Le Noeud Gordien - Tag - EnergieA l'heure de la Vague scélérate - Conjonction et synergie de toutes les crises en une déferlante globale2024-03-29T04:02:12+01:00urn:md5:2e1e50df2175f77cc507de58e6d51ff5DotclearWashington hors de l'accord de Paris sur le climat - les raisons de Donald Trumpurn:md5:f8d87154df4794118e514b8a58f98ff5Friday 2 June 2017Friday 2 June 2017Alexis TouletBilletsClimatCrise environnementaleCrise économique et financièreCrises politiques et internationalesCroissanceEnergieEtats-UnisTrump<p><em>Le 1er juin 2017, après quatre mois au pouvoir, le président américain Donald Trump annonçait solennellement sa décision de respecter sa promesse de campagne et de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat de 2015.</em></p>
<p><em>Pourquoi ? Analyser les raisons et arguments de Trump est nécessaire quoi qu’il en soit, c’est de plus fort instructif.</em></p> <p>Quoi qu’on en pense, et y compris si c’est pour le vomir ensuite, il est nécessaire d’analyser <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Q9gf5viOEDg" hreflang="en">le discours de Trump</a>. Même si le personnage a bien évidemment ses ridicules, il n’est certainement pas le seul à vouloir la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris, c’est une position qu’il ne fait que représenter, et qui n’est pas soutenue que par des incultes ou des gens qu’on puisse se contenter de tourner en dérision. Sans compter que se moquer ou se scandaliser n’a jamais fait avancer aucun schmilblick.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Trump_Molotov_m.jpg" alt="Trump_Molotov.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Trump un simple vandale ?</em></p>
<p align="center"><em>Ce n’est pas de plaisir de destruction qu’il s’agit</em></p>
<h4>Quelles sont les justifications avancées pour cette décision ?</h4>
<p>La détermination de Donald Trump à appliquer cette promesse de campagne de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat a de quoi surprendre, au vu des contraintes à première vue assez réduites qu’il fait concrètement peser.</p>
<p>S’il a été possible de convaincre pratiquement tous les pays au monde de se joindre à cet accord, c’est avant tout parce qu’il n’est pas contraignant. Il permet à chaque pays de définir ses propres objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et <a href="https://www.vox.com/energy-and-environment/2017/5/7/15554286/paris-climate-accord-exit-bannon" hreflang="en">ne prévoit aucun moyen de les faire respecter</a>. <em>(lien en anglais)</em></p>
<blockquote><p>L’accord de Paris s’appuie sur le pouvoir de la transparence et de la pression exercée par les pairs. Il n’exige des pays participants que de dire ce qu’ils comptent faire et de rendre compte de ce qu’ils ont faits. En un mot, il est basé sur le volontariat.</p>
<p>Ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pas important. Les engagements publics sont un moteur puissant. Ils peuvent stimuler et organiser la politique intérieure. L’échec à les honorer endommage la réputation. Mais ils n’ont pas force légale par eux-mêmes.</p>
</blockquote><p>Alors, pourquoi cette sortie dont le coût politique y compris aux Etats-Unis mêmes risque d’être élevé ?</p>
<p>Une fois mis de côté les - nombreux - effets de rhétorique, il ressort du discours du président américain <ins>deux arguments forts</ins> :</p>
<p>1. L’accord de Paris est dénoncé comme injuste parce que les efforts ne sont pas également répartis entre tous les pays, les émergents bénéficient de délais importants avant de commencer à réduire leurs émissions, 2030 pour la Chine et l’Inde, tandis que les plus pauvres bénéficient de 100 milliards d’aide à rassembler par les plus développés.</p>
<p>Il s’agit ici d’<strong>une remise en question des concessions obtenues par les pays en voie de développement</strong> comme quoi les pays développés, ayant plus contribué au réchauffement jusqu’ici, doivent faire davantage d’efforts pour compenser - ils partent en quelque sorte en position débitrice - ce qui tient compte aussi de leurs émissions de carbone plus élevées par habitant, même si inférieures par unité de valeur produite.</p>
<p>Non dit le gouvernement américain : <ins>le passé est le passé on ne va pas le prendre en compte, et ce sont les émissions actuelles qui doivent servir de référence</ins>, sans que les émergents bénéficient d’un délai supplémentaire pour continuer à augmenter leurs émissions, ni tenir compte des émissions par habitant, lesquelles sont évidemment fortement corrélées avec la prospérité par habitant. </p>
<p>2. Les Etats-Unis sont décrits comme possédant des ressources naturelles immenses, jusqu’à il y a peu encore largement inconnues ou du moins inexploitables - gaz et pétrole de schiste accessibles par fracturation hydraulique notamment - et respecter l’accord de Paris obligerait à ne pas les utiliser, si bien que l’Amérique serait moins prospère, aurait moins d’emplois et moins de croissance.</p>
<p>Il y a ici <strong>refus clair et net de laisser dans le sol une partie des ressources en énergie fossile qui pourraient en être exploitables</strong>. Ce refus tient pour nul et non avenu les <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v517/n7533/full/nature14016.html" hreflang="en">résultats de recherche concordants</a> comme quoi pour maintenir le réchauffement dans des limites moins dangereuses, il faudrait laisser dans le sol une partie considérable des ressources en pétrole, en gaz, et encore plus en charbon qui s’y trouvent.</p>
<p>Non dit le gouvernement américain : <ins>puisque l’énergie fossile est nécessaire à la prospérité, laquelle est nécessaire à l’emploi, les intérêts des Etats-Unis commandent d’en utiliser tout ce qu’on peut</ins>.</p>
<h4>Le fond de l’argumentation de Trump</h4>
<p>Le président américain a déclaré, c’est sans doute là le fond de son argumentation, qu’il a été élu pour représenter les intérêts des citoyens de <em>"Pittsburgh, pas Paris"</em></p>
<blockquote><p>I was elected to represent the citizens of Pittsburgh, not Paris</p>
</blockquote>
<p>C’est pour cela que l’argument de justice - pays développés plus pollueurs dans le passé, pays en développement qui ont besoin de se développer encore - est refusé. Car l’argument de justice dans ce cas précis joue contre les intérêts des Etats-Unis, et <ins>Trump estime avoir été élu pour défendre les Américains, et non la justice</ins>.</p>
<p>C’est pour cela que laisser inutilisées des ressources fossiles américaines est inacceptable. Car ce serait limiter la croissance du pays, donc la prospérité de ses citoyens, et <ins>Trump estime avoir été élu pour défendre la prospérité des Américains, et non l’environnement</ins>.</p>
<p>L’argumentation est chauvine - une position "<em>my country, right or wrong</em>", mon pays qu’il ait raison ou tort, en l’occurrence que défendre ses intérêts soit ou non au détriment d’un intérêt général humain plus large - et elle est à courte vue - prospérité plus grande pour quelques années supplémentaires peut-être, mais problèmes plus graves pour les enfants ou les petits-enfants.</p>
<p>Elle n’est pas fausse. Encore moins ridicule ou absurde. C’est différent : <strong>elle est mauvaise sur le plan moral</strong>, dans la mesure exacte où défendre un intérêt national au détriment de celui de l’ensemble de l’humanité, tout comme favoriser le court terme de la prospérité au détriment des intérêts de long terme notamment ceux des jeunes générations, sont des actes immoraux.</p>
<p>Comme il serait pratique qu’elle soit fausse, encore mieux qu’elle soit ridicule ! Alors il serait plus facile de la vaincre.</p>
<p>Mais non. Il est effectivement exact que laisser beaucoup de fossiles dans le sol, c’est de la croissance en moins - assez rapidement, il sera plus exact de dire de la décroissance en plus - les perspectives des énergies renouvelables sont fortement exagérées et les formules comme "croissance verte" sont largement illusoires voire de pieux mensonges.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/06/02/Washington-hors-de-l-accord-de-Paris-sur-le-climat-les-raisons-de-Donald-Trump#N1">(1)</a> Il est effectivement exact que la répartition des limitations d’émissions de carbone entre les différents pays est un jeu à somme nulle, le gain de tel pays est la perte de tel autre, tandis que le président américain est en charge de défendre les intérêts des Américains, pas ceux des autres peuples ni ceux d’une justice abstraite.</p>
<h4>Qu’est-ce que cela signifie pour la lutte contre le réchauffement climatique ?</h4>
<p>Ce qui se passe n’est pas simplement la foucade d’un personnage public trop facile à ridiculiser, ni la promesse d’un démagogue. C’est beaucoup plus important. Ce qui se passe est la chose suivante : <strong>en ce qui concerne le réchauffement climatique, nous sommes en train d’entrer dans le dur</strong>.</p>
<p>C’est-à-dire que pour la première fois un dirigeant a cessé de faire semblant de croire qu’une "nouvelle croissance" écologique pourrait remplacer l’ancienne, en même temps qu’il a refusé d’accepter qu’on limite la croissance d’aujourd’hui pour les intérêts des gens de demain ou que des pays plus riches comme le sien fassent des efforts plus grands que les plus pauvres.</p>
<p>C’est la première fois. <ins>Rien ne permet de penser que ce sera la dernière</ins>.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/06/02/Washington-hors-de-l-accord-de-Paris-sur-le-climat-les-raisons-de-Donald-Trump#N2">(2)</a></p>
<p>La situation telle qu’elle est, c’est-à-dire la nécessité de limiter la croissance pour tenter de contrôler les dégâts apportés à l’environnement notamment au climat, c’est-à-dire la justice dans un jeu à somme nulle d’accepter que la limitation de prospérité soit plus importante pour les plus prospères que pour les moins prospères... cette situation au fur et à mesure qu’elle sera de plus en plus clarifiée provoquera sans doute d’autres refus, ouverts comme celui de Donald Trump, ou plus discrets, dans tel ou tel autre pays, maintenant ou bien plus tard.</p>
<p>Et limiter contre le réchauffement climatique nécessitera de les surmonter.</p>
<p>Nul ne sait ce qu’a exactement dit <a href="http://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/05/24/donald-trump-rencontre-le-pape-francois-au-vatican_5132994_4853715.html" hreflang="fr">le pape François au président Trump</a> le 24 mai dernier. Il n’a pas réussi à le convaincre. C’était lui pourtant qui avait le plus de chance d’y arriver, parce que Trump quoique d’une autre confession que la catholique est chrétien. Et au-delà même du cas particulier de l’accord de Paris, l’argument pour la limitation de la prospérité au bénéfice de l’avenir des plus jeunes et des générations futures tout comme pour des efforts particuliers des plus riches en ce sens est bien chrétien - si vous l’êtes. Ou bien il est humaniste athée, ou musulman, bouddhiste etc. - suivant quelle est la source la plus profonde de votre morale personnelle.</p>
<p><ins>Parce que cet argument est moral et pas autre chose</ins>.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Francois_et_Trump_m.jpg" alt="Francois_et_Trump.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Convaincre Trump de donner priorité à la justice et au long terme ? </em></p>
<p align="center"><em>Pas cette fois-là en tout cas</em></p>
<br />
<br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/06/02/Washington-hors-de-l-accord-de-Paris-sur-le-climat-les-raisons-de-Donald-Trump#" name="N1">(1)</a> - On ne peut sur ce point que donner raison à Trump : pour l’instant et <ins>dans l’état actuel des techniques</ins>, la prospérité est basée sur les énergies fossiles, et on ne sait pas "faire sans". L’illusion est partagée et répandue par beaucoup de dirigeants - ou pour certains d’entre eux peut-être un pieux mensonge - comme quoi on pourrait somme toute assez facilement faire de la "croissance verte". Dans l’état actuel des techniques, ce n’est pas vrai. Cela pourrait peut-être changer - il faudrait faire les plus grands efforts pour que ça change, en pratique des programmes de recherche façon "Manhattan" ou "Apollo" puissance dix ! - mais ce n’est pas encore le cas.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/06/02/Washington-hors-de-l-accord-de-Paris-sur-le-climat-les-raisons-de-Donald-Trump#" name="N2">(2)</a> - Tant que continue l’hypocrisie consistant à prétendre qu’un peu de solaire ou d’éolien, un peu de capture du carbone ou de "charbon propre", et hop les problèmes seront résolus bonjour la prospérité écologique, bref tant qu’on continuera à faire semblant de croire que les solutions techniques sont déjà là ou du moins immédiatement à portée de main, les efforts de limitation des dégâts climatiques et environnementaux d’une part seront viciés et insuffisants, d’autre part <ins>même le peu qu’ils peuvent accomplir</ins> sera menacé par le premier dirigeant qui utilisera la faiblesse qu’est cette hypocrisie, plus une dose de chauvinisme et de court-termisme classiques pour les attaquer voire les renverser.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/06/02/Washington-hors-de-l-accord-de-Paris-sur-le-climat-les-raisons-de-Donald-Trump#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/73Les limites physiques à la croissance sont à notre porte, l'effondrement menace, mais nous ne le voyons pasurn:md5:248103666d6b043846a8177edb025e99Sunday 18 December 2016Sunday 18 December 2016Alexis TouletTraductionsCatastrophismeCrise des ressourcesCrise économique et financièreCroissanceEffondrementsEnergieGail TverbergPic pétrolierPic énergies fossilesVague scélérate<p><em>Dans un monde fini, la croissance économique peut-elle continuer indéfiniment ?</em></p>
<p><em>Beaucoup comprennent intellectuellement que non, et pourtant les preuves que nous approchons des limites physiques à la croissance sont largement négligées, comme si la question ne nous concernait pas, comme si elle ne devait se poser que dans un avenir lointain.</em>
</p>
<p><em>Bien pire, les risques que l’atteinte des limites provoque un effondrement économique plutôt qu’un simple plafonnement de la prospérité, risques qui se précisent de plus en plus, ne sont ni aperçus ni discutés en dehors de cercles très réduits.</em>
</p>
<p><em>Comment un tel aveuglement est-il possible ? A quelles limites et quels risques l’économie mondiale fait-elle face à court/moyen terme ? Gail Tverberg, analyste des liens entre énergie et économie et notamment des impacts prévisibles des limites sur les ressources naturelles, mène l’enquête.</em></p> <p><a href="http://ourfiniteworld.com/2014/02/06/limits-to-growth-at-our-doorstep-but-not-recognized/" hreflang="en">Original en anglais</a> - Gail Tverberg, 6 février 2014
</p>
<p><ins>Traduction en français et Notes</ins> - Alexis Toulet pour le Noeud Gordien, 18 décembre 2016
</p>
<p>Combien de temps la croissance économique peut-elle continuer sur une planète finie ? C’est la question à laquelle le livre de Donella Meadows et al. "<a href="https://www.amazon.fr/Limites-croissance-dans-monde-fini/dp/291777035X" hreflang="fr">Les Limites à la Croissance (dans un monde fini)</a>", publié en 1972 (<em>NdT : et mis à jour en 2004</em>), cherchait à répondre. Les modèles informatiques que l’équipe de chercheurs construisit suggéraient fortement que l’économie mondiale s’effondrerait à un moment quelconque de la première moitié du 21ème siècle.
</p>
<p>J’étudie depuis 2005 quelle est la situation réelle quant aux limites sur les ressources. La conclusion à laquelle j’arrive est que l’équipe de chercheurs de 1972 avait bien raison. En fait, l’effondrement annoncé est pratiquement à notre porte et devrait commencer d’ici un à deux ans.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#01">(01)</a> Par bien des aspects, l’effondrement semble déjà avoir commencé, tels la Grande Récession de 2008-2009 et l’effondrement de l’économie de petits pays comme la Grèce et l’Espagne. Comment l’effondrement peut-il être si proche, sans pratiquement que la population n’en ait aucune alerte ?
</p>
<p>Pour expliquer la situation, j’exposerai d’abord pourquoi nous atteindrons à brève échéance les Limites à la Croissance. Je donnerai ensuite une liste de neuf raisons qui ont fait négliger la crise qui nous est promise à court terme.
</p>
<h4>Pourquoi nous atteindrons à brève échéance les Limites à la Croissance</h4>
<p>En termes simples, notre problème en tant que peuple est que nous ne sommes plus en train de nous enrichir. Nous sommes au contraire en train de nous appauvrir, comme on le voit à la difficulté qu’ont les jeunes à trouver des emplois bien payés. Comme nous nous appauvrissons, il devient de plus en plus difficile de payer nos dettes avec intérêt. C’est la combinaison du manque de croissance dans l’économie réelle et du besoin de croissance du fait du système d’endettement dont on peut s’attendre à ce qu’elle débouche sur un effondrement.
</p>
<p>La raison pour laquelle nous nous appauvrissons, c’est que des parties dissimulées de notre économie absorbent maintenant de plus en plus de ressources, ce qui en laisse moins pour produire les biens et services que nous sommes accoutumés à acheter. Ces parties dissimulées de notre économie sont affectées par l’épuisement des ressources. Par exemple, il faut maintenant davantage de ressources pour extraire le pétrole. C’est pourquoi le prix du pétrole a plus que triplé depuis 2002.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#02">(02)</a> Il faut aussi davantage de ressources pour bien des processus cachés, comme des puits plus profonds ou la désalinisation pour produire de l’eau, et davantage d’énergie pour produire des métaux depuis des minerais à faible concentration.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#03">(03)</a>
</p>
<p>Le problème alors que nous atteignons toutes ces limites est <strong>un manque de capital physique pour l’investissement</strong>, comme le pétrole, le cuivre et les métaux rares. Quoique nous puissions en extraire davantage, certains comme le pétrole sont utilisés de bien des manières pour compenser des problèmes d’épuisement. Nous nous retrouvons avec trop de demandes adressées à la production de pétrole – il n’y en a pas assez pour à la fois 1) compenser les nombreux problèmes d’épuisement que le monde rencontre et 2) ajouter les nouvelles usines et capacités d’extraction nécessaires pour que l’économie mondiale continue à croître.
</p>
<p>Avec trop de demandes adressées à la production de pétrole, c’est la "croissance économique" qui tend à être sacrifiée. Les pays qui retirent la proportion la plus élevée de leur énergie du pétrole tendent à être spécialement affectés parce que les prix du pétrole élevés tendent à rendre les produits de ces pays inabordables. Les pays présentant un déclin de long terme de la consommation de pétrole, tels Etats-Unis, pays de l’Union Européenne et Japon, se retrouvent en récession ou en croissance très lente.
</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Previsions_FMI_croissance_mondiale_m.jpg" alt="Previsions_FMI_croissance_mondiale.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Les prévisions de croissance mondiale future ne cessent d’être revues... toujours à la baisse</em></p>
<p>Malheureusement, le problème sur lequel ceci semble déboucher est l’effondrement. <strong>Le problème, c’est le lien avec la dette</strong>. La dette peut être beaucoup plus facilement remboursée avec intérêt dans une économie en croissance que dans une économie en contraction. parce que s’endetter c’est en fait emprunter à l’avenir – ce qui est beaucoup plus facile quand on suppose que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, plutôt que lorsque demain est pire qu’aujourd’hui.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#04">(04)</a>
</p>
<p>Nous ne pouvons pas faire fonctionner notre économie actuelle sans dette. C’est la dette qui nous a permis de "tirer" la croissance économique. Les consommateurs peuvent acheter des voitures, des maisons, une éducation supérieure sans en avoir d’abord épargné le montant.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#05">(05)</a> Des entreprises peuvent construire des usines et extraire des métaux sans avoir d’abord épargné des profits antérieurs pour financer ces opérations. Nous pouvons désormais opérer de longues chaînes logistiques, y compris de nombreuses entreprises dépendantes de l’endettement. La possibilité de s’endetter permet bien plus d’investissement que si les entreprises ne pouvaient utiliser que ce qu’elles ont d’abord gagné.
</p>
<p>Si nous abandonnons notre système économique à base d’endettement, nous perdons la capacité d’extraire le pétrole et les autres ressources qui nous apparaissent facilement disponibles.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#06">(06)</a> Nous pouvons avoir une économie simple et locale, peut-être basée sur le bois comme source d’énergie principale, sans endettement. Mais il semble peu probable que nous puissions conserver une économie mondiale fournissant le gîte et le couvert à 7,2 milliards de personnes.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#07">(07)</a>
</p>
<p>Ce qui rend la situation si inquiétante est que la finance semble être maintenant proche d’une crise.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#08">(08)</a> L’endettement autre que public n’a pas cru très rapidement depuis 2008. Les gouvernements ont tenté de résoudre le problème en gardant les taux d’intérêt très bas et en utilisant l’assouplissement quantitatif. Maintenant les Etats-Unis commencent à réduire le rythme de l’assouplissement.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#09">(09)</a> Si les taux d’intérêt devaient augmenter beaucoup, nous verrions probablement revenir la récession, avec beaucoup de licenciements. Si cela arrivait, les banqueroutes redeviendraient un problème et le crédit s’assècherait comme à la fin 2008. Sans crédit, le prix de toutes les matières premières tombera, comme à la fin 2008.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#10">(10)</a> Sans la magie transitoire de l’assouplissement, les nouveaux investissements, même dans le pétrole, seront sabrés.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#11">(11)</a> Les gouvernements devront réduire leur taille et pourraient même s’effondrer.
</p>
<p>Nous avons en fait déjà un problème de prix du pétrole trop bas pour encourager la production de pétrole, voir mon texte "<a href="http://ourfiniteworld.com/2013/11/15/whats-ahead-lower-oil-prices-despite-higher-extraction-cost/" hreflang="en">A quoi s’attendre ? Un prix du pétrole plus bas, malgré des coûts d’extraction en hausse"</a> (<em>lien en anglais</em>)<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#12">(12)</a> Les autres matières premières aussi ont des prix stables ou décroissants. Le souci est que ces prix plus bas déboucheront sur la déflation. Avec la déflation, l’endettement est fortement découragé parce que le coût de l’endettement, ajusté de l’inflation, augmente. Si un cycle déflationniste de dette est démarré, il pourrait y avoir une grande décrue de l’endettement en quelques années. Ce serait une autre manière d’en arriver à l’effondrement.
</p>
<h4>Pourquoi d’autres ne voient-ils pas le problème qui est maintenant à notre porte ?</h4>
<h5>1. C’est une histoire compliquée, et une histoire interdisciplinaire.</h5>
<p>Même essayer de la résumer en quelques paragraphes n’est pas chose aisée. La plupart des gens qui connaissent les questions du pétrole ne connaissent pas les sujets financiers, et vice versa.
</p>
<h5>2. Les économistes ont manqué des points essentiels</h5>
<p>Les économistes ont manqué le rôle fondamental de la dette pour l’extraction des carburants fossiles et pour faire fonctionner l’économie en général. Ils n’ont pas vu non plus que dans un monde fini, cette dette ne peut augmenter indéfiniment, sinon elle croîtra bien au-delà des ressources physiques qui pourraient être utilisées pour rembourser la dette.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas vu non plus que l’épuisement des ressources agit d’une manière équivalente à un énorme frein à la productivité. Les minéraux doivent être séparés d’une quantité toujours croissante de substrat, et les ressources énergétiques doivent être extraites d’endroits de plus en plus difficiles. Des prix de l’énergie élevés, que ce soit pour le pétrole ou pour l’électricité, sont un signe d’inefficacité économique. Si les prix de l’énergie sont élevés, ils sont un frein pour l’économie.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas vu le rôle clé que tient le pétrole – un rôle dans lequel il n’est pas facile à remplacer.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#13">(13)</a> Nos industries du transport, de l’agriculture et de la construction sont toutes lourdement dépendantes du pétrole. Beaucoup de produits sont fabriqués à partir de pétrole, depuis les médicaments jusqu’aux tissus et à l’asphalte.
</p>
<p>Les économistes ont supposé que les salaires pouvaient croître sans intrants énergétiques, mais l’expérience récente montre que les économies dont l’utilisation de pétrole rétrécit sont celles dont les opportunités d’emploi aussi sont rétrécies. Les économistes ont construit des modèles comme quoi les prix en augmentant résoudraient tous les manques, que ce soit par la substitution ou la destruction de la demande,<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#14">(14)</a> mais ils ne se sont pas arrêtés à considérer à quel point cette destruction de demande peut être destructrice pour une économie dépendant du pétrole pour fabriquer et transporter les biens.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas remarqué que la mondialisation accélère l’épuisement des ressources et augmente les émissions de CO2, parce qu’elle ajoute un grand nombre de consommateurs au marché mondial.
</p>
<p>Les économistes ont aussi manqué le fait que les salaires sont extrêmement importants pour faire fonctionner les économies. Si les salaires sont réduits, que ce soit à cause de la concurrence avec des travailleurs à bas salaires de pays chauds (qui n’ont pas besoin de salaires si élevés pour maintenir leur niveau de vie, parce qu’ils n’ont pas besoin de maisons en dur ni de carburant pour chauffer leurs foyers)<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#15">(15)</a> ou à cause de l’automatisation, la croissance économique va probablement ralentir ou chuter. Les profits des entreprises ne sont pas un substitut pour les salaires.
</p>
<h5>3. Les défenseurs du Pic du pétrole ont manqué des points clé</h5>
<p>Les défenseurs du pic du pétrole sont un groupe diversifié, donc je ne peux prétendre qu’ils ont tous les mêmes opinions.
Une opinion commune est que juste parce que le pétrole, ou le gaz, ou le charbon semblent disponibles avec notre technologie actuelle, ils seront effectivement extraits. Cette opinion est étroitement liée à l’idée que le "Pic de Hubbert" est une modélisation raisonnable de l’extraction de pétrole future.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#16">(16)</a> Dans ce modèle, on suppose qu’environ 50% de l’extraction a lieu après le pic de consommation de pétrole. Même Hubbert n’a pas dit cela – ses graphiques montraient toujours une autre source d’énergie, telle le nucléaire, augmentant fortement avant que la production de carburants fossiles ne commence à diminuer.
</p>
<p>En l’absence d’un substitut parfait, la chute risque d’être très brutale. Ceci parce que la population croît en parallèle de l’utilisation des carburants fossiles. Lorsque l’utilisation de ces carburants décroit, les citoyens deviennent tout à coup beaucoup plus pauvres. Les services gouvernementaux doivent être réduits, le gouvernement pourrait même s’effondrer. La destruction de nombreux emplois est probable, rendant difficile d’acheter les biens de consommation. Il pourrait y avoir des batailles pour s’approprier les ressources qui restent. Ce que montre la courbe de Hubbert est quelque chose comme une limite supérieure de la production, si l’économie continue à fonctionner comme maintenant, en dépit des disruptions que la perte de sources d’énergie provoquera.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#17">(17)</a>
</p>
<p>Un problème voisin est la croyance que des prix du pétrole élevés permettront à une production de pétrole de continuer indéfiniment. On pourrait donc s’en sortir en utilisant moins de pétrole. Premièrement, la croyance que les prix du pétrole peuvent augmenter suffisamment subit maintenant le test de vérité. Le fait que le prix du pétrole ne soit pas suffisamment élevé <a href="http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424052702303277704579348332283819314" hreflang="en">force les pétroliers à réduire leurs nouveaux projets, au lieu de quoi ils reversent les profits aux actionnaires sous forme de dividende</a>.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#18">(18)</a> Si l’économie commence à se contracter à cause d’une baisse de l’extraction de pétrole, un effondrement du crédit entraînera probablement des prix encore plus bas, et une réduction importante dans la production.</p>
<h5>4. Une foi excessive dans la substitution</h5>
<p>Un thème répété par tout le monde depuis les économistes jusqu’aux tenants du pic du pétrole est que <em>la substitution fera notre salut</em>.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Tout_est_possible_m.jpg" alt="Tout_est_possible.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Optimisme et article de foi... est-ce vraiment justifié ?</em></p>
<p>Ils négligent plusieurs points clé. L’un est que <em>si un effondrement financier est dans l’avenir proche, notre capacité à trouver des substituts disparaîtra pratiquement immédiatement</em> (ou du moins en quelques années)
</p>
<p>Un autre point clé est que <em>ce qui nous manque vraiment maintenant, <strong>c’est le capital à investir</strong></em>, sous forme de pétrole et d’autres ressources naturelles nécessaires à la fabrication de nouvelles voitures au gaz<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#19">(19)</a> et des stations-service dont elles ont besoin. Un manque comparable de capital d’investissement menace les plans de passer aux voitures électriques. Les salariés modestes ne peuvent s’offrir de coûteux véhicules électriques, surtout si la transition est si rapide que la valeur de leur véhicule actuel s’effondre à zéro.
</p>
<p>Encore un autre point clé est que les alternatives que nous étudions sont elles aussi limitées. Nous utilisons bien plus de pétrole que de gaz naturel<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#20">(20)</a> ; tenter de substituer le gaz naturel à la place du pétrole amènera rapidement à un manque de gaz naturel. Multiplier voitures électriques, centrales solaires et éoliennes amènera à un manque en terres rares et autres minéraux nécessaires pour les construire.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#21">(21)</a> Quoique la plupart de ces minéraux puissent être obtenus à partir de gisements moins concentrés, utiliser ces gisements ramènera précisément au genre de manque en capital d’investissement qui est notre problème de départ.
</p>
<p>Et encore, l’électricité ne peut remplacer le pétrole, à cause du besoin énorme en capital d’investissement (qui est ce qui nous manque) pour permettre la transition. Il y a encore un problème de temps disponible.
</p>
<p>Un point clé encore : <em>l’électricité intermittente ne peut remplacer l’électricité dont la production est aisément réglable</em>. Ce que l’électricité intermittente remplace c’est le carburant fossile utilisé pour faire l’électricité plus facilement réglable.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#22">(22)</a> Cette substitution étend (en théorie) la durée de vie de nos réserves en énergie fossile. Cette théorie n’est vérifiée que si nous croyons que l’extraction de gaz naturel et de charbon n’est limitée que par la quantité présente dans le sol et notre niveau technologique (c’est l’hypothèse qui structure les estimations de l’AEI des futures consommations d’énergie fossile)
</p>
<p>Si la limite sur l’extraction de charbon et de gaz naturel est en fait une limite sur le capital à investir (y compris le pétrole) et si cette limite se manifeste comme une limite sur la dette, alors la situation est différente. Dans un tel cas, un fort investissement dans les renouvelables devrait accélérer la marche vers l’effondrement des économies qui font ce choix, à cause de l’investissement initial élevé et des faibles gains de court terme de ces technologies.
</p>
<h5>5. Une foi excessive dans les analyses de Taux de Rendement Energétique (TRE) ou Analyse du Cycle de Vie (ACV)</h5>
<p>De faibles TRE<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#23">(23)</a> et de mauvaises ACV sont une partie de notre problème, mais pas notre problème entier. Ce serait oublier le temps – qui est un facteur critique, si notre problème est la disponibilité insuffisante de capital d’investissement et le besoin de gains élevés à court terme.
</p>
<p>Les analyses de TRE font aussi des hypothèses sur la substituabilité – qui n’est en général pas possible s’agissant du pétrole, pour les raisons décrites ci-dessus. Quoique les études de TRE et d’ACV puissent fournir des informations importantes, il est facile de surestimer leur valeur prédictive. Elles ne sont pas conçues pour dire quand les Limites à la Croissance frapperont, par exemple.
</p>
<h5>6. Le financement par les gouvernements mène à trop de recherche dans de mauvaises directions et pas assez dans la bonne</h5>
<p>Les gouvernements sont dans le déni au sujet des Limites à la Croissance, ou même des ressources en pétrole.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#24">(24)</a> Les gouvernements s’appuient sur des économistes qui semblent aveugles à ce qui se passe.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#25">(25)</a>
</p>
<p>Les chercheurs basent leurs analyses sur ce que les chercheurs précédents avaient fait. Ils ont tendance à "suivre l’argent qui finance la recherche" et à travailler sur la marotte du jour, celle qui leur permettra d’obtenir un financement. Rien de tout cela ne donne des recherches dans les domaines liés à notre véritable problème.
</p>
<h5>7. Les citoyens individuels sont facilement trompés par les articles prétendant que le pétrole est abondant</h5>
<p>Les citoyens ne réalisent pas que la raison pour laquelle le pétrole est abondant est que le prix du pétrole est élevé, le financement est largement disponible et les taux d’intérêt sont bas.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#26">(26)</a> De plus, si le pétrole apparait abondant, c’est en partie parce que les citoyens à bas revenus ne peuvent pas s’acheter les produits faits avec du pétrole, même à son niveau de prix actuel. Chômage et bas salaires entraînent une faible demande en pétrole, qui ressemble à une offre abondante. Ce qui manque vraiment à l’économie est le pétrole à bas prix, quelque chose qui n’est pas disponible.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#27">(27)</a>
</p>
<p>Les citoyens ne réalisent pas non plus que le récent mouvement vers l’exportation de pétrole brut ne signifie pas qu’il y ait un surplus de pétrole brut.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#28">(28)</a> Cela veut dire que la capacité de raffinage pour ce pétrole est plus disponible à l’étranger.
</p>
<p>Les histoires que lisent les consommateurs au sujet de production de pétrole en hausse sont rendues encore plus vraisemblables par les prédictions montrant que pétrole et autres sources d’énergie augmenteront pendant encore beaucoup d’années à venir. Ces prédictions sont basées sur l’hypothèse que la limite du pétrole extractible, c’est la limite du pétrole dans le sol. En réalité, la limite sera probablement une limite financière (sur la dette), qui arrivera bien plus tôt. Voir mon texte sur <a href="http://ourfiniteworld.com/2014/01/13/why-eia-iea-and-randers-2052-energy-forecasts-are-wrong/" hreflang="en">Pourquoi les prévisions énergétiques de l’AIE et de "2052" de Randers sont fausses</a> <em>(lien en anglais)</em>
</p>
<h5>8. Réticence à croire les modèles originels des Limites à la Croissance</h5>
<p>Des études récentes comme celles de <a href="http://www.esf.edu/efb/hall/2009-05Hall0327.pdf" hreflang="en">Hall et Day</a> <em>(PDF, en anglais)</em> ou de <a href="http://www.ingentaconnect.com/content/oekom/gaia/2012/00000021/00000002/art00010?crawler=true" hreflang="en">Turner</a> indiquent que l’économie mondiale suit en fait une trajectoire assez similaire à celle que prédisait le modèle originel de Limites à la Croissance. A mon avis, les principaux défauts des modèles de 1972 de Limites à la Croissance sont :
</p>
<ul>
<li>Les chercheurs n’ont pas pris en considération le système financier de quelque manière que ce soit. En particulier, les modèles négligeaient le rôle de la dette. Réparer cette omission tend à déplacer la date réelle de l’effondrement plus tôt, et à le rendre plus prononcé.</li>
<li>Le modèle d’origine ne regardait pas les ressources individuelles, tel le pétrole, séparément. Donc, les modèles donnaient des indications pour les limites aux ressources moyennes ou totales, alors que les limites sur le pétrole, par elles-mêmes, pourraient abattre l’économie plus rapidement</li>
</ul>
<p>J’ai noté des commentaires dans la littérature indiquant que l’étude Limites à la Croissance a été supplantée par des analyses plus récentes. Par exemple, l’article <a href="http://www.cadmusjournal.org/article/issue-4/entropy-and-economics" hreflang="en">Entropie et Economie</a> <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#29">(29)</a> par Avery, lorsqu’il évoque l’étude Limites à la Croissance, affirme : "Aujourd’hui, le modèle du Pic de Hubbert, plus exact, est plutôt utilisé quand il s’agit de prédire le taux d’utilisation d’une ressource rare en fonction du temps." Mais il n’y a aucune raison de penser que le modèle de Pic de Hubbert soit plus précis ! L’étude originelle utilisait des flux de ressources réelles pour prédire quand nous pourrions rencontrer un problème avec le capital d’investissement. Les modèles Pic de Hubbert négligent les limites financières, comme le manque de dette, donc surestiment les flux futurs probables de pétrole. De ce fait, ils ne sont pas appropriés pour des prédictions après que le pic mondial soit passé.
</p>
<p>Un autre endroit où j’ai vu des raisonnements similairement faux est le modèle actuel World3, qui a été utilisé dans les analyses récentes de Limites à la Croissance, y compris peut-être <a href="https://www.amazon.fr/2052-Global-Forecast-Forty-Years/dp/1603584218" hreflang="en">"2052" de Jorgen Randers</a>. Ce modèle prend pour hypothèse un Pic de Hubbert pour le pétrole, le gaz et le charbon. Le modèle World3 suppose aussi une substitution maximale entre les types de carburant, ce qui semble impossible si nous faisons face à court terme à une crise d’endettement.
</p>
<h5>9. Presque tout le monde préfère les histoires avec un happy ending</h5>
<p>Chaque organisation, depuis les groupes du type de l’<a href="https://aspofrance.org/" hreflang="fr">ASPO</a> <em>(NdT : Association pour l’étude des pics pétrolier et gazier)</em> jusqu’aux groupes militant pour la soutenabilité en passant par les groupes politiques voudrait avoir une solution à mettre en face du problème dont ils ont pris conscience. Les entreprises qui pourraient avoir une chance de vendre un produit "vert" aimeraient dire : "Achetez notre produit et vos problèmes seront résolus". Les médias semblent ne raconter que les histoires que leurs annonceurs aimeraient entendre. Du fait de cette combinaison de gens essayant de présenter la situation sous le meilleur angle possible, l’intérêt à rechercher et expliquer la véritable situation est faible.
</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Tete_dans_le_sable.jpg" alt="Tete_dans_le_sable.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Quelque part en-dessous, on doit bien pouvoir trouver un <em>happy ending</em> ?</em></p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Raisonnements faux et optimisme forcé abondent, lorsqu’il s’agit de négliger les limites de court terme à la croissance. Une partie en est peut-être intentionnelle, mais une partie découle de la difficulté inhérente à comprendre un problème aussi complexe.
</p>
<p>Il existe une tendance à croire que des analyses plus récentes sont nécessairement meilleures. Ce n’est pas toujours vrai. Lorsqu’il s’agit de déterminer quand les Limites à la Croissance seront atteintes, les analyses doivent se concentrer sur les détails qui semblaient causer l’effondrement dans l’étude de 1972 – croissance économique faible du fait des nombreux besoins en capital d’investissement entrant en compétition. La question est : quand atteindrons-nous le point où la croissance de la production de pétrole est trop faible pour permettre le niveau de croissance économique nécessaire à empêcher notre système actuel d’endettement de s’effondrer ?<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#30">(30)</a>
</p>
<p>Il me semble que nous sommes déjà proches d’un tel effondrement. La plupart des gens n’ont pas réalisé à quel point notre système économique est vulnérable à l’effondrement, en cette époque de faible croissance de la production de pétrole.</p>
<h4>Références supplémentaires</h4>
<ul>
<li>Sur le sujet des interactions entre énergie, limites physiques sur les ressources, croissance et économie, on peut aussi consulter de Gail Tverberg <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/01/Le-Probl%C3%A8me-Energ%C3%A9tique-derri%C3%A8re-l-%C3%A9lection-de-Trump" hreflang="fr">Le Problème Energétique derrière l’élection de Trump</a>, ainsi que <a href="http://lesakerfrancophone.fr/category/auteurs/gail-tverberg" hreflang="fr">les traductions publiées sur le site du Saker francophone</a>. Son site originel en anglais est <a href="https://ourfiniteworld.com/" hreflang="en">Our Finite World</a>.</li>
<li>L’étude des Limites à la Croissance de 1972 est discutée par Dennis Meadows l’un de ses auteurs dans cet entretien traduit en français <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2014/02/18/Nous-n-y-pouvons-rien-faire..." hreflang="fr">Nous n’y pouvons rien faire...</a></li>
<li>Voir encore la traduction en français du discours prophétique de l’amiral Hyman Rickover en 1957, toujours aussi incroyable de clarté, de sagacité et de prescience deux générations plus tard <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans" hreflang="fr">Crise des ressources énergétiques - On le savait déjà il y a 60 ans</a></li>
</ul>
<h4>Notes</h4>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="01">01</a> - Comme pour toute prédiction des délais s’agissant de systèmes et de situations complexes, celle-ci était naturellement un peu aventurée, basée sur une impression de l’auteur. Le reste de son texte est en revanche basée sur des analyses factuelles et les arguments pèsent au moins autant aujourd’hui qu’il y a deux ans.
</p>
<p>La situation peut être rapprochée de la période avant 2008 : plusieurs analystes avaient vu le risque grandissant d’effondrement financier, mais nul n’avait pu prédire exactement le moment de son déclenchement. La différence est que s’agissant de l’impact des limites physiques des ressources sur l’économie, aucun artifice ne pourrait faire disparaître le problème sous le tapis comme la planche à billets l’a fait après la crise financière de 2008.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="02">02</a> - Ce texte a été écrit quelques mois avant l’effondrement du prix du pétrole <a href="https://www.bloomberg.com/quote/CL1:COM" hreflang="en">commencé en octobre 2014</a>. A noter que Gail Tverberg signale plus loin un risque de chute de prix qu’elle semble avoir été la seule à voir à l’époque.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="03">03</a> - Toute ressource de type minéral, pétrole, métaux etc. est exploitée en commençant par les gisements les plus faciles d’accès, qui sont plus rentables. Au fil du temps, pour maintenir voire augmenter la production, il est donc nécessaire de se rabattre vers des gisements plus difficiles, par exemple où la concentration en minerai est plus faible.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="04">04</a> - C’est bien parce que la croissance mondiale reste faible que les banques centrales ont adopté après 2008 des politiques de taux d’intérêt de plus en plus faible, au final pratiquement nuls.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Taux_directeurs_BCE_et_Fed_1999-2016_m.jpg" alt="Taux_directeurs_BCE_et_Fed_1999-2016.png" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Taux directeurs BCE et Fed 1999-2016</em></p>
<p align="center"><em>(Source : <a href="http://france-inflation.com/taux-directeurs-bce-fed.php" hreflang="fr">France-Inflation</a>)</em></p>
<p>Des taux d’intérêt plus élevés nécessiteraient une croissance significative, sauf à précipiter l’économie dans la plus grave des récessions.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="05">05</a> - Rappelons qu’aux Etats-Unis les études supérieures sont payantes, et fort cher. Dans le système français, le coût des études supérieures est payé par toute la collectivité, ce qui il est vrai en période de faible croissance ne fait que déplacer le problème : c’est l’Etat qui sera endetté plutôt que les citoyens. Mais comme ceux-ci sont aussi les contribuables...</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="06">06</a> - Facilement disponibles - à condition que le système technique actuel reste fonctionnel. Voilà bien longtemps que le pétrole qu’on pouvait extraire en plantant un tube dans son jardin a été extrait. Une partie croissante de la production actuelle dépend de technologies de plus en plus lourdes et complexes, repoussant les limites du possible : exploitation du fond des océans, des régions polaires, etc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="07">07</a> - Début 2014. La population mondiale a depuis largement dépassé les 7,4 milliards, et l’ONU prévoit 8,5 milliards pour 2030. La croissance démographique rapide n’arrange naturellement pas le problème des limites sur les ressources.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="08">08</a> - La finance est proche d’une crise depuis les années 2000 au plus tard, et la crise de 2008 n’a pu être mise sous le boisseau qu’au prix de mesures d’urgence telles planche à billets et taux d’intérêt ultra-bas... dans lesquelles l’économie mondiale s’est ensuite installée. Y mettre fin signifierait l’effondrement financier à brève échéance. Ne pas y mettre fin signifie l’effondrement financier... mais un peu plus tard. Sans doute, cela ne peut durer éternellement, mais :</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Encore_un_moment_m.jpg" alt="Encore_un_moment.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Source : Comtesse du Barry, 8 décembre 1793, sur l’échafaud</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="09">09</a> - "Assouplissement quantitatif" est un euphémisme désignant la planche à billets. Les Etats-Unis ont de fait <a href="http://www.tradingeconomics.com/united-states/central-bank-balance-sheet" hreflang="en">cessé d’augmenter</a> la taille du bilan de leur banque centrale à partir de 2014... mais c’est la Banque Centrale Européenne qui a <a href="https://fred.stlouisfed.org/series/ECBASSETS" hreflang="en">commencé alors à augmenter le sien en continu</a>, à un rythme comparable à celui qu’assurait auparavant la <em>Federal Bank</em> américaine.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Deux_magiciens_m.jpg" alt="Deux_magiciens.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Il n’est pas impossible que ces deux-là soient de mèche...</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="10">10</a> - Il a même pu tomber à partir de la fin 2014... avant que le crédit ne soit vraiment restreint.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="11">11</a> - A la mi-2016, on prévoyait une <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2016-06-15/oil-industry-to-cut-1-trillion-in-spending-after-price-slump" hreflang="en">chute de 22% des investissements des entreprises pétrolières mondiales</a> sur la période 2015-2020, pour un total de 1000 milliards de dollars en moins, pour cause de prix du pétrole trop bas.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="12">12</a> - Bien vu : c’est effectivement ce qui s’est passé, à la surprise quasi-générale, à partir d’octobre 2014.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="13">13</a> - Rappelons que le pétrole a un rôle prépondérant dans les transports, rôle dans lequel il n’a aucun substitut envisageable à moyen terme. Les transports naturellement ne sont pas simplement un secteur d’activité comme un autre, ils sont indispensables à l’ensemble de l’économie.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="14">14</a> - Substitution : une alternative devient préférable car son prix n’a pas augmenté. Mais cela suppose qu’il en existe une. Destruction de la demande : les consommateurs renoncent à l’achat, ce qui est effectivement une solution mais provoque la récession.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="15">15</a> - Cette cause du différentiel de salaire entre pays avancés et pays peu développés n’est cependant sans doute pas la principale.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="16">16</a> - Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_de_Hubbert" hreflang="fr">Pic de Hubbert</a> du rythme d’extraction d’une ressource finie en fonction du temps est toujours décrit comme "<em>une courbe en cloche</em>" c’est-à-dire symétrique autour d’un maximum, ce qui suppose que passé le maximum de production la décroissance soit douce. Cependant, Hubbert partait de l’hypothèse qu’une autre source d’énergie en masse à bon marché aurait été préparée d’avance pour faire face à l’épuisement du pétrole puis du gaz. Or, aucune n’est prête ni techniquement - les alternatives sont chères et limitées par d’autres ressources rares - ni dans les quantités qui seraient nécessaires. Ce qui pourrait changer complètement la situation.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="17">17</a> - La courbe originelle de Hubbert montre en quelque sorte "le meilleur des cas" de ce qui pourrait arriver une fois passé le maximum.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="18">18</a> - Profits certes fortement diminués depuis la chute du prix en octobre 2014.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="19">19</a> - Le coût d’investissement serait similaire, ou encore plus élevé, s’agissant des autres alternatives envisagées pour la mobilité, voiture électrique, pile à combustible, etc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="20">20</a> - La différence est écrasante s’agissant des transports. Si on considère <a href="http://i.f1g.fr/media/ext/805x/www.lefigaro.fr/medias/2014/11/12/INF5dc7f2be-6a83-11e4-b7f2-6daf63c70581-805x410.jpg" hreflang="fr">l’ensemble de tous les usages de l’énergie</a>, la production de pétrole représente environ 31% du total et le gaz naturel 21%</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="21">21</a> - Citons par exemple le lithium nécessaire aux batteries des voitures électriques.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="22">22</a> - A condition toutefois de pouvoir gérer les pics de production des énergies renouvelables et les pics de consommation, lesquels ne sont pas coordonnés - par exemple, ce n’est en général pas quand le soleil brille que l’on souhaite s’éclairer à l’électricité ! Gestion qui d’une part augmente le coût, d’autre part rencontre ses propres limites puisque par exemple les STEP (stations de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pompage-turbinage" hreflang="fr">pompage turbinage</a>) ne se conçoivent guère que dans des sites favorables... qui ne sont pas si nombreux.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="23">23</a> - Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique" hreflang="fr">Taux de Rendement Énergétique</a> est le rapport entre l’énergie produite, et l’énergie nécessaire à cette production. Par exemple, une station de pompage de pétrole permet d’extraire de l’énergie d’un gisement, mais elle en consomme aussi pour réaliser cette extraction. Le TRE a tendance à diminuer avec le temps, parce que les gisements d’énergie fossile les plus faciles à exploiter l’ont été les premiers, laissant des gisements dont le coût énergétique de la production est de plus en plus élevé. Production d’énergie identique, coût de la production plus élevé : le rapport entre bénéfice et coût diminue donc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="24">24</a> - Si le fait que la quantité de pétrole présente dans le sol est finie n’est en général pas contesté, ses conséquences ne sont pas pensées jusqu’au bout. L’hypothèse non explicite semble être qu’une substitution par d’autres énergies arrivera le moment venu, à une date plutôt lointaine, sans avoir à faire d’effort décidé pour la préparer au-delà de quelques recherches dotées de budgets plutôt faméliques.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="25">25</a> - Les exceptions sont peu nombreuses et ne sont guère écoutées. Voir Gaël Giraud du CNRS : <a href="http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/04/19/gael-giraud-du-cnrs-le-vrai-role-de-lenergie-va-obliger-les-economistes-a-changer-de-dogme/" hreflang="fr">"Le vrai rôle de l’énergie va obliger les économistes à changer de dogme"</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="26">26</a> - La banque centrale américaine a cependant commencé récemment à ré-augmenter son taux directeur et <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/11/18/97002-20161118FILWWW00244-la-fed-appelle-a-relever-rapidement-les-taux-d-interet.php" hreflang="fr">annonce davantage l’année prochaine</a>. Affaire à suivre</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="27">27</a> - Comprendre : vraiment bas, non pas simplement autour de 50 $ le baril comme depuis deux ans. Et encore plus important : qui puisse rester bas longtemps sans chute de la production, ce qui vu la chute brutale des investissements dans les futures productions est tout sauf assuré.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="28">28</a> - L’auteur évoque la situation des Etats-Unis, qui restent importateurs net de pétrole.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="29">29</a> - Rappelons que l’entropie en physique est une caractérisation d’un système complexe qui mesure son état de désordre. Pour l’étude d’un système physique, il ne peut être question de se limiter à prendre en compte son énergie, il faut aussi considérer son entropie. De même, il est assez raisonnable de penser que la mesure du désordre est nécessaire à la compréhension d’un vaste système complexe comme l’économie mondiale.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="30">30</a> - Le système d’endettement ne peut être stable que parce que la grande majorité des acteurs économiques n’ont pas intégré l’idée que "demain sera moins riche qu’aujourd’hui". A partir du moment où cette idée deviendrait l’hypothèse partagée par la majorité, l’évidence serait aussi partagée que la montagne de dettes - publiques comme privées - supportées par l’économie mondiale ne pourra jamais être remboursée, ou même seulement indéfiniment refinancée. La conséquence alors visible de tous comme quoi une partie au moins du système financier mondial s’effondrera, la conscience de jouer dans un jeu de chaises musicales, dont les chaises sont donc de moins en moins nombreuses, précipiterait la fuite vers les sorties, accélérant donc l’effondrement financier.</p>
<p>S’agissant en fin de compte d’<strong>une prise de conscience collective</strong>, le moment de ce qui sera en fait un phénomène psychologique collectif n’est bien entendu pas prévisible. La seule chose qui puisse être dite avec un certain niveau de confiance est que plusieurs seront surpris que ce ne soit pas encore arrivé, et beaucoup seront surpris que cela arrive déjà.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/62Le Problème Energétique derrière l'élection de Trumpurn:md5:193ea4678479e17cfc94aa0ff7b63807Thursday 1 December 2016Thursday 1 December 2016Alexis TouletTraductionsCrise des ressourcesCrise économique et financièreCrises politiques et internationalesCroissanceEffondrementsEnergieEtats-UnisGail TverbergPic énergies fossilesTrump<p><em>Comment comprendre l’élection surprenante de Donald Trump, et la volonté impérieuse de changement manifestée par un grand nombre d’Américains ?</em></p>
<p><em>Et si l’une des causes les plus profondes - et cependant à coup sûr la mieux cachée - de l’élection du président Trump, comme de bien d’autres volontés de changement dans d’autres pays, que l’on regroupe souvent sous le vocable fourre-tout de "populisme", était <strong>énergétique</strong> ? </em></p>
<p><em>L’hypothèse pourra surprendre. Elle n’en est pas moins argumentée et surtout fort éclairante...</em></p> <p>Gail Tverberg, analyste de l’énergie et de son lien avec la croissance et plus généralement l’économie, a développé une compréhension approfondie et solidement argumentée des effets économiques prévisibles des limites des ressources naturelles, auxquelles se heurte de plus en plus évidemment l’économie mondiale. Elle a en particulier construit une interprétation originale - et particulièrement inquiétante - de la baisse du prix de l’énergie constatée depuis environ deux ans, dans laquelle elle voit <ins>le signe annonciateur de possibles effondrements à moyen terme dans le système économique mondial</ins>.
</p>
<p>Dans cet essai, elle étudie en particulier le contexte de l’élection de Donald Trump, met à jour quelques clés de ses causes sous-jacentes, ainsi qu’une interprétation de la "solution Trump"... et de ses chances de succès.
</p>
<p>Pourquoi Trump ? Pour quelle raison - énergétique - son élection a-t-elle pu devenir maintenant possible ? Et surtout, a-t-il une véritable chance de parvenir à améliorer la situation de plus en plus périlleuse dans laquelle se trouve l’économie mondiale ?
</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Trump_m.jpg" alt="Trump.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>"It’s the energy, stupid" ?
</em></p>
<p align="center"><em>Le phénomène Trump est-il en partie la conséquence d’un problème énergétique ?</em></p>
<br />
<h4>Le problème énergétique derrière l’élection de Trump</h4>
<p><ins>Publication originelle en anglais</ins> - Gail Tverberg pour <a href="https://ourfiniteworld.com/2016/11/17/the-energy-problem-behind-trumps-election/" hreflang="en">Our Finite World</a>, 17 Novembre 2016
</p>
<p><ins>Traduction en français</ins> - Alexis Toulet pour le Nœud Gordien, 1er décembre 2016
</p>
<p>Le problème énergétique derrière l’élection de Trump n’est pas celui auquel les gens s’attendaient. C’est plutôt un problème énergétique qui conduit à de bas salaires pour de nombreux travailleurs aux États-Unis et à des taux de chômage élevés dans l’Union européenne (Ces résultats différents reflètent des règles différentes sur le salaire minimal. Un niveau de salaire minimum plus élevé tend à conduire à des taux de chômage plus élevés, un niveau plus bas de salaire minimum tend à conduire à davantage d’emplois, mais des salaires insatisfaisants pour beaucoup) Le problème de l’énergie se traduit également par les bas prix du pétrole et d’autres produits.
</p>
<p>Pour essayer de résoudre le problème de l’énergie, nous utilisons des approches qui impliquent une complexité croissante, y compris les nouvelles technologies et la mondialisation. Alors que nous ajoutons de plus en plus de complexité, ces approches ont tendance à fonctionner de moins en moins bien. En fait, elles peuvent devenir un problème en elles-mêmes, car elles tendent à redistribuer la richesse vers le haut de la hiérarchie de l’emploi, et elles augmentent les «frais généraux» pour l’ensemble de l’économie.
</p>
<p>J’explique dans cette étude comment des approvisionnements énergétiques inadéquats peuvent se traduire sous forme de bas salaires ou de prix élevés. Fondamentalement, si l’approvisionnement en énergie est insuffisant, les travailleurs ont tendance à être moins productifs parce qu’ils ont moins d’outils ou des outils moins avancés pour travailler. Leur salaire plus bas reflète une productivité plus faible (Diapositive 20). La diapositive 6 offre quelques idées supplémentaires.
</p>
<p>L’élection de Trump semble refléter l’effet de refroidissement que nos problèmes énergétiques ont sur l’économie dans son ensemble. Les citoyens sont de plus en plus mécontents de leur situation salariale, et veulent un changement important. L’élection de Trump peut au moins temporairement avoir un effet bénéfique, dans la mesure où elle pourrait travailler dans le sens d’une réduction de la complexité.
</p>
<p>À long terme cependant, il est difficile d’imaginer que les politiques d’un élu quelconque puissent être en mesure de résoudre nos problèmes d’énergie sous-jacents.
</p>
<p>J’ai rédigé cet essai comme une présentation qui peut être téléchargée ici : <a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump.pdf">Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump.pdf</a>. J’ai pensé que ce pourrait être un moyen de rassembler une assez grande quantité de matériel dans un seul endroit. Les diapositives du PDF sont affichées ci-dessous, pour ceux qui préféreraient les lire directement ainsi.
</p>
<br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-01.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-01.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-02.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-02.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-03.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-03.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-04.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-04.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-05.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-05.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-06.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-06.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-07.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-07.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-08.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-08.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-09.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-09.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-10.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-10.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-11.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-11.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-12.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-12.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-13.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-13.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-14.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-14.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-15.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-15.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-16.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-16.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-17.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-17.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-18.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-18.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-19.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-19.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-20.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-20.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-21.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-21.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-22.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-22.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-23.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-23.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-24.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-24.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-25.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-25.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-26.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-26.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-27.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-27.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-28.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-28.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-29.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-29.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-30.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-30.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-31.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-31.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-32.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-32.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Le_Probleme_Energetique_derriere_l_election_de_Trump/Probleme_energetique_derriere_Trump_-33.jpg" alt="Probleme_energetique_derriere_Trump_-33.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br />
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<p><em>Quatre personnages, un Agronome, un Financier, un Ingénieur et un Marin en ont débattu le 27 octobre dernier, ajoutant et confrontant leurs savoirs et leurs points de vue.</em></p>
<p><em>Débat animé, débat large aussi car à soulever ce sujet on est amené à en évoquer d’autres, les risques actuels et futurs et jusqu’aux tensions et aux transformations politiques imaginables…</em></p> <br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Debat___Decroissance__est-ce_pour_de_bon.pdf">Téléchargez ici la version PDF de ce débat</a></p>
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<h4>Pour aller directement à une sous-partie du débat</h4>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T1">La décroissance, que peut-on en penser ?</a>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T2">Population souhaitable – Sommes-nous trop nombreux ?</a>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T3">Education, un gâchis croissant et un handicap pour l’avenir ?</a>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T4">Peut-on produire moins de choses, et cependant avoir de la croissance ?</a>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T5">Transition énergétique, sommes-nous sur la bonne voie ?</a>
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<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#T6">Quelle instance pour décider – l’Europe est-elle en train de se re-nationaliser ?</a>
<br />
<br />
<br />
<br />
<p><ins>Le Financier</ins></p>
<p>Nous sommes réunis pour discuter autour de la « décroissance », un mot qui est utilisé d’une manière pas toujours très claire.</p>
<p>
J’entends d’une part dire que la décroissance, c’est-à-dire la diminution de la taille de l’économie et du total des biens et services produits chaque année, va nous être imposée parce que nous allons manquer de ressources, par exemple d’énergie ou d’autre chose.
</p>
<p>Selon d’autres, le problème est plutôt que la croissance économique est très nocive pour l’environnement, par exemple du fait du réchauffement, donc la décroissance est plutôt quelque chose qui serait souhaitable, c’est un choix que nous avons intérêt à faire pour ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis et causer des dégâts très graves voire irréversibles. Ce courant d’idées regroupe des choses extrêmement diverses, entre notions de développement durable très à la mode, et groupuscules plus ou moins radicaux et plus ou moins « purs ».
</p>
<p>Qu’est-ce que vous en pensez ?</p>
<br />
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<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T1">La décroissance, que peut-on en penser ?</a></h4>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>Parmi toutes les ressources utilisées par l’économie, seule l’énergie est vraiment critique. En effet, l’essentiel des matières premières – les métaux par exemple – peuvent être recyclés, à condition d’avoir de l’énergie fiable et peu coûteuse pour le faire. On arrive bien à séparer des isotopes d’uranium, alors trier du fer, du cuivre et même des métaux rares ne pose pas de problème absolu, même s’il faut souligner que la recherche française est, sous les effets conjugués du manque de crédit et d’un excès de bureaucratie, encore une fois en retard dans ce domaine.</p>
<p>
L’autre solution, ou l’autre composante de la solution, est <a href="http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2185" hreflang="fr">d’exploiter de nouveaux gisements moins rentables</a> <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#01">(1)</a>, pour peu encore une fois que l’on ait l’énergie nécessaire. Le pétrole fait exception bien sûr, mais c’est précisément une source d’énergie, et quant à ses autres usages par exemple le plastique des solutions de synthèse existent – avec un coût énergétique naturellement.</p>
<p>
Du point de vue de l’environnement nous avons un double problème, d’une part un changement climatique – provoqué par les rejets de CO2 d’après le consensus scientifique – et d’autre part des pollutions affectant la santé et les écosystèmes : oxydes d’azote et de soufre, métaux lourds, particules, etc. C’est parce que nous utilisons essentiellement de l’énergie fossile pétrole charbon et gaz – <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ressources_et_consommation_%C3%A9nerg%C3%A9tiques_mondiales#Production_annuelle_.C3.A9nerg.C3.A9tique_mondiale" hreflang="fr">à plus de 85%</a> – que nous avons ces problèmes. Il nous suffit de changer de source d’énergie pour résoudre le problème, et c’est possible.</p>
<p>
Dans l’ensemble, tranchons le mot : ce thème de « décroissance » est une fumisterie.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
L’énergie est le facteur critique, tout à fait d’accord. Et oui, il est possible de passer à des énergies meilleures que les fossiles. Cependant, il ne faut pas négliger deux questions majeures.</p>
<p>
D’une part, il existe un problème d’échelle du changement nécessaire, et de sa rapidité – d’autant qu’il s’agirait d’augmenter la production d’énergie, non simplement de remplacer l’existant, étant donné que l’extraction des matières premières coûtera plus cher en énergie à l’avenir, par exploitation de gisements plus difficiles et / ou développement du recyclage.</p>
<p>
C’est un problème majeur, qui ne remet certes pas en cause la faisabilité technique d’une transition énergétique au final, mais la possibilité de la réaliser dans les temps.</p>
<p>
Même si la décroissance n’est certes pas souhaitable en elle-même – que l’on songe à la pauvreté si répandue dans tant de pays, même si elle est évitable dans le principe ou « à terme », les circonstances, notre imprévoyance, nos retards et nos longues négligences pourraient rendre inévitable une décroissance forcée, éventuellement assez longue, avant un probable rebond ultérieur – mais pas nécessairement avant la génération suivante.</p>
<p>
D’autre part, n’oublions pas le problème de la pollution ! Elle est multiforme <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#02">(2)</a>, ne se limite pas au seul réchauffement climatique même si c’est ce dont on parle le plus, et a besoin d’être corrigée indépendamment de la question énergétique. Et nous n’en prenons pas le chemin. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#03">(3)</a></p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
La transition nous libérant des énergies fossiles est possible. Le problème est que nos politiques, sous l’influence des ONG, ont fait fausse route. Les nouveaux renouvelables, éolien et solaire essentiellement, n’apportent pas de solution à la hauteur des enjeux, quantitativement et qualitativement, ils sont plus chers à la production et doivent forcément être couplés à des systèmes de transport longue distance – invalidant au passage le mythe d’une production d’énergie localisée et autonome – et de stockage de l’énergie pour gérer la fluence – nuit, absence de vent. Même si le différentiel de coût brut peut paraitre acceptable, le rendement des systèmes de stockage – 50% pour les STEP <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#04">(4)</a>, 30% pour la filière hydrogène – démultiplie ce différentiel. De nombreux scénarios, comme celui présenté récemment par l’ADEME, misent sur des systèmes de stockage d’énergie miraculeux qu’ils se gardent bien de définir. Il n’existe rien dans les cartons qui tienne la route.
</p>
<p>Le nucléaire de quatrième génération est en revanche une solution crédible dans la mesure où elle a été testée et approuvée. Mais là encore nous payons le prix des erreurs passées. Les réacteurs nucléaires actuellement en service sont tous de très mauvaises technologies, les déboires de l’EPR ne font que démontrer en pratique ce que la théorie sait depuis les années 1950. Les physiciens n’ont jamais pu concevoir le vrai réacteur nucléaire. Nos réacteurs à combustible solide, neutrons modérés et refroidis à l’eau ne libèrent que 3% de l’énergie contenue dans l’uranium.
</p>
<p>Pour faire une métaphore biologique ils sont anaérobiques. Qu’est ce qui se passe quand un organisme fonctionne de cette manière ? Il gaspille l’énergie de son combustible et accumule des déchets (acides lactiques, alcool). Ce dont nous avons besoin ce sont des réacteurs aérobiques, permettant de tirer la totalité de l’énergie du combustible ainsi que d’utiliser le thorium. Plusieurs concepts de N4G ont été testés et ont fonctionné. En France, on a connu le surrégénérateur Superphénix dans les années 1990, fermé sous la pression des écologistes dès qu’il a osé fonctionner sans panne.
</p>
<p>Mais le concept le plus intéressant est celui des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_%C3%A0_sels_fondus" hreflang="fr">réacteurs à sels fondus</a>. Dans ces réacteurs le combustible est liquide et la température plus élevée, ce qui rend plus facile de limiter la réaction que dans les modèles de réacteur actuels, ils n’ont pas besoin de système de refroidissement et même en cas de rupture de la cuve les émissions radioactives sont limitées. Ils sont équipés d’un système de retraitement en continu, les déchets – gazeux et solides – sont extraits et sécurisés en continu. Les déchets produits ont une demi-vie <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#05">(5)</a> de quelques décennies, plutôt que des milliers d’années avec les réacteurs actuels. En termes de ressource le stock d’uranium 238 et de plutonium accumulé en France suffirait à couvrir nos besoins pendant plusieurs milliers d’années. Une tonne de combustible suffit pour alimenter une tranche de centrale pendant un an.
</p>
<p>En réalité, c’est l’excès des fossiles qui pose problème <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#06">(6)</a>. Voyez la production de schistes aux Etats-Unis qui « tient » au prix du pétrole actuel de 45$ le baril, qui était supposé être trop bas vu le coût de production, c’est surprenant.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Attention, c’est en partie au moins un effet « bancaire » et une manipulation financière. C’est-à-dire que les banques américaines soutiennent les producteurs de schiste et continuent à leur prêter les fonds nécessaires malgré leurs pertes. Probablement une politique décidée au plus haut niveau. Il est vrai que lorsqu’on a la Fed la banque centrale américaine qui imprime de l’argent à tour de bras et maintient les taux d’intérêt presque à zéro, tout ça reposant sur le dollar américain la monnaie principale à l’échelle du monde, on peut se permettre un certain nombre de choses…
</p>
<p>Mais ça ne change pas le fait que les schistes ne sont pas rentables aux prix actuels, et les manipulations financières ça ne peut pas durer éternellement.
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Au sujet de la pollution : les lois environnementales, ça marche ! On pollue beaucoup moins en Europe aujourd’hui qu’autrefois. L’environnement, c’est quelque chose qu’on achète quand on est suffisamment riche pour cela. En attendant, pour beaucoup de pays plus pauvres c’est la fameuse pyramide des besoins de Maslow qui commande : on veut d’abord l’essentiel se nourrir se loger etc. et le luxe qu’est un environnement en bon état passe après. Il faut être riche pour « acheter » de l’écologie.
</p>
<p>Un problème plus sérieux, c’est l’artificialisation des milieux. Une étude publiée récemment dans Nature a bien montré que le déclin des polinisateurs n’est pas lié à l’agriculture – les espèces qui s’y alimentent ne sont pas affectées – mais à l’artificialisation de l’espace <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#07">(7)</a>. Même phénomène observé chez l’abeille, la mortalité prématurée triple dans les espaces urbanisés <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#08">(8)</a>. On remplace des milieux naturels par du construit, de l’asphalte et des vertes pelouses sans vie. Ça ne sert à rien d’interdire ceci ou cela si l’environnement naturel est drastiquement réduit.
</p>
<p>Il est nécessaire de préserver des milieux naturels fonctionnels pour protéger notre système de production. Le Japon au début de l’ère Edo – Shogunat Tokugawa du 17ème au 19ème siècle – était presque rasé à blanc. Une de leurs premières mesures fut d’instaurer une gestion raisonnée et stricte des forêts. Chaque classe sociale avait un quota de bois pour construire son logement. Aujourd’hui le Japon est recouvert de forêts, comme la plupart des pays riches. Leurs terres arables ne sont pas emportées vers la mer comme au Brésil ou à Haïti.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Les <a href="http://www.livescience.com/27692-deforestation.html" hreflang="fr">forêts tropicales</a> <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#09">(9)</a>, surtout les forêts primaires c’est-à-dire des réservoirs d’espèces uniques et de biodiversité, sont en train d’être détruites en effet : Indonésie, Madagascar, ailleurs encore… on peut multiplier les exemples, malheureusement.</p>
<br />
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<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T2">Population souhaitable – Sommes-nous trop nombreux ?</a></h4>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Mais il faut parler de population. Et je soutiens que nous sommes trop nombreux. Même en Europe ! En France, on devrait être 40 millions.</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
L’idée me surprend. La France est relativement peu peuplée à l’échelle européenne, même à 66 millions d’habitants – voir la densité de population comparée à celle de nos voisins. Notre agriculture est beaucoup, beaucoup plus qu’autosuffisante, et elle devrait le rester même après passage à une agriculture durable <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#10">(10)</a> – qui nous sera de toute façon imposé à terme vu l’épuisement des intrants comme les engrais et les dangers que posent certains traitements des sols. Donc il n’y a pas de problème de population trop importante, enfin du moins pas en France.
</p>
<p><ins>Le Marin</ins></p>
<p>
N’est-ce pas la population, la richesse humaine qui permet de soutenir le système technique qui permettra au final de continuer à vivre de manière moderne, pas comme au 18ème siècle, et même sans les énergies fossiles ? On deviendra davantage dépendant de la technique, non moins. Et pour qu’un pays génère un nombre suffisant d’ingénieurs, de scientifiques, de techniciens, d’ouvriers qualifiés pour avoir des filières autonomes dans les domaines essentiels, donc une véritable indépendance, il faut forcément une certaine population.
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Il existe sans doute un optimum de la population vis-à-vis du territoire. Mais pourquoi est-ce qu’être plus nombreux serait forcément un bien ? A partir d’une certaine densité de population on « paye » pour nourrir le surplus et on dilue les emplois liés aux ressources naturelles renouvelables – bois, pêche, agriculture. Plus on est nombreux, plus il faut un système économique porté sur la croissance pour occuper tout le monde.
</p>
<p>Nous vivons encore sur cette idée, sans doute encore influencés par la pensée guerrière expansionniste, et pourtant le système le plus durable, est-ce que ce n’est pas une agriculture la plus proche possible de la nature, sans adjuvants artificiels ? Et dans ce cas le niveau souhaitable de la population se déduit directement du territoire. Je pense que le passage à une nourriture vraiment durable nécessiterait une diminution de la population.
</p>
<p>Ce débat n’est pas facilité par la diffusion de chiffres fantaisistes sur la productivité de l’AB. On entend 10% de rendement en moins, mais sur le terrain c’est plutôt 30 à 50% de moins sur les cultures les plus critiques : céréales, oléagineux et protéagineux. Et encore, je ne parle que de rendement d’une culture, si on prend en compte la production lissée sur plusieurs années c’est encore plus faible en raison des ratés et des « jachères ».</p>
<p>Une France « AB » modernisée nourrirait 40 millions de personnes sans trop de risque, mais sûrement pas 80. Aujourd’hui la France nourrit sa population et quasiment 50 millions d’importateurs essentiellement en Afrique du Nord et Moyen Orient. Difficile de basculer massivement en AB ou vers une forme raisonnée plus stricte sans mettre nos clients étrangers en difficulté.</p>
<br />
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<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T3">Education, un gâchis croissant et un handicap pour l’avenir ?</a></h4>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>Pour soutenir le système technique – et à vrai dire faire progresser encore et aller plus loin pour permettre la transition énergétique et la lutte contre la pollution – ne surtout pas oublier le système éducatif, qui est l’élément le plus crucial.</p>
<p>
Le problème le plus grave de la France, celui qui l’affaiblit le plus et à plus long terme, tout en étant sournois car on ne voit pas les choses clairement, c’est sans doute l’affaiblissement de son système éducatif. Les comparaisons internationales montrent que nous ne cessons de décliner, non seulement en relatif mais même dans l’absolu. Hier nettement au-dessus de la moyenne de l’OCDE, nous sommes aujourd’hui <a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/12/03/01016-20131203ARTFIG00338-niveau-scolaire-la-france-perd-deux-places-au-classement-mondial.php" hreflang="fr">de plus en plus à la traîne, avec des résultats décevants notamment en maths et en sciences</a>. Ceci, au moment où la compétition économique entre nations se fait de plus en plus sur ce critère. Au moment où nous aurons davantage qu’avant besoin d’aller de l’avant techniquement, afin ne serait-ce que ne pas régresser en niveau de vie !</p>
<p>
Mon impression personnelle est que la réforme Jospin de l’éducation à la fin des années 90 a été un tournant et un point d’inflexion négatif – création des IUFM et surtout accent sur le pédagogisme au détriment de l’acquisition des connaissances.
</p>
<p><ins>Le Marin</ins></p>
<p>
Plus généralement, c’est depuis une quarantaine d’années une lente mais régulière dégringolade. Le niveau d’exigence baisse, les connaissances transmises aussi.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Voilà une question qui justifierait un débat entier à elle seule !
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Autant notre société est très rationnelle pour optimiser son système productif, autant elle est totalement incapable d’améliorer son système éducatif. On touche à une limite du capitalisme.</p>
<br />
<br />
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T4">Peut-on produire moins de choses, et cependant avoir de la croissance ?</a></h4>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Une question pour toi l’ingénieur, tu crains la décroissance forcée. Mais voici un cas réel et vécu : je suis en train de préparer la fabrication d’un produit qui devrait se vendre à deux fois moins d’exemplaires que celui qu’il remplace, mais quatre fois plus cher. S’il sera plus cher, c’est que le service qu’il rend est quatre fois plus intéressant dans l’ensemble que son prédécesseur. Voilà un exemple concret d’une consommation énergétique et d’autres ressources qui baisse, alors que la production augmente en valeur, même si pas en volume.</p>
<p>
Alors, est-ce de la décroissance à tes yeux ? De mon point de vue, non.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Je suis d’accord, il s’agit bien de croissance. Il y a utilité plus grande de la production réalisée avec le nouveau produit, manifestée par le prix plus élevé accepté par les acheteurs, donc l’utilité globale de la production est deux fois plus élevée au total – deux fois moins de choses mais chacune quatre fois plus utiles.</p>
<p>
Et en théorie il est possible d’élever rapidement de cette manière la production réalisée en partant d’une base matérielle – énergie, etc. – identique voire en diminution : on s’arrange pour être plus efficace, plus économe, etc. De fait, on trouvera des exemples concrets ponctuels comme celui dont tu témoignes.</p>
<p>
Mais à l’échelle du monde, ce ne sont que des exceptions. La tendance globale de long terme, par exemple entre 1980 et 2010, c’est plutôt une augmentation de 0,8% par an de la productivité énergétique de l’économie mondiale. C’est-à-dire : en moyenne ce que l’économie mondiale produit avec la même quantité d’énergie augmente de seulement 0,8% par an en moyenne de long terme. Et encore, la <a href="http://ourfiniteworld.com/2011/11/15/is-it-really-possible-to-decouple-gdp-growth-from-energy-growth/" hreflang="en">productivité énergétique semble bien avoir cessé d’augmenter depuis environ l’an 2000 !</a></p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Production_mondiale_et_energie_consommee_m.jpg" alt="Production_mondiale_et_energie_consommee.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Production mondiale et énergie consommée</em></p>
<p>
Sur cette période, l’économie mondiale a cru en moyenne de 2,8% par an… eh bien l’essentiel de cette croissance dépendait d’une croissance de 2% par an de l’énergie consommée, en moyenne de long terme, seulement 0,8% était le résultat de la capacité de produire davantage de choses avec la même énergie. Si l’énergie consommée cesse d’augmenter, voire si elle régresse – et il le faudrait pour limiter la vitesse du réchauffement climatique, et de toute façon ça nous sera imposé tôt ou tard par l’épuisement des ressources fossiles – alors l’économie mondiale ne s’arrêtera-t-elle pas de croître ? Ne commencera-t-elle pas à régresser ?</p>
<p><ins>Le Marin</ins></p>
<p>
L’ancien roi des Saoud – celui qui aimait le whisky – disait que « l’âge de pierre ne s’est pas arrêté faute de cailloux » ! Il s’est arrêté quand nous avons trouvé mieux à faire que de tailler des pierres. De même, nous passerons à un âge différent, plus avancé, post-fossiles, non parce que les fossiles auront disparu mais parce que nous aurons une meilleure source d’énergie à utiliser.
</p>
<p>Toutefois la « croissance » de ces 30 dernières années ne s’est pas traduite par une amélioration du niveau de vie aussi flagrante que ça. En France, nous sommes censés être plus d’une fois et demie plus riche par personne qu’en 1980, j’ai du mal à y croire.</p>
<br />
<br />
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T5">Transition énergétique, sommes-nous sur la bonne voie ?</a></h4>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Là-dessus, notre stratégie est mauvaise. Nous, les Français ou plus généralement les Européens. Des investissements et des subventions pour le solaire ou l’éolien <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#11">(11)</a>, voilà notre stratégie pour la transition énergétique, alors que c’est une impasse. En Chine, ils investissent sérieusement pour industrialiser le nucléaire de quatrième génération.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Même en Inde je crois ils ont des projets, autour de l’utilisation du thorium <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#12">(12)</a>.
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Il y a encore des gens qui travaillent sur des réacteurs petits ou moyens, genre 200 ou 300 MW plutôt que 1 000 ou 1 500 pour les réacteurs actuels. Ils seront plus adaptables aux besoins et plus rapides à construire.</p>
<p>
Pendant ce temps, chez nous, on a choisi les « nouveaux renouvelables » ! Leur potentiel est fortement surestimé, à coup sûr celui de l’éolien dont le coût est prohibitif et n’a pas de raison de baisser beaucoup. Sans compter que le problème de l’intermittence est loin d’être résolu.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
L’ADEME l’agence pour développement et maîtrise de l’énergie vient juste de publier <a href="http://www.ademe.fr/mix-electrique-100-renouvelable-analyses-optimisations" hreflang="fr">un rapport sur les renouvelables en 2050</a>, après beaucoup de fuites organisées à l’avance depuis le début de cette année… L’objectif de ces fuites était clairement d’appuyer et de répandre le message, et le message, c’est qu’on pourrait produire toute l’électricité de la France en 2050, seulement à partir de renouvelables !
</p>
<p>Je trouve ça très étrange, vu les questions d’intermittence et de coût <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#13">(13)</a> que tu évoquais.
</p>
<p>Je suis assez dubitatif. Je n’ai pas encore lu ce rapport dans le détail, même si j’ai bien remarqué les multiples précautions <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#14">(14)</a> dont les auteurs entourent leur conclusion – et qui sont assez peu reproduites dans la presse !
</p>
<p>En savez-vous davantage ?
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Ce rapport est du bidon pur et simple. Les questions gênantes ne sont tout simplement pas évoquées. Si on n’en parle pas, pense-t-on qu’elles disparaîtront ? Ironiquement ils sont en train de faire la même erreur que l’industrie du nucléaire. Rétrospectivement il n’aurait jamais fallu construire des réacteurs à eau. Cela a créé une habitude, un modèle économique et une image détestable quand les problèmes prévisibles sont apparus.
</p>
<p>Le stockage n’est pas abordé de manière réaliste <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#15">(15)</a>. Non plus que le coût des investissements nécessaires – c’est beaucoup plus cher même que du nucléaire actuel. Pas davantage que le renforcement des réseaux : le rapport suppose que la péréquation entre divers pays européens – en gros, quand le vent ne souffle pas au Danemark, c’est qu’il souffle en Italie, et vice-versa – permettra de régler une partie du problème de l’intermittence. Mais il y faudrait un grand renforcement du réseau.</p>
<p>
Quant aux hypothèses de réduction du coût de l’énergie, elles sont irréalistes au moins pour l’éolien, qui n’a aucune raison de baisser beaucoup vu que toute la partie mécanique resterait similaire – et les économies d’échelle par production de masse ont déjà eu lieu. Ces incohérences ont déjà été pointées par plusieurs personnes <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#16">(16)</a>.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Sans compter que le coût du nucléaire est quant à lui toujours surestimé dans ce genre d’étude. Par exemple l’amortissement des réacteurs EPR est calculé sur une durée trop courte, égale à 20 ans, ce qui l’aligne sur les panneaux solaires et les éoliennes dont c’est effectivement la durée de vie, alors que la durée de vie d’un EPR est estimée à 70 ans. Cela contribue à élever artificiellement le coût de l’électricité qu’il produit – et c’est encore plus vrai pour le N4G.</p>
<p>
Il faut aussi rappeler que l’étude suppose « des efforts conséquents quant à la maîtrise de la demande à cet horizon »… Alors qu’au contraire la demande en énergie électrique devrait exploser si l’on souhaite se passer de plus en plus de l’énergie fossile : il faudrait remplacer par de l’électricité l’énergie pour le chauffage, l’industrie ou les transports aujourd’hui d’origine fossile. De l’ordre d’un tiers de l’énergie utilisée par l’économie française correspond à la production électrique. L’objectif à long terme, par exemple en 2050, devrait être d’approcher des 80 ou 90%, du moins si l’on souhaite avoir une chance de limiter les effets du réchauffement climatique !
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Et le potentiel de réduction du prix du nucléaire par passage à la 4G n’est pas pris en compte.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
C’est d’autant plus dramatique que les investissements pour la transition sont en grande partie stérilisés par le financement des nouveaux renouvelables. Et pourtant le développement de N4G n’est pas si cher ! Les investissements pour les champs d’éolienne dans la Manche, c’est 10,5 milliards pour les deux premiers appels d’offre <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#17">(17)</a> déjà organisés, sans compter le troisième qu’on annonce imminent, pour un coût de production d’énergie de l’ordre de 200 € le MWh, c’est-à-dire environ cinq fois supérieur au prix auquel EDF revend l’électricité nucléaire aux autres producteurs, qui est de 42 € le MWh. Avec ces 15 ou 20 milliards, on paierait bien l’industrialisation de 2 ou 3 filières différentes de réacteur nucléaire de quatrième génération.
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
Oui l’ordre de grandeur devrait être de <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/01/16/astrid-le-nouveau-reacteur-francais-a-5-milliards-d-euros_4557985_3234.html" hreflang="fr">5 à 10 milliards par filière explorée jusqu’au niveau du réacteur prêt pour production en série</a> <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#18">(18)</a>. Surtout avec des réacteurs de taille moyenne.</p>
<p>
Du côté de la recherche sur les batteries <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#19">(19)</a>, il y a probablement assez de financement, parce que les constructeurs automobiles en ont besoin et investissent ce qu’il faut. Mais pour les N4G, c’est la dèche !</p>
<p>
On est face à des groupes de pression. Vois le Grenelle de l’environnement en 2008, Sarkozy a pris la décision de sacrifier les OGM pour sauvegarder le nucléaire.</p>
<p><ins>Le Marin</ins></p>
<p>
Au pouvoir, nous avons une élite qui s’en fout – de tout, des réalités, de l’ensemble du peuple. Et qui reste dans un cadre idéologique bien étroit.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Il faut reconnaître aux écologistes politiques le mérite d’être pratiquement les seuls à réfléchir sur l’environnement et sur le problème des ressources. Mais le drame, c’est qu’ils sont comme tombés amoureux d’une idéologie anti-nucléaire. Comment pourraient-ils oser regarder en face le fait que solaire et éolien ne sont pas une solution pour la transition énergétique ? Comment lancer le développement du N4G dans ces conditions ?</p>
<p>
Sur les OGM, j’avoue ne pas connaître le sujet. Mais ce qui me semble mériter précaution, c’est le fait que la nature est un système tellement complexe qu’on ne peut pas prévoir les conséquences finales quand on commence à lâcher des organismes modifiés dans la nature. On est face à une technologie puissante, il existe un risque qu’elle soit utilisée n’importe comment, surtout qu’on n’en sait pas assez sur le monde qui nous entoure. N’est-ce pas la position d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, et la priorité n’est-elle pas la prudence ?
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
La Nature ne nous a pas attendus pour faire un réacteur nucléaire – voir <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_naturel_d%27Oklo" hreflang="fr">Oklo</a> – ni des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Transfert_horizontal_de_g%C3%A8nes" hreflang="fr">OGM</a>. Dès qu’on étudie sérieusement le génome d’une espèce on se rend compte qu’elles vivent avec <a href="http://www.genomebiology.com/2015/16/1/50" hreflang="en">des gènes étrangers</a>. Un cas particulièrement intéressant est la <a href="http://www.pnas.org/content/112/18/5844.full" hreflang="en">patate douce cultivée</a>, elle fut « génétiquement modifiée » par une bactérie il y a 8 000 ans, et visiblement ce changement l’a rendu plus utile pour l’humain.</p>
<br />
<br />
<h4><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="T6">Quelle instance pour décider – l’Europe est-elle en train de se re-nationaliser ?</a></h4>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Poser la question des décisions, c’est poser la question du pouvoir, et de l’échelle à laquelle il est exercé. Le monde ? Ca ne marche pas, voir la COP21 fin novembre à Paris qui ira peut-être dans le bon sens pour ce qui est du réchauffement, mais pas suffisamment c’est déjà clair, et n’apportera rien pour ce qui de la transition énergétique ni des autres questions.</p>
<p>
Alors : l’Europe, ou les Nations ?
</p>
<p><ins>Le Financier</ins></p>
<p>
On assiste à un mouvement de re-nationalisation de la politique européenne. Les gouvernements sont de plus en plus dans une logique individuelle plutôt que collective, et une partie croissante de chaque population veut aller plus loin. C’est non seulement une tendance, mais aussi quelque chose qui pourrait s’accélérer, voire passer des effets de seuil – des transitions brusques.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
C’est qu’il y a de multiples frictions, et qui s’intensifient et se multiplient. La question de l’euro, celle des sauvetages bancaires – les peuples perçoivent cela sous la forme de la politique d’austérité qui a été choisie pour y répondre – et encore les traités commerciaux tels le TTIP. Et maintenant la question des migrants, qui évolue très vite en Allemagne le premier pays concerné mais probablement pas le seul…
</p>
<p><ins>Le Financier</ins></p>
<p>
Un tel besoin de changement n’existait pas il y a encore 5 ans. Il s’exprime plus librement encore dans les conversations. On éprouve beaucoup moins de confiance, voire de simple respect pour les dirigeants en place. A noter qu’un changement de pouvoir n’apporterait pas nécessairement un mieux. Y a-t-il une alternative, dans quelque pays que ce soit, qui soit vraiment convaincante sur sa capacité à faire de meilleurs choix ?
</p>
<p>Je rappelle pour mémoire cette définition du fascisme comme la rencontre entre une situation et un leader charismatique. Certes l’Histoire ne se répète pas, certes aucun leader véritablement charismatique n’est encore apparu dans aucun pays européen. Mais le potentiel existe je dirais.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Un <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/t-vraiment-tentation-autoritaire-en-france-pascal-perrineau-philippe-braud-maxime-tandonnet-622299.html" hreflang="fr">sondage assez ahurissant</a> a été publié en janvier 2013 : 87% des Français étaient d’accord pour dire que « la France a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre ». Il faut croire que ni Nicolas Sarkozy qui venait d’être remercié, ni François Hollande déjà entré en fonction, n’étaient considérés par les Français comme des « vrais chefs ».
</p>
<p>C’est dire qu’il n’y a pas seulement le besoin de changement qui s’exprime ! Mais aussi l’idée de chef. Et l’idée d’ordre.
</p>
<p><ins>Le Financier</ins></p>
<p>
Voir aussi <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/sondage-65-francais-ne-sont-plus-sensibles-aux-termes-republique-et-valeurs-republicaines-jerome-fourquet-vincent-tournier-2134825.html" hreflang="fr">ce sondage du printemps dernier</a> : environ 65% des Français sont indifférents <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#20">(20)</a> quand les politiques évoquent les « valeurs républicaines ».
</p>
<p><ins>L’Agronome</ins></p>
<p>
La démocratie est à la fois le système le plus naturel et le plus ancien. Même des peuples « primitifs » comme les Papous la pratiquent aussi bien à l’échelle du village que de la tribu en regroupant des centaines de personnes – généralement les hommes initiés – en cas d’enjeu très important. </p>
<p>Après des débats marathon, qui durent des jours, tous s’expriment et la décision commune est acceptée par tous.
Cet exemple montre que des communautés nombreuses et démocratiques sont possibles et robustes à condition que le liant identitaire soit fort et les institutions adaptées. A l’inverse, les communautés hors sol et autocratiques sont fragiles. Le Califat islamique fondé par la conquête du 7ème siècle a explosé en vol, les différents peuples n’ont pu rester ensemble malgré leur unité spirituelle. A défaut de démocratie, l’humain préfère se soumettre aux siens.
</p>
<p><ins>L’Ingénieur</ins></p>
<p>
Donc l’efficacité et même la survie de grands ensembles comme l’Union européenne… on n’est pas obligé d’y croire.
</p>
<p>Vu cette situation, vu que les partisans de l’alternative nationale, dans quelque pays que ce soit, ne sont pas au point non plus, j’ai de gros doutes que nous soyons prêts à prendre rapidement les décisions qui s’imposent pour la transition comme pour les autres questions. Et pourtant, il y a urgence.
</p>
<p><ins>Le Financier</ins></p>
<p>Cette question mériterait un débat à elle seule, d’ailleurs elle ouvre sur plusieurs autres questions indépendantes…</p>
<br />
<br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Debat___Decroissance__est-ce_pour_de_bon.pdf">Téléchargez ici la version PDF de ce débat</a></p>
<br />
<br />
<h4>Notes</h4>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="01">(1)</a> - <em>« Une première idée à laquelle il faut définitivement tordre le cou est celle de la limite supposée des ressources minérales à la disposition de l’humanité. Cette idée fausse s’est propagée par mimétisme avec l’annonce, justifiée, de la fin de l’ère du pétrole (…) La limite à l’exploitation des ressources minérales sera donc toujours définie par le type et le prix des énergies disponibles en un temps donné. Ce raisonnement économique s’applique de la même façon aux industries du recyclage »</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="02">(2)</a> - Voir <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/15/la-planete-a-atteint-ses-limites_4557476_3244.html" hreflang="fr">La planète a atteint ses limites</a> <em>« Les principales limites transgressées sont celles du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Les deux autres seuils franchis relèvent de dégâts locaux : l’un tient au changement rapide d’utilisation des terres, l’autre à la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore – deux éléments essentiels à la fertilité des sols. »</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="03">(3)</a> - Comme le précise le <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/03/biodiversite-etat-des-sols-pollution-l-environnement-se-degrade-en-europe_4586006_3244.html" hreflang="fr">rapport 2015 de l’Agence Européenne pour l’Environnement</a>, l’environnement se dégrade en Europe, malgré des progrès dans la qualité de l’air et de l’eau ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre : détérioration pour la biodiversité des milieux continentaux et aquatiques et celle du milieu marin, l’utilisation des terres, l’impact du changement climatique sur les écosystèmes, ainsi que pour les risques sanitaires liés au changement climatique et aux substances chimiques. L’artificialisation des sols, due principalement à l’urbanisation, s’accompagne de leur fragmentation mais aussi de leur dégradation, du fait de l’intensification de la production agricole et de l’érosion. L’Agence prévoit que cette situation, qu’il est <em>« difficile ou coûteux d’inverser »</em>, <em>« ne devrait pas changer de manière favorable »</em>.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="04">(4)</a> - Station de transfert d’énergie par pompage</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="05">(5)</a> - La demi-vie est le temps nécessaire pour que la radioactivité d’une certaine substance diminue de moitié.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="06">(6)</a> - Voir <a href="http://petrole.blog.lemonde.fr/2015/02/09/la-transition-energetique-est-elle-fermee-de-linterieur/" hreflang="fr">La transition énergétique est-elle fermée de l’intérieur ?</a> « Pour contenir le réchauffement climatique en-deçà de la limite des 2°C, il faudra(it) laisser sous terre un tiers des réserves de pétrole, 80 % des réserves de charbon et... la moitié des réserves de gaz naturel, précise une étude récemment publiée par la revue Nature »</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="07">(7)</a> - David Kleijn, Rachael Winfree, Ignasi Bartomeus et Luísa G. Carvalheiro, « Delivery of crop pollination services is an insufficient argument for wild pollinator conservation », Nature Communications, vol. 6, 16 juin 2015 (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/PubMed" hreflang="fr">PMID</a> <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26079893" hreflang="en">26079893</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/PubMed_Central" hreflang="fr">PMCID</a> <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/4490361" hreflang="en">4490361</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Digital_Object_Identifier" hreflang="fr">DOI</a> <a href="http://dx.doi.org/10.1038/ncomms8414" hreflang="en">10.1038/ncomms8414</a>, <a href="http://www.nature.com/ncomms/2015/150616/ncomms8414/full/ncomms8414.html" hreflang="en">lire en ligne</a> [<a href="http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.nature.com%2Fncomms%2F2015%2F150616%2Fncomms8414%2Ffull%2Fncomms8414.html" hreflang="en">archive</a>])</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="08">(8)</a> - Elsa Youngsteadt, R. Holden Appler, Margarita M. López-Uribe et David R. Tarpy, « Urbanization Increases Pathogen Pressure on Feral and Managed Honey Bees », PloS One, vol. 10, 1er janvier 2015, e0142031 (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Standard_Serial_Number" hreflang="fr">ISSN</a> <a href="http://worldcat.org/issn/1932-6203&lang=fr" hreflang="fr">1932-6203</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/PubMed" hreflang="fr">PMID</a> <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26536606" hreflang="en">26536606</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Digital_Object_Identifier" hreflang="fr">DOI</a> <a href="http://dx.doi.org/10.1371/journal.pone.0142031" hreflang="en">10.1371/journal.pone.0142031</a>, <a href="http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26536606" hreflang="en">lire en ligne</a> [<a href="http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.ncbi.nlm.nih.gov%2Fpubmed%2F26536606" hreflang="en">archive</a>])</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="09">(9)</a> - La NASA prédit qu’au rythme actuel, la totalité des forêts tropicales pourraient disparaître en cent ans. Parmi les pays touchés : Brésil, Thaïlande, République Démocratique du Congo, autres pays africains. Le plus touché est l’Indonésie.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="10">(10)</a> - Selon <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/12/10/l-agriculture-biologique-plus-productive-qu-on-ne-le-pense_4537494_3244.html" hreflang="fr">L’agriculture biologique, plus productive qu’on ne le pense</a>, la différence de productivité entre agriculture bio et traditionnelle est évaluée à 19,2 %, mais ce différentiel devient beaucoup plus faible lorsque les exploitations biologiques ont recours soit à la polyculture (plusieurs plantes cultivées sur la même parcelle), soit aux cultures par rotations : il tombe alors à respectivement 9 % et 8 %.</p>
<p>Noter de toute façon « <em>Nous ne pouvons tout simplement pas continuer à produire de la nourriture sans prendre soin des sols, de l’eau et de la biodiversité.</em> »
</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="11">(11)</a> - On pourra trouver des données concrètes sur ce que certains publicistes ne craignent pas d’appeler « une révolution dans le solaire » dans ce texte <a href="https://carboncounter.wordpress.com/2015/06/23/is-there-a-solar-revolution-time-for-data-not-adjectives/" hreflang="en">Is there a solar revolution? Time for data, not adjectives</a>. En résumé : l’énergie solaire est fortement subventionnée donc payée par les autres énergies, sa croissance bien loin d’être exponentielle est au contraire en train de ralentir en Europe. La croissance est de toute façon très lente exprimée en part de la consommation énergétique de n’importe quel pays – à ce rythme, il faudrait quelques siècles pour passer entièrement au solaire !</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="12">(12)</a> - Il y a probablement là aussi un avantage au dernier arrivant pour l’Inde et la Chine – la possibilité d’investir sur le thorium et autres filières N4G en entrant moins en concurrence avec les filières établies</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="13">(13)</a> - Pour comparer les coûts de l’électricité nucléaire d’un réacteur de génération actuelle l’EPR et ceux de l’électricité d’origine éolienne ou solaire, voir <a href="http://energie.lexpansion.com/energie-nucleaire/l-epr-coute-cher-les-energies-renouvelables-bien-plus-_a-32-7730.html" hreflang="fr">L’EPR coûte cher les énergies renouvelables bien plus</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="14">(14)</a> - Un petit florilège : « <em>Il s’agit d’une étude scientifique à caractère prospectif et exploratoire et non pas d’un scénario politique. (…) Les mix électriques envisagés restent en effet théoriques, puisqu’ils sont construits ex nihilo et ne prennent pas en compte la situation actuelle ni le scénario pour arriver au résultat. (…) le développement de la maîtrise de la demande d’électricité, ainsi que la maîtrise de la pointe, sont des conditions essentielles: sans elles, quel que soit le mix intégrant notablement des EnR, le coût du système électrique n’est pas maîtrisé ; le coût des technologies doit continuer à baisser, surtout pour les technologies les moins matures</em> »</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="15">(15)</a> - L’éolien et le solaire, pour être développés massivement, réclament d’énormes capacités de stockage d’énergie, une limite que la plupart de leurs avocats éludent consciencieusement. Sauf à stocker l’électricité générée dans de très, très grosses batteries pas nécessairement réalistes, la seule solution viable consisterait à construire de très nombreuses STEP (des Stations de transfert d’énergie par pompage), autrement dit des barrages. Combien ? Peut-être 10 à 100 structures de taille comparable au barrage d’irrigation de Sivens "dans chaque département", estime au doigt mouillé André-Jean Guérin, pilier de la Fondation Nicolas-Hulot et ingénieur chevronné, qui rassure aussitôt : "<em>Il n’y a pas les sites, il n’y a pas l’eau pour un tel programme et il n’y aurait pas les forces de l’ordre pour s’opposer aux opposants !</em>" (<a href="http://petrole.blog.lemonde.fr/2015/02/09/la-transition-energetique-est-elle-fermee-de-linterieur/" hreflang="fr">Source</a>)</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="16">(16)</a> - Voir par exemple <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/electricite-tout-renouvelable-est-possible-retour-rapport-ademe-remy-prud-homme-2103864.html" hreflang="fr">la réaction de Rémy Prudhomme</a> à une version encore non finalisée de ce rapport en début d’année et de <a href="http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2015/11/ademe-un-mix-%C3%A9lectrique-100-enr.html" hreflang="fr">Sylvestre Huet</a> de Libération qui étrille littéralement le document complet</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="17">(17)</a> - Voir <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/6-avril-2012-Designation-des.html" hreflang="fr">http://www.developpement-durable.gouv.fr/6-avril-2012-Designation-des.html</a>
et <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/Presentation-de-l-appel-d-offres.html" hreflang="fr">http://www.developpement-durable.gouv.fr/Presentation-de-l-appel-d-offres.html</a>
</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="18">(18)</a> - Astrid, le seul projet français dans le domaine, est évalué à 5 milliards d’euros, avec pour objectif l’industrialisation « <em>à l’horizon 2040-2050</em> » d’un successeur de Superphénix. Avec des délais si lointains, consistant à refaire cinquante ans plus tard en un peu mieux ce qui existait déjà dans les années 1990, il ne se passe naturellement pas grand-chose… On parle d’un stade d’« <em>avant-projet sommaire</em> », la véritable décision n’étant prévue qu’en 2020.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="19">(19)</a> - Voir par exemple <a href="http://newscenter.lbl.gov/2013/11/19/holistic-cell-design-by-berkeley-lab-scientists-leads-to-high-performance-long-cycle-life-lithium-sulfur-battery/" hreflang="en">cette piste de recherche prometteuse</a>, avec un démonstrateur de batterie lithium-sulfide d’une puissance spécifique de 350 à 400 Wh/kg, soit presque le double de celle des batteries lithium-ion actuelles, avec un nombre adéquat de 1500 cycles d’utilisation, qui pourrait rendre possibles des véhicules électriques de 500 km d’autonomie.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#" name="20">(20)</a> - Faut-il incriminer le manque de crédibilité des politiques, l’utilisation dans un sens partisan comme marqueur d’opposition au Front National, voire un vocabulaire clivé socialement – les classes populaires préférant souvent parler d’ « identité nationale »</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/26/D%C3%A9bat-%E2%80%93-D%C3%A9croissance%2C-est-ce-pour-de-bon#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/41Crise des ressources énergétiques - On le savait déjà il y a 60 ansurn:md5:90dad20ffd2915efac0a2aa271936d7cThursday 12 November 2015Thursday 12 November 2015Alexis TouletTraductionsCrise des ressourcesCrise économique et financièreCroissanceEffondrementsEnergieEtats-UnisHyman RickoverNucléairePic énergies fossilesVague scélérate<p><em>Voici en exclusivité pour le Nœud Gordien la <strong>première traduction en français du discours prophétique</strong> de l’amiral Hyman Rickover mettant en garde dès 1957 contre les conséquences de l’épuisement des énergies fossiles, à commencer par le pétrole, aux alentours de la première moitié du XXIème siècle.</em></p> <p>Hyman Rickover, disparu en 1986, est resté une légende de la Marine américaine et de l’ingénierie navale. C’est lui qui fut à l’origine du projet de premier sous-marin nucléaire au monde, réalisant le rêve de Jules Verne dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, et aboutissant au lancement de l’USS Nautilus, reprenant justement le nom du navire du capitaine Nemo, le premier sous-marin à jamais réaliser une traversée sous-marine de l’Océan Arctique.</p>
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<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Hyman_Rickover_m.jpg" alt="Hyman Rickover" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>L’amiral Hyman Rickover inspectant l’USS Nautilus en 1954</em></p>
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<p>Dans <strong>ce discours incroyable de clarté, de sagacité et de prescience</strong>, l’amiral-ingénieur présentait un panorama des progrès énormes que permit à l’Humanité à partir du XIXème siècle la maîtrise des énergies fossiles, charbon puis pétrole, de la puissance sans précédent qu’elles mirent à la disposition des hommes. Surtout, Rickover l’ingénieur décrivait déjà la situation qui est et sera de plus en plus la nôtre, celle déjà d’une limitation à la croissance des énergies fossiles, le pétrole en premier lieu – limitation effective depuis la fin de la dernière décennie, bientôt de la baisse forcée de leur utilisation, en attendant de véritables pénuries, et il esquissait les voies qui peut-être pourraient permettre à l’Humanité de conserver ses industries et son progrès technique – à condition donc de remplacer les énergies fossiles faisant défaut.</p>
<p>Sans doute, un certain nombre de choses ont changé depuis 1957. Mais à côté des grands mouvements historiques, de l’exploitation du charbon et de la machine à vapeur à celle du pétrole et du gaz, ce ne sont là que facteurs de second ordre.</p>
<p>Le tableau d’ensemble du rôle fondamental des sources d’énergie dans l’avènement, le progrès, le déclin ou la chute des civilisations, et encore et surtout le tableau du rôle fondamental des énergies fossiles à la racine du développement et de la richesse actuelle comparée à celle d’il y a un siècle et demi, soutenant le niveau actuel de développement, et menaçant par leur déclin au cours du XXIème siècle d’entraîner la chute de la civilisation industrielle et la fin de ce que nous appelons le développement – tout ceci reste juste et pour tout dire encore plus vrai deux générations après que Hyman Rickover l’ait si bien exposé et expliqué.</p>
<p>Où en sommes-nous, soixante ans après ? Eh bien, <strong>ce qui il y a deux générations était une vision prophétique est aujourd’hui notre réalité. Et notre situation n’est pas bonne, car en vérité nous avons collectivement été bien imprévoyants</strong> :</p>
<ul>
<li>Le développement d’alternatives à l’énergie fossile est – pour dire les choses nettement – dans une impasse, seuls des efforts modérés étant consentis et seulement en direction des « énergies renouvelables », du type vent et solaire. Or ces énergies diffuses sur de grands espaces, donc beaucoup plus coûteuses à capter, ne peuvent pas remplacer des sources d’énergie concentrées d’un coût d’exploitation comparativement faible comme les énergies fossiles – sauf pour soutenir un niveau de vie incomparablement plus bas. Ceci sans compter leur intermittence, et les solutions techniques lourdes et coûteuses nécessaires pour pallier les moments où le vent ne souffle pas et le soleil ne brille pas, dont il est permis de douter qu’il soit praticable de les installer à l’échelle requise – qui serait énorme.</li>
<li>Ni la transition volontaire vers un niveau de vie beaucoup plus bas – proposition des partisans de la « décroissance » – n’est choisie, ni aucune alternative de haute densité énergétique n’est recherchée avec des efforts un tant soit peu significatifs. Le nucléaire dit « de quatrième génération », serait la piste la plus prometteuse, permettant l’exploitation de ressources en matières « fertiles » cent fois plus abondante que les matières fissiles auxquelles doivent se limiter les réacteurs nucléaires actuels, donc l’accès à des réserves énergétiques suffisantes pour plusieurs siècles de la consommation actuelle, en plus de ses autres avantages en matière de sécurité. Mais cette voie de recherche est dotée de budgets au mieux faméliques, sinon tout simplement inexistants, si bien que les premières réalisations industrielles ne sont pas prévues avant une génération, bien trop tard pour avoir un effet notable sur notre situation.</li>
<li>Or, selon les prévisions les plus optimistes, nous sommes trois fois plus près du pic des carburants liquides que nous ne le sommes de l’époque du discours de Rickover – pic alors estimé au début des années 2030. Selon des prévisions plus pessimistes, nous pourrions en être dix fois plus proches – le pic étant aux alentours de 2020. Le pic des carburants liquides, c’est-à-dire le moment où le rythme de production de carburants liquides commence à décroître par début d’épuisement des gisements, doit en effet arriver avant le pic de l’énergie fossile dans son ensemble – laquelle inclut aussi gaz et plus encore charbon nettement plus abondants – et il a une importance cruciale en soi vu le rôle prépondérant des carburants liquides dans les transports. En simplifiant sans doute, une fois le pic des carburants liquides passés, <strong>il existe un fort risque que la machine économique mondiale ne s’installe dans la récession, après probablement une phase de stagnation. Cette récession, résultant de limites physiques, serait sans issue à terme prévisible</strong>.</li>
</ul>
<p>Ce serait à peine forcer le trait que de dire que les soixante années depuis l’avertissement prophétique de Rickover – suivi par bien d’autres, telle par exemple <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2014/02/18/Nous-n-y-pouvons-rien-faire..." hreflang="fr">l’étude de Meadows <em>et al</em> en 1972</a>, ont été passées essentiellement à forcer le rythme de la machine économique – donc le rythme de consommation des ressources en énergie fossile non renouvelable – mais sans préparer la transition vers d’autres sources d’énergie équivalentes avec un niveau d’effort ni même de sérieux un tant soit peu en rapport avec l’importance de la question.</p>
<p>Et c’est même ne pas encore parler de la question du réchauffement climatique ! Qui n’était guère soupçonnée à l’époque de Rickover voici soixante ans, et qui a pu être résumée ainsi dans <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v517/n7533/full/nature14016.html" hreflang="en">une étude publiée par la revue Nature en début d’année</a> : <strong>la majorité des réserves d’énergie fossile restantes doivent être laissées dans le sol pour éviter un réchauffement brutal dans les prochaines décennies, avec impact destructeur sur les écosystèmes, allant jusqu’à menacer l’alimentation d’une partie de l’humanité</strong>. Sans compter le risque d’emballement que présente un réchauffement trop accentué.</p>
<blockquote><p>« Nos résultats suggèrent que, globalement, un tiers des réserves en pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80 pour cent des réserves actuelles de charbon doivent rester inutilisées de 2010 à 2050 afin d’atteindre la cible de 2°C. »</p>
</blockquote>
<p>En mettant en scène une cigale et une fourmi, La Fontaine nous avait pourtant prévenus. Et nous autres, cigales modernes, cigales tragiques, n’avons même pas la possibilité de demander de l’aide à la fourmi, car il n’en existe aucune en ce monde.</p>
<br />
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.La_Fontaine_avait_prevenu_m.jpg" alt="La_Fontaine_avait_prevenu.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>La Fontaine nous avait prévenus...</em></p>
<br />
<p>Alors, consacrer les dernières lueurs de l’automne à nous préparer pour les rigueurs de l’hiver ?</p>
<p>Il y faudra une prise de conscience qui est pour l’heure bien mal engagée, étant non seulement à peine à la frontière de la conscience de la plus grande partie de la population mondiale, mais encore en grande partie engagée dans des chemins de traverse, avec l’illusion que les renouvelables diffus vent et solaire puissent tenir plus qu’un rôle d’appoint.</p>
<p><strong>Raison de plus pour se glisser dans l’assistance en cette journée de printemps 1957 et écouter l’Amiral…</strong></p>
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<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Les_ressources_energetiques_et_notre_avenir_-_Hyman_Rickover__discours_de_1957.pdf">Téléchargez ici la version PDF de ce discours</a></p>
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<h2>Les ressources énergétiques et notre avenir</h2>
<h3>Discours de Hyman Rickover, Amiral de la Marine américaine, 14 mai 1957</h3>
<p><ins>Publication originelle en anglais</ins> – <a href="http://www.resilience.org/stories/2006-12-02/energy-resources-and-our-future-remarks-admiral-hyman-rickover-delivered-1957" hreflang="en">The Energy Bulletin</a>, 2 décembre 2006</p>
<p><ins>Traduction en français et notes</ins> – Alexis Toulet pour le Nœud Gordien, 12 novembre 2015</p>
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<p>C’est un honneur pour moi d’être ici ce soir, quoique ce ne soit pas chose facile je vous assure pour un profane de faire face à une salle de médecins. Un seul d’entre vous, assis derrière son bureau, peut déjà être redoutable. Mon discours n’aura aucune connotation médicale. Ce sera peut-être un soulagement pour vous après les interventions professionnelles que vous avez absorbées. Je vais discuter d’un sujet qui, je l’espère, vous intéressera en tant que citoyens responsables : l’importance des ressources énergétiques pour déterminer notre avenir.</p>
<h4>1. L’Age des Carburants Fossiles</h4>
<p>Nous vivons ce que les historiens appelleront peut-être un jour l’Age des Carburants Fossiles. Aujourd’hui, charbon, pétrole et gaz naturel fournissent 93% de l’énergie du monde <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#01">(1)</a> ; l’hydraulique seulement 1% ; et le labeur de l’homme et des animaux domestiques les 6% restants. C’est là une inversion stupéfiante des chiffres de 1850 – il y a seulement un siècle. Alors, les carburants fossiles fournissaient 5% de l’énergie du monde, et hommes et animaux 94%. Cinq sixièmes de tout le charbon, pétrole et gaz consommé depuis le début de l’Age des Carburants Fossiles a été brûlé dans les 55 dernières années.</p>
<p>Ces carburants étaient connus de l’homme depuis plus de 3 000 ans. Dans certaines régions de Chine, on utilisait le charbon pour le chauffage et la cuisine et le gaz naturel pour s’éclairer déjà mille ans avant le Christ. Les Babyloniens brûlaient l’asphalte mille ans encore plus tôt. Mais ces usages étaient sporadiques et sans véritable importance économique. Les carburants fossiles ne sont devenus une source d’énergie importante qu’à partir du moment où des machines fonctionnant au charbon, au gaz ou au pétrole furent inventées. Le bois par exemple était le carburant le plus important jusqu’en 1880, lorsque le charbon le dépassa ; le charbon de son côté n’a été dépassé par le pétrole qu’il y a peu dans ce pays. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#02">(2)</a></p>
<p>Une fois pleinement lancée, la consommation de carburants fossiles a accéléré à un rythme phénoménal. Tous les carburants fossiles utilisés avant 1900 ne dureraient pas cinq ans au rythme actuel de consommation. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#03">(3)</a></p>
<p>Dans aucun endroit du monde cette croissance n’a été plus loin qu’aux Etats-Unis, ni plus rapidement. Notre pays, avec seulement 6% de la population mondiale, consomme un tiers de l’énergie utilisée dans le monde ; cette proportion pourrait être encore plus grande si nous n’utilisions pas l’énergie plus efficacement que les autres pays. Chaque Américain a chaque année à sa disposition une énergie équivalente à celle que l’on peut obtenir de huit tonnes de charbon. C’est six fois la consommation moyenne mondiale par individu. Quoique pas aussi spectaculaires, les chiffres correspondants pour les autres pays très industrialisés affichent également des valeurs au-dessus de la moyenne. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#04">(4)</a> Le Royaume-Uni par exemple utilise plus de trois fois plus d’énergie que la moyenne mondiale.</p>
<p>Avec une consommation élevée d’énergie vient un niveau de vie élevé. C’est ainsi que l’énorme énergie fossile à la disposition de notre pays alimente des machines qui font de chacun d’entre nous le maître d’une armée d’esclaves mécaniques. La puissance musculaire de l’homme est estimée à 35 watts en continu, c’est-à-dire un vingtième d’un cheval-vapeur. Les machines fournissent donc à chaque ouvrier américain l’énergie de 244 hommes, tandis qu’au moins 2 000 hommes poussent son automobile sur la route et que sa famille est aidée par 33 fidèles serviteurs domestiques. Chaque locomotive met en jeu l’équivalent de l’énergie de 100 000 hommes, chaque pilote d’avion celle de 700 000 hommes. A la vérité, le plus modeste des Américains bénéficie des services de davantage d’esclaves que les nobles les plus riches n’en possédaient jadis, et vit mieux que la plupart des rois d’autrefois. Malgré les guerres, les révolutions et les désastres, les cent années qui viennent de s’écouler pourraient bien ressembler à un Age d’Or.</p>
<p>Cet Age d’Or continuera-t-il ? Cela dépendra entièrement de notre capacité à maintenir l’énergie disponible en rapport avec les besoins de notre population croissante. Avant que je n’aborde cette question, laissez-moi passer en revue rapidement le rôle des ressources en énergie dans l’avènement et la chute des civilisations.</p>
<br />
<h4>2. Energies et Civilisations</h4>
<p>Disposer d’un surplus d’énergie est bien sûr un prérequis pour quelque sorte de civilisation que ce soit, car si l’homme ne possède que l’énergie de ses muscles, il doit consacrer toute sa force – mentale aussi bien que physique – pour se procurer ne serait-ce que le minimum vital.</p>
<p>
C’est un surplus d’énergie qui fournit la base matérielle d’une vie civilisée – un logement confortable et de bon goût plutôt qu’un simple abri ; des vêtements attirants plutôt qu’une simple couverture pour se tenir chaud ; une nourriture appétissante plutôt que quoi que ce soit qui puisse apaiser la faim. C’est ce qui libère du travail exténuant, sans quoi il ne peut y avoir ni art, ni musique, ni littérature, ni apprentissage. Il n’est pas nécessaire d’insister sur ce point. Ce qui a permis à l’homme – l’un des mammifères les plus faibles – de s’élever au-dessus du monde animal était qu’il pouvait concevoir avec son esprit des moyens d’augmenter l’énergie à sa disposition, et utiliser le loisir ainsi gagné pour cultiver son esprit et son âme. Là où l’homme ne peut se reposer que sur l’énergie de son propre corps, il ne peut soutenir que le train de vie le plus maigre.</p>
<p>
Le premier pas de l’homme sur l’échelle de la civilisation date de sa découverte du feu et de sa domestication des animaux. Avec ces ressources énergétiques il put bâtir une culture pastorale. Pour s’élever à une civilisation agricole il lui fallait davantage d’énergie. Dans le passé on la tirait du travail des membres subordonnés de grandes familles patriarcales, augmenté des esclaves obtenu par commerce ou par prise de guerre. A ce jour il existe encore quelques communautés reculées où l’on dépend de ce type d’énergie.</p>
<p>
Le travail des esclaves était nécessaire pour les cités-Etats et les empires de l’antiquité ; leur population servile était souvent plus grande que leur population libre. Tant que les esclaves étaient nombreux et qu’aucune condamnation morale ne frappait leur possession, il n’y avait guère de pression pour chercher d’autres sources d’énergie ; c’est là peut-être la principale raison pour laquelle l’ingénierie avança si peu dans l’antiquité.</p>
<p>
Une réduction de la consommation énergétique par tête a dans le passé toujours mené à un déclin de civilisation et au retour à un style de vie plus primitif. Par exemple, il semble que l’épuisement du bois de chauffe ait été la raison première de la chute de la civilisation Maya sur ce continent, et du déclin de civilisations autrefois florissantes en Asie. L’Inde et la Chine avaient autrefois de grandes forêts, de même qu’une grande partie du Moyen-Orient. La déforestation n’a pas seulement réduit la base de production énergétique, elle eut encore un effet désastreux supplémentaire : privé de couverture arboricole, le sol a été délavé, et avec l’érosion du sol c’est la base de la production alimentaire qui a aussi été réduite.</p>
<p>
Une autre cause de déclin des civilisations vient de la pression de la population sur la terre disponible. Il arrive un moment où la terre ne peut plus supporter à la fois les gens et leurs animaux domestiques. Les chevaux et mules disparaissent en premier. Au final, même l’adaptable buffle est remplacé par l’homme qui est deux fois et demie plus efficace comme convertisseur d’énergie que les animaux de bât. Il faut toujours se rappeler que quoique animaux domestiques et machines agricoles augmentent la productivité par travailleur, la productivité maximum à l’hectare n’est atteinte que par une culture manuelle intensive.</p>
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C’est quelque chose qui donne à réfléchir, que les populations appauvries de l’Asie, qui aujourd’hui vont rarement dormir leur faim entièrement satisfaite, étaient autrefois beaucoup plus civilisées et vivaient des vies meilleures que les gens de l’Occident. Et ce n’était pas il y a si longtemps. Ce sont les récits rapportés par Marco Polo de la civilisation merveilleuse de la Chine qui attirèrent le regard de l’Europe vers les richesses de l’Orient, et incitèrent des marins aventureux à braver les hautes mers dans leurs petits navires à la recherche d’une route directe vers l’Orient fabuleux. La « richesse des Indes » est une expression toujours usitée, mais quelle qu’ait pu être cette richesse, elle n’est certainement pas visible dans la vie de ses habitants d’aujourd’hui.</p>
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L’Asie n’a pas réussi à avancer à la même allure que les besoins de sa population croissante, et elle a sombré dans une telle pauvreté que dans beaucoup d’endroits l’homme est redevenu la première source d’énergie, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#05">(5)</a> les autres convertisseurs d’énergie étant devenus trop coûteux. Cela saute aux yeux de l’observateur le plus inattentif. Ce que cela signifie, c’est tout simplement le retour à un stade plus primitif de civilisation, avec toutes ses implications pour la dignité et le bonheur de l’homme.</p>
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Quiconque a vu un ouvrier agricole chinois suant et s’épuisant sur sa brouette lourdement chargée, grinçant le long d’une route de pavés, quiconque a tressailli en dépassant en voiture une procession sans fin de bêtes de somme humaines sur la route du marché à Java – les femmes minces courbées sous des charges monstrueuses empilées sur leurs têtes – quiconque a vu les statistiques traduites en chair et en os, réalise la dégradation du statut de l’homme quand sa force musculaire devient la seule source d’énergie à laquelle il ait accès. La civilisation ne peut que dépérir quand les êtres humains sont si dégradés.</p>
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<h4>3. Esclavage et Progrès technique</h4>
<p>Là où l’esclavage représentait une grande source d’énergie, son abolition eut l’effet immédiat de réduire la consommation d’énergie. C’est ainsi que lorsque cette institution antique subit la censure morale du Christianisme, la civilisation déclina jusqu’à ce que d’autres sources d’énergie puissent être trouvées. L’esclavage est incompatible avec la croyance chrétienne en la valeur du plus humble individu en tant qu’enfant de Dieu. Comme le Christianisme se répandait à travers l’Empire romain et comme les maîtres libéraient leurs esclaves – suivant les enseignements de l’Eglise – la base énergétique de la civilisation romaine s’écroula. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#06">(6)</a> Certains historiens estiment qu’il peut s’être agi d’une raison majeure du déclin de Rome et du retour temporaire à une forme plus primitive d’existence durant le Haut Moyen Age. L’esclavage disparut graduellement dans le monde occidental, sauf sous sa forme adoucie de servage. Qu’il ait été remis au goût du jour mille ans plus tard ne fait que montrer la capacité de l’homme à faire taire sa conscience – du moins un certain temps – quand ses besoins économiques sont grands. Finalement, même les besoins des plantations d’outre-mer ne suffirent plus à garder vivante une pratique qui répugnait tant aux convictions les plus profondes de l’Occidental.</p>
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Il est fort possible que ce soit le refus de dépendre d’un travail esclave pour leurs besoins en énergie qui ait tourné les esprits des Européens du Moyen Age vers la recherche de sources d’énergie alternatives, déclenchant ainsi la Révolution énergétique du Moyen Age, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#07">(7)</a> qui à son tour prépara la Révolution industrielle du XIXème siècle. Quand l’esclavage disparut en Occident, l’ingénierie progressa. Les hommes commencèrent à capter la puissance de la nature en utilisant vent et eau comme sources d’énergie. Le voilier en particulier, remplaçant la galère de l’Antiquité propulsée par des esclaves, fut grandement amélioré par les architectes navals médiévaux et devint la première machine permettant à l’homme de contrôler de grandes quantités d’énergie non-animée.
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<p>Le deuxième plus important convertisseur d’énergie utilisé par les Européens était la poudre à canon – source d’énergie bien supérieure aux muscles du plus fort des archers. Avec des vaisseaux capables de naviguer les hautes mers et des armes qui l’emportaient sur toute arme manuelle, l’Europe était maintenant suffisamment puissante pour s’attribuer les vastes espaces vides de l’Amérique où elle déversa son excès de population pour construire de nouvelles nations de souche européenne. Avec ces vaisseaux et ces armes elle établit aussi son contrôle sur de vastes zones peuplées d’Afrique et d’Asie d’où elle tira les matières premières dont elle avait besoin pour accélérer son industrialisation, complétant ainsi sa domination navale et militaire d’une suprématie économique et commerciale.
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<p>Quand une société à faible énergie vient en contact avec une société à forte énergie, c’est toujours cette dernière qui l’emporte. Les Européens non seulement atteignirent un niveau de vie largement au-dessus de celui du reste du monde, mais cela alors que leur population augmentait à un rythme bien au-delà de celui des autres peuples. De fait, ils doublèrent leur part dans la population mondiale en l’espace de trois petits siècles. D’un sixième en 1650, les gens de souche européenne augmentèrent jusqu’à presque un tiers de la population mondiale en 1950. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#08">(8)</a>
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<p>Pendant ce temps, la plus grande partie du reste du monde n’équilibrait même pas ses sources d’énergie avec la croissance de sa population. En vérité, la consommation énergétique par tête diminua dans bien des régions. C’est cette différence de consommation d’énergie qui a créé un gouffre toujours plus grand entre la minorité d’un tiers habitant des pays à haute énergie et les deux tiers habitant des régions à basse énergie.</p>
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<h4>4. Développement et sous-développement</h4>
<p>Pour ces pays que l’on nomme « sous-développés », il est beaucoup plus difficile de rattraper la minorité fortunée que pour l’Europe de commencer la transition vers une consommation hautement énergétique. D’une part, leur ratio d’espace disponible par rapport à la population est bien moins favorable ; d’autre part ils ne peuvent déverser nulle part leur population en surplus pour faciliter la transition, puisque tous les espaces disponibles ont déjà été pris par des gens de souche européenne.
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<p>Presque tous les pays à basse énergie ont aujourd’hui une densité de population si grande qu’elle perpétue la dépendance envers une agriculture manuelle intensive qui seule peut produire juste assez de nourriture pour leur peuple. Ils n’ont pas assez de terre par tête pour justifier animaux domestiques ni machines agricoles, quoique de meilleures semences, une meilleure gestion des sols, et de meilleurs outils pourraient apporter quelque amélioration. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#09">(9)</a> Une grande partie de leur population active doit cependant rester sur la terre, ce qui limite la quantité d’énergie de surplus qui peut être produite. La plupart de ces pays doivent choisir entre utiliser ce faible surplus pour élever leurs très basses conditions de vie et reporter les bienfaits d’aujourd’hui pour de futurs gains en investissant le surplus dans de nouvelles industries. Ce choix est difficile car il n’y a aucune garantie que l’épargne d’aujourd’hui ne s’avère pas avoir été utilisée en vain. Ceci à cause de la rapidité avec laquelle les mesures de santé publique ont réduit les taux de mortalité, d’où une croissance de population aussi élevée voire encore plus grande que celle des nations à haute énergie. C’est un choix amer qui se trouve devant eux ; il explique beaucoup de leurs sentiments antioccidentaux et pourrait bien annoncer une période prolongée d’instabilité mondiale.
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<p>L’exemple de l’Inde aidera à illustrer à quel point la consommation énergétique est liée au niveau de vie. Malgré des efforts intelligents et soutenus depuis l’indépendance, le revenu par tête en Inde reste de 20 cents par jour <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#10">(10)</a> ; sa mortalité infantile est quatre fois la nôtre ; et l’espérance de vie de son peuple est moins de la moitié celle des pays industrialisés de l’Occident. Ce sont les conséquences ultimes de la consommation énergétique très faible de l’Inde : un quatorzième de la moyenne mondiale, un quatre-vingtième de la nôtre.
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<p>Inquiétant aussi, le fait qu’alors que la production mondiale de nourriture a augmenté de 9% dans les six années de 1945 à 1951, la population a augmenté de 12%. Non seulement la population mondiale augmente-t-elle plus rapidement que la production de nourriture, mais les progrès de cette dernière tendent malheureusement à se produire dans les déjà bien nourris pays à haute énergie plutôt que chez les pays mal nourris à basse énergie où la nourriture manque le plus.
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<p>Je pense qu’aucun autre développement n’est nécessaire pour démontrer l’importance des ressources énergétiques pour notre avenir. Notre civilisation repose sur une base technologique qui nécessite d’énormes quantités de carburants fossiles. Quelle assurance avons-nous que nos besoins en énergie continueront d’être assurés par des carburants fossiles ? La réponse à long terme est : aucune.</p>
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<h4>5. Epuisement inévitable des ressources fossiles</h4>
<p>La Terre est finie. Les carburants fossiles ne se renouvellent pas. De ce point de vue notre base énergétique diffère de celle de toutes les civilisations précédentes. Ils auraient pu maintenir indéfiniment leur source énergétique par une exploitation prudente. Nous, non. Le carburant brûlé est perdu à jamais. Les fossiles sont encore plus évanescents que les métaux. Les métaux eux aussi sont des ressources non renouvelables au final menacés d’extinction, mais on peut tirer quelque chose des déchets métalliques et les recycler. Les carburants eux ne laissent aucun déchet utilisable et l’homme ne peut rien faire pour reconstruire les réserves épuisées de carburants fossiles. Ils ont été créés à partir d’énergie solaire il y a 500 millions d’années et il a fallu des éons pour qu’ils atteignent leur volume actuel.
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<p>Face à ce fait basique que les réserves de carburants fossiles sont finies, le temps exact qu’elle dureront <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#11">(11)</a> n’est important que d’une seule manière : plus longtemps elles dureront, plus nous avons de temps pour inventer des manières de vivre d’énergies renouvelables ou alternatives et pour ajuster notre économie aux vastes changements que nous pouvons attendre d’une telle transition.
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<p>Les carburants fossiles ressemblent à un capital en banque. Un parent prudent et responsable utilisera son capital avec parcimonie afin de transmettre à ses enfants autant que possible de ce qu’il a reçu en héritage. Un parent égoïste et irresponsable le gâchera en une vie dissolue et se souciera comme d’une guigne du sort de sa descendance.
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<p>Les ingénieurs que leur travail familiarise avec les statistiques énergétiques, les industrialistes à la vue longue qui savent que l’énergie est le principal facteur de toute planification de l’avenir, les gouvernements responsables qui réalisent que le bien-être de leurs citoyens et la puissance politique de leurs pays dépend de la disponibilité d’énergie en suffisance – tous ont commencé à s’inquiéter des ressources en énergie. Dans ce pays tout spécialement, beaucoup d’études ont été faites dans les dernières années, cherchant à établir une information exacte sur les réserves en fossile et les besoins prévisibles.
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<p>Bien sûr, les statistiques où le facteur humain intervient ne sont jamais précisément exactes. La taille des réserves utilisables dépend de l’habileté des ingénieurs à améliorer l’efficacité de l’extraction et de l’utilisation des carburants. Elle dépend aussi de la découverte de nouvelles méthodes pour obtenir l’énergie de gisements inférieurs à des coûts qui puissent être supportés sans trop déprimer le niveau de vie. Les estimations de besoins prévisibles dépendent à leur tour lourdement des chiffres de population qui sont toujours attachés d’un fort degré d’incertitude, particulièrement à un moment où l’homme devient de plus en plus capable de contrôler sa façon de vivre.
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<p>Les estimations actuelles de réserves en fossiles varient à un point stupéfiant. C’est en partie parce que les résultats diffèrent grandement si le coût de l’extraction est négligé, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#12">(12)</a> ou si en calculant la durée des réserves la croissance de la population n’est pas prise en compte, ou encore, tout aussi important, si on n’attache pas assez d’importance à la consommation supplémentaire de carburants nécessaire pour traiter des métaux inférieurs ou de substitution. Nous approchons rapidement d’un point où l’épuisement des meilleurs filons métalliques nous forcera à nous rabattre sur des gisements moins concentrés, qui nécessitent dans la plupart des cas une plus grande dépense énergétique par unité de métal extrait.
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<p>Mais la différence la plus importante entre les estimations optimistes et pessimistes des réserves en carburant fossile est que les optimistes parlent en général de l’avenir immédiat – les vingt-cinq prochaines années à peu près – quand les pessimistes pensent à un siècle dans l’avenir. Un siècle voire deux c’est un intervalle assez court dans l’histoire d’un grand peuple. Il me semble raisonnable d’adopter le point de vue du long terme, même si cela signifie regarder en face des réalités désagréables.
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<p>Car il est désagréable de constater que suivant nos meilleures estimations, les réserves recouvrables à pas davantage que deux fois le coût unitaire actuel s’épuiseront probablement quelque part entre 2000 et 2050, si on prend en compte le niveau de vie actuel et la croissance de la population. Pétrole et gaz disparaîtront les premiers, le charbon en dernier. Il restera du charbon sous terre, naturellement. Mais il sera si difficile à extraire que le coût énergétique grimperait à des sommets économiquement intolérables, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#13">(13)</a> si bien qu’il serait nécessaire soit de découvrir de nouvelles sources d’énergie, soit de baisser drastiquement notre niveau de vie.
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<p>Depuis plus d’un siècle nous avons alimenté un nombre toujours croissant de machines avec du charbon ; depuis cinquante ans nous avons nourri de gaz et de pétrole nos usines, voitures, camions, tracteurs, navires, avions et domiciles sans penser en rien à demain. De temps en temps la voix d’une Cassandre s’élevait, pour être rapidement réduite au silence quand une découverte heureuse révisait l’estimation de nos réserves en pétrole, ou quand un nouveau gisement de charbon était découvert dans quelque région reculée. Il faut s’attendre à moins de découvertes heureuses de ce genre à l’avenir, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#14">(14)</a> spécialement dans les pays industrialisés où la cartographie des ressources a déjà été effectuée. Pourtant les commentateurs des nouvelles scientifiques voudraient nous faire croire qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter, que les réserves dureront des millénaires, et qu’avant qu’elles s’épuisent la science aura fait des miracles. Notre histoire et notre sécurité jusqu’ici nous ont donné la croyance sentimentale que les choses ce que nous craignons n’arriveront jamais pour de bon – que tout s’arrange pour le mieux à la fin. Mais des hommes prudents rejetteront ces tranquillisants, ils préféreront faire face aux réalités afin de pouvoir planifier intelligemment pour les besoins de leur postérité.
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<p>Regardant l’avenir en ce milieu du XXème siècle, nous ne pouvons être excessivement confiants que le niveau de vie élevé actuel continuera certainement pendant le prochain siècle et au-delà. Les coûts des carburants fossiles commenceront certainement bientôt à augmenter lorsque les meilleures et plus accessibles réserves seront épuisées, et il faudra un plus grand effort pour obtenir la même énergie des réserves restantes. Il est probable aussi que le carburant liquide synthétisé à partir de charbon sera plus coûteux. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#15">(15)</a> Pouvons-nous être certains que lorsque les carburants économiquement utilisables auront disparu la science aura déjà appris à maintenir un niveau de vie élevé à partir de sources d’énergie renouvelables ?</p>
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<h4>6. Alternatives, les renouvelables et le nucléaire</h4>
<p>Je crois qu’il serait sage de supposer que les principales sources renouvelables de d’énergie que nous pouvons espérer exploiter avant que les réserves de fossiles ne soient épuisées ne fourniront que 7 à 15% de nos besoins. Les cinq principales sont le bois de chauffe, les déchets agricoles, le vent, l’hydraulique et la chaleur du soleil.
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<p>Bois de chauffe et déchets agricoles sont des substituts improbables à cause des besoins en nourriture croissants à prévoir. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#16">(16)</a> Il est plus probable qu’on utilisera la terre pour produire de la nourriture que pour produire du bois ; les déchets de ferme pourraient être plus utiles pour fertiliser le sol que pour alimenter des machines.
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<p>La puissance du vent et de l’eau ne peut fournir qu’un petit pourcentage de nos besoins en énergie. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#17">(17)</a> De plus, tout comme pour l’énergie solaire, de coûteuses structures seraient nécessaires, utilisant de la terre et des métaux qui eux aussi seront comptés. Et rien de ce que nous savons aujourd’hui ne permet de fonder trop d’espoirs sur l’énergie solaire, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#18">(18)</a> même si elle devrait être utilisable pour le chauffage dans les sites bien placés et pour la cuisson dans des pays chauds manquant de bois, comme l’Inde.
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<p>Les perspectives des carburants nucléaires semblent plus prometteuses. Il ne s’agit pas à proprement parler d’énergie renouvelable, du moins dans l’état actuel de la technologie, mais leur capacité de surrégénération ainsi que l’énergie très élevée extractible de petites quantités de matériau fissile, tout comme le fait que ces matériaux sont relativement abondants, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#19">(19)</a> semblent bien mettre les combustibles nucléaires dans une catégorie à part des combustibles fossiles. Retraiter les déchets radioactifs des centrales nucléaires est cependant un problème qu’il faudra résoudre avant que l’on puisse utiliser l’énergie nucléaire à grande échelle. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#20">(20)</a>
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<p>Une autre limite de l’énergie nucléaire est que nous ne savons pas aujourd’hui comment l’employer autrement que dans de grandes installations pour produire l’électricité ou le chauffage. A cause de ses caractéristiques propres, on ne peut employer du combustible nucléaire directement dans des petites machines telles que voitures, camions ou tracteurs. Il est douteux que l’on puisse dans un avenir prévisible s’en servir pour les avions ou les navires civils, sauf les plus grands. Plutôt que des locomotives nucléaires, il pourrait être avantageux de propulser les trains par l’électricité produite dans des centrales nucléaires. Nous ne sommes qu’aux balbutiements de la technologie nucléaire, il est donc difficile de prédire l’avenir.</p>
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<h4>7. Transports et énergie – comment préparer l’avenir</h4>
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Le transport – la circulation sanguine de toutes les civilisations techniques avancées – semble assuré une fois payé le coût initial élevé de l’électrification des chemins de fer et du remplacement des bus par des tramways ou trains électriques. Mais à moins que la science ne puisse accomplir le miracle de synthétiser du carburant automobile de quelque source aujourd’hui inconnue, ou à moins que des câbles électriques ne propulsent des automobiles électriques sur toutes les rues et les routes, il sera sage de se faire à la possibilité de la disparition au final des automobiles, camions, bus et tracteurs. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#21">(21)</a> Cependant, bien avant que tout le pétrole n’ait été utilisé et que l’hydrogénation du charbon pour la synthèse de carburants liquides n’ait pris fin, le coût du carburant automobile pourrait avoir augmenté au point où les voitures individuelles seront trop chères à utiliser et le transport public redeviendra une activité profitable.
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<p>Aujourd’hui, c’est l’automobile le consommateur d’énergie le plus dispendieux. Son efficacité énergétique est de 5%, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#22">(22)</a> à comparer avec 23% pour le rail diesel-électrique. C’est le plus vorace des dévoreurs de carburants fossiles, comptant pour plus de la moitié de la consommation de pétrole de ce pays. Et le pétrole que nous utilisons aux Etats-Unis en un an, il a fallu à la nature environ 14 millions d’années pour le créer. Curieusement, l’automobile, le plus grand agent de l’épuisement rapide des réserves de pétrole, pourrait finalement être le premier consommateur à en souffrir. La réduction de l’usage des automobiles nécessiterait une réorganisation extraordinairement coûteuse de la manière de vie dans les nations industrialisées, particulièrement aux Etats-Unis. Il semblerait prudent de garder cela à l’esprit pour la planification future des villes et des sites industriels. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#23">(23)</a>
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<p>Nos réserves actuellement connues de matériaux fissiles sont de nombreuses fois plus grandes <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#24">(24)</a> que nos réserves nettes économiquement accessibles de charbon. Avant la fin du siècle, on arrivera à un point où le coût des carburants fossiles aura suffisamment augmenté pour rendre les combustibles nucléaires économiquement compétitifs. Avant cela, il nous faudra faire de grands efforts pour hisser notre corpus de connaissances scientifiques et technologiques à un niveau plus élevé. Nous devons aussi inciter bien davantage de jeunes Américains à devenir des ingénieurs en métallurgie et en génie nucléaire. Sinon, nous n’aurons pas les connaissances ni les personnes nécessaires pour construire et faire marcher les centrales nucléaires qui pourraient au final devoir fournir la majorité de notre énergie. Si nous commençons maintenant, nous pourrions réussir à atteindre le niveau requis de compétence avant que nos réserves en carburants fossiles s’épuisent, mais la marge de sécurité n’est pas bien grande. C’est aussi supposer que nous pourrons éviter une guerre atomique et que la croissance de la population ne dépassera pas celle que prévoient aujourd’hui les démographes.
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<p>La guerre, bien sûr, remet en question toutes les prévisions. Même des tensions mondiales croissantes n’allant pas jusqu’à la guerre pourraient avoir des conséquences qui vont loin. Dans ce pays, cela pourrait d’un côté amener à une meilleure conservation des réserves nationales, compensée par de plus grandes importations, et à une accélération de la recherche scientifique qui peut-être découvrirait de nouvelles sources d’énergie insoupçonnées. De l’autre côté, la course aux armements qui en résulterait épuiserait plus rapidement les gisements de métaux, avançant le jour où des gisements moins concentrés devront être utilisés, au prix d’une plus grande dépense en énergie. Des nations sous-développées possédant des gisements d’énergie fossile pourraient être contraintes à les refuser au monde libre, ou pourraient d’elles-mêmes décider de les économiser pour l’avenir. L’effet sur l’Europe, qui dépend des importations en charbon et en pétrole, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#25">(25)</a> serait désastreux et nous devrions partager nos propres réserves, ou bien perdre nos alliés.
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<h4>8. Croissance de la population et ajustement de l’<em>American Way of Life</em></h4>
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Sauf guerre atomique ou changements inattendus à la courbe de population, nous pouvons compter sur une augmentation de la population mondiale de 2,5 milliards aujourd’hui à 4 milliards en l’an 2000, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#26">(26)</a> et 6 à 8 milliards d’ici 2050. On s’attend à ce que les Etats-Unis quadruplent leur population durant le 20ème siècle, de 75 millions en 1900 jusqu’à 300 millions en l’an 2000 – et à ce qu’ils atteignent au moins 375 millions en 2050. Ce serait presque exactement la population actuelle de l’Inde, qu’elle nourrit sur juste un peu moins de la moitié de notre superficie terrestre.
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<p>Contempler un graphe de la croissance de la population mondiale depuis les temps préhistoriques – il y a des dizaines de millénaires – jusqu’à après-demain est une expérience étonnante. Si nous visualisons la courbe de la population comme une route qui commence au niveau de la mer et s’élève en proportion de l’augmentation de la population mondiale, nous la verrons s’étendre sans fin, presque plate, pendant 99% du temps où l’homme a habité la Terre. Six mille ans avant Jésus, quand l’histoire écrite commence, la route est environ 20 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui correspond à une population de dix millions. Sept mille ans plus tard, en l’an 1000, la route a atteint une altitude de 500 mètres ; la pente devient alors plus raide, et six cents ans plus tard la route est à 900 mètres. Durant le court intervalle des 400 dernières années – des années 1600 à 2000 – elle vire tout-à-coup sur une pente très raide, presque verticale et se propulse jusqu’à 9 000 mètres – l’altitude du Mont Everest, la plus haute des montagnes au monde. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#27">(27)</a>
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<p>Pendant les 8 000 ans depuis le début de l’histoire jusqu’à l’an 2000, la population mondiale aura augmenté de 10 millions jusqu’à 4 milliards, avec 90% de cette croissance durant les derniers 5% de la période, en quatre cents ans. Il a fallu les 3 000 premières années de l’histoire pour arriver au premier doublement de population, et cent ans pour le dernier en date, mais le suivant ne prendra que 50 ans. Le calcul nous permet d’estimer qu’une proportion stupéfiante de 1 sur 20 des hommes qui ont jamais vécu est aujourd’hui vivant. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#28">(28)</a>
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<p>La rapidité de la croissance de la population ne nous a pas donné assez de temps pour ajuster notre manière de penser. Il n’y a guère plus d’un siècle, notre pays, l’endroit même où je me trouve maintenant, n’était qu’un espace sauvage où un pionnier pouvait trouver la plus complète liberté loin des hommes et du gouvernement. Si l’endroit devenait trop encombré – s’il voyait fumer la cheminée de son voisin – il pouvait remballer ses affaires et aller plus loin vers l’ouest, et souvent il le faisait. Nous avons commencé notre existence en 1776, une nation de moins de quatre millions de personnes – réparties sur un vaste continent – avec des richesses naturelles en apparence inépuisables. Nous avons économisé ce qui était rare – le travail humain – et utilisé sans compter ce qui semblait abondant – les ressources naturelles – et nous continuons ainsi à ce jour.
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<p>Une grande partie de ces grands espaces qui nourrissaient le plus dynamique du caractère américain a aujourd’hui été recouvert par des villes, des usines et des banlieues où chaque fenêtre n’offre pas de vue plus inspirante que la cour du voisin, avec la fumée de son foyer clairement visible entre les fils de fer.
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<p>La vie dans des communautés encombrées ne peut être la même que la vie sur la Frontière. Nous ne sommes plus libres comme l’était le pionnier – de travailler pour nos besoins immédiats, sans pernser à l’avenir. Nous ne sommes plus aussi indépendants des autres hommes ni du gouvernement que l’étaient les Américains il y a deux ou trois générations. Une part toujours croissante de nos revenus doit aller à résoudre les problèmes que pose la vie les uns sur les autres – des gouvernements plus gros, des budgets municipaux, régionaux et nationaux plus gros pour payer plus de services publics. Rien que nous fournir assez d’eau et nous débarrasser de nos déchets devient plus difficile et plus coûteux d’un jour à l’autre. Il faut davantage de lois et davantage de forces de police pour réguler les relations humaines dans des communautés urbaines industrielles et sur des autoroutes encombrées que dans l’Amérique de Thomas Jefferson.
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<p>Bien sûr, personne n’aime payer des impôts, mais nous devrons bien nous accommoder d’impôts plus grands dans l’Amérique plus grande de demain. <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#29">(29)</a></p>
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<h4>9. L’impératif éducatif</h4>
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Je suggère que le moment est venu de penser la tête froide à nos responsabilités envers nos descendants – ceux qui vivront la fin de l’Age des Carburants Fossiles. Notre plus grande responsabilité, comme parents et comme citoyens, est de donner aux jeunes de l’Amérique la meilleure éducation possible. Nous avons besoin des meilleurs professeurs, et en nombre suffisant pour préparer nos jeunes à un avenir incomparablement plus complexe que notre présent, où l’on aura besoin d’un nombre toujours plus élevé d’hommes et de femmes compétents et bien formés. Cela veut dire que nous ne devons pas reporter la construction de davantage d’écoles, d’universités et de terrains de jeu. Cela veut dire que nous devons nous réconcilier avec la réalité d’impôts de plus en plus lourds pour créer et entretenir avec des salaires corrects un corps largement agrandi de professeurs bien mieux formés, <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#30">(30)</a> même si cela doit nous coûter tel plaisir temporaire comme acheter une nouvelle voiture plus grande, ou un poste de télévision, ou tel gadget domestique. Nous découvrirons – je le crois – que ces petites privations seront bien mieux que compensées par les bénéfices qu’ils produiront dans l’Amérique de demain. Nous pourrions même – si nous le décidions – laisser respirer ces jeunes gens en économisant aujourd’hui du carburant et du métal, un peu par ici et un peu par là, afin de leur créer une marge de sécurité pour les ajustements nécessaires qu’ils devront bien réaliser dans un monde sans carburants fossiles.
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<p>Je voudrais vous proposer une dernière pensée. Une grande capacité énergétique a toujours été un prérequis pour la puissance politique. La tendance est à la concentration du pouvoir politique dans un nombre toujours plus petit de pays. Au final, la nation qui contrôle les plus grandes ressources en énergie deviendra dominante. Si nous pensons aux problèmes de l’énergie, si nous agissons avec sagesse et suffisamment tôt pour économiser ce que nous avons et bien nous préparer à l’avance pour les changements nécessaires à l’avenir, nous assurerons à notre pays une position dominante.
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<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/public/Les_ressources_energetiques_et_notre_avenir_-_Hyman_Rickover__discours_de_1957.pdf">Téléchargez ici la version PDF de ce discours</a></p>
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<h3>Notes</h3>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="01">(1)</a> - La part de l’énergie mondiale issue des sources fossiles n’a qu’à peine diminué, aux alentours de 86% en 2015. La différence provient d’une part de l’hydroélectricité, qui a connu un large développement jusqu’à presque 7% de la production énergétique mondiale – mais n’est pas loin de son développement maximal, la majorité des sites propices ayant déjà été développés. D’autre part du nucléaire, fournissant entre 4 et 5% de l’énergie mondiale. Les nouveaux renouvelables, en premier lieu l’éolien, ne dépassent qu’à peine 1% du total</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="02">(2)</a> - Le charbon a retrouvé de manière surprenante la première place à partir de la décennie 2000, notamment du fait de la libéralisation du commerce mondial et de la place qu’a pris la Chine, grand utilisateur de charbon, en tant que premier centre manufacturier mondial – aux dépens certes du climat, le charbon étant l’énergie fossile la plus polluante en CO2</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="03">(3)</a> - Moins de deux ans au rythme de consommation de 2015</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="04">(4)</a> - La liste précise des pays les plus consommateurs a évolué, comme celle des pays les plus développés. Le fait fondamental d’une très grande inégalité d’accès à l’énergie, parallèle à l’inégalité de développement, demeure</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="05">(5)</a> - Depuis deux générations, l’Asie a certes réalisé des progrès remarquables, une partie de l’Extrême-Orient rattrapant le niveau de vie occidental, tandis que la plus grande partie de la Chine et des pays d’Asie du Sud-est progressaient d’une manière plus modérée. Une grande partie de l’Inde ainsi que de l’Afrique noire connaissent cependant toujours des conditions de vie comparables à celles décrites ici par Rickover</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="06">(6)</a> - Suivant d’autres interprétations historiques, l’esclavage ne disparut que progressivement, le Haut Moyen-âge le connaissant encore, et ce n’est qu’au début du deuxième millénaire qu’il avait entièrement disparu de l’Occident. Avant bien sûr d’être réinventé au 16ème siècle dans les Amériques, la différence de couleur de peau servant de prétexte à l’exclusion des Noirs du bénéfice de l’interdiction de l’esclavage – une justification qui aurait fort surpris un contemporain de Saint-Louis…</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="07">(7)</a> - Avec le recours plus fréquent aux animaux de bât, puis l’invention du moulin, l’Europe de la fin du Moyen-âge disposait effectivement d’une production énergétique par tête supérieure à celle des autres grandes civilisations</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="08">(8)</a> - La croissance démographique dans les pays dits du Tiers Monde a depuis réduit cette part aux environs d’un cinquième. Suivant les prévisions démographiques, elle devrait être revenue en dessous d’un sixième en 2050, comme en 1650</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="09">(9)</a> - Ce que Hyman Rickover ne pouvait encore deviner en 1957, c’est que la croissance de la productivité agricole y compris dans le Tiers Monde – la fameuse « Révolution verte » à base de mécanisation et d’engrais – permettrait à tous les pays de dégager la plus grande partie de la population de la nécessité de travailler la terre. C’est aussi la racine de l’urbanisation rapide et souvent désordonnée des grandes villes du Sud. Gardons toutefois à l’esprit que la Révolution verte, au même titre que voitures et avions, dépend des énergies fossiles…</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="10">(10)</a> - Rappelons que le dollar de 1957 avait une valeur incomparablement supérieure à celui de 2015. Le revenu par tête en Inde aujourd’hui est de l’ordre de 4 dollars par jour, soit seulement le double de sa valeur à l’époque du discours de Rickover</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="11">(11)</a> - Les estimations du « pic des carburants liquides », c’est-à-dire le moment où la quantité de carburants liquides – dérivés du pétrole et autres – disponibles chaque année au niveau mondial commencera à diminuer irrémédiablement du fait de leur exploitation de plus en plus difficile, vont de après 2030 pour les plus optimistes jusqu’à avant 2020 pour les plus pessimistes</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="12">(12)</a> - L’augmentation du prix du pétrole, d’un facteur environ 2,5, à partir de 2005-2006, est interprétable comme le résultat direct de l’approche du pic des carburants liquides, si bien que des sources toujours plus difficiles et coûteuses doivent être exploitées. La récente division par 2 du prix du pétrole à partir de 2014 a lieu sur fond de diminution des investissements dans l’exploitation des gisements qui ne sont pas rentables à ce prix réduit, contribuant à réduire la disponibilité future de pétrole, ce qui pose la question de la durabilité de cette phase de prix bas du pétrole</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="13">(13)</a> - C’est là une référence à la notion de taux de rendement énergétique (TRE), la quantité d’énergie extractible d’un gisement ou d’une autre source divisée par la quantité d’énergie nécessaire pour l’obtenir. Le TRE moyen des gisements baisse avec le temps, étant donné que les plus faciles donc ceux qui nécessitent le moins d’énergie pour leur exploitation ont été mis en production les premiers</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="14">(14)</a> - De fait, les découvertes de grands gisements datent de la deuxième moitié du XXème siècle, elles sont beaucoup plus rares aujourd’hui, et nécessitent d’aller dans des endroits toujours plus inaccessibles, les gisements sous-marins ultra-profonds ou encore l’Océan arctique. Frontières de la technique où les déceptions et les abandons sont assez fréquents, voir l’annulation ou le report de nombreux projets de développement dans l’Arctique par les grands pétroliers</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="15">(15)</a> - Non seulement plus coûteux, mais limité dans le rythme de la montée en puissance de sa production. Les procédés CTL (de l’anglais <em>Coal To Liquid</em>) n’ont commencé que lentement à se répandre à partir du moment où le prix du pétrole a augmenté en 2005-2006 et les projets de développement sont remis en question par la baisse récente du prix</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="16">(16)</a> - Il faut y ajouter les agrocarburants, c’est-à-dire les cultures industrielles de plantes destinées à produire des carburants. De fait, le développement qu’ils ont connu dans la décennie 2000, aussi minime qu’il était par rapport aux besoins mondiaux en carburants liquides, a contribué à mettre fortement en tension les marchés internationaux des céréales, du fait des superficies qu’il occupait au détriment des cultures vivrières. Difficile d’imaginer qu’on puisse aller beaucoup plus loin. Il est en revanche tout à fait possible qu’il devienne nécessaire de reconvertir des champs vers un usage alimentaire, afin de contribuer à nourrir le presque 1 milliard de personnes souffrant encore aujourd’hui de malnutrition</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="17">(17)</a> - La situation n’a pas beaucoup changé depuis 1957. Certes l’hydroélectricité fournit maintenant 6 à 7% des besoins énergétiques mondiaux, mais la majorité des sites possibles sont déjà exploités. Quant à l’éolien, son coût élevé – électricité plusieurs fois plus chère que les énergies concurrentes – est le reflet de sa complexité mécanique intrinsèque, et rend difficile d’imaginer qu’il devienne une source majeure d’énergie. Sans parler de son intermittence, c’est-à-dire des énormes réservoirs d’énergie nécessaires pour assurer une production régulière à partir du vent fortement irrégulier, ce qui rajoute encore aux coûts</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="18">(18)</a> - La technologie photovoltaïque a fait des pas de géants depuis l’époque de Rickover, et la production d’électricité à grande échelle est désormais envisageable. Cependant, comme pour l’éolien, le coût et l’intermittence demeurent des problèmes majeurs, et l’utilisation d’énergie solaire ne peut être viable que massivement subventionnée, en pratique par les autres énergies. Contrairement à l’éolien cependant, on ne peut exclure que la poursuite des progrès techniques ne débouche à terme sur du solaire véritablement bon marché, ce qui ne laisserait plus à résoudre que la question, majeure, de l’intermittence</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="19">(19)</a> - Hyman Rickover se place ici dans le cadre de la surrégénération, qui permet d’utiliser des matériaux « fertiles » relativement abondants, et dont la possibilité était déjà connue à son époque. Cependant, les réacteurs nucléaires actuels ne peuvent utiliser que des matériaux fissiles, nettement plus rares. Pour accéder au plein potentiel de l’énergie nucléaire, des réacteurs dits « de quatrième génération » sont nécessaires. Le seul à avoir fonctionné à l’échelle industrielle est le français Superphénix, cependant arrêté à la fin des années 1990 par passion antinucléaire. La recherche sur de futurs réacteurs de quatrième génération est très lente du fait de crédits très limités – l’essentiel allant vers les fossiles, et le reste vers éolien et solaire</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="20">(20)</a> - Il a été résolu depuis – voir en France l’usine de retraitement de La Hague</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="21">(21)</a> - Cette possibilité est ouverte. Notons toutefois que les progrès en matière de batterie pour automobile électrique sont très prometteurs – une autonomie de 500 km est envisageable pour des véhicules particuliers. La survie à terme de l’automobile est donc pensable, sous réserve naturellement de disposer de centrales électriques alimentées par autre chose que du gaz ou du charbon…</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="22">(22)</a> - Les automobiles de 2015 sont énergétiquement beaucoup plus efficaces que celles d’il y a soixante ans. Cependant, le fait fondamental de l’inefficacité relative de la voiture comparée au rail demeure aujourd’hui</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="23">(23)</a> - C’est le contraire qui a eu lieu. L’extension de l’habitat dans des banlieues toujours plus lointaines a multiplié les situations de dépendance envers la voiture, surtout aux Etats-Unis vu leur faible développement des transports publics par rail. La situation en Europe, avec sa densité de population supérieure et ses taxes sur le carburant encourageant par contrecoup le développement des transports publics est relativement meilleure</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="24">(24)</a> - Suffisantes pour des siècles de consommation – sous réserve d’utiliser des réacteurs surrégénérateurs à matière fertile, s’entend. Voir la note <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#19">19</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="25">(25)</a> - L’Europe est aujourd’hui dépendante d’importations de pétrole, de gaz et de charbon. La dépendance au charbon a même augmenté en Allemagne du fait du développement de l’éolien et du solaire dans ce pays – le charbon et le gaz étant utilisés pour pallier à l’intermittence des « nouveaux renouvelables ». La situation de la France est meilleure pour l’électricité, du fait de sa puissance électronucléaire, les matériaux fissiles se prêtant bien à un stockage de longue durée et le pays en ayant une réserve pour plusieurs années. La France est cependant tout aussi dépendante des importations en pétrole que n’importe quel autre pays européen</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="26">(26)</a> - Entre progrès meilleurs que prévu de l’hygiène et de la mortalité infantile, et natalité plus élevée pendant plus longtemps de beaucoup de pays sous-développés, la population mondiale dépassait en réalité les six milliards en l’an 2000, elle atteint 7,3 milliards en 2015 et est prévue aux alentours de 9 à 10 milliards pour 2050 – sous réserve que les tendances présentes se poursuivent sans rupture</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="27">(27)</a> - En fait, 13 000 mètres en 2000, et 16 000 mètres en 2015</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="28">(28)</a> - La proportion est en 2015 aux alentours de 1 homme sur 15 qui a jamais vécu</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="29">(29)</a> - La tendance des dernières décennies n’a pas joué dans ce sens. Au travers de la doxa économique dite du « consensus de Washington », de la mise en concurrence fiscale par exemple dans le cadre de l’Union européenne, ou encore la multiplication des paradis fiscaux pour les individus fortunés comme pour les groupes internationaux, c’est au contraire la diminution des impôts surtout pour les plus favorisés qui a été continûment privilégiée. Le taux marginal d’imposition le plus élevé dans l’Amérique conservatrice du président Eisenhower dans les années 1950 était de 91%, l’idée de le remonter à 75% dans la France socialiste du président Hollande a été dénoncée comme extrémiste et contre-productive</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#" name="30">(30)</a> - Bien loin de ce que proposait Hyman Rickover afin de mieux préparer les pays développés à un rôle beaucoup plus grand de la technologie notamment pour la production d’énergie, non seulement les performances éducatives ont eu une tendance nette à la régression, à commencer par les Etats-Unis, suivis plus récemment par d’autres pays dont la France, mais les rémunérations des professeurs n’ont pas été réévaluées pour rendre possible d’attirer les meilleurs, nombre de ces derniers préférant la finance incomparablement plus rémunératrice que professorat, ingénierie ou médecine</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/38