprécisions plus ou moins brouillonnes ou intéressées étaient légion, de part et d’autre.</p>
<p>Mais voici des erreurs - pour parler poliment - <ins>tellement massives qu’elles ne peuvent être passées sous silence</ins> :</p>
<p>Emmanuel Macron :</p>
<ul><li><ins>L’euro ne ferait pas de mal à l’économie française</ins> - quand les inconvénients de l’existence de la monnaie unique n’ont jamais été autant débattus, un prix Nobel d’économie comme <a href="https://www.lesechos.fr/16/09/2016/lesechos.fr/0211291713174_joseph-stiglitz-----il-faudra-peut-etre-abandonner-l-euro-pour-sauver-le-projet-europeen--.htm" hreflang="fr">Joseph Stiglitz s’interrogeant</a> « Il faudra peut-être abandonner l’euro pour sauver le projet européen » et remarquant que "si l’Europe ne parvient pas à sortir de la crise, c’est avant tout à cause de la monnaie unique", et quand le décrochage de l’économie française en terme de compétitivité extérieure et de solde commercial date très visiblement de juste après le passage à l’euro<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Balance_commerciale_France_m.jpg" alt="Balance commerciale France" title="Balance commerciale France" style="margin: 0 auto; display: block;" /></li>
</ul>
<p align="center"><em>L’euro ne ferait pas de mal à l’économie française ?</em></p>
<ul><li><ins>Tous les autres pays européens auraient moins de chômage que la France</ins> - alors que l’Italie, sans parler de l’Espagne, suite à l’application forcée du genre de recettes économiques ordo-libérales promues par l’Union européenne, et que Macron propose de mettre en place en France plus profondément que Hollande ne l’a jamais fait, ont vu leur chômage exploser. Les jeunes Italiens subissent un taux de chômage presque de 40%, et jusqu’à 50% pour les jeunes Espagnols, quand les jeunes Français subissent le taux déjà dramatique de 25% de chômage</li>
<li><ins>Le chômage en France serait moindre que dans les années 90</ins> - alors qu’il <a href="http://www.bdm.insee.fr/bdm2/affichageSeries?idbank=001572362&page=graphique&request_locale=fr" hreflang="fr">dépasse allègrement aujourd’hui les 6 millions</a> toutes catégories confondues rien qu’en métropole, contre environ 4 millions en 1996</li>
</ul>
<p>Marine Le Pen :</p>
<ul><li><ins>La monnaie commune qui existait avant l’euro (ECU) aurait été utilisée par les entreprises</ins> - en réalité elle l’était très peu, il ne s’agissait que d’une unité de compte internationale, utilisée ni dans la vie courante, ni pour les échanges internationaux. S’il devenait une telle monnaie commune, l’euro perdrait pratiquement tout intérêt pour les entreprises, qui utiliseraient les monnaies nationales, nouveaux franc, mark, lire etc. Il est permis de penser qu’il serait plus simple d’accepter tout simplement de laisser l’euro disparaître, plutôt que d’en conserver un reliquat inutile.</li>
</ul>
<p>Ceci étant rappelé, il est temps de parler des risques.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T1"><h4>1 - Modèle social</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> donne la priorité à l’application des règles et de la politique économique commune de l’UE sur la préservation du modèle social français - et ne s’en cache d’ailleurs pas vraiment.</p>
<p>Du fait du transfert de la souveraineté monétaire et de la souveraineté budgétaire à Bruxelles et Francfort, la seule UE pratiquement possible est la version libérale-austéritaire actuelle : obligations d’austérité et de compétitivité par baisse du salaire direct sur la feuille de paie comme indirect les charges qui financent la protection sociale, obligation de libre-échange avec le traité CETA précurseur voire cheval de Troie d’une <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/05/Le-TTIP-Le%C3%A7on-de-choses-en-neuf-mots" hreflang="fr">relance du TAFTA</a>, obligation de privatisations des services publics forcées par les directives européennes, etc.</p>
<p>Un rappel est indispensable, <ins>une "leçon de choses" concernant le modèle social promu par l’Union européenne</ins>, avec le cas particulier du <a href="http://www.lepoint.fr/monde/grece-le-piree-port-chinois-sur-la-mediterranee-20-02-2012-1433069_24.php" hreflang="fr">Port du Pirée en Grèce</a>, où les souhaits non seulement ni même d’abord des investisseurs chinois mais aussi et en premier lieu de la Troïka Commission - BCE - FMI ont été appliqués.</p>
<blockquote><p>La gestion de l’embarcadère n° 2 du port du Pirée a été cédée en 2008 à l’entreprise chinoise Cosco pour 35 ans et un montant de 3,4 milliards d’euros. Depuis, l’accès à l’embarcadère n° 2 est restreint. "Personne ne sait ce qui s’y passe. Si les Chinois importent des produits illégaux ou des armes, on ne sait rien", confie Giorgos Gogos, secrétaire général de l’Union des dockers. La presse grecque et internationale n’est pas la bienvenue et la compagnie Cosco communique très peu sur ses activités ou ses projets de développement.</p>
<p>"Ils emploient des immigrés clandestins sans papiers, sans assurance, et personne ne les contrôle. Ils travaillent les dimanches, fêtes et jours fériés et ne respectent plus le droit du travail grec. Pour la première fois, c’est la loi chinoise qui s’impose.</p>
</blockquote>
<p>Quant au <a href="http://www.monde-diplomatique.fr/2013/02/RIMBERT/48728" hreflang="fr">quotidien de la vie sous ce régime</a> :</p>
<blockquote><p>Remplacement des dockers syndiqués par du personnel sans statut et payé moitié moins, non-respect des accords collectifs, baisse des pensions de retraite, défaut de formation professionnelle, temps de pause réduit, licenciement d’ouvriers protestant contre l’insécurité au travail, réduction des équipes de portiqueurs de neuf à quatre personnes, heures supplémentaires sans majoration : le terminal Cosco fonctionne désormais avec deux cent soixante-dix permanents, dont sept Chinois, auxquels s’ajoutent plusieurs centaines de travailleurs intérimaires, souvent mal formés, recrutés auprès d’un sous-traitant qui les prévient par SMS quelques heures avant l’embauche au gré des besoins du jour. Les syndicats ? « N’en parlons pas, tranche M. Fu. Il vaut mieux ne pas aller trop loin dans ce domaine (…). Je vous l’ai dit, nos employés sont heureux (2). »</p>
</blockquote>
<p>La motivation de cette transformation du modèle social pour plier devant les desiderata de l’UE <a href="http://roland.hureaux.over-blog.com/article-france-allemagne-un-peu-de-coherence-messieurs-les-socialistes-117958514.html" hreflang="fr">est assez claire</a> :</p>
<blockquote><p>Suivant l’économiste Alain Cotta, "<em>François Hollande, fils spirituel de Jacques Delors, (est) si viscéralement attaché à l’euro qu’il (ira) jusqu’à sacrifier le dernier centime de la politique sociale française pour en assurer la survie.</em>"</p>
</blockquote>
<p>Il va de soi qu’Emmanuel Macron est quant à lui en grande partie le fils spirituel de François Hollande - fils ambitieux, décidé à aller beaucoup plus loin que son père. Son éventuelle élection lui serait un blanc-seing pour gouverner par ordonnances. Macron ne s’est pas caché des méthodes qu’il comptait appliquer, et c’est lui qui est arrivé en tête du premier tour. Il n’a pas dit « la finance est mon adversaire », pour se rétracter au lendemain de l’élection. Il a annoncé la couleur.</p>
<p>Du côté de <ins>Marine Le Pen</ins>, le risque principal est qu’elle propose une mesure au financement pour le moins peu clair, la retraite à 60 ans après 40 années de cotisation. Cette baisse de l’âge de la retraite serait en contradiction frontale :</p>
<ul><li>avec le fait historique - et positif ! - de l’allongement non seulement de l’espérance de vie, mais de l’espérance de vie en bonne santé, notamment depuis 1981 lorsque l’âge de la retraite fut ramené de 65 à 60 ans - le ratio du nombre des actifs aux retraités diminuerait de manière sensible</li>
<li>avec la natalité française certes presque suffisante pour renouveler les générations, mais pas pour faire remonter ce ratio actifs / retraités.</li>
</ul>
Certes une politique de compétitivité extérieure avec une nouvelle monnaie nationale et de relance économique, que propose Le Pen, pourrait diminuer drastiquement le chômage, mais ce n’est pas comme si les comptes du système de retraite par répartition pouvaient facilement supporter une charge supplémentaire.
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T2"><h4>2 - Economie et emploi</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> : L’application décidée en Italie et en Espagne de la politique autéritaire-libérale de l’UE - l’expression consacrée dans ce cas est "réformes courageuses" - a eu les résultats suivants :</p>
<ul><li>Extension du domaine du chômage, touchant en particulier la jeunesse, avec pour conséquence l’émigration d’une partie de la jeunesse à la recherche désespérée d’un emploi</li>
<li>Extension de la pauvreté, des millions de personnes devenant des "travailleurs pauvres", c’est-à-dire vivant sous le seuil de pauvreté même avec un emploi à temps plein</li>
<li>Augmentation de la dette nationale exprimée en part du PIB</li>
<li>Vente au privé voire à l’étranger - souvent vente à l’encan - de beaucoup de services publics et fleurons industriels</li>
</ul>
<p>L’adage veut que l’homme ordinaire apprend de ses propres erreurs, tandis que le sage apprend de celles des autres. Il y a tout lieu de croire que ce qui a échoué de manière tellement spectaculaire en Italie et en Espagne échouerait tout aussi douloureusement en France.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> quant à elle, appliquant une politique de relance économique - qu’un pays comme la Chine a organisé ces dernières années à échelle gargantuesque, avec des résultats positifs mais pendant les premières années seulement - et de compétitivité extérieure par ajustement de la monnaie à l’économie, aurait sans doute des résultats positifs sur l’économie, donc l’emploi et les comptes publics. Cependant, après les quelques premières années, elle devrait faire évoluer sa politique économique afin de l’équilibrer - une politique de relance ne peut durer indéfiniment.</p>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T3">3 - Démocratie</a></h4>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> propose d’aller vers davantage de fédéralisme dans l’Union européenne, c’est-à-dire davantage de transferts de souveraineté de Paris - où la démocratie s’applique à plein avec élection du président et de l’Assemblée - vers Bruxelles où c’est une technocratie qui est au pouvoir, non une démocratie.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> propose de reprendre le contrôle de la politique budgétaire et monétaire de la France à Bruxelles, donc de le placer sous contrôle démocratique, en même temps que de rendre au Parlement le pouvoir de faire les lois, la Commission européenne en étant donc privé. Le contrôle du peuple sur leurs élus et la politique du pays serait renforcé par une extension du champ du référendum, comme en Suisse, la représentativité du Parlement par l’introduction de la proportionnelle avec prime au parti arrivé en tête, comme en Italie.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/Macron_-_Le_Pen_-_Democratie.png" alt="Macron_-_Le_Pen_-_Democratie.png" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Démocratie - Divergence totale des deux candidats</em></p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T4"><h4>4 - Crises financières</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> approuve et entend maintenir le Mécanisme de Résolution Unique européen, suivant lequel les banques menacées de faillite feront successivement appel à leurs actionnaires, ainsi qu’à leurs créanciers obligataires et à leurs déposants détenant plus de 100.000 €. Ce MRU laisse en place la source première des menaces pesant sur le système financier, la si rémunératrice activité frénétique des banques, y compris les plus grandes banques françaises, sur les marchés les plus spéculatifs et les plus dangereux.</p>
<p>C’est la séparation des banques de dépôt des banques spéculatrices qui serait la véritable protection - le programme du candidat à la présidence François Hollande en parlait, il ne faut pas appliqué après son élection, ce à quoi son conseiller puis ministre de l’Economie Emmanuel Macron n’est pas nécessairement étranger. Le candidat Macron <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-167328-monsieur-macron-et-le-moins-disant-reglementaire-en-matiere-bancaire-2071054.php" hreflang="fr">entend poursuivre dans la même direction</a>.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> propose de "privilégier l’économie réelle face à la finance spéculative". Ici, quoique l’idée de principe soit naturellement la bonne, le risque est l’imprécision de la méthode qui serait suivie.</p>
<p>D’autre part, la méthode qu’elle propose pour sortir de l’euro, c’est-à-dire une négociation d’au moins plusieurs mois suivie d’un référendum, aussi défendable qu’elle puisse être sur le plan de la bonne gestion des relations internationales comme de la démocratie, pourrait ne pas être applicable en pratique. C’est qu’à partir du moment où la sortie future d’un pays central de l’euro serait annoncée, les anticipations des marchés financiers pourraient forcer la sortie sous quelques jours, parce que beaucoup de détenteurs de compte dans des pays dont la future monnaie devrait baisser par rapport au mark tenterait de transférer leurs avoirs dans une banque allemande ou encore hollandaise. Ces flux, s’ils étaient massifs, ne pourraient être freinés ni compensés, et <a href="http://www.spiegel.de/wirtschaft/soziales/marine-le-pen-was-nach-einem-moeglichen-wahlsieg-passieren-koennte-a-1146127.html" hreflang="de">forceraient plusieurs pays à sortir immédiatement de l’union monétaire</a>, c’est-à-dire à détacher leur monnaie de l’euro lequel prendrait tout naturellement le nom de "mark" et deviendrait la seule monnaie nationale de l’Allemagne.</p>
<blockquote><p>Le moment où la question est posée de savoir si l’euro peut être maintenu, sa destruction commence</p>
</blockquote>
<p>Une présidente Le Pen pourrait très rapidement avoir à gérer une sortie sans délai de la monnaie unique - de même que les partenaires de la France, avant tout Italie et Espagne. Si les fonctions de président de la République sont précisément définies pour pouvoir <ins>faire face efficacement à des crises impromptues</ins> ou appliquer des changements politiques ou internationaux drastiques - Marine Le Pen aurait donc dans cette hypothèse tous les leviers nécessaires à sa disposition - il n’est pas certain que la candidate du FN s’y soit déjà préparée.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T5"><h4>5 - Intégration et migrations de masse</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> a pu donner l’impression de favoriser davantage un modèle multiculturaliste que le modèle républicain d’intégration et d’assimilation. Il resterait à vérifier si cette impression se confirmerait s’il était élu président.</p>
<p>D’autre part, il a ouvertement approuvé la politique de la chancelière allemande en 2015 d’accepter l’immigration en masse d’environ 1,2 million de personnes en une seule année. Décision dont le ministre allemand des affaires étrangères Sigmar Gabriel signalait récemment qu’<a href="http://uk.reuters.com/article/germany-security-defence-idUKB4N1C403W" hreflang="en">elle coûte entre 30 et 40 milliards d’euros annuellement à l’Allemagne</a>. Quelle serait la réaction d’un président Macron en cas de nouvelles migrations de masse ? Il vaut la peine de rappeler que <a href="http://www.spiegel.de/international/europe/europe-steels-itself-for-migration-crisis-in-north-africa-a-1146047.html" hreflang="en">dès aujourd’hui</a> : </p>
<blockquote><p>l’Europe cherche à repousser une nouvelle crise des réfugiés. Le nombre des migrants traversant la Méditerranée a sensiblement augmenté depuis le début de l’année. Les dirigeants européens craignent que la situation ne continue à se détériorer. Bruxelles n’a cependant pas encore réussi à se mettre d’accord sur une solution</p>
</blockquote><p><ins>Marine Le Pen</ins> souhaite favoriser l’assimilation des immigrés récents avec plusieurs mesures :</p>
<ul><li>Diminuer le chômage de masse qui touche tous les Français, mais en particulier les immigrés récents</li>
<li>Interdire la double nationalité non européenne, dans l’espoir d’inciter à un changement plus rapide des loyautés</li>
<li>Freiner drastiquement la nouvelle immigration, donnant au corps social français le temps nécessaire pour s’assimiler les nouveaux venus</li>
</ul>
<p>Cependant, l’image négative attachée par beaucoup au Front National pourrait créer une forte inquiétude parmi les Français les plus récents. Il appartiendrait à une éventuelle présidente Le Pen de les dissiper, ce qui lui serait une difficulté supplémentaire.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T6"><h4>6 - Indépendance</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> est une personnalité neuve en politique, l’accession au second tour de la présidentielle d’un politicien qui s’est lancé depuis moins d’un an est sans précédent aucun. Qu’en est-il de son indépendance, à la fois vis-à-vis des intérêts privés et des intérêts d’Etats étrangers ?</p>
<p>Les soutiens de Macron incluent évidemment les citoyens qui se sont engagés dans En Marche! mais - évitons la naïveté - ne s’y limitent pas. Financements surtout initiaux, lancement médiatique... qui l’a soutenu, qui a-t-il convaincu de l’aider à se lancer voire de le soutenir dans la durée ? Et – il s’agit bien de laisser la naïveté au vestiaire – <ins>en échange de quoi ?</ins></p>
<p>Emmanuel Macron obtenait dès le début de son aventure les soutiens des "Français de l’étranger" dans les cités de la finance à Londres et à New-York. François Bayrou, qui ne l’avait pas encore rejoint, le désignait comme <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/02/22/quand-bayrou-critiquait-macron-et-l-appelait-le-candidat-des-forces-de-l-argent_5083865_4854003.html" hreflang="fr">le candidat « des forces de l’argent »</a>. Quelles contreparties a-t-il du promettre ?</p>
<p>Il convient de rappeler que lorsqu’on parle de "système" - mot remarquablement imprécis - on fait en général référence au complexe institutions européennes / banques / oligarques, avec les médias qu’ils contrôlent. Au passage que si la France n’est que <a href="https://rsf.org/fr/france" hreflang="fr">39ème au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières</a> c’est avant tout parce que :</p>
<blockquote><p>le paysage médiatique français est largement constitué de groupes dont les propriétaires ont d’autres intérêts que leur attachement au journalisme. <ins>Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l’indépendance éditoriale</ins></p>
</blockquote>
<p>Du côté de <ins>Marine Le Pen</ins>, c’est le prêt accordé par une banque contrôlée par la Russie pour le financement des élections cantonales et européennes qui a fait naître des soupçons. La banque en question ne faisait certes que jouer le même rôle que celui des banques françaises qui prêtent sans se faire prier aux autres candidats, comptant sur le remboursement des frais de campagne aux partis ayant obtenu plus de 5% des suffrages, et le FN s’était d’abord adressé aux banques françaises. Cependant, le caractère autocratique du régime politique russe créait un malaise, et il ne fait guère de doute que si Moscou a soutenu Le Pen, c’est parce qu’elle souhaite mettre fin à la guerre économique menée par l’UE contre la Russie, en sortant du régime des sanctions.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T7"><h4>7 - Relations internationales</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> veut continuer voire intensifier la logique de l’Union européenne, laquelle a <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/03/Brexit-et-discorde%2C-l-urgence-d-une-Europe-des-patries" hreflang="fr">généré dans les dix dernières années de nouvelles discordes et oppositions entre nations</a>, autour de la question de l’euro comme plus généralement en conséquence du transfert de parts importantes des souverainetés nationales à Bruxelles :</p>
<ul><li>Insulter les Latins et autres Européens du sud en les traitant de paresseux et de voleurs, ce que même des eurocrates se permettent maintenant, quand ce n’est pas de "cochons" ("PIGS" sigle anglais pour Portugal, Italie, Grèce et Espagne... les intéressés apprécieront) était impensable il y a une décennie</li>
<li>On n’insultait pas non plus les Allemands en les traitant de "nazis", ce que des journaux en Grèce, en Italie et en Pologne ne se privent pas de faire à chaque moment d’irritation</li>
<li>On ne reprochait pas aux Européens du Centre les gouvernements qu’ils se choisissent</li>
<li>Ne parlons pas des sentiments anti-Russes à l’ouest, de la propagande anti-européenne dans les médias d’Etat en Russie</li>
<li>Quant à la direction que menacent de prendre les sentiments réciproques entre Britanniques et Continentaux, elle est suffisamment claire</li>
</ul>
<p><a href="http://www.express.co.uk/news/uk/774389/French-Presidential-candidate-Emmanuel-Macron-Theresa-May-Brexit-France-Britain-EU" hreflang="en">Selon Emmanuel Macron</a>, la décision de sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni était « un crime ». Avec un tel état d’esprit, il y a fort à parier qu’un président Macron contribuerait à éloigner davantage encore les populations européennes les unes des autres.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> quant à elle défend le modèle de "l’Europe des Patries" suivant l’expression du Général de Gaulle, qui mènerait justement à apaiser ces tensions puisque chaque pays serait libre de gérer ses affaires comme il l’entend, tout en coopérant avec les autres à chaque fois qu’il l’estimerait utile.</p>
<p>Cependant, son image très dégradée en Allemagne lui serait une difficulté au moins initiale en cas d’élection. Elle aurait à bien faire comprendre outre-Rhin que vouloir contrôler sa monnaie et ses lois n’implique en aucun cas que la France ne voudrait plus coopérer avec l’Allemagne sur les sujets d’intérêt commun - regagner l’opinion en particulier allemande serait un défi.</p>
<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T8"><h4>8 - Personnalité</h4>
</a>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins>, peu connu du grand public jusqu’à il y a un an, est en grande partie un mystère. Sa personnalité profonde est peu connue, et le masque qu’il semble porter en permanence, encore plus que d’autres hommes politiques, n’arrange rien.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Je_suis_une_surprise_m.jpg" alt="Je_suis_une_surprise.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Faut-il ouvrir ce paquet ?</em></p>
<p>L’aspect juvénile voire enthousiaste peut à la fois susciter la sympathie et l’inquiétude, même chez ses partisans tel <a href="http://www.zeit.de/politik/2017-04/wahl-frankreich-emmanuel-macron-marine-le-pen-stichwahl/komplettansicht " hreflang="de">le journal de gauche allemand Die Zeit</a> résumant le second tour de la présidentielle </p>
<blockquote><p>« Tous les espoirs reposent sur Peter Pan »</p>
</blockquote>
<p>Le mépris qu’il a plusieurs fois laissé échapper envers bien des Français est beaucoup moins sympathique - <a href="http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/emmanuel-macron-traite-les-ouvriers-de-lusine-gad-dillettres/" hreflang="fr">employées supposées être "illettrées"</a>, ouvriers en polo qui auraient besoin de <a href="http://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-macron-le-meilleur-moyen-de-se-payer-un-costard-c-est-de-travailler-27-05-2016-2042634_20.php" hreflang="fr">"travailler pour se payer un costard"</a>. Vu l’aide qu’il a reçue dès 2016 pour son lancement médiatique, il est aussi apparu comme un "produit marketing", en somme le candidat <a href="https://www.youtube.com/watch?v=WIxS9-xhGfM" hreflang="fr">"souple et solide à la fois"</a> que raillaient les Inconnus il y a déjà... vingt-quatre ans.</p>
<p>Enfin, un certain caractère abscons de plusieurs de ses discours, et un abus de la technique consistant à noter le public sous les généralités ou les chiffres pour dégager une impression de compétence fait décidément penser au <em>Trissotin</em> de Molière.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Trissotin_en_politicien_m.jpg" alt="Trissotin_en_politicien.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<div align="center"><em>Tous les propos qu’il tient sont des billevesées,</em></div><div align="center"><em>On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé,</em></div><div align="center"><em>Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé.</em></div><div align="center"><em>(Molière, « Les Femmes Savantes », II, 7)</em></div>
<p align="center"><em>Image - Trissotin interprété comme un homme politique</em></p>
<p>Le Temps, journal suisse, parlait encore de « <a href="https://www.letemps.ch/opinions/2017/04/27/derangeante-ambiguite-demmanuel-macron" hreflang="fr">la dérangeante ambiguïté d’Emmanuel Macron</a> »</p>
<blockquote><p>Le personnage offre un physique lisse au point d’être insipide, parfait mais sans charme ni expressivité. Son regard, même lorsqu’il s’enflamme, est d’une étrange vacuité, au point que le spectateur ressent un malaise indéfinissable. Il y a aussi chez lui cet art bien commercial de ne fâcher personne afin d’élargir son bassin de chalandise. Du coup, comme l’ont remarqué les commentateurs, il est d’accord avec tout le monde au risque de se contredire sans états d’âme. En toutes choses, il énonce des principes consensuels, mais jamais les moyens de leur réalisation. Sous prétexte qu’il est jeune, il prétend que ses idées sont originales alors qu’il n’en est rien.</p>
</blockquote>
<p>Souhaitons en tout cas, pour lui-même comme pour la France - s’il devait être élu président - que le profil psychologique d’Emmanuel Macron établi par le professeur Adriano Segatori, psychiatre et psychothérapeute italien, pêche par excès. Ce praticien va en effet jusqu’à analyser le candidat d’En Marche comme <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NNDgsw39m9s" hreflang="fr">un psychopathe au sens clinique du terme</a>. </p>
<blockquote><p>le développement d’Emmanuel Macron s’est bloqué prématurément en pleine adolescence à cause d’une opération de séduction à la fois psychique et physique (...) l’idée d’omnipotence propre à chaque enfant a été ultérieurement encouragée (...) il semble pathologiquement normal, mais nous sommes en plein narcissisme (...) parfaitement définissable comme psychopathe (...) les crises d’hystérie de Macron au moment où l’admiration pâlit et souligne les faiblesses de son identité (...) Emmanuel Macron, comme tous les psychopathes, est particulièrement dangereux.</p>
</blockquote>
<p>La dernière fois que la France a eu à sa tête un psychopathe était au début du XVème siècle, c’était Charles VI le Fol, dont le règne déboucha sur la guerre civile, l’invasion étrangère (Azincourt) et le traité de Troyes livrant le pays au roi d’Angleterre.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> a certes une image pour le moins controversée, elle est cependant beaucoup plus connue des Français. S’il lui est généralement reconnu le courage, la détermination et la conviction, le soupçon de brutalité est mis en avant, et enfin et surtout elle n’a pu à ce jour malgré ses efforts dissiper complètement l’image de xénophobie attachée par la majorité à son père Jean-Marie Le Pen. Si elle a répété en toute occasion qu’elle en appelait aux Français "de toute origine", une partie importante des Français ne sont pas prêts à la croire sur parole, du seul fait qu’elle est la fille de son père - même éloignée de lui politiquement parlant.</p>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#" name="T9">9 - Guerre</a></h4>
<p>Le risque de guerre étrangère n’est pas souvent discuté. Il est pourtant évidemment à étudier s’agissant de l’élection du chef des Armées. Or, <ins>les relations internationales sont clairement sur une mauvaise pente</ins> et ceci à l’échelle mondiale - Syrie, Ukraine, Corée du Nord, mer de Chine du Sud, Yémen - et le risque qu’une guerre à grande échelle éclate d’ici cinq ans ne doit pas être négligé - à la vérité on en parle bien trop peu.</p>
<p><ins>Emmanuel Macron</ins> s’est déclaré <a href="http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/syrie-emmanuel-macron-favorable-a-une-intervention-militaire_1896611.html" hreflang="fr">favorable à une intervention militaire en Syrie</a>. Il est favorable à la poursuite de la guerre économique entre UE et Russie - politique des sanctions. S’il est élu, la question d’une <ins>synergie avec le nouveau bellicisme américain</ins> démontré par Donald Trump se posera.</p>
<p>Il souhaite continuer à intégrer la France dans l’OTAN, ce qui peut causer des inquiétudes sur le maintien de la paix en Europe. On n’a pas assez noté que l’OTAN pratique dans ses exercices le scénario de l’occupation d’une région russophone, à preuve <a href="http://www.berlin.de/special/jobs-und-ausbildung/stellenangebote/index.php/de/detail/10000-1152039603-S" hreflang="de">cette annonce d’emploi en Allemagne</a> pour la préparation d’exercices de l’OTAN. On embauche des russophones pour jouer le rôle de civils dans des jeux de rôle pour l’entraînement des forces américaines et d’autres pays de l’OTAN.</p>
<blockquote><p>Les participants seront payés à la journée. Ils joueront des rôles de civils dans des villages construits pour l’occasion, et auront à interagir avec les soldats des forces d’intervention OTAN</p>
</blockquote>
<p>Il se pourrait bien que le scénario préparé soit tout simplement une intervention militaire de l’OTAN en Ukraine.</p>
<p>Macron se présente comme le "candidat progressiste". Tony Blair est lui aussi une référence, comme icône progressiste. C’est d’ailleurs l’homme qui suivra sans hésiter George Bush pour envahir l’Irak et y causer plus d’un million de morts.</p>
<p>D’éventuelles voire probables crises internationales pourraient être l’occasion pour la France se mettre à la remorque des tendances les plus bellicistes d’outre-Atlantique. Un président Macron aurait-il le bon sens de tenir la France à l’écart ?</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Superman_et_superchien_m.jpg" alt="Superman_et_superchien.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Superman a le blues - est-ce que tout ça valait vraiment le coup ?</em></p>
<p align="center"><em>Son fidèle Superchien attend fidèlement, heureux tout de même de porter une cape...</em></p>
<p>Notons enfin que lorsque François Hollande a commencé son mandat, la guerre civile en Syrie n’était qu’un petit sujet, on n’avait pas encore entendu parler de l’Etat Islamique et il y avait encore moins eu aucune guerre civile en Ukraine. D’ici cinq ans, il est pratiquement certain que le président de la République aura à faire face à des surprises désagréables de ce genre, à des endroits et selon des modalités totalement imprévisibles.</p>
<p><ins>Marine Le Pen</ins> de son côté a annoncé considérer le djihadisme comme le seul ennemi de la France. Elle souhaite rapprocher les politiques étrangères française et russe, reconnaître le gouvernement syrien comme seule alternative réaliste à la dissolution du pays aux mains des djihadistes. Opposante à la guerre de Libye en 2011, elle a refusé à cette occasion d’impliquer militairement la France dans les affaires d’un autre pays.</p>
<p>Sa politique semble prendre l’Afrique comme point focal, avec annonce d’un soutien renforcé aux gouvernements africains dans leur lutte contre la subversion djihadiste.</p>
<h4>Voter Macron par conviction, par peur du changement ou par manque d’information ?</h4>
<p>Une partie des électeurs d’Emmanuel Macron le choisit par conviction. Pour la majorité, c’est cependant un choix par défaut, et à voir <a href="http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/05/04/35003-20170504ARTFIG00114-sondage-la-cote-de-confiance-d-emmanuel-macron-stagne.php" hreflang="fr">quels Français le soutiennent davantage</a>, la conclusion est immanquable.</p>
<blockquote><p>Emmanuel Macron est fort chez les retraités (50 %), les cadres (52 %) et les catégories de revenus aisés (70 %). Il ne séduit pas les chômeurs (29 %), les employés (25 %) et les catégories de revenus modestes (27 %). L’exact inverse de Marine Le Pen, forte chez les chômeurs (38 %), les employés (44 %) et les catégories de revenus modestes (40 %) alors qu’elle n’attire pas les retraités (22 %), les cadres (15 %) ni les catégories de revenus aisés (15 %)</p>
</blockquote>
<p>Le vote Macron, c’est-à-dire le plus souvent <ins>la résignation à Macron est plus forte chez les Français les mieux protégés.</ins> </p>
<p>C’est ainsi que les retraités le choisissent en majorité - le système de retraite français tient encore en effet - de même que les cadres - largement protégés du chômage - et les plus aisés - qui vivent souvent dans des zones du territoire où la pauvreté et la délinquance ne sont pas encore trop visibles.</p>
<p>A l’inverse, les chômeurs soutiennent Le Pen davantage que la moyenne, de même que les jeunes - plus vulnérables au chômage - et les plus modestes, lesquels sont aux premières loges pour voir et subir les conséquences de l’extension de la pauvreté comme de l’insécurité. <ins>Le vote Le Pen est plus fort chez les Français qui connaissent le mieux les conséquences de la politique générale suivie par le pays depuis deux décennies</ins> - parce qu’ils les subissent au premier chef. On peut aussi remarquer que <a href="http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/04/20/31001-20170420ARTFIG00177-gendarmerie-nationale-un-vote-tres-bleu-marine.php" hreflang="fr">si cela avait dépendu des gendarmes et des policiers</a>, Marine Le Pen aurait été élue présidente dès le premier tour !</p>
<p>Faut-il rappeler encore l’adage : "l’homme ordinaire apprend de ses propres erreurs, tandis que le sage apprend de celles des autres" ? Les Français les mieux protégés - pour l’instant - devraient-ils apprendre de ce que subissent les autres, et comprendre que le même sort pourrait finalement les menacer ?</p>
<h4>Voter Le Pen parce qu’on est convaincu par son projet, ou juste pour être "anti-système" ? </h4>
<p>Une partie des électeurs de Le Pen la choisit par conviction. Une partie peut aussi voter pour elle par rage "anti-système", c’est-à-dire des personnes qui ont bien compris que la direction suivie par la France depuis vingt ans et plus est très néfaste, qu’elle pourrait bientôt devenir désastreuse - mais qui en restent justement à la colère. L’élection d’un président ne devrait-elle pas avant tout être basée sur la conviction qu’un candidat est non seulement différent, mais meilleur que l’alternative de continuer comme avant ?</p>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Ecole_du_grenadier_m.jpg" alt="Ecole_du_grenadier.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>Manuel du lancer de grenade - Ça défoule certes, mais est-ce bien sérieux ?</em></p>
<h4>Ronger son frein - au risque d’aggraver la situation - ou choisir de changer - au risque de se tromper ?</h4>
<p>La question principale est aujourd’hui à quoi les Français sont-ils prêts ?</p>
<p>S’agira-t-il dimanche 7 mai de "faire le gros dos", de ne pas changer la direction que suit le pays, de faire confiance aux mêmes politiques - avec un visage différent - ce qui aurait au moins le bénéfice de ne pas provoquer de trop grand bouleversement du moins à très court terme.</p>
<p>S’agira-t-il de choisir de changer, de "faire une sortie sous le feu" - en espérant s’éviter cinq années supplémentaires de déclin, et les risques sociaux, économiques, financiers voire guerriers qui en découleraient.</p>
<p>La France « qui va bien » - et qui a suivi Macron, ou au premier tour Fillon – doit-elle apprendre de celle qui connaît déjà la réalité de la mondialisation sauvage, de l’européisme et de leurs conséquences, afin de préserver le pays, et elle-même ? Ou bien la France « qui souffre déjà » - doit-elle prendre son mal en patience, afin que les bénéfices de la mondialisation sauvage et de l’Union européenne apparaissent enfin - très bientôt on l’espère ?</p>
<p>La France va choisir de faire la part du feu, de sacrifier quelque chose qu’elle chérit, afin de sauver ce qui apparaît comme plus essentiel. <ins>Choisira-t-elle de sacrifier son modèle social afin de préserver l’UE telle qu’elle est, ou de bouleverser l’UE afin de préserver son modèle social ?</ins></p>
<p>Encore un tour de manège ?</p>
<p>Réponse dimanche 7 mai.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/04/%C3%89lire-Macron-ou-Le-Pen-Un-point-sur-les-risques-de-part-et-d-autre#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/72L'Amérique, à droite et à gauche, s'interroge - et si Le Pen avait quelques qualitésurn:md5:73483b089207a3d568f76af112a143f0Tuesday 2 May 2017Tuesday 2 May 2017Alexis TouletBilletsCrises politiques et internationalesEtats-UnisLe PenMacronPolitiquePrésidentielle<p><em>En Europe et dans le monde entier, on suit de près la présidentielle française. Les bouleversements déjà survenus, avec l’effondrement des deux "partis de gouvernement", et surtout l’élection possible d’une présidente visant à rapatrier à Paris les leviers de pouvoir transférés à Bruxelles et à Berlin, suscitent toutes les interrogations.</em></p>
<p><em>En Amérique, à droite comme à gauche, et parmi les critiques même du président américain Donald Trump, on s’interroge et on envisage même l’impensable - et si Marine Le Pen avait quelques qualités, et si son élection avait quelques avantages pour la France comme pour les autres pays ?</em></p> <p>A quelques jours du second tour, coup sur coup deux éditorialistes s’interrogent sur les avantages d’une élection de Marine Le Pen à la présidence de la République.</p>
<p>L’un, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Ross_Douthat" hreflang="en">Ross Douthat</a>, est éditorialiste au <em>New York Times</em>, la référence du journalisme new-yorkais et la citadelle démocrate de l’opposition à Donald Trump - nettement marqué du côté gauche donc. Il s’interroge - <a href="https://www.nytimes.com/2017/04/29/opinion/sunday/is-there-a-case-for-le-pen.html" hreflang="en">Peut-on défendre Le Pen ?</a> <em>(en anglais)</em></p>
<p>L’autre, <a href="http://www.theamericanconservative.com/author/noah-millman/" hreflang="en">Noah Millman</a>, éditorialiste au <em>American Conservative</em>, est lui aussi plus que critique envers le président américain, cependant depuis un point de vue de droite. Lui aussi écrit - <a href="http://theweek.com/articles/694928/why-not-le-pen" hreflang="en">Pourquoi pas Le Pen ?</a> <em>(en anglais)</em></p>
<p>Leurs parcours politiques et leurs raisonnements sont différents, mais ils s’entendent sur plusieurs constats - et <ins>le fait qu’un Américain de gauche et un Américain de droite, tous deux très réservés voire franchement opposés à Donald Trump, puissent partager ce regard sur Marine Le Pen en surprendra plus d’un.</ins></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#T1">1. Marine Le Pen n’est pas d’extrême-droite - son inspiration est clairement gaulliste</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#T2">2. Elle est compétente - à la différence de Donald Trump</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#T3">3. Elle propose des réponses à des problèmes bien réels</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#T4">4. L’élection d’Emmanuel Macron présenterait des risques importants</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#T5">5. Alors, pourquoi pas Marine Le Pen ? Chacun a sa réponse.</a></p>
<p>Tous deux connaisseurs de la France, peut-on dire qu’ils voient mieux que beaucoup de Français ce qui se passe en France - précisément parce que placés plus loin, ils voient l’ensemble du tableau et, regardant de l’extérieur, sont aussi plus sereins ?</p>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#" name="T1">Marine Le Pen n’est pas d’extrême-droite - son inspiration est clairement gaulliste</a></h4>
<div><p>Douthat (<em>New York Times</em>) :</p>
<blockquote><p>Il n’y a pas de signes que Le Pen tirerait quelque inspiration que ce soit de la droite vichyste. C’est à cause d’elle que son parti a expulsé les vichystes, rejeté l’antisémitisme (...) et être reniée par son propre père est un acte de purification politique assez spectaculaire et coûteux.</p>
<p>(...) <ins>Dans l’ensemble, l’homme politique que Marine Le Pen a travaillé à imiter n’est ni son père ni le maréchal Pétain, mais évidemment Charles de Gaulle</ins> - celui qui s’opposait férocement à l’intégration politique européenne, qui accorda l’indépendance à l’Algérie en partie parce qu’il doutait que la France put absorber des millions d’immigrants musulmans, et dont la conception "La France d’abord" a souvent donné des boutons aux autres chefs d’Etat occidentaux.</p>
</blockquote>
<p>Millman (<em>American Conservative</em>) :</p>
<blockquote><p>Il est indiscutable que Marine Le Pen a considérablement éloigné (le FN) de ses racines. <ins>Si elle semble toujours être à l’extérieur du consensus, c’est en partie parce que le consensus lui-même s’est déplacé</ins>.</p>
<p>(...) C’est De Gaulle qui voyait l’indépendance algérienne comme nécessaire précisément parce que l’alternative aurait été une fusion des cultures française et algérienne qu’il considérait impossible en pratique. Aujourd’hui, simplement discuter les problèmes pratiques que pose l’immigration peut suffire à vous signaler comme extrémiste.</p>
</blockquote>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.De_Gaulle_m.jpg" alt="De_Gaulle.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>Le modèle "évident" de Marine Le Pen - qui "s’opposait férocement à l’intégration politique européenne (...) et dont la conception "La France d’abord" a souvent donné des boutons aux autres chefs d’Etat occidentaux"</em></p>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#" name="T2">Marine Le Pen est compétente - à la différence de Donald Trump</a></h4>
</div><p>Douthat :</p>
<blockquote><p><ins>Personne ne met sérieusement en doute la compétence de Le Pen</ins>, sa maîtrise des dossiers, sa capacité à remplir la charge de présidente sans la transformer en un <em>reality show</em>. Trump est incapable de maîtriser son émotivité turbulente, ce problème ne se pose pas avec son équivalent français.</p>
</blockquote>
<div><p>Millman :</p>
<blockquote><p>Le Pen n’est pas Donald Trump. Ce n’est pas un escroc ignorant, paresseux et narcissique. Elle travaille ses sujets depuis des années et elle connait les dossiers. Ce n’est pas non plus un Poutine, un Erdogan, ni même un Viktor Orban de Hongrie. Ce n’est pas une démocratie jeune, fragile et incertaine qu’elle aspire à diriger. Elle ne cherche pas à restaurer une gloire impériale perdue, ni à coloniser l’Etat pour en faire un instrument de son parti. <ins>Elle pourrait bien être le meilleur des représentants du nationalisme populiste</ins>.</p>
</blockquote>
</div><h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#" name="T3">Marine Le Pen propose des réponses à des problèmes bien réels</a></h4>
<p>Douthat :</p>
<blockquote><p>Autant une grande partie des propositions de Trump était une réaction exagérée aux problèmes du pays, autant <ins>certaines des propositions controversées de Le Pen sont tout simplement justes</ins>.</p>
<p>Elle a raison de dire qu’une pause durable à l’immigration de masse profiterait à l’ensemble de la France, à la fois immigrants récents et Français de longue date.</p>
<p>Elle a raison de dire que l’Union européenne a donné trop de pouvoirs sans contrôle à Bruxelles et à Berlin et donné la priorité aux intérêts financiers sur ceux des citoyens ordinaires.</p>
<p>Et même si beaucoup de ses propositions économiques sont bâclées, sa critique globale de l’euro est correcte : son pays et son continent se porteraient mieux sans.</p>
</blockquote>
<p>Millman :</p>
<blockquote><p>Les principales propositions de Le Pen sont toutes liées à <ins>la question de la souveraineté nationale et de l’identité</ins>. Elle veut une réduction importante de l’immigration, le retrait de l’OTAN, ainsi que de l’Union européenne - au vu de la centralité de la France dans ce projet, cela signifierait certainement sa fin. Plus largement, elle fait campagne clairement et frontalement contre le consensus politique de la génération passée.</p>
<p>Son adversaire, Emmanuel Macron, même à la tête d’un parti tout neuf organisé autour de sa personne, est la quintessence de ce consensus, il représente l’aile droite amie du capital du parti de centre gauche qui s’est effondré lors du premier tour. Macron se présente comme l’homme de l’avenir, accuse Le Pen de nostalgie pour un passé détestable, mais c’est précisément cet avenir-là que la France a visé le dernier quart de siècle, et <ins>Le Pen est sans doute la candidate parfaite pour incarner l’alternative</ins>.</p>
</blockquote>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#" name="T4">L’élection d’Emmanuel Macron présenterait des risques importants</a></h4>
<p>Douthat :</p>
<blockquote><p>La gouvernance "éclairée" de notre époque a produit une élite de l’eurozone déconnectée, ligotée à une monnaie unique destructrice, et une expérience d’immigration de masse qui a changé la société française plus vite que l’intégration n’arrivait à faire son indispensable travail.</p>
<p>C’est ce genre de questions qui a permis à Trump d’être élu, mais dans le contexte européen les problèmes sont plus graves et la critique populiste plus convaincante.</p>
<p>Il n’y a pas d’équivalent en Amérique à <ins>l’extraordinaire désastre de l’euro</ins>, une forme d’impérialisme allemand avec les autres parties malmenées de l’Europe comme sujets. Il n’y a pas d’équivalent américain au <ins>défi d’assimilation des immigrants qui se pose à la France</ins> - pas d’équivalent à la menace terroriste interne, à la hausse de l’antisémitisme islamiste, aux enclaves immigrées devenues des mondes séparés.</p>
</blockquote>
<p>Millman :</p>
<blockquote><p>Le projet du FN est risqué, sans aucune doute. <ins>Mais les risques que pose le statu quo ont été abondamment mis en évidence depuis dix ans</ins>, et que faudrait-il y faire ? <ins>Est-ce qu’il reste une seule personne qui croie encore vraiment que l’UE fonctionne ?</ins> De deux choses l’une, soit c’est une expérience ratée qui doit être abandonnée, soit les institutions européennes doivent être sensiblement repensées pour que la zone de monnaie commune fonctionne pour les gens et non seulement pour les intérêts du capital. Ni l’un ni l’autre n’arriveront jusqu’à ce qu’un pays majeur au cœur de l’UE force à prendre en compte la question. <ins>Et quel pays serait plus qualifié que la France pour le faire ?</ins></p>
<p>On peut dire la même chose de l’OTAN. Donald Trump a répété pendant sa campagne que l’alliance est obsolète - même s’il s’est dédit depuis, sur ce sujet comme sur tant d’autres - mais l’Amérique ne la forcera sans doute jamais à se réformer, parce que nous voulons la conserver comme un multiplicateur de forces pour la politique américaine plutôt que comme véritable instrument de sécurité collective. Il faudra un Etat européen majeur pour forcer un changement. Là encore, qui est mieux placé que la France, avec son histoire de politique indépendante ? </p>
<p>De plus, il ne faut pas imaginer que le monde change du jour au lendemain, ni sur un sujet ni sur l’autre, si Le Pen l’emporte. Ce seraient des négociations qui commenceraient. Elles pourraient bien ou mal se passer - mais c’est une erreur de regarder quelque élection que ce soit en termes apocalyptiques.</p>
<p>Il est vrai qu’une victoire de Le Pen serait sans doute bien accueillie à Moscou et à Washington, et serait un coup terrible à ceux qui aiment se voir comme une avant-garde libérale. Mais <ins>il y a d’autres menaces à la démocratie libérale que le nationalisme populiste, et l’ordre technocratique que Macron défend pourrait bien en être une</ins>. Bruxelles ne dirige pas tant avec le consentement des gouvernés qu’avec la conviction qu’elle seule est capable d’équilibrer les divers intérêts de l’Europe - alors que c’est précisément ce que la politique démocratique est censée faire. Est-il tellement impensable de donner la priorité à la menace technocratique sur la menace populiste ?</p>
</blockquote>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Union_Europeenne_-_Organigramme_m.jpg" alt="Union_Europeenne_-_Organigramme.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>" l’extraordinaire désastre de l’euro, une forme d’impérialisme allemand avec les autres parties malmenées de l’Europe comme sujets"</em></p>
<p align="center"><em>Même dans le "journal de référence" américain de centre-gauche, on ne mâche pas ses mots</em></p>
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#" name="T5">Alors, pourquoi pas Marine Le Pen ?</a></h4>
<p>Douthat :</p>
<blockquote><p>Il est cependant probable que les Français voteront tout de même contre elle. <ins>Ils choisiront Macron, créature naïve d’un consensus failli, contre la possibilité que la candidate qui porte les couleurs d’un parti honni puisse avoir raison</ins>.</p>
<p>C’est une décision qui sera compréhensible. Mais c’est le genre de choix qui a tendance à être proposé encore et encore - jusqu’à ce qu’enfin la population fasse un choix différent.</p>
</blockquote>
<p>Millman :</p>
<blockquote><p>Je ne suis pas un nationaliste populiste (...) Mais je crois que le populisme a un rôle important à jouer dans l’écosystème de la démocratie. Et si cette bannière doit l’emporter, je préfère que ce soit derrière quelqu’un qui se soucie de notre héritage libéral commun plutôt que quelqu’un qui y soit hostile ou indifférent.</p>
<p>(...) <ins>Et si Macron n’est pas d’accord (pour répondre aux besoins concrets du peuple), alors eh bien... pourquoi pas Le Pen ?</ins></p>
</blockquote>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/Emmanuel_Macron_-2.jpg" alt="Emmanuel_Macron_-2.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></em></p>
<p align="center"><em>Emmanuel Macron - Vu d’Amérique, la "créature naïve d’un consensus failli"</em></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/05/02/L-Am%C3%A9rique%2C-%C3%A0-droite-et-%C3%A0-gauche%2C-s-interroge-et-si-Le-Pen-avait-quelques-qualit%C3%A9s#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/71Restaurer et préserver la démocratie en France - Macron ou Le Penurn:md5:858a32935ab0fa86794b22440c3b3e08Saturday 29 April 2017Saturday 29 April 2017Alexis TouletBilletsCrises politiques et internationalesDe GaulleDroitDémocratieLe PenMacronPolitiquePrésidentielle<p><em>Il faut préserver la démocratie, tel est le message d’Emmanuel Macron dans sa lutte contre Marine Le Pen, laquelle propose quant à elle de la restaurer.</em></p>
<p><em>Quoi que l’on pense des deux candidats à la présidentielle, la démocratie c’est-à-dire la capacité du peuple à prendre et valider les principales décisions qui le concernent est essentielle. Quel est donc aujourd’hui l’état de la démocratie en France ?</em></p>
<p><em>L’un des deux candidats est-il dangereux pour la démocratie ? Et si oui, lequel ?</em></p> <p>Le dictionnaire Larousse en ligne <a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9mocratie/23429" hreflang="fr">définit la démocratie</a> comme :</p>
<blockquote><p>"<em>Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple</em>"</p>
</blockquote>
<p>La question est donc celle de la souveraineté, c’est-à-dire du pouvoir : qui décide en dernier ressort.</p>
<p>Dans une démocratie classique, c’est le peuple qui doit décider en dernier ressort, soit par l’intermédiaire des représentants qu’il a élus - les parlementaires qui décident de ses lois, le président et le gouvernement qui dirigent le pays - soit directement par référendum.</p>
<h4>Où en est la démocratie française - Sommes-nous encore en République ?</h4>
<p>Les institutions de la France ne sont en apparence pas moins démocratiques qu’il y a trente ou quarante ans. Mais au-delà de la description précise du fonctionnement des institutions, la réalité de la démocratie s’apprécie par un critère clair : <ins>le peuple a-t-il la possibilité <strong>effective</strong> de changer une politique qu’il rejette ?</ins></p>
<p>La possibilité existe toujours, mais de manière de plus en plus ténue. Elle est de moins en moins effective, du fait de plusieurs changements qui pris ensemble rendent beaucoup plus difficile de changer certaines politiques, et qui ont de fait largement vidé la démocratie française de sa substance.</p>
<p>1. C’est ainsi que le traité de l’Union européenne inclut <ins>l’obligation pour le parlement de transposer dans le droit français les directives européennes, lesquelles ne sont que les décisions d’un aréopage de hauts fonctionnaires internationaux non élus</ins>. Ces technocrates sont hors de tout contrôle démocratique autre qu’extrêmement indirect – par le biais des gouvernements des différents pays de l’UE, ce qui est de plus en contradiction absolue avec les principes de séparation des pouvoirs qui sont une caractéristique classique des démocraties depuis Montesquieu et le XVIIIème siècle.</p>
<p>Ce qui signifie qu’une bonne partie de nos lois est formée en dehors de toute démocratie, qu’elles ne représentent plus la volonté générale, et que le peuple n’est plus souverain. Ceci est en contradiction frontale avec les articles III et VI de la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Declaration-des-Droits-de-l-Homme-et-du-Citoyen-de-1789 " hreflang="fr">Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789</a>, laquelle figure en exergue de notre Constitution.</p>
<blockquote><p><em>Article III - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. <strong>Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément</strong></em></p>
<p><em>Article VI - <strong>La loi est l’expression de la volonté générale</strong>. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. (...)</em></p>
</blockquote>
<p>Cette déclaration n’est jamais que le point de départ et le socle le plus fondamental de la Révolution française...</p>
<p>2. Un deuxième facteur essentiel est <ins>la possibilité que laisse notre constitution de faire approuver une modification par l’Assemblée seulement</ins>, sans ratification par référendum – parmi tous les pays de l’UE, seule la constitution de l’Irlande dispose que le peuple doit ratifier toute modification de la constitution. C’est de cette manière que <ins>le refus de la constitution européenne en 2005 a pu être annulé par le parlement en 2008</ins> lorsqu’il a approuvé l’actuel traité européen - dit "de Lisbonne" - modifiant la constitution française par la même occasion afin de l’adapter aux exigences du traité.</p>
<p>C’est un cas rarissime, peut-être unique, où l’on pourrait taxer De Gaulle de naïveté : le Général commentait devant Alain Peyrefitte la disposition permettant de modifier la constitution avec la seule Assemblée en disant qu’elle n’était faite que pour les "<em>réformettes</em>" <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#N1">(1)</a> ... Il n’avait pas prévu que <ins>laisser ouverte cette possibilité permettrait à l’élite politique de faire passer des décisions importantes contre la volonté populaire explicite</ins> que ce soit pour le traité de Lisbonne, soit la "constitution" européenne à peine reformulée, ou bien sans aucune consultation populaire comme pour le traité d’Amsterdam en 1999. C’est qu’en affirmant que l’Assemblée ne devait se permettre de réformer la constitution toute seule que pour des petits ajustements à la marge, De Gaulle utilisait <ins>un argument de décence</ins>. Or un tel argument n’arrête pas forcément tout le monde...</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.29_mai_2005_m.jpg" alt="29_mai_2005.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Annuler le vote du peuple serait indécent et scandaleux</em></p>
<p align="center"><em>Oui, mais... cela n’empêche rien !</em></p>
<p>Ce ne sont probablement pas les seules dérives tendant à neutraliser la démocratie, mais certainement les deux principales.</p>
<h4>Restaurer la démocratie - comment ?</h4>
<p><ins>Rien n’empêche de mettre fin à cet état de fait</ins>. Il suffit - mais c’est indispensable - d’élire un président de la République et une Assemblée qui reprennent à l’Union européenne le droit de décider des lois de la France à la place des Français et des députés qu’ils élisent, et qui changent la constitution en conséquence, après les divers triturages récents de notre constitution qui l’ont justement mise en conformité avec les exigences des divers traités européens - plutôt que faire l’inverse ne signer que des traités conformes à notre constitution, ce qui aurait permis de préserver notre démocratie.</p>
<p>C’est tout à fait faisable. La limitation pratique, c’est évidemment que <ins>cette possibilité ne se présente qu’une fois tous les cinq ans</ins>, car c’est seulement lors des élections du président et du parlement que s’ouvre la chance pour la France de redevenir pleinement une démocratie.</p>
<p>Voici les positions des candidats au second tour de la présidentielle sur le sujet de la démocratie :</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/Macron_-_Le_Pen_-_Democratie.png" alt="Macron_-_Le_Pen_-_Democratie.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Macron et Le Pen - des projets aux antipodes</em></p>
<p align="center"><em>Démocratie parlementaire renforcée par le référendum vs. Dictature technocratique se protégeant du peuple</em></p>
<p>On a parfaitement le droit de refuser de revenir en démocratie naturellement. On est en droit de préférer une dictature technocratique, ou si l’on a peur des mots une "démocratie dans les limites permises par l’UE"... de même que certains ont pu préférer ce qu’ils appelaient une "bonne dictature" <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#N2">(2)</a> Question d’opinion, et la liberté d’opinion est garantie. Ce choix nous est d’ailleurs proposé dans ce second tour puisque l’un des candidats défend l’Union européenne telle qu’elle est - à moins qu’il ne veuille aller plus loin dans la même direction, la chose n’est pas claire.</p>
<p>L’autre candidate veut rétablir la démocratie - souveraineté du Parlement français, non de hauts fonctionnaires non élus - et même la renforcer par le référendum d’initiative populaire, levier supplémentaire pour que le peuple participe aux décisions qui le concernent, garantie supplémentaire contre toute nouvelle tentative de confisquer à l’avenir la démocratie. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#N3">(3)</a></p>
<h4>Préserver la démocratie</h4>
<p>Si nous décidons collectivement de rétablir la démocratie dans notre République, c’est-à-dire de ramener au Parlement français la responsabilité de faire nos lois, nous aurons recouvert le pouvoir de décider en dernier ressort. Il s’agira alors de le défendre, et de préserver notre démocratie.</p>
<p>Il faut juste ne pas se tromper de combat. Voter Emmanuel Macron, c’est tout à fait judicieux si on veut que rien ne change en UE et surtout pas la confiscation de la démocratie. <strong>Voter Macron pour défendre la démocratie... ce serait un contresens absolu</strong>.</p>
<br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#" name="N1">1</a> - Citons le fondateur de la Vème République <em>in</em> "C’était De Gaulle" (Alain Peyrefitte, tome II, chapitre 11)</p>
<blockquote><p><em>"Pour une modification sérieuse de la Constitution, il faut le référendum ! Une réforme des institutions que le peuple tout entier a mises sur pied en 1958 ne peut être décidée que par le peuple ! (...) <strong>Le Congrès, c’est bon pour les réformettes !</strong></em></p>
<p><em>(...) <strong>Il faut donner aux Français l’habitude de se prononcer par eux-mêmes directement</strong>"</em></p>
</blockquote>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#" name="N2">2</a> - Remarquons toutefois qu’ils ont souvent fini par le regretter.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#" name="N3">3</a> - Outre la représentation proportionnelle à tous les étages, elle propose notamment une véritable révolution concernant le référendum :</p>
<blockquote><p> « La première réforme consiste à étendre le champ du référendum à l’ensemble du domaine de la loi sans aucune restriction, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (modification de l’article 11) ».</p>
<p>« La deuxième réforme porte sur la création d’un véritable référendum d’initiative populaire, en remplacement du référendum d’initiative partagée actuelle dans la Constitution (lequel nécessite la signature d’un cinquième des parlementaires et d’un dixième du corps électoral, soit plus de 4 millions de signatures).</p>
<p> »L’objectif d’une telle mesure est de permettre le déclenchement automatique d’un référendum sur tout projet de loi ayant recueilli 500 000 signatures de citoyens inscrits sur les listes électorales, comme en Suisse. Désormais les Français pourront eux-mêmes déclencher les référendums.« </p>
<p> » La troisième réforme vise à confier l’exclusivité du pouvoir constituant au peuple. En d’autres termes, la Constitution ne pourra être modifiée par le Congrès réuni à Versailles, mais seulement par le peuple, par la voie du référendum (modification de l’article 89)."</p>
</blockquote>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/29/Restaurer-et-pr%C3%A9server-la-d%C3%A9mocratie-en-France-Macron-ou-Le-Pen#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/70Marine Le Pen à l'Elysée - La fenêtre d'opportunité est étroite mais elle est bel et bien ouverteurn:md5:2a9a379c0d01bd6efdf111ca92262233Tuesday 25 April 2017Tuesday 25 April 2017Alexis TouletBilletsCrises politiques et internationalesLe PenMacronPolitiquePrésidentielle<p><em>Après la qualification d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, l’ensemble des milieux d’affaire, financiers et des institutions européennes a poussé un grand soupir de soulagement. L’élection du jeune ancien ministre paraît non seulement probable, mais même pratiquement assurée - non assurée quoi qu’il en soit vont jusqu’à dire plus d’un.</em></p>
<p><em>Or la stratégie politique de Marine Le Pen est claire, les fragilités de son adversaire également, et si la fenêtre d’opportunité pour l’élection cette année de la première présidente de la République est étroite, elle est bel et bien ouverte.</em></p> <p>Les derniers sondages placent Emmanuel Macron entre 60 et 64% d’intentions de vote pour le second tour, Marine Le Pen étant bloquée à 40% tout au plus. Après la qualification du candidat d’En Marche pour le second tour, à la fois la Bourse et les dirigeants de l’Union européenne poussèrent un grand soupir de soulagement, tant la perspective d’un duel Le Pen - Mélenchon était crainte comme une catastrophe irrémédiable. <a href="http://www.lesoir.be/1488869/article/actualite/france/2017-04-23/macron-au-second-tour-face-pen-je-me-dois-rassembler-francais" hreflang="fr">Comme le rapportait</a> le Soir de Belgique :</p>
<blockquote><p>Un acteur de très haut niveau de la politique européenne, que nous interrogions cette semaine sur la réaction envisageable en cas d’un deuxième tour Le Pen - Mélenchon, nous a fait cette réponse cynique : <em>« Se tirer une balle dans la tête ? »</em></p>
</blockquote>
<p>Dans l’euphorie, la Bourse a donc immédiatement pris +4%. Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel <a href="http://www.paris-normandie.fr/breves/l-essentiel/le-chef-de-la-diplomatie-allemande-sur-que-macron-deviendra-president-CL9409631" hreflang="fr">ne cachait pas son triomphalisme</a>, n’hésitant pas dimanche soir à s’affirmer <em>«sûr»</em> qu’Emmanuel Macron deviendra président :</p>
<blockquote><p><em>«Bien sûr je suis heureux (...) je suis heureux qu’Emmanuel Macron devienne le prochain président français»</em></p>
</blockquote>
<h4>Marine Le Pen n’a aucune chance de victoire...</h4>
<p>La grande majorité des autres candidats ne perdait pas de temps pour apporter leur soutien à la candidature Macron, à commencer par François Fillon. Jean-Luc Mélenchon, quoique refusant de se prononcer à la place de ses soutiens comme de faire semblant d’être propriétaire des voix qui l’ont soutenu, organisait une consultation dans son mouvement qui ne laissait comme options que le vote Macron ou l’abstention, excluant donc quoi qu’il en soit le vote Le Pen.</p>
<p>Responsables syndicaux, responsables patronaux, responsables religieux se partageaient de même entre soutien explicite à Emmanuel Macron, majoritaire, et neutralité bienveillante à son égard pour une minorité. En dépit de la neutralité des médias, imposée par la loi en cette période d’entre-deux-tours, le volume des messages appelant les Français à soutenir Macron - ou à s’opposer à son adversaire, ce qui revient bien évidemment strictement au même - prenait donc la dimension d’un véritable tir de barrage.</p>
<p>Quelles que soient les interrogations sur l’abstention, quels que soient ses talents de candidate, il paraît impossible pour Marine Le Pen de convaincre 10% à 14% supplémentaire du corps électoral de la soutenir, sous deux semaines, dans des conditions pareilles.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/Macron_Le_Pen_2eme_tour_-_24_avril.png" alt="Macron_Le_Pen_2eme_tour_-_24_avril.png" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>L’état des sondages du second tour - pour Marine Le Pen, l’objectif est de faire changer d’avis 10 à 14% du corps électoral</em></p>
<h4>... Sauf qu’un tel exploit ne serait pas sans précédent, et assez récent encore</h4>
<p>La tâche pour la candidate présentée par le Front National est rude, pour dire le moins. Cependant, l’exploit qui consisterait à convaincre 10% des Français de changer leur choix d’Emmanuel Macron à sa candidature <ins>ne serait pas sans précédent</ins>.</p>
<p>Lors du vote sur le traité pour une constitution européenne en 2005, les sondages initiaux donnaient un niveau d’au moins 65% pour le Oui. Et ce niveau s’est longtemps maintenu, alors que la campagne électorale battait son plein, et que le contenu exact du traité était lu, analysé, disséqué, le tout sur le fond de messages presque unanimes, parfois même stridents, de la part de la grande majorité des responsables politiques et économiques.</p>
<p>Puis... les arguments des partisans du Non finirent par porter, et <ins>en l’espace de deux semaines, le Oui s’effondra de quinze points dans les sondages et passa en-dessous de la barre des 50%</ins>. Une semaine de plus, et il touchait l’étiage de 45% qui fut celui du jour du vote.</p>
<p>C’est-à-dire qu’environ 20% du corps électoral avait changé leur vote du Oui vers le Non, ceci en moins de trois semaines.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/Referendum_sur_la_Constitution_europeenne_2005.png" alt="Referendum_sur_la_Constitution_europeenne_2005.png" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Entre le 3 mars et le 17 mars 2005, les courbes des partisans du Oui et du Non se sont croisées. <ins>En deux semaines, environ 15% du corps électoral avait basculé</ins> de l’approbation au refus du référendum. Une semaine encore, et le total atteignait les 20%</em></p>
<h4>Des phénomènes de bulle financière, transposés en politique</h4>
<p>Dans le succès ébouriffant d’un jeune ministre qui moins d’un an après avoir démissionné d’un gouvernement où il avait su imprimer largement sa marque a réussi à fonder un mouvement politique d’abord attirant l’attention bienveillante des grands médias, puis s’imposant en tête du premier tour de la présidentielle et exerçant une force de traction apparemment irrésistible à la fois sur l’aile droite du parti socialiste et l’aile modérée de LR... se trouve un grand paradoxe.</p>
<p>Emmanuel Macron, par son parcours, par ses soutiens notamment oligarchiques, par ses idées et son positionnement, est le concentré même de ce qu’un nombre de plus en plus important de Français en est arrivé à tort ou à raison au moins à remettre à question, sinon à carrément rejeter - mondialisation économique débridée, politique libérale et d’austérité, service des intérêts bancaires, soumission de la politique de la France à des institutions UE non élues - en même temps qu’il apparaît comme l’héritier et le continuateur du mandat présidentiel le plus décrié de l’histoire de la Cinquième République.</p>
<p>C’est pourtant bien lui qui se retrouve dans la position d’avoir à préserver ce qu’il est convenu d’appeler de manière fort vague "le système" - plus précisément, le complexe des intérêts croisés Institutions UE / grandes banques / multinationales / grands médias - et en fait d’être <ins>sa dernière ligne de défense</ins>, la solution de secours alors que <ins>les deux principaux partis "de gouvernement" de gauche et de droite viennent de s’effondrer</ins>.</p>
<p><a href="https://pjmedia.com/spengler/2017/04/21/come-to-me-my-melenchony-baby/" hreflang="en">Comme le dit très justement</a> l’essayiste américain David Goldman, "<em>Macron is pure bubble</em>" - Macron est un phénomène de bulle, semblable à celles qui se forment périodiquement sur les marchés financiers. C’est-à-dire qu’il est très fragile. Car <ins>toutes les bulles finissent par éclater</ins>.</p>
<p>La question est de savoir quand. Si c’est après le 7 mai, le résultat du second tour n’en sera évidemment pas influencé, quoique cela pourrait compliquer quelque peu la tâche du président Macron - pour dire le moins.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Bulle_et_aiguille_m.jpg" alt="Bulle_et_aiguille.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Marine Le Pen est à la recherche d’une aiguille...</em></p>
<h4>L’élection comme référendum</h4>
<p>C’est une évidence que les projets d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen sont pratiquement diamétralement opposés.</p>
<p>La stratégie politique de la candidate du Front National ne fait pas de mystère. Elle attaque avant tout le projet de son adversaire, elle tente par tous les moyens de faire de la différence de projet l’enjeu essentiel du scrutin, d’inciter les Français à examiner et à analyser celui d’Emmanuel Macron de la même manière qu’ils s’informèrent du contenu du traité sur la constitution européenne - dans l’espoir d’arriver à déclencher le même genre de phénomène de recul et de rejet que celui de mars 2005.</p>
<p>Deux semaines est un temps très court. Dix à quatorze points à déplacer, c’est certes moins que quinze ou vingt, mais cela reste absolument considérable. Le succès de Marine Le Pen est tout sauf garanti, sa fenêtre d’opportunité est fort étroite.</p>
<p><ins>Mais elle est bel et bien ouverte</ins>. Et le nom du prochain Président de la République n’est pas déterminé à l’avance.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/25/Marine-Le-Pen-a-l-Elys%C3%A9e-La-fen%C3%AAtre-d-opportunit%C3%A9-est-%C3%A9troite-mais-elle-est-bel-et-bien-ouverte#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/68Présidentielle - Protéger ou disparaître, la peur et l'espéranceurn:md5:6fd2d8df7c76cbd7f23c6bb4f1c44619Friday 21 April 2017Friday 21 April 2017Alexis TouletEssaisCrises politiques et internationalesFillonLe PenMacronMélenchonPolitiquePrésidentielle<p><em>A la veille de la présidentielle, l’essentiel apparaît plus clairement que jamais. Après une génération de descente lente mais qui s’accélère vers toujours plus d’insécurité économique, alors que non seulement les emplois, mais les personnes sont lourdement menacées en même temps que l’avenir du pays, les élites gouvernementales sont confrontées à l’alternative soit de remplir le rôle premier de l’Etat la protection – soit de disparaître.</em></p>
<p><em>Placés en face de la possibilité bien réelle de perdre le contrôle, les plus puissants s’inquiètent voire paniquent, en France et ailleurs, et ils tentent de communiquer leur effroi et de le marteler pour influencer la décision des citoyens.</em></p>
<p><em>Qu’est-ce qui l’emportera chez les Français, de la peur ou de l’espoir ? Rien n’est joué d’avance, car à la fois peur et espérance sont des passions puissantes.</em></p> <p>Au-delà des expressions à la fois nécessaires et convenues par chacun des candidats à la présidentielle de solidarité envers les forces de l’ordre et de détermination à lutter contre le djihadisme, l’attentat du jeudi 20 avril sur les Champs-Elysées pose une question brûlante, celle des <ins>moyens et méthodes mis en œuvre depuis plus de deux ans contre le djihadisme</ins>.</p>
<p>Ce qui choque le plus, c’est le passé du tueur, et <a href="http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentat-sur-les-champs-elysees-qui-est-l-assaillant-tue-jeudi-soir-21-04-2017-6873051.php" hreflang="fr">les occasions manquées de le mettre hors d’état de nuire avant son attentat</a> :</p>
<ul><li>En 2001, il avait tiré à deux reprises sur des policiers et blessé grièvement trois d’entre eux. Condamné en 2003 à vingt ans de prison, sa peine avait d’abord été ramenée à quinze ans, puis suffisamment réduite pour qu’il puisse se rendre coupable de vols aggravés en 2014</li>
<li>Condamné à un simple sursis avec obligation de contrôle judiciaire, il ne se conformait plus à cette obligation, sans être pour autant renvoyé en prison</li>
<li>Signalé en début d’année pour son intention affichée de tuer des policiers, il ne passe que 24 heures en garde à vue le 23 février, suite à quoi il est relâché faute de preuves suffisantes</li>
</ul>
<ins>Peut-on vraiment parler de lutte déterminée contre le djihadisme</ins> et plus généralement la grande criminalité - avec lesquelles il existe souvent des passerelles - quand un individu extrêmement dangereux, signalé pour ses intentions claires de passer à l’acte, est relâché au bout de 24 heures ? La question n’est évidemment pas celle des personnes qui ont pris cette décision, c’est la politique d’ensemble mise en oeuvre pour protéger les Français.
<p>La capacité de l’Etat à remplir sa fonction de protection revient au cœur du débat, à deux jours du premier tour, c’est-à-dire en fait la compétence des gouvernants.</p>
<p>Mais ce n’est pas seulement en termes de terrorisme djihadiste que la question est posée ! La protection contre chômage, déclassement et pauvreté est au moins aussi structurante dans la campagne présidentielle que celle de la protection contre djihadisme et criminalité, car en vérité les menaces se précisent de plus en plus, au plan individuel comme collectif.</p>
<h4>"Protéger ou disparaître", un livre prémonitoire - aujourd’hui une réalité immédiate</h4>
<p>En 1999, feu Philippe Cohen faisait paraître un livre qui éclaire crûment l’alternative maintenant imposée aux gouvernants. Dans <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hors-serie-Connaissance/Proteger-ou-disparaitre" hreflang="fr">« Protéger ou disparaître – Les élites face à la montée des insécurités»</a>, il centrait certes son propos sur les menaces économiques, car si le cancer du chômage structurel de masse rongeait déjà la société, le djihadisme n’était encore qu’embryonnaire en France.</p>
<blockquote><p>L’histoire du progrès se confond avec l’extension de la sécurité des personnes et des biens, la conquête de la dignité dans la vie professionnelle par le droit au travail et au revenu, l’assurance croissante de vivre tranquillement ses vieux jours.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, ces trois attributs du progrès social, garantis par le capitalisme contrôlé de l’après-guerre, sont remis en cause. L’insécurité, que l’on croyait définitivement vaincue, revient en force. Elle envahit aussi le monde du travail, où s’étendent le chômage et la précarité. Enfin, elle est en train d’hypothéquer l’avenir à cause des menaces pesant sur les systèmes de retraites et d’épargne.</p>
<p>Cette montée de l’insécurité urbaine, sociale et financière, les gouvernements, en France comme dans la plupart des pays occidentaux, qu’ils soient de gauche ou de droite, se révèlent impuissants à l’enrayer. Plus grave : les élites la jugent inévitable car elle est supposée nourrir le dynamisme économique de nos sociétés. <ins>Une nouvelle idéologie est apparue qui prétend dépasser le cadre national et exalte le risque pour tous, alors que seule une caste détentrice de la rente peut mettre son existence à l’abri des tumultes du monde</ins>. Or, si les gouvernants ne peuvent plus protéger les populations qui les ont élus, à quoi servent-ils ? La sécurité des personnes, des biens et de l’avenir est, depuis le Moyen Âge, le socle du contrat social. C’est sur elle que se sont fondés l’État moderne et la démocratie. <ins>Voilà pourquoi les élites seront bientôt confrontées à un choix radical : protéger ou disparaître</ins>.</p>
</blockquote>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Proteger_ou_disparaitre_m.jpg" alt="Proteger_ou_disparaitre.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Telle est la question pour les gouvernants</em></p>
<p>Après l’élimination successive des politiciens les plus en vue de LR comme du PS, de Sarkozy à Valls en passant par Juppé et Hollande, alors que deux des quatre candidats les mieux placés pour le premier tour s’opposent aux deux partis centraux de gauche et de droite, qu’un troisième cherche à se présenter comme "hors parti", que le quatrième seul représente l’un des camps traditionnels et que le représentant du PS a chuté comme une pierre dans les sondages - jusqu’à presque l’insignifiance - et alors que la plupart des thèmes de la campagne remettent en cause souvent frontalement l’un des éléments du consensus PS-LR auquel Alain Minc donna le nom de "cercle de la raison"... comment douter que c’est maintenant que ce choix s’impose - Protéger ou Disparaître ?</p>
<h4>
Protéger contre quelles menaces ?
</h4>
<p>La protection s’entend sur plusieurs plans – protection naturellement contre le terrorisme djihadiste, mais pas seulement, sans doute même pas principalement. Car les menaces, anciennes ou nouvelles, déjà évidentes ou encore discrètes, sont nombreuses :</p>
<ul><li><ins>Chômage, déclassement personnel et pauvreté</ins>, fléau dont l’extension tend à s’accélérer, désolation humaine qui ronge désormais des régions entières, plonge dans la désespérance, gâche les talents - 25% de chômage parmi les jeunes - et obère l’avenir</li>
<li><ins>Chute de l’économie du pays</ins> dont l’industrie – la source première de richesse quand on n’a que peu de ressources naturelles et qu’on doit notamment importer suivant les années pour <a href="http://www.leblogenergie.com/2016/09/10/la-facture-energetique-de-la-france-poursuit-son-regime-minceur/" hreflang="fr">30 à 60 milliards</a> de pétrole et de gaz – perd de plus en plus ses fleurons, Alstom l’exemple le plus criant mais nullement le seul</li>
<li><ins>Désunion entre Français</ins> du fait notamment de la subversion islamiste, elle-même terreau du djihadisme</li>
<li><ins>Retour en force de la crise financière</ins> initiée en 2007, laquelle n’a été depuis une décennie que mise sous le boisseau à force de planche à billets au bénéfice des banques - sous le doux nom de "politique monétaire non conventionnelle" - ainsi que d’austérité généralisée, particulièrement prononcée en Union européenne. Rappelons qu’Irlandais, Belges et autres paieront pendant longtemps par leurs impôts la prise en charge des dettes bancaires décidée alors par leurs gouvernements à l’encontre de leurs intérêts. Rappelons que la prétendue "garantie des dépôts" bancaires par l’Etat <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2013/02/19/Garantie-des-d%C3%A9p%C3%B4ts-ce-qu-il-faut-savoir2" hreflang="fr">est largement illusoire</a></li>
<li><ins>Guerre étrangère</ins>, lorsque la France est liée à des alliances qui pourraient l’entraîner dans des guerres majeures, voir les événements de Syrie, les plaies de la division de l’Europe qui suppurent en Ukraine de l’est et menacent de s’aggraver autour des pays Baltes, pendant que <a href="http://www.berlin.de/special/jobs-und-ausbildung/stellenangebote/index.php/de/detail/10000-1152039603-S" hreflang="de">l’OTAN s’entraîne à l’occupation de régions russophones</a>, dans un contexte général de multiplication des zones de friction dangereuses entre grandes puissances – Iran, Yémen, Corée du Nord</li>
<li><ins>Immigration de masse</ins> dont des accélérations chaotiques sont tout à fait envisageables dans les années qui viennent, comme cela s’est vu en Allemagne en 2015, et dont la multiplication de pauvres hères rescapés de guerres civiles lointaines mendiant leur survie dans les rues de Paris pourrait n’être qu’un avant-goût</li>
</ul>
<p>Les Français ne s’entendent pas sur la priorité des différentes menaces, ils ne s’entendent même pas sur leur liste, notamment concernant les immigrés en masse face auxquels la solidarité est pensable tout autant que l’inquiétude - mais serait fort difficile au-delà d’un certain nombre, voir les <a href="http://uk.reuters.com/article/germany-security-defence-idUKB4N1C403W" hreflang="en">30 à 40 milliards</a> que coûte annuellement à l’Allemagne l’accueil de 1,2 million de migrants décidé en 2015 - et encore concernant les risques de guerre majeure dans les années qui viennent, peu discutés dans les médias.</p>
<p>Mais il n’y a pas à douter que l’exigence de protection ne soit impérative, comme feu Philippe Cohen l’avait compris il y a plus de quinze ans..</p>
<h4>... Ou disparaître ?</h4>
<p>L’alternative, pour des forces gouvernementales qui décevraient définitivement, c’est-à-dire la disparition, se profile de plus en plus clairement :</p>
<ul><li>C’est d’abord, en préalable de la campagne électorale, le véritable jeu de massacre des « sortants » entre Sarkozy, Juppé, Hollande ou Valls</li>
<li>Le PS rogné et bientôt dévoré, sur sa gauche et sur sa droite, par Macron et Mélenchon à la fois, avec une défaite en rase campagne qui se profile tandis qu’une véritable foule de rats quitte le navire menacé d’éclatement pour se réfugier dans les bras du candidat d’En Marche!</li>
<li>C’est LR qui trouve une planche de salut en Fillon, mais cette planche n’est guère solide, et si le parti survivra probablement, il sera fortement diminué et ses résultats aux législatives risquent d’être décevants, rogné qu’il est lui aussi sur sa gauche et sur sa droite</li>
<li>Et enfin Emmanuel Macron comme "divine surprise" – ou peut-être pas tant que cela une surprise ? – à la fois pour président et premier ministre sortants Hollande et Valls, pour banques et oligarques qui le soutiennent avec les médias qu’ils influencent, pour les institutions européennes et pour le gouvernement de Berlin qui le soutient avec espoir notamment <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/13/en-allemagne-le-conservateur-schauble-lache-fillon-pour-macron_5110589_4854003.html" hreflang="fr">l’apôtre rigoriste de l’austérité Wolfgang Schaüble</a> accompagné des souhaits émouvants de la presse d’outre-Rhin</li>
</ul>
<p>Mais une surprise peut-être fragile, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/20/Pr%C3%A9sidentielle-Le-nouveau-rapport-de-force%2C-qui-sera-au-second-tour-contre-Le-Pen" hreflang="fr">nullement assurée de la qualification le 23 avril</a>, ni même en cas de qualification d’une victoire le 7 mai. Surtout, solution qui ne serait que de court terme, ne changeant rien à la politique économique et étrangère du pays qui l’a mis dans l’état que l’on sait, et solution qui mettrait en lumière de manière vraiment éclatante l’union fondamentale des forces économiques (« mur de l’argent ») et idéologiques qui depuis longtemps décident des grandes orientations de la politique française.</p>
<p>Bref, solution qui à court terme « sauverait la mise » des institutions et idéologies au pouvoir, mais risquerait fort de les condamner à moyen terme. Suivant une politique tout autant à la remorque des <a href="https://www.upr.fr/actualite/europe/les-gope-grandes-orientations-politique-economique-feuille-route-economique-matignon" hreflang="fr">Grandes Orientations de la Politique Européenne</a> définies par la Commission européenne, dans la ligne et à la suite de celle du président et du premier ministre sortant, comment ne pas soupçonner qu’un président Macron risquerait fort d’enfoncer dès la première année les records d’impopularité de François Hollande, lequel avait lui-même battu les records précédents détenus par Nicolas Sarkozy ?</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Hollande_Sarkozy_2005_et_apres_m.jpg" alt="Hollande_Sarkozy_2005_et_apres.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Hollande, Sarkozy - Unis en 2005 pour défendre la Constitution européenne, d’accord pour suivre la politique qu’elle impose une fois mise en place sous le nom de Traité de Lisbonne en 2007 malgré le refus des Français, représentés aujourd’hui à la présidentielle chacun par un proche lieutenant Macron et Fillon</em></p>
<h4>La Grande Peur des puissants</h4>
<p>Le risque réel d’élection d’un candidat qui remette en cause les fondamentaux de la politique économique et étrangère française, lesquels deviendraient incompatibles avec les exigences de l’Union européenne, du Bloc atlantique, du libre-échangisme ou des grandes institutions bancaires, effraie véritablement les puissants. Et ce qui provoque la plus grande peur, c’est la possibilité d’un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Juncker_et_la_democratie_m.jpg" alt="Juncker_et_la_democratie.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Juncker l’avait pourtant rappelé !</em></p>
<p>Pour <em>The Economist</em>, c’est là "<a href="http://www.economist.com/blogs/buttonwood/2017/04/nightmare-option" hreflang="en">l’option cauchemardesque</a>", pour tel journaliste allemand "<a href="http://www.sueddeutsche.de/politik/frankreich-zwei-gegen-europa-1.3458783" hreflang="de">le scénario de cauchemar pour l’UE</a>", tandis que <em>Bloomberg</em> remarque que "<a href="https://www.bloomberg.com/politics/articles/2017-04-12/melenchon-crashes-front-runners-party-as-french-vote-risks-rise" hreflang="en">les risques français augmentent</a>".</p>
<p>Le journaliste britannique Ambrose Evans-Pritchard rapportait le 20 avril que "<a href="http://www.telegraph.co.uk/business/2017/04/20/options-market-shows-insider-alarm-frexit-upset/" hreflang="en">le marché des options montre l’alarme des initiés au sujet du ’Frexit’</a>".</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Nervosite_sur_l_euro_m.jpg" alt="Nervosite_sur_l_euro.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Forte nervosité concernant le risque d’événements surprenants portant sur l’euro</em></p>
<p>Cette Grande peur pousse à des prises de position paniquées, tel Yvon Gattaz le président du Medef prenant la décision extraordinaire d’en appeler directement aux électeurs pour leur représenter "<a href="http://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-hollande-craint-un-second-tour-melenchon-le-pen-4924444" hreflang="fr">ruine, désespoir et désolation</a>" s’ils devaient décider de modifier la politique qu’Alain Minc appelait dès les années 1990 "le cercle de la raison", qui a mené leur pays là où il en est, et qu’un Emmanuel Macron comme un François Fillon représentent le mieux.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Presidentielle/.Croiser_les_doigts_m.jpg" alt="Croiser_les_doigts.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>La Grande Peur des puissants... croisons les doigts !</em></p>
<h4>Pour les citoyens, qu’est-ce qui l’emportera dans l’isoloir - la peur, ou l’espoir ?</h4>
<p>Est-ce la peur qui en définitive guidera le choix de la majorité des Français dans l’isoloir, en particulier ceux des très nombreux indécis – d’après les sondages plus d’un quart des électeurs prévoyant de se rendre aux urnes ?</p>
<p>Peur de remettre en cause le cadre établi, même de plus en plus anxiogène, même de plus en plus fragile, ou encore résignation à l’inévitable ? Ou encore repli sur le seul cadre familial ou amical, laissant les destins du pays à qui se présente comme mieux qualifié pour en décider - le "cercle de la raison" est après tout décidé par les seuls gens raisonnables, et c’est ce que prétendent être les mieux en vue et les plus puissants.</p>
<p>Alors, c’est presque certainement Macron ou Fillon qui sera le prochain président.</p>
<p>La peur – ou bien l’espoir ? <ins>Ils sont en compétition</ins>. Et en réalité, rien n’est joué d’avance. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/20/Pr%C3%A9sidentielle-Le-nouveau-rapport-de-force%2C-qui-sera-au-second-tour-contre-Le-Pen" hreflang="fr">Il n’y a que des probabilités</a>, tout est encore ouvert, <ins>plus largement ouvert que jamais peut-être</ins>.</p>
<p>Car peur comme espoir sont des passions. Et les passions sont puissantes, l’espoir comme la peur.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/04/21/Pr%C3%A9sidentielle-prot%C3%A9ger-ou-dispara%C3%AEtre%2C-la-peur-et-l-esp%C3%A9rance#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/67