Le Noeud Gordien - Tag - CatastrophismeA l'heure de la Vague scélérate - Conjonction et synergie de toutes les crises en une déferlante globale2024-03-29T09:41:55+01:00urn:md5:2e1e50df2175f77cc507de58e6d51ff5DotclearIntelligence artificielle forte, quatre raisons de douterurn:md5:90bbc9a005e7a1499ede24eca9ac087dThursday 14 September 2017Thursday 14 September 2017Alexis TouletEssaisCatastrophismeFausses alertesIntelligence ArtificielleRobotsScience-Fiction<p><em>Les perspectives de l’Intelligence Artificielle inquiètent - les ordinateurs pourraient-ils atteindre à une intelligence similaire à celle de l’être humain ? Les robots pourraient-ils devenir indépendants de leurs créateurs, voire hostiles, et aller même jusqu’à les remplacer ?</em></p>
<p><em>Aussi important que puisse être dans l’avenir l’impact de l’IA sur la productivité et sur l’emploi, il y a en réalité au moins <ins>quatre raisons</ins> de douter qu’une Intelligence Artificielle "forte", c’est-à-dire similaire à l’humaine - "quelqu’un dans la machine" - soit pratiquement ou même théoriquement possible.</em></p>
<p><em>Les rêves ou les cauchemars des théoriciens de la "Singularité" et du remplacement par les machines ne sont même pas pour après-demain, et probablement pour jamais.</em></p> <p>De l’astronome Martin Rees s’inquiétant <a href="http://www.telegraph.co.uk/culture/hay-festival/11605785/Astronomer-Royal-Martin-Rees-predicts-the-world-will-be-run-by-computers-soon.html" hreflang="en">que les robots ne prennent bientôt le pouvoir</a>, l’astrophysicien Stephen Hawking craignant que limités par une évolution trop lente <a href="http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/12/03/hawking-l-intelligence-artificielle-pourrait-mettre-fin-a-l-humanite_4533135_4408996.html" hreflang="fr">les êtres humains s’avèrent incapables de rivaliser avec l’intelligence artificielle</a> ou l’entrepreneur Elon Musk décrivant le risque que l’humanité n’ <a href="https://www.theguardian.com/technology/2014/oct/27/elon-musk-artificial-intelligence-ai-biggest-existential-threat" hreflang="en">"invoque un démon"</a> et ne mette sa propre existence en danger en construisant une intelligence artificielle supérieure... jusqu’au mouvement trans-humaniste espérant des progrès de l’intelligence artificielle non seulement la multiplication des possibilités humaines mais rien de moins que l’immortalité - ainsi l’un des interlocuteurs de Mark O’Connell dans <a href="https://www.theguardian.com/books/2017/mar/23/to-be-a-machine-by-mark-oconnell-review" hreflang="en">"To Be a Machine"</a> prophétisant la possibilité de transférer son esprit dans une machine, laquelle ne serait pas soumise à la mort.</p>
<p>Ces craintes et ces espoirs découlent tous d’une source unique : la perspective de doter prochainement un ordinateur d’un esprit similaire à celui de l’être humain, qui lui serait bientôt supérieur - ce qu’il est convenu d’appeler une "intelligence artificielle forte".</p>
<p>Cette perspective est-elle véritablement réaliste ?</p>
<p>Avant de développer l’argumentation, commençons par sa conclusion - le <ins>résumé pour décideurs</ins> :</p>
<blockquote>
<p>Construire à base d’ordinateurs une intelligence artificielle forte – c’est-à-dire égalant ou dépassant l’esprit humain, « quelqu’un dans la machine » – est fort probablement impossible pour raison de principe, car au moins trois questions fondamentales pourraient chacune à elle seule en exclure la possibilité, et la réponse définitive à chacune de ces questions est à ce jour inconnue.</p>
<p>Si toutefois aucune des trois réponses ne s’avéraient faire obstacle et si ce projet était donc théoriquement possible, sa difficulté inhérente – hors de toute proportion avec la difficulté à fabriquer par exemple de simples robots autonomes utiles dans la vie courante ou l’industrie – bref la question pratique, assurerait qu’elle ne pourra de toute façon être qu’un projet à très long terme, comparable par exemple avec ce qu’est pour l’astronautique le vol interstellaire.</p>
<p>L’IA forte dans dix ou vingt ans des transhumanistes théoriciens de la "Singularité" n’est que balivernes.</p>
</blockquote>
<p>En cette époque où l’humanité fait face aux prodromes d’une crise gigantesque, vague scélérate additionnant fragilités du système financier et <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas" hreflang="fr">entrée dans l’âge des limites</a> notamment en <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans" hreflang="fr">énergie fossile</a> sur fonds de <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2014/02/18/Nous-n-y-pouvons-rien-faire..." hreflang="fr">catastrophe écologique</a> en cours incluant un <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/09/12/Voici-comme-votre-monde-pourrait-prendre-fin" hreflang="fr">dérèglement climatique</a> aux conséquences de long terme très menaçantes, il est très agréable de découvrir - pour une fois ! - que tel nouveau monstre menaçant sortant du brouillard... n’est finalement qu’un banal épouvantail et un jouet pour faire peur aux enfants.</p>
<p>En l’espèce, la menace d’une conscience artificielle née de l’informatique parvenant à supplanter les humains.</p>
<h4>Un peu de contexte…</h4>
<p>Pour commencer, le mythe de la création prochaine d’esprits artificiels est vivace depuis les années 1950. Ce qui, comme on dit, ne nous rajeunit pas. Il est en général annoncé pour le prochain coin de rue, dans quelques petites années. Puis, lorsque les prédictions ne se sont - à l’évidence - pas réalisées, d’autres reprennent le conte en toute bonne foi, et roulez jeunesse ! Jusqu’à la prochaine fois.</p>
<p>Cependant, les réalisations de la discipline "IA" ne sont pas du tout à la hauteur de ces craintes et espoirs tonitruants. Ce n’est pas qu’elles soient inexistantes, ni négligeables, loin de là ! Simplement, la reproduction informatique – on pourrait dire le mime – d’activités humaines généralement considérées comme intelligentes ne mène pas à l’apparition d’une conscience artificielle. La carte serait-elle par nature différente du territoire ? La simulation, différente de la réalité ?</p>
<p>Naturellement, la puissance des ordinateurs, jusqu’ici très inférieure à celle d’un cerveau humain, constitue une explication possible de l’échec à ce jour à produire une "IA forte". Peut-être tout simplement les ordinateurs n’étaient-ils pas encore assez performants ? Voilà qui pourrait amener à penser que l’augmentation exponentielle des capacités de traitement informatique mettra en revanche bientôt à portée le Saint Graal d’une conscience artificielle.</p>
<p>Réalisant une simulation précise du fonctionnement physique des neurones, l’un des plus grands calculateurs début 2014 a pu <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2014/01/14/supercalculateur-japonais-simulation-cerveau_n_4593633.html" hreflang="fr">simuler le fonctionnement de 1% d’un cerveau humain pendant une seconde</a>... mais le calcul lui a pris 40 minutes. De ce point de vue, les plus puissants ordinateurs actuels sont très loin du compte. En revanche, en se limitant à une simulation logique en réseau de neurones, <ins>la puissance nécessaire à un "cerveau humain" en temps réel est déjà largement disponible</ins>. Il suffit d’examiner les ordres de grandeur : 10^11 neurones et 1,5. 10^14 synapses, effectuant des "calculs" à un rythme inférieur à 10^2 par seconde, soit au maximum 1,5.10^16 opérations par seconde nécessaires - et probablement beaucoup moins - alors que <a href="https://www.top500.org/lists/2017/06/" hreflang="en">le plus grand superordinateur</a> était en juin 2017 le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sunway_TaihuLight" hreflang="fr">Sunway TaihuLight</a> chinois, lequel peut effectuer 9,3. 10^16 opérations par seconde. Soit au moins 6 fois plus que nécessaire pour simuler complètement et en temps réel le fonctionnement logique du réseau neuronal d’un cerveau humain.</p>
<p>Cependant, même compte tenu du potentiel de cette puissance de calcul, quatre questions doivent être posées, <strong>quatre obstacles majeurs barrent le chemin de la construction d’une IA forte ou conscience artificielle</strong>. Les trois premières sont fondamentales, il s’agit de la possibilité théorique elle-même que des êtres humains puissent réaliser un tel « objet pensant » à base d’ordinateurs. La quatrième est tout simplement la question pratique, à supposer que les trois questions de possibilité théorique soient décidées dans un sens favorable – et ce n’est pas la moindre.</p>
<h4>Les trois questions fondamentales, pour commencer</h4>
<p>C’est que pour que le projet de construire une conscience artificielle par voie informatique ait ne serait-ce qu’un sens, trois conditions sont nécessaires :</p>
<p>1 - Il faut que la conscience, telle qu’elle se manifeste par exemple dans la tête de tout un chacun, soit entièrement compréhensible en termes matériels. C’est là une position philosophique matérialiste.</p>
<blockquote><p><ins>Incise – Non, cette condition n’a rien d’ « évidente »</ins></p>
<p>La position opposée, c’est-à-dire l’existence de « quelque chose » de non réductible à la matière et qui serait intrinsèque à l’esprit ou à la personne humaine, apparaîtra suspecte à beaucoup pour une simple raison d’habitude.</p>
<p>C’est que les explications de type surnaturel – esprits, fées, lutins ou dieux – ont évidemment reculé constamment dans les derniers siècles, la méthode scientifique permettant de comprendre toujours davantage de phénomènes toujours plus en profondeur, alors qu’ils avaient été autrefois considérés comme des mystères inaccessibles à l’esprit humain. Il est alors bien naturel de considérer qu’une tendance historiquement aussi bien établie continuera indéfiniment, et qu’elle permet d’apercevoir ce qui serait en définitive la vérité ultime : que l’ensemble de ce qui existe est matériel, donc soumis aux règles de la matière telles qu’elles sont progressivement dévoilées par l’effort scientifique humain.</p>
<p>Il est bien évidemment loisible de choisir d’adopter une telle position. A qui la choisit, une position différente risque de n’apparaître motivée que par au choix : l’ignorance, le préjugé par exemple religieux, ou un sentimentalisme refusant d’admettre que moi aussi et non simplement le monde qui m’entoure, je pourrais n’être que matériel, et s’imaginant donc « par nature » différent.</p>
<p>Mais il est également vrai que les tendances historiques les mieux établies peuvent rencontrer leurs limites, et surtout que la connaissance extraordinaire apportée par la méthode scientifique ne signifie pas nécessairement que celle-ci permet d’accéder à une vérité ultime. Car c’est bien ce que suppose la philosophie matérialiste, et ce passage de « la méthode scientifique a permis de constamment avancer dans la compréhension de la réalité » à « la méthode scientifique révèle la vérité ultime sur la réalité » n’est rien d’autre qu’un passage du fait à la croyance… qu’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Existentialisme_chr%C3%A9tien" hreflang="fr">« saut de la foi »</a>, s’il est permis d’être taquin.</p>
<p>La position pleinement rationnelle à ce stade est en fait la position « agnostique », c’est-à-dire de ne pas conclure sur le matérialisme en tant que philosophie, parce que pour ce qu’on en sait aujourd’hui rien ne le démontre, et rien non plus ne l’interdit. Il faut donc rester ouvert à la fois à la possibilité qu’il soit pleinement justifié, et à celle qu’il ne le soit pas. Dans ce second cas l’IA forte pourrait être impossible pour raison de principe.</p>
</blockquote>
<p>2 - Si la première condition est remplie, il faut encore que le comportement de la matière impliquée dans l’émergence de la conscience soit entièrement compréhensible en termes calculables. C’est que les ordinateurs fonctionnent en termes calculables et déterministes – ce sont des machines logiques dites « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_de_Turing" hreflang="fr">machines de Turing</a> », et le terme calculable veut d’ailleurs exactement dire « qui peut être calculé par une machine de Turing ». Il faut notamment, et pas seulement, que le hasard et l’indétermination décrits par la physique quantique n’aient qu’un rôle "spectateur" dans l’existence entre les oreilles d’un être humain vivant d’une « intelligence forte ». C’est une position déterministe et objectiviste dans la compréhension de la conscience et de l’intelligence humaines. Qui là encore n’a rien n’évident - j’oserai dire, encore moins.</p>
<blockquote><p><ins>Incise – Et si cette condition avait <strong>déjà</strong> été démontrée fausse ?</ins></p>
<p>La question de savoir si le comportement de la matière à la base de la conscience est entièrement compréhensible en termes calculables, fait l’objet d’études et de discussions. Il faut toutefois signaler l’œuvre du physicien et mathématicien <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Penrose" hreflang="fr">Roger Penrose</a>, généralement reconnu comme l’un des plus grands esprits actuellement vivants, dans "<em>les Ombres de l’Esprit</em>".</p>
<p>Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, Penrose y a proposé une <ins>démonstration formelle</ins> du fait qu’une opération au moins de l’esprit humain – discerner la vérité mathématique d’une certaine proposition de logique avancée – est impossible si l’esprit humain est compréhensible en termes calculables et déterministes. Comme cette opération a bien lieu – elle est accessible à qui a un niveau licence en mathématiques, et Penrose guide le lecteur jusqu’à ce qu’il la réalise lui-même, ce qui rend sa démonstration particulièrement impressionnante – il s’ensuit que l’esprit n’est pas compréhensible en termes calculables. Donc ne peut être reproduit informatiquement. Il est naturel à partir de ce résultat de supposer que ce fonctionnement non calculable du cerveau humain ne se manifeste pas seulement dans l’opération mentale utilisée pour cette démonstration mathématique : si le cerveau humain possède cette caractéristique, elle est alors probablement générale à une partie importante de ses opérations, si ce n’est à la plupart.</p>
<p>Dans la deuxième partie de son ouvrage, il propose une hypothèse – plus aventurée – sur une explication physique du caractère non calculable de l’esprit, basée sur des phénomènes quantiques intervenant notamment dans les microtubules des neurones et liés à la réduction du paquet d’ondes, phénomène postulé par la mécanique quantique, qu’elle ne cherche pas à expliquer, ce qui de l’avis de Penrose est insatisfaisant. Il s’agit là de physique spéculative, plus d’une idée de direction dans laquelle chercher la nouvelle physique – <ins>au-delà</ins> de la mécanique quantique donc – nécessaire à une compréhension scientifique de la conscience, si la démonstration de Penrose est correcte, que d’une quelconque précision sur ce que pourrait être cette physique.</p>
<p>Dans ce livre, l’auteur répond à toutes les objections présentées à ses travaux précédents sur le même sujet. Le livre existe depuis une quinzaine d’années, et à ce jour <ins>personne n’a réussi à contrer son raisonnement</ins> ni à invalider la démonstration qu’il propose du caractère « non calculable » du fonctionnement du cerveau humain.</p>
<p>S’il a raison, alors "<em>les Ombres de l’Esprit</em>" sera probablement considéré un jour comme un livre fondamental dans l’histoire scientifique. Et naturellement, le projet "Conscience artificielle" apparaîtra alors sans objet. Du moins dans sa version informatique : si l’hypothèse spéculative de Penrose s’avère judicieuse et est un jour développée, on ne peut exclure qu’il soit un jour possible de produire une conscience artificielle en se basant sur la physique nouvelle ainsi découverte. Mais alors, l’objet pensant produit ne serait <ins>pas</ins> un ordinateur... il en serait sans doute aussi différent par nature que l’ordinateur lui-même est par nature différent d’une machine à vapeur ou d’un marteau. Et naturellement les délais pour le réaliser seraient tout à fait indéterminés.</p>
<p>Pour un résumé plus détaillé de ce livre, voir <a href="http://www.jeanstaune.fr/roger-penrose.html" hreflang="fr">le commentaire de Jean Staune</a> </p>
</blockquote>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Roger_Penrose.jpg" alt="Roger_Penrose.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Roger Penrose - « Etant donné que la pensée inclut un élément non calculable, les ordinateurs ne pourront jamais faire ce que nous autres êtres humains faisons. » (<a href="http://www.azquotes.com/quote/848280" hreflang="en">source</a>)</em></p>
<p>3 - Enfin, si les deux premières conditions sont vérifiées, il faut que cette conscience supposément compréhensible en termes matériels uniquement, et en termes calculables et déterministes exclusivement – il s’agit ici de la conscience qui se trouve dans le cerveau de l’inventeur – soit capable de concevoir le fonctionnement d’une autre conscience, celle que l’inventeur cherche à créer. Ce qui signifie que cette conscience présente dans son cerveau doit avoir <ins>la capacité de se comprendre elle-même</ins> ! En effet, si l’inventeur n’en était pas capable, comment pourrait-il déterminer les plans, méthodes et principes de la construction de l’IA ? Une troisième fois, cette position n’a rien d’évident – il est même permis de considérer qu’elle est la plus suspecte de toutes.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Miroir_infini_m.jpg" alt="Miroir_infini.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>L’esprit peut-il se comprendre lui-même, donc contenir une description de lui-même ?</em></p>
<p>Les réponses à ces trois questions fondamentales sont à ce stade inconnues – sauf naturellement si la démonstration de Roger Penrose s’avère valide, auquel cas la seconde n’est pas vérifiée. Il existe des positions et des arguments philosophiques, naturellement, chacun avec leur validité. Mais il n’existe de réponse définitive au sens scientifique à aucune de ces questions. Peut-être cela changera-t-il un jour. En attendant, ces questions restent ouvertes.</p>
<p><ins>Si la réponse à UNE SEULE des trois questions ci-dessus est négative, alors la création par voie informatique d’une conscience artificielle est irrémédiablement une chimère</ins> : on pourra reproduire sous forme informatique tel ou tel processus mental, ou en fournir un équivalent fonctionnel, on pourra créer des solutions logicielles pour traiter tel problème intellectuel particulier, parfois même mieux qu’un être humain – c’est d’ailleurs l’objet de la discipline IA, la vraie non la fantasmée, voir encore <a href="https://interstices.info/jcms/p_94538/regard-sur-le-mythe-de-la-singularite-faut-il-craindre-l-intelligence-artificielle" hreflang="fr">l’ouvrage sur le sujet du chercheur Jean-Gabriel Ganascia</a> – on n’arrivera jamais à obtenir un objet avec qui on puisse sérieusement tailler une bavette, un objet qui serait quelqu’un. L’idée est alors à ranger dans le même rayon que les histoires de fées et du Père Noël.</p>
<p>Si et seulement si les TROIS réponses sont positives, alors la construction d’une conscience artificielle est théoriquement possible pour des êtres humains.</p>
<p>A ce sujet, on demandait la différence entre théorie et pratique. Un plaisantin répondit : "<em>En théorie, c’est la même chose. En pratique, non</em>"</p>
<h4>Il est temps de parler des "menues" difficultés pratiques pour la création d’une conscience artificielle…</h4>
<p>Ne nous étendons pas sur le fait que personne à ce jour n’a d’idée autre que très partielle et générale – moindrement testée en pratique donc – de comment au juste il faudrait s’y prendre. Si des pistes et réflexions diverses ont été proposées quant à l’aspect psychologique de la chose - voir par exemple pour le domaine francophone Paul Jorion dans <a href="https://lectures.revues.org/11032" hreflang="fr">Principes des systèmes intelligents</a> (1989) ou Alain Cardon dans <a href="http://www.automatesintelligents.com/echanges/2011/jan/livrecardon.pdf" hreflang="fr">Un modèle constructible de Système Psychique (2011)</a> <em>(texte complet en PDF)</em> parmi d’autres dans diverses langues - le fait même que ces pistes dont certaines sont anciennes n’aient pas permis d’aboutir à une réalisation concrète de type "quelqu’un dans la machine" montre que l’essentiel de la difficulté théorique reste devant nous. Ce que font les spécialistes en IA, ce qu’ils construisent dans la réalité, est bien différent, comme déjà dit. Et ce n’est pas faute d’essayer ni de réfléchir au moyen de construire une conscience.</p>
<p>Cet état de fait n’exclut cependant pas la possibilité que la discipline IA n’attende son Newton, son Galois, son Darwin ou son Einstein. Bref que la définition de la méthode générale ne soit à portée du prochain génie qui se penchera sérieusement sur la question. Le premier génie qui saura comprendre comment <ins>sa propre conscience</ins> fonctionne – rappelons que nous sommes dans l’hypothèse où la réponse à la question 3 ci-dessus serait positive, et où la chose ne serait pas une contradiction dans les termes.</p>
<p>Une difficulté plus grave se présente. C’est que une fois publiée la "<em>Théorie générale de l’esprit humain</em>" avec sa petite annexe "travaux pratiques – comment on fait" - par Jeannot Génie ou quel que soit son nom, il faudrait la construire pour de bon cette IA forte. Et là se situe un problème, <strong>une difficulté... du format "mise en abîme"</strong>.</p>
<p>Les passionnés d’affaires militaires comme les contrôleurs des programmes d’armement américains sont régulièrement entretenus des distrayantes nouvelles de l’avion de chasse F-35. Distrayantes pour l’observateur extérieur s’entend, non pour l’aviateur ni pour le contribuable américain. Non seulement le bouzin ne vole-t-il en effet que peu et mal, mais surtout ses difficultés persistantes semblent bien résulter au fond d’un <ins>défaut de maîtrise de sa complexité</ins>, qu’un optimisme illuminé au moment de la conception initiale de l’engin a laissé croître au-delà de toute raison, comme d’ailleurs de toute nécessité. Si bien que sa complexité risque bien de s’avérer <ins>impossible à maîtriser par les équipes d’ingénierie</ins>, dont il est pourtant permis de penser qu’elles ne sont pas constituées d’amateurs, mais plutôt de certains des meilleurs des meilleurs, à la mesure des capacités financières de l’Oncle Sam à motiver ce genre de personnes pour travailler sur un projet essentiel à la perpétuation de la supériorité aérienne qui est un – sinon ce n’est le – pilier essentiel de sa suprématie militaire.</p>
<p>Ce phénomène est particulièrement criant s’agissant du logiciel embarqué et du système de maintenance informatisé du F-35 avec leurs <a href="https://www.industrie-techno.com/lockheed-martin-f35-le-concurrent-hyper-technologique-du-rafale-cloue-au-sol.30949" hreflang="fr">24 millions de ligne de code</a>.</p>
<p>Pardon ?</p>
<p>Vous avez bien dit : 24 millions ? Une quantité aussi réduite d’instructions élémentaires, une complexité si ridiculement faible, tellement hors de proportion avec la complexité du fonctionnement d’un cerveau humain... et déjà les meilleures équipes au monde ne savent pas faire face !</p>
<p><ins>Alors, quelles sont les chances que qui que ce soit arrive à appliquer les principes et méthodes découverts par Jeannot Génie, une fois qu’il aura eu l’obligeance de se présenter, à supposer qu’il le fasse jamais ?</ins></p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.F-35_ALIS_Testing_m.jpg" alt="F-35_ALIS_Testing.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Le système F-35 : les meilleures équipes, seulement 24 millions de lignes de code</em></p>
<p align="center"><em>Ça marchera bientôt, dites ?</em></p>
<h4>Il est temps de conclure</h4>
<p>Le projet "IA forte", c’est-à-dire une conscience artificielle « quelqu’un dans la boîte » basée sur un ordinateur :</p>
<p>- Soit est par principe impossible – c’est ce qui peut paraître le plus probable, les conditions pour qu’il en soit différemment étant plusieurs, chacune d’entre elle impérative, dont l’une déjà fortement mise en doute par ce qui ressemble fort à une démonstration formelle. Cependant la chose n’est pas définitivement prouvée</p>
<p>- Soit est théoriquement possible, auquel cas il sera peut-être réalisé une fois que ces deux conditions auront été remplies :</p>
<p>1. Apparition du génie capable de comprendre le fonctionnement de sa propre conscience</p>
<p>2. Evolution d’une civilisation capable de coordonner les talents, les intelligences, bref de <ins>faire travailler ensemble des êtres humains à un niveau fantastiquement au-delà de ce à quoi l’humanité est parvenue à ce jour</ins>. En somme, atteignant une capacité de « maîtrise de la complexité » bien au-delà de celle à laquelle nous sommes déjà parvenus. Au point de pouvoir réaliser des projets informatiques incluant à coup sûr des milliards, peut-être même des milliers de milliards d’instructions</p>
<p>Dans cette deuxième hypothèse, l’humanité réalisera peut-être en effet un jour une IA véritable, dont l’orientation vis-à-vis de l’humanité posera effectivement question. Ce jour n’arrivera pas du vivant d’aucun être humain d’aujourd’hui. Il est fort possible qu’il soit aussi loin de nous que ne l’était la construction d’un réacteur atomique au moment où Démocrite spéculait sur l’existence de l’atome au Vème siècle avant notre ère...</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/09/14/Intelligence-artificielle-forte%2C-quatre-raisons-de-douter#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/78Les limites physiques à la croissance sont à notre porte, l'effondrement menace, mais nous ne le voyons pasurn:md5:248103666d6b043846a8177edb025e99Sunday 18 December 2016Sunday 18 December 2016Alexis TouletTraductionsCatastrophismeCrise des ressourcesCrise économique et financièreCroissanceEffondrementsEnergieGail TverbergPic pétrolierPic énergies fossilesVague scélérate<p><em>Dans un monde fini, la croissance économique peut-elle continuer indéfiniment ?</em></p>
<p><em>Beaucoup comprennent intellectuellement que non, et pourtant les preuves que nous approchons des limites physiques à la croissance sont largement négligées, comme si la question ne nous concernait pas, comme si elle ne devait se poser que dans un avenir lointain.</em>
</p>
<p><em>Bien pire, les risques que l’atteinte des limites provoque un effondrement économique plutôt qu’un simple plafonnement de la prospérité, risques qui se précisent de plus en plus, ne sont ni aperçus ni discutés en dehors de cercles très réduits.</em>
</p>
<p><em>Comment un tel aveuglement est-il possible ? A quelles limites et quels risques l’économie mondiale fait-elle face à court/moyen terme ? Gail Tverberg, analyste des liens entre énergie et économie et notamment des impacts prévisibles des limites sur les ressources naturelles, mène l’enquête.</em></p> <p><a href="http://ourfiniteworld.com/2014/02/06/limits-to-growth-at-our-doorstep-but-not-recognized/" hreflang="en">Original en anglais</a> - Gail Tverberg, 6 février 2014
</p>
<p><ins>Traduction en français et Notes</ins> - Alexis Toulet pour le Noeud Gordien, 18 décembre 2016
</p>
<p>Combien de temps la croissance économique peut-elle continuer sur une planète finie ? C’est la question à laquelle le livre de Donella Meadows et al. "<a href="https://www.amazon.fr/Limites-croissance-dans-monde-fini/dp/291777035X" hreflang="fr">Les Limites à la Croissance (dans un monde fini)</a>", publié en 1972 (<em>NdT : et mis à jour en 2004</em>), cherchait à répondre. Les modèles informatiques que l’équipe de chercheurs construisit suggéraient fortement que l’économie mondiale s’effondrerait à un moment quelconque de la première moitié du 21ème siècle.
</p>
<p>J’étudie depuis 2005 quelle est la situation réelle quant aux limites sur les ressources. La conclusion à laquelle j’arrive est que l’équipe de chercheurs de 1972 avait bien raison. En fait, l’effondrement annoncé est pratiquement à notre porte et devrait commencer d’ici un à deux ans.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#01">(01)</a> Par bien des aspects, l’effondrement semble déjà avoir commencé, tels la Grande Récession de 2008-2009 et l’effondrement de l’économie de petits pays comme la Grèce et l’Espagne. Comment l’effondrement peut-il être si proche, sans pratiquement que la population n’en ait aucune alerte ?
</p>
<p>Pour expliquer la situation, j’exposerai d’abord pourquoi nous atteindrons à brève échéance les Limites à la Croissance. Je donnerai ensuite une liste de neuf raisons qui ont fait négliger la crise qui nous est promise à court terme.
</p>
<h4>Pourquoi nous atteindrons à brève échéance les Limites à la Croissance</h4>
<p>En termes simples, notre problème en tant que peuple est que nous ne sommes plus en train de nous enrichir. Nous sommes au contraire en train de nous appauvrir, comme on le voit à la difficulté qu’ont les jeunes à trouver des emplois bien payés. Comme nous nous appauvrissons, il devient de plus en plus difficile de payer nos dettes avec intérêt. C’est la combinaison du manque de croissance dans l’économie réelle et du besoin de croissance du fait du système d’endettement dont on peut s’attendre à ce qu’elle débouche sur un effondrement.
</p>
<p>La raison pour laquelle nous nous appauvrissons, c’est que des parties dissimulées de notre économie absorbent maintenant de plus en plus de ressources, ce qui en laisse moins pour produire les biens et services que nous sommes accoutumés à acheter. Ces parties dissimulées de notre économie sont affectées par l’épuisement des ressources. Par exemple, il faut maintenant davantage de ressources pour extraire le pétrole. C’est pourquoi le prix du pétrole a plus que triplé depuis 2002.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#02">(02)</a> Il faut aussi davantage de ressources pour bien des processus cachés, comme des puits plus profonds ou la désalinisation pour produire de l’eau, et davantage d’énergie pour produire des métaux depuis des minerais à faible concentration.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#03">(03)</a>
</p>
<p>Le problème alors que nous atteignons toutes ces limites est <strong>un manque de capital physique pour l’investissement</strong>, comme le pétrole, le cuivre et les métaux rares. Quoique nous puissions en extraire davantage, certains comme le pétrole sont utilisés de bien des manières pour compenser des problèmes d’épuisement. Nous nous retrouvons avec trop de demandes adressées à la production de pétrole – il n’y en a pas assez pour à la fois 1) compenser les nombreux problèmes d’épuisement que le monde rencontre et 2) ajouter les nouvelles usines et capacités d’extraction nécessaires pour que l’économie mondiale continue à croître.
</p>
<p>Avec trop de demandes adressées à la production de pétrole, c’est la "croissance économique" qui tend à être sacrifiée. Les pays qui retirent la proportion la plus élevée de leur énergie du pétrole tendent à être spécialement affectés parce que les prix du pétrole élevés tendent à rendre les produits de ces pays inabordables. Les pays présentant un déclin de long terme de la consommation de pétrole, tels Etats-Unis, pays de l’Union Européenne et Japon, se retrouvent en récession ou en croissance très lente.
</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Previsions_FMI_croissance_mondiale_m.jpg" alt="Previsions_FMI_croissance_mondiale.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Les prévisions de croissance mondiale future ne cessent d’être revues... toujours à la baisse</em></p>
<p>Malheureusement, le problème sur lequel ceci semble déboucher est l’effondrement. <strong>Le problème, c’est le lien avec la dette</strong>. La dette peut être beaucoup plus facilement remboursée avec intérêt dans une économie en croissance que dans une économie en contraction. parce que s’endetter c’est en fait emprunter à l’avenir – ce qui est beaucoup plus facile quand on suppose que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, plutôt que lorsque demain est pire qu’aujourd’hui.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#04">(04)</a>
</p>
<p>Nous ne pouvons pas faire fonctionner notre économie actuelle sans dette. C’est la dette qui nous a permis de "tirer" la croissance économique. Les consommateurs peuvent acheter des voitures, des maisons, une éducation supérieure sans en avoir d’abord épargné le montant.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#05">(05)</a> Des entreprises peuvent construire des usines et extraire des métaux sans avoir d’abord épargné des profits antérieurs pour financer ces opérations. Nous pouvons désormais opérer de longues chaînes logistiques, y compris de nombreuses entreprises dépendantes de l’endettement. La possibilité de s’endetter permet bien plus d’investissement que si les entreprises ne pouvaient utiliser que ce qu’elles ont d’abord gagné.
</p>
<p>Si nous abandonnons notre système économique à base d’endettement, nous perdons la capacité d’extraire le pétrole et les autres ressources qui nous apparaissent facilement disponibles.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#06">(06)</a> Nous pouvons avoir une économie simple et locale, peut-être basée sur le bois comme source d’énergie principale, sans endettement. Mais il semble peu probable que nous puissions conserver une économie mondiale fournissant le gîte et le couvert à 7,2 milliards de personnes.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#07">(07)</a>
</p>
<p>Ce qui rend la situation si inquiétante est que la finance semble être maintenant proche d’une crise.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#08">(08)</a> L’endettement autre que public n’a pas cru très rapidement depuis 2008. Les gouvernements ont tenté de résoudre le problème en gardant les taux d’intérêt très bas et en utilisant l’assouplissement quantitatif. Maintenant les Etats-Unis commencent à réduire le rythme de l’assouplissement.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#09">(09)</a> Si les taux d’intérêt devaient augmenter beaucoup, nous verrions probablement revenir la récession, avec beaucoup de licenciements. Si cela arrivait, les banqueroutes redeviendraient un problème et le crédit s’assècherait comme à la fin 2008. Sans crédit, le prix de toutes les matières premières tombera, comme à la fin 2008.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#10">(10)</a> Sans la magie transitoire de l’assouplissement, les nouveaux investissements, même dans le pétrole, seront sabrés.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#11">(11)</a> Les gouvernements devront réduire leur taille et pourraient même s’effondrer.
</p>
<p>Nous avons en fait déjà un problème de prix du pétrole trop bas pour encourager la production de pétrole, voir mon texte "<a href="http://ourfiniteworld.com/2013/11/15/whats-ahead-lower-oil-prices-despite-higher-extraction-cost/" hreflang="en">A quoi s’attendre ? Un prix du pétrole plus bas, malgré des coûts d’extraction en hausse"</a> (<em>lien en anglais</em>)<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#12">(12)</a> Les autres matières premières aussi ont des prix stables ou décroissants. Le souci est que ces prix plus bas déboucheront sur la déflation. Avec la déflation, l’endettement est fortement découragé parce que le coût de l’endettement, ajusté de l’inflation, augmente. Si un cycle déflationniste de dette est démarré, il pourrait y avoir une grande décrue de l’endettement en quelques années. Ce serait une autre manière d’en arriver à l’effondrement.
</p>
<h4>Pourquoi d’autres ne voient-ils pas le problème qui est maintenant à notre porte ?</h4>
<h5>1. C’est une histoire compliquée, et une histoire interdisciplinaire.</h5>
<p>Même essayer de la résumer en quelques paragraphes n’est pas chose aisée. La plupart des gens qui connaissent les questions du pétrole ne connaissent pas les sujets financiers, et vice versa.
</p>
<h5>2. Les économistes ont manqué des points essentiels</h5>
<p>Les économistes ont manqué le rôle fondamental de la dette pour l’extraction des carburants fossiles et pour faire fonctionner l’économie en général. Ils n’ont pas vu non plus que dans un monde fini, cette dette ne peut augmenter indéfiniment, sinon elle croîtra bien au-delà des ressources physiques qui pourraient être utilisées pour rembourser la dette.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas vu non plus que l’épuisement des ressources agit d’une manière équivalente à un énorme frein à la productivité. Les minéraux doivent être séparés d’une quantité toujours croissante de substrat, et les ressources énergétiques doivent être extraites d’endroits de plus en plus difficiles. Des prix de l’énergie élevés, que ce soit pour le pétrole ou pour l’électricité, sont un signe d’inefficacité économique. Si les prix de l’énergie sont élevés, ils sont un frein pour l’économie.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas vu le rôle clé que tient le pétrole – un rôle dans lequel il n’est pas facile à remplacer.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#13">(13)</a> Nos industries du transport, de l’agriculture et de la construction sont toutes lourdement dépendantes du pétrole. Beaucoup de produits sont fabriqués à partir de pétrole, depuis les médicaments jusqu’aux tissus et à l’asphalte.
</p>
<p>Les économistes ont supposé que les salaires pouvaient croître sans intrants énergétiques, mais l’expérience récente montre que les économies dont l’utilisation de pétrole rétrécit sont celles dont les opportunités d’emploi aussi sont rétrécies. Les économistes ont construit des modèles comme quoi les prix en augmentant résoudraient tous les manques, que ce soit par la substitution ou la destruction de la demande,<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#14">(14)</a> mais ils ne se sont pas arrêtés à considérer à quel point cette destruction de demande peut être destructrice pour une économie dépendant du pétrole pour fabriquer et transporter les biens.
</p>
<p>Les économistes n’ont pas remarqué que la mondialisation accélère l’épuisement des ressources et augmente les émissions de CO2, parce qu’elle ajoute un grand nombre de consommateurs au marché mondial.
</p>
<p>Les économistes ont aussi manqué le fait que les salaires sont extrêmement importants pour faire fonctionner les économies. Si les salaires sont réduits, que ce soit à cause de la concurrence avec des travailleurs à bas salaires de pays chauds (qui n’ont pas besoin de salaires si élevés pour maintenir leur niveau de vie, parce qu’ils n’ont pas besoin de maisons en dur ni de carburant pour chauffer leurs foyers)<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#15">(15)</a> ou à cause de l’automatisation, la croissance économique va probablement ralentir ou chuter. Les profits des entreprises ne sont pas un substitut pour les salaires.
</p>
<h5>3. Les défenseurs du Pic du pétrole ont manqué des points clé</h5>
<p>Les défenseurs du pic du pétrole sont un groupe diversifié, donc je ne peux prétendre qu’ils ont tous les mêmes opinions.
Une opinion commune est que juste parce que le pétrole, ou le gaz, ou le charbon semblent disponibles avec notre technologie actuelle, ils seront effectivement extraits. Cette opinion est étroitement liée à l’idée que le "Pic de Hubbert" est une modélisation raisonnable de l’extraction de pétrole future.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#16">(16)</a> Dans ce modèle, on suppose qu’environ 50% de l’extraction a lieu après le pic de consommation de pétrole. Même Hubbert n’a pas dit cela – ses graphiques montraient toujours une autre source d’énergie, telle le nucléaire, augmentant fortement avant que la production de carburants fossiles ne commence à diminuer.
</p>
<p>En l’absence d’un substitut parfait, la chute risque d’être très brutale. Ceci parce que la population croît en parallèle de l’utilisation des carburants fossiles. Lorsque l’utilisation de ces carburants décroit, les citoyens deviennent tout à coup beaucoup plus pauvres. Les services gouvernementaux doivent être réduits, le gouvernement pourrait même s’effondrer. La destruction de nombreux emplois est probable, rendant difficile d’acheter les biens de consommation. Il pourrait y avoir des batailles pour s’approprier les ressources qui restent. Ce que montre la courbe de Hubbert est quelque chose comme une limite supérieure de la production, si l’économie continue à fonctionner comme maintenant, en dépit des disruptions que la perte de sources d’énergie provoquera.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#17">(17)</a>
</p>
<p>Un problème voisin est la croyance que des prix du pétrole élevés permettront à une production de pétrole de continuer indéfiniment. On pourrait donc s’en sortir en utilisant moins de pétrole. Premièrement, la croyance que les prix du pétrole peuvent augmenter suffisamment subit maintenant le test de vérité. Le fait que le prix du pétrole ne soit pas suffisamment élevé <a href="http://online.wsj.com/news/articles/SB10001424052702303277704579348332283819314" hreflang="en">force les pétroliers à réduire leurs nouveaux projets, au lieu de quoi ils reversent les profits aux actionnaires sous forme de dividende</a>.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#18">(18)</a> Si l’économie commence à se contracter à cause d’une baisse de l’extraction de pétrole, un effondrement du crédit entraînera probablement des prix encore plus bas, et une réduction importante dans la production.</p>
<h5>4. Une foi excessive dans la substitution</h5>
<p>Un thème répété par tout le monde depuis les économistes jusqu’aux tenants du pic du pétrole est que <em>la substitution fera notre salut</em>.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Tout_est_possible_m.jpg" alt="Tout_est_possible.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Optimisme et article de foi... est-ce vraiment justifié ?</em></p>
<p>Ils négligent plusieurs points clé. L’un est que <em>si un effondrement financier est dans l’avenir proche, notre capacité à trouver des substituts disparaîtra pratiquement immédiatement</em> (ou du moins en quelques années)
</p>
<p>Un autre point clé est que <em>ce qui nous manque vraiment maintenant, <strong>c’est le capital à investir</strong></em>, sous forme de pétrole et d’autres ressources naturelles nécessaires à la fabrication de nouvelles voitures au gaz<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#19">(19)</a> et des stations-service dont elles ont besoin. Un manque comparable de capital d’investissement menace les plans de passer aux voitures électriques. Les salariés modestes ne peuvent s’offrir de coûteux véhicules électriques, surtout si la transition est si rapide que la valeur de leur véhicule actuel s’effondre à zéro.
</p>
<p>Encore un autre point clé est que les alternatives que nous étudions sont elles aussi limitées. Nous utilisons bien plus de pétrole que de gaz naturel<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#20">(20)</a> ; tenter de substituer le gaz naturel à la place du pétrole amènera rapidement à un manque de gaz naturel. Multiplier voitures électriques, centrales solaires et éoliennes amènera à un manque en terres rares et autres minéraux nécessaires pour les construire.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#21">(21)</a> Quoique la plupart de ces minéraux puissent être obtenus à partir de gisements moins concentrés, utiliser ces gisements ramènera précisément au genre de manque en capital d’investissement qui est notre problème de départ.
</p>
<p>Et encore, l’électricité ne peut remplacer le pétrole, à cause du besoin énorme en capital d’investissement (qui est ce qui nous manque) pour permettre la transition. Il y a encore un problème de temps disponible.
</p>
<p>Un point clé encore : <em>l’électricité intermittente ne peut remplacer l’électricité dont la production est aisément réglable</em>. Ce que l’électricité intermittente remplace c’est le carburant fossile utilisé pour faire l’électricité plus facilement réglable.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#22">(22)</a> Cette substitution étend (en théorie) la durée de vie de nos réserves en énergie fossile. Cette théorie n’est vérifiée que si nous croyons que l’extraction de gaz naturel et de charbon n’est limitée que par la quantité présente dans le sol et notre niveau technologique (c’est l’hypothèse qui structure les estimations de l’AEI des futures consommations d’énergie fossile)
</p>
<p>Si la limite sur l’extraction de charbon et de gaz naturel est en fait une limite sur le capital à investir (y compris le pétrole) et si cette limite se manifeste comme une limite sur la dette, alors la situation est différente. Dans un tel cas, un fort investissement dans les renouvelables devrait accélérer la marche vers l’effondrement des économies qui font ce choix, à cause de l’investissement initial élevé et des faibles gains de court terme de ces technologies.
</p>
<h5>5. Une foi excessive dans les analyses de Taux de Rendement Energétique (TRE) ou Analyse du Cycle de Vie (ACV)</h5>
<p>De faibles TRE<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#23">(23)</a> et de mauvaises ACV sont une partie de notre problème, mais pas notre problème entier. Ce serait oublier le temps – qui est un facteur critique, si notre problème est la disponibilité insuffisante de capital d’investissement et le besoin de gains élevés à court terme.
</p>
<p>Les analyses de TRE font aussi des hypothèses sur la substituabilité – qui n’est en général pas possible s’agissant du pétrole, pour les raisons décrites ci-dessus. Quoique les études de TRE et d’ACV puissent fournir des informations importantes, il est facile de surestimer leur valeur prédictive. Elles ne sont pas conçues pour dire quand les Limites à la Croissance frapperont, par exemple.
</p>
<h5>6. Le financement par les gouvernements mène à trop de recherche dans de mauvaises directions et pas assez dans la bonne</h5>
<p>Les gouvernements sont dans le déni au sujet des Limites à la Croissance, ou même des ressources en pétrole.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#24">(24)</a> Les gouvernements s’appuient sur des économistes qui semblent aveugles à ce qui se passe.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#25">(25)</a>
</p>
<p>Les chercheurs basent leurs analyses sur ce que les chercheurs précédents avaient fait. Ils ont tendance à "suivre l’argent qui finance la recherche" et à travailler sur la marotte du jour, celle qui leur permettra d’obtenir un financement. Rien de tout cela ne donne des recherches dans les domaines liés à notre véritable problème.
</p>
<h5>7. Les citoyens individuels sont facilement trompés par les articles prétendant que le pétrole est abondant</h5>
<p>Les citoyens ne réalisent pas que la raison pour laquelle le pétrole est abondant est que le prix du pétrole est élevé, le financement est largement disponible et les taux d’intérêt sont bas.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#26">(26)</a> De plus, si le pétrole apparait abondant, c’est en partie parce que les citoyens à bas revenus ne peuvent pas s’acheter les produits faits avec du pétrole, même à son niveau de prix actuel. Chômage et bas salaires entraînent une faible demande en pétrole, qui ressemble à une offre abondante. Ce qui manque vraiment à l’économie est le pétrole à bas prix, quelque chose qui n’est pas disponible.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#27">(27)</a>
</p>
<p>Les citoyens ne réalisent pas non plus que le récent mouvement vers l’exportation de pétrole brut ne signifie pas qu’il y ait un surplus de pétrole brut.<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#28">(28)</a> Cela veut dire que la capacité de raffinage pour ce pétrole est plus disponible à l’étranger.
</p>
<p>Les histoires que lisent les consommateurs au sujet de production de pétrole en hausse sont rendues encore plus vraisemblables par les prédictions montrant que pétrole et autres sources d’énergie augmenteront pendant encore beaucoup d’années à venir. Ces prédictions sont basées sur l’hypothèse que la limite du pétrole extractible, c’est la limite du pétrole dans le sol. En réalité, la limite sera probablement une limite financière (sur la dette), qui arrivera bien plus tôt. Voir mon texte sur <a href="http://ourfiniteworld.com/2014/01/13/why-eia-iea-and-randers-2052-energy-forecasts-are-wrong/" hreflang="en">Pourquoi les prévisions énergétiques de l’AIE et de "2052" de Randers sont fausses</a> <em>(lien en anglais)</em>
</p>
<h5>8. Réticence à croire les modèles originels des Limites à la Croissance</h5>
<p>Des études récentes comme celles de <a href="http://www.esf.edu/efb/hall/2009-05Hall0327.pdf" hreflang="en">Hall et Day</a> <em>(PDF, en anglais)</em> ou de <a href="http://www.ingentaconnect.com/content/oekom/gaia/2012/00000021/00000002/art00010?crawler=true" hreflang="en">Turner</a> indiquent que l’économie mondiale suit en fait une trajectoire assez similaire à celle que prédisait le modèle originel de Limites à la Croissance. A mon avis, les principaux défauts des modèles de 1972 de Limites à la Croissance sont :
</p>
<ul>
<li>Les chercheurs n’ont pas pris en considération le système financier de quelque manière que ce soit. En particulier, les modèles négligeaient le rôle de la dette. Réparer cette omission tend à déplacer la date réelle de l’effondrement plus tôt, et à le rendre plus prononcé.</li>
<li>Le modèle d’origine ne regardait pas les ressources individuelles, tel le pétrole, séparément. Donc, les modèles donnaient des indications pour les limites aux ressources moyennes ou totales, alors que les limites sur le pétrole, par elles-mêmes, pourraient abattre l’économie plus rapidement</li>
</ul>
<p>J’ai noté des commentaires dans la littérature indiquant que l’étude Limites à la Croissance a été supplantée par des analyses plus récentes. Par exemple, l’article <a href="http://www.cadmusjournal.org/article/issue-4/entropy-and-economics" hreflang="en">Entropie et Economie</a> <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#29">(29)</a> par Avery, lorsqu’il évoque l’étude Limites à la Croissance, affirme : "Aujourd’hui, le modèle du Pic de Hubbert, plus exact, est plutôt utilisé quand il s’agit de prédire le taux d’utilisation d’une ressource rare en fonction du temps." Mais il n’y a aucune raison de penser que le modèle de Pic de Hubbert soit plus précis ! L’étude originelle utilisait des flux de ressources réelles pour prédire quand nous pourrions rencontrer un problème avec le capital d’investissement. Les modèles Pic de Hubbert négligent les limites financières, comme le manque de dette, donc surestiment les flux futurs probables de pétrole. De ce fait, ils ne sont pas appropriés pour des prédictions après que le pic mondial soit passé.
</p>
<p>Un autre endroit où j’ai vu des raisonnements similairement faux est le modèle actuel World3, qui a été utilisé dans les analyses récentes de Limites à la Croissance, y compris peut-être <a href="https://www.amazon.fr/2052-Global-Forecast-Forty-Years/dp/1603584218" hreflang="en">"2052" de Jorgen Randers</a>. Ce modèle prend pour hypothèse un Pic de Hubbert pour le pétrole, le gaz et le charbon. Le modèle World3 suppose aussi une substitution maximale entre les types de carburant, ce qui semble impossible si nous faisons face à court terme à une crise d’endettement.
</p>
<h5>9. Presque tout le monde préfère les histoires avec un happy ending</h5>
<p>Chaque organisation, depuis les groupes du type de l’<a href="https://aspofrance.org/" hreflang="fr">ASPO</a> <em>(NdT : Association pour l’étude des pics pétrolier et gazier)</em> jusqu’aux groupes militant pour la soutenabilité en passant par les groupes politiques voudrait avoir une solution à mettre en face du problème dont ils ont pris conscience. Les entreprises qui pourraient avoir une chance de vendre un produit "vert" aimeraient dire : "Achetez notre produit et vos problèmes seront résolus". Les médias semblent ne raconter que les histoires que leurs annonceurs aimeraient entendre. Du fait de cette combinaison de gens essayant de présenter la situation sous le meilleur angle possible, l’intérêt à rechercher et expliquer la véritable situation est faible.
</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Tete_dans_le_sable.jpg" alt="Tete_dans_le_sable.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Quelque part en-dessous, on doit bien pouvoir trouver un <em>happy ending</em> ?</em></p>
<h4>Conclusion</h4>
<p>Raisonnements faux et optimisme forcé abondent, lorsqu’il s’agit de négliger les limites de court terme à la croissance. Une partie en est peut-être intentionnelle, mais une partie découle de la difficulté inhérente à comprendre un problème aussi complexe.
</p>
<p>Il existe une tendance à croire que des analyses plus récentes sont nécessairement meilleures. Ce n’est pas toujours vrai. Lorsqu’il s’agit de déterminer quand les Limites à la Croissance seront atteintes, les analyses doivent se concentrer sur les détails qui semblaient causer l’effondrement dans l’étude de 1972 – croissance économique faible du fait des nombreux besoins en capital d’investissement entrant en compétition. La question est : quand atteindrons-nous le point où la croissance de la production de pétrole est trop faible pour permettre le niveau de croissance économique nécessaire à empêcher notre système actuel d’endettement de s’effondrer ?<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#30">(30)</a>
</p>
<p>Il me semble que nous sommes déjà proches d’un tel effondrement. La plupart des gens n’ont pas réalisé à quel point notre système économique est vulnérable à l’effondrement, en cette époque de faible croissance de la production de pétrole.</p>
<h4>Références supplémentaires</h4>
<ul>
<li>Sur le sujet des interactions entre énergie, limites physiques sur les ressources, croissance et économie, on peut aussi consulter de Gail Tverberg <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/01/Le-Probl%C3%A8me-Energ%C3%A9tique-derri%C3%A8re-l-%C3%A9lection-de-Trump" hreflang="fr">Le Problème Energétique derrière l’élection de Trump</a>, ainsi que <a href="http://lesakerfrancophone.fr/category/auteurs/gail-tverberg" hreflang="fr">les traductions publiées sur le site du Saker francophone</a>. Son site originel en anglais est <a href="https://ourfiniteworld.com/" hreflang="en">Our Finite World</a>.</li>
<li>L’étude des Limites à la Croissance de 1972 est discutée par Dennis Meadows l’un de ses auteurs dans cet entretien traduit en français <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2014/02/18/Nous-n-y-pouvons-rien-faire..." hreflang="fr">Nous n’y pouvons rien faire...</a></li>
<li>Voir encore la traduction en français du discours prophétique de l’amiral Hyman Rickover en 1957, toujours aussi incroyable de clarté, de sagacité et de prescience deux générations plus tard <a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/12/Crise-des-ressources-energetiques-On-le-savait-deja-il-y-a-60-ans" hreflang="fr">Crise des ressources énergétiques - On le savait déjà il y a 60 ans</a></li>
</ul>
<h4>Notes</h4>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="01">01</a> - Comme pour toute prédiction des délais s’agissant de systèmes et de situations complexes, celle-ci était naturellement un peu aventurée, basée sur une impression de l’auteur. Le reste de son texte est en revanche basée sur des analyses factuelles et les arguments pèsent au moins autant aujourd’hui qu’il y a deux ans.
</p>
<p>La situation peut être rapprochée de la période avant 2008 : plusieurs analystes avaient vu le risque grandissant d’effondrement financier, mais nul n’avait pu prédire exactement le moment de son déclenchement. La différence est que s’agissant de l’impact des limites physiques des ressources sur l’économie, aucun artifice ne pourrait faire disparaître le problème sous le tapis comme la planche à billets l’a fait après la crise financière de 2008.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="02">02</a> - Ce texte a été écrit quelques mois avant l’effondrement du prix du pétrole <a href="https://www.bloomberg.com/quote/CL1:COM" hreflang="en">commencé en octobre 2014</a>. A noter que Gail Tverberg signale plus loin un risque de chute de prix qu’elle semble avoir été la seule à voir à l’époque.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="03">03</a> - Toute ressource de type minéral, pétrole, métaux etc. est exploitée en commençant par les gisements les plus faciles d’accès, qui sont plus rentables. Au fil du temps, pour maintenir voire augmenter la production, il est donc nécessaire de se rabattre vers des gisements plus difficiles, par exemple où la concentration en minerai est plus faible.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="04">04</a> - C’est bien parce que la croissance mondiale reste faible que les banques centrales ont adopté après 2008 des politiques de taux d’intérêt de plus en plus faible, au final pratiquement nuls.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Taux_directeurs_BCE_et_Fed_1999-2016_m.jpg" alt="Taux_directeurs_BCE_et_Fed_1999-2016.png" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Taux directeurs BCE et Fed 1999-2016</em></p>
<p align="center"><em>(Source : <a href="http://france-inflation.com/taux-directeurs-bce-fed.php" hreflang="fr">France-Inflation</a>)</em></p>
<p>Des taux d’intérêt plus élevés nécessiteraient une croissance significative, sauf à précipiter l’économie dans la plus grave des récessions.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="05">05</a> - Rappelons qu’aux Etats-Unis les études supérieures sont payantes, et fort cher. Dans le système français, le coût des études supérieures est payé par toute la collectivité, ce qui il est vrai en période de faible croissance ne fait que déplacer le problème : c’est l’Etat qui sera endetté plutôt que les citoyens. Mais comme ceux-ci sont aussi les contribuables...</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="06">06</a> - Facilement disponibles - à condition que le système technique actuel reste fonctionnel. Voilà bien longtemps que le pétrole qu’on pouvait extraire en plantant un tube dans son jardin a été extrait. Une partie croissante de la production actuelle dépend de technologies de plus en plus lourdes et complexes, repoussant les limites du possible : exploitation du fond des océans, des régions polaires, etc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="07">07</a> - Début 2014. La population mondiale a depuis largement dépassé les 7,4 milliards, et l’ONU prévoit 8,5 milliards pour 2030. La croissance démographique rapide n’arrange naturellement pas le problème des limites sur les ressources.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="08">08</a> - La finance est proche d’une crise depuis les années 2000 au plus tard, et la crise de 2008 n’a pu être mise sous le boisseau qu’au prix de mesures d’urgence telles planche à billets et taux d’intérêt ultra-bas... dans lesquelles l’économie mondiale s’est ensuite installée. Y mettre fin signifierait l’effondrement financier à brève échéance. Ne pas y mettre fin signifie l’effondrement financier... mais un peu plus tard. Sans doute, cela ne peut durer éternellement, mais :</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Encore_un_moment_m.jpg" alt="Encore_un_moment.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Source : Comtesse du Barry, 8 décembre 1793, sur l’échafaud</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="09">09</a> - "Assouplissement quantitatif" est un euphémisme désignant la planche à billets. Les Etats-Unis ont de fait <a href="http://www.tradingeconomics.com/united-states/central-bank-balance-sheet" hreflang="en">cessé d’augmenter</a> la taille du bilan de leur banque centrale à partir de 2014... mais c’est la Banque Centrale Européenne qui a <a href="https://fred.stlouisfed.org/series/ECBASSETS" hreflang="en">commencé alors à augmenter le sien en continu</a>, à un rythme comparable à celui qu’assurait auparavant la <em>Federal Bank</em> américaine.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Deux_magiciens_m.jpg" alt="Deux_magiciens.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Il n’est pas impossible que ces deux-là soient de mèche...</em></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="10">10</a> - Il a même pu tomber à partir de la fin 2014... avant que le crédit ne soit vraiment restreint.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="11">11</a> - A la mi-2016, on prévoyait une <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2016-06-15/oil-industry-to-cut-1-trillion-in-spending-after-price-slump" hreflang="en">chute de 22% des investissements des entreprises pétrolières mondiales</a> sur la période 2015-2020, pour un total de 1000 milliards de dollars en moins, pour cause de prix du pétrole trop bas.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="12">12</a> - Bien vu : c’est effectivement ce qui s’est passé, à la surprise quasi-générale, à partir d’octobre 2014.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="13">13</a> - Rappelons que le pétrole a un rôle prépondérant dans les transports, rôle dans lequel il n’a aucun substitut envisageable à moyen terme. Les transports naturellement ne sont pas simplement un secteur d’activité comme un autre, ils sont indispensables à l’ensemble de l’économie.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="14">14</a> - Substitution : une alternative devient préférable car son prix n’a pas augmenté. Mais cela suppose qu’il en existe une. Destruction de la demande : les consommateurs renoncent à l’achat, ce qui est effectivement une solution mais provoque la récession.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="15">15</a> - Cette cause du différentiel de salaire entre pays avancés et pays peu développés n’est cependant sans doute pas la principale.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="16">16</a> - Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pic_de_Hubbert" hreflang="fr">Pic de Hubbert</a> du rythme d’extraction d’une ressource finie en fonction du temps est toujours décrit comme "<em>une courbe en cloche</em>" c’est-à-dire symétrique autour d’un maximum, ce qui suppose que passé le maximum de production la décroissance soit douce. Cependant, Hubbert partait de l’hypothèse qu’une autre source d’énergie en masse à bon marché aurait été préparée d’avance pour faire face à l’épuisement du pétrole puis du gaz. Or, aucune n’est prête ni techniquement - les alternatives sont chères et limitées par d’autres ressources rares - ni dans les quantités qui seraient nécessaires. Ce qui pourrait changer complètement la situation.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="17">17</a> - La courbe originelle de Hubbert montre en quelque sorte "le meilleur des cas" de ce qui pourrait arriver une fois passé le maximum.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="18">18</a> - Profits certes fortement diminués depuis la chute du prix en octobre 2014.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="19">19</a> - Le coût d’investissement serait similaire, ou encore plus élevé, s’agissant des autres alternatives envisagées pour la mobilité, voiture électrique, pile à combustible, etc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="20">20</a> - La différence est écrasante s’agissant des transports. Si on considère <a href="http://i.f1g.fr/media/ext/805x/www.lefigaro.fr/medias/2014/11/12/INF5dc7f2be-6a83-11e4-b7f2-6daf63c70581-805x410.jpg" hreflang="fr">l’ensemble de tous les usages de l’énergie</a>, la production de pétrole représente environ 31% du total et le gaz naturel 21%</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="21">21</a> - Citons par exemple le lithium nécessaire aux batteries des voitures électriques.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="22">22</a> - A condition toutefois de pouvoir gérer les pics de production des énergies renouvelables et les pics de consommation, lesquels ne sont pas coordonnés - par exemple, ce n’est en général pas quand le soleil brille que l’on souhaite s’éclairer à l’électricité ! Gestion qui d’une part augmente le coût, d’autre part rencontre ses propres limites puisque par exemple les STEP (stations de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pompage-turbinage" hreflang="fr">pompage turbinage</a>) ne se conçoivent guère que dans des sites favorables... qui ne sont pas si nombreux.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="23">23</a> - Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique" hreflang="fr">Taux de Rendement Énergétique</a> est le rapport entre l’énergie produite, et l’énergie nécessaire à cette production. Par exemple, une station de pompage de pétrole permet d’extraire de l’énergie d’un gisement, mais elle en consomme aussi pour réaliser cette extraction. Le TRE a tendance à diminuer avec le temps, parce que les gisements d’énergie fossile les plus faciles à exploiter l’ont été les premiers, laissant des gisements dont le coût énergétique de la production est de plus en plus élevé. Production d’énergie identique, coût de la production plus élevé : le rapport entre bénéfice et coût diminue donc.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="24">24</a> - Si le fait que la quantité de pétrole présente dans le sol est finie n’est en général pas contesté, ses conséquences ne sont pas pensées jusqu’au bout. L’hypothèse non explicite semble être qu’une substitution par d’autres énergies arrivera le moment venu, à une date plutôt lointaine, sans avoir à faire d’effort décidé pour la préparer au-delà de quelques recherches dotées de budgets plutôt faméliques.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="25">25</a> - Les exceptions sont peu nombreuses et ne sont guère écoutées. Voir Gaël Giraud du CNRS : <a href="http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/04/19/gael-giraud-du-cnrs-le-vrai-role-de-lenergie-va-obliger-les-economistes-a-changer-de-dogme/" hreflang="fr">"Le vrai rôle de l’énergie va obliger les économistes à changer de dogme"</a></p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="26">26</a> - La banque centrale américaine a cependant commencé récemment à ré-augmenter son taux directeur et <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/11/18/97002-20161118FILWWW00244-la-fed-appelle-a-relever-rapidement-les-taux-d-interet.php" hreflang="fr">annonce davantage l’année prochaine</a>. Affaire à suivre</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="27">27</a> - Comprendre : vraiment bas, non pas simplement autour de 50 $ le baril comme depuis deux ans. Et encore plus important : qui puisse rester bas longtemps sans chute de la production, ce qui vu la chute brutale des investissements dans les futures productions est tout sauf assuré.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="28">28</a> - L’auteur évoque la situation des Etats-Unis, qui restent importateurs net de pétrole.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="29">29</a> - Rappelons que l’entropie en physique est une caractérisation d’un système complexe qui mesure son état de désordre. Pour l’étude d’un système physique, il ne peut être question de se limiter à prendre en compte son énergie, il faut aussi considérer son entropie. De même, il est assez raisonnable de penser que la mesure du désordre est nécessaire à la compréhension d’un vaste système complexe comme l’économie mondiale.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#" name="30">30</a> - Le système d’endettement ne peut être stable que parce que la grande majorité des acteurs économiques n’ont pas intégré l’idée que "demain sera moins riche qu’aujourd’hui". A partir du moment où cette idée deviendrait l’hypothèse partagée par la majorité, l’évidence serait aussi partagée que la montagne de dettes - publiques comme privées - supportées par l’économie mondiale ne pourra jamais être remboursée, ou même seulement indéfiniment refinancée. La conséquence alors visible de tous comme quoi une partie au moins du système financier mondial s’effondrera, la conscience de jouer dans un jeu de chaises musicales, dont les chaises sont donc de moins en moins nombreuses, précipiterait la fuite vers les sorties, accélérant donc l’effondrement financier.</p>
<p>S’agissant en fin de compte d’<strong>une prise de conscience collective</strong>, le moment de ce qui sera en fait un phénomène psychologique collectif n’est bien entendu pas prévisible. La seule chose qui puisse être dite avec un certain niveau de confiance est que plusieurs seront surpris que ce ne soit pas encore arrivé, et beaucoup seront surpris que cela arrive déjà.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/12/18/Les-limites-physiques-%C3%A0-la-croissance-sont-%C3%A0-notre-porte%2C-mais-nous-ne-les-voyons-pas#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/62Extinction de l'humanité - Une rencontre avec Paul Jorionurn:md5:bb29658349a7d49019c32c32abee901bFriday 20 May 2016Friday 20 May 2016Alexis TouletEntretiensCatastrophismeCrise des ressourcesCrise environnementaleCrise économique et financièreCrises politiques et internationalesEffondrementsFolies financièresPaul JorionRéchauffementVague scélérate<em>Rencontre et débat avec Paul Jorion, anthropologue, autour de son dernier livre "<strong>Le dernier qui s’en va éteint la lumière – Essai sur l’extinction de l’humanité</strong>", à l’occasion d’une session de l’association des anciens de Polytechnique. L’homme fut l’un des rares à avertir à l’avance de la crise de 2008. Aujourd’hui, c’est contre bien pire qu’il veut mettre en garde.</em> <h4>Présentation</h4>
<p>Le groupe X-Sciences de l’Homme et de la Société, intégré à l’AX l’association des anciens de Polytechnique, se donne pour objectif de recevoir des penseurs « hors des sentiers battus » autour du thème général de la Transition de paradigme. Il maintient un blog <a href="http://x-sh.org/" hreflang="fr">X-SH.org</a> et publie les vidéos des rencontres sur <a href="https://www.youtube.com/channel/UCroz9K3JM4UoElOTHaf8S8Q" hreflang="fr">sa chaîne Youtube</a></p>
<p>Paul Jorion, anthropologue, sociologue et chercheur en Intelligence Artificielle, a travaillé 18 ans au cœur du système financier notamment sur les algorithmes de trading automatisés. Ancien élève de Claude Lévi-Strauss et maître de conférence à Cambridge, économiste et essayiste, il présente sans aucun doute une pensée à la fois originale et construite. Célèbre pour avoir averti à l’avance de la crise financière de 2008, il est contributeur régulier au Monde et à d’autres périodiques et anime le blog <a href="http://www.pauljorion.com" hreflang="fr">http://www.pauljorion.com</a>. Il nous parlera en particulier de son dernier livre « Le dernier qui s’en va éteint la lumière – Essai sur l’extinction de l’humanité », publié chez Fayard.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Paul_Jorion_m.jpg" alt="Paul_Jorion.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
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<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Le_dernier_qui_s_en_va_s.jpg" alt="Le_dernier_qui_s_en_va.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<h4>Paul Jorion</h4>
<p>Ce qui a contribué à me donner l’idée d’écrire ce livre, c’est notamment une prise de conscience que j’ai eue en participant à une émission radiophonique en Belgique à tonalité philosophique, où l’animateur s’ingéniait à amener les invités à suggérer qu’à coup sûr « certaines choses nous restent incompréhensibles », dans le sens d’opaques à la raison. La tendance c’était en somme d’amener les auditeurs à une forme de métaphysique. Et comme je me montrais réticent à me laisser diriger de la sorte et qu’il voulait quand même respecter son cahier des charges, comme je parlais d’un galet qui m’avait été offert, il a fini par me taxer de superstition et par faire semblant de croire que j’attribuais quelque puissance magique à ce caillou, plutôt que d’y voir tout simplement le cadeau d’une personne que j’apprécie ! </p>
<p>C’est une métaphysique, un « arrière-monde » comme aurait pu dire Nietzsche, qui est recherchée plutôt que l’aride lucidité, comme un déni et un masque à la réalité. Tout, plutôt que la lucidité ? Mais c’est pourtant de lucidité que nous avons besoin !</p>
<p>Or la lucidité nous amène à constater que notre monde est sous l’impact de trois pertes de contrôle majeures, d’une part environnementale puisque nous utilisons pour notre activité économique 1,6 planète et les conséquences tel réchauffement et autres en découlent, d’autre part notre système économique et financier, enfin la complexité devenue dans bien des domaines trop importante pour que nous puissions la maîtriser. A tout cela se rajoute l’invention de l’ordinateur et la question de l’intelligence artificielle, dont l’actualité se profile de plus en plus. Et l’on pourrait s’attendre à ce que la lucidité nous pousse à l’action.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Combien_de_planetes_m.jpg" alt="Combien_de_planetes.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>De toute façon bien au-delà d’une exploitation raisonnable (source: <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/13/a-partir-de-ce-soir-la-terre-vit-sur-ses-reserves_4722826_3244.html" hreflang="fr">Le Monde</a>)</em></p>
<p>Nous restons pourtant sans agir. De multiples blocages apparaissent, tels ceux qui ont amené les plus puissants acteurs à limiter les velléités de réglementation de la finance apparues à partir de la crise de 2008 à des dispositifs extrêmement insuffisants, et menacent même de remettre ceux-là en cause.</p>
<p>D’où ce livre, avec pour objectif d’étudier « tout ce qui bloque », et jusqu’à une dimension psychanalytique, une réflexion sur la nature de l’être humain. La lucidité est bien l’essentiel, avant 2008 bien d’autres en plus de moi étaient en position d’alerter sur ce qui allait se passer, et pourtant ils ne l’ont pas fait.</p>
<p>Etudier tout ce qui bloque, cela signifie d’abord mettre en lumière les cliquets, c’est-à-dire les mécanismes sans retour, mis en place pour empêcher des changements de politique.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Cliquet.png" alt="Cliquet.png" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Retour en arrière exclu</em></p>
<p>Un exemple parmi d’autres est la distinction spécieuse et orientée entre mesures « techniques » et mesures « politiques » au niveau européen... où il apparaît que ce sont les mesures d’inspiration néolibérale qui sont appelées techniques, et peuvent donc être approuvées par une simple majorité qualifiée. Tandis que des mesures d’inspiration différente seraient appelées politiques, et il faudrait l’unanimité pour les approuver. C’est que ce que l’on appelle « technique » a justement été construit à partir de présupposés néolibéraux, dont le contenu pourtant éminemment politique est donc maintenant pris comme s’il allait de soi, comme s’il n’était pas politique justement. Et il y a bien d’autres exemples.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Sens_unique.jpg" alt="Sens_unique.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>C’est pour raison technique</em></p>
<p>Je propose en définitive dans ce livre un choix, car il est d’abord un appel à l’action, mais cet appel on peut le refuser et pour ce cas la dernière partie du livre appartient au genre ancien des « consolations » – pensez à Malherbe et la consolation à M. Du Périer « Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin » – c’est-à-dire un discours destiné à aider un travail de deuil. Ici, il s’agit du deuil de l’espèce humaine.</p>
<p>Les causes de la possible extinction de l’espèce, je ne les détaille pas dans ce livre. On peut se rapporter tout simplement à ce que disent les scientifiques, notamment au sujet du réchauffement climatique qui serait dangereux à partir de 2°C, et nous nous dirigeons vers bien davantage. Les conséquences sont multiples, et on en voit certains prodromes déjà. Les réfugiés qui viennent en Europe, ce sont pour une part des réfugiés de guerre oui, mais pas seulement, le réchauffement aussi commence déjà à pousser des gens vers l’exil. Et le réchauffement n’est encore pas la seule conséquence de notre comportement.</p>
<p>Les retours que je reçois, eh bien beaucoup de gens me disent en tirer du courage, ce qui peut surprendre car ce livre pourrait désespérer. Et il y a un autre retour dont je veux parler.</p>
<p>Mon éditeur m’a appris, non seulement que des éditeurs chinois voulaient acheter les droits à traduction de mon livre, mais encore qu’il y avait eu concurrence entre eux et que le montant proposé était sans précédent – quarante fois ce qu’il est d’usage de proposer dans ce cas. Il y a donc une réceptivité particulière en Chine au discours que je porte.</p>
<p>Essayant de la comprendre, je la mets en relation avec une attitude chinoise qui transparaît dans la formule de Deng Xiao Ping sur le passage au capitalisme « traverser la rivière en tâtant une pierre à la fois » : c’est une attitude d’expérimentation pragmatique, bien ancrée dans la civilisation chinoise traditionnelle qui obtint des résultats impressionnants dans la technologie – gouvernail d’étambot, papier, poudre... – mais se désintéressait relativement de la théorie, contrairement aux Grecs de l’antiquité dont nous avons hérité, raison pour laquelle elle n’a pas développé de science appliquée.</p>
<p>Il faut aussi noter la tentative menée par le président chinois Xi Jinping depuis en gros 2014 de réintroduire des éléments de taoïsme et de confucianisme. C’est une réaction semble-t-il à l’augmentation de la corruption. Bien sûr, ce système est aussi autoritaire et peut être brutal, il ne faut pas le perdre de vue.</p>
<p>Ce qui est intéressant, c’est que l’expérimentation pragmatique suppose une certaine audace, mais sous-tendue par la capacité à revenir en arrière si le besoin s’en fait sentir. Pas de cliquet ici, pas de blocage unidirectionnel, on est prêt éventuellement à se remettre en question.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Traverse_la_riviere_m.jpg" alt="Traverse_la_riviere.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Une pierre à la fois, et sois adaptable</em></p>
<p>Pendant ce temps, en Occident, il faut constater que les questions qui occupent la scène publique sont par comparaison futiles, ou au mieux assez secondaires. On peut parler de la loi Travail en France oui, mais on ne parle pas de l’évaluation comme quoi 30 à 40% des emplois pourraient disparaître d’ici à quinze ans du fait de l’automatisation – et il s’agirait alors plutôt des services, on parle d’automatisation des tâches cognitives davantage que de robots à proprement parler.</p>
<p>Prouver l’existence du risque d’extinction, encore une fois je renvoie aux scientifiques. Je parle dans le livre de deux à trois générations – cependant cela pourrait aussi être plus rapide. Le réchauffement devient de plus en plus évident, et pourtant les accords ne sont pas respectés – Kyoto dont la référence est 1990, et pourtant les émissions de CO2 ont augmenté de 60% depuis, la COP21 l’année dernière et l’on essaie de faire des produits dérivés sur la taxe carbone, c’est-à-dire en réalité à ne sauver notre monde que s’il est possible que ça rapporte !</p>
<h4>Débat avec le public</h4>
<p><ins>Question</ins> – Votre livre m’a fait penser à « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » écrit par Yuval Noah Harari qui propose aussi un panorama général de l’être humain. Qu’en pensez-vous ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – Je ne crois pas qu’il y ait contradiction, mais davantage complémentarité entre ces deux regards. La différence d’approche peut-être la plus importante est que j’essaie de faire un pas en arrière supplémentaire et de voir les choses de plus loin, afin de regarder d’un oeil neuf ce qui « va de soi », ce dont on ne parle pas au sujet de notre espèce car cela paraît trop évident.</p>
<p>Un auteur de science-fiction par exemple peut nous décrire des espèces extra-terrestres à la psyché fondamentalement différente, et c’est en fait pour nous donner à repenser et à voir comme de l’extérieur notre psyché à nous. C’est un peu ce regard extérieur que j’ai tenté d’obtenir.</p>
<p><ins>Question</ins> – Voyez-vous émerger de nouvelles formes d’action ? D’autre part, quel rôle attribuez-vous à la connaissance – je pense à la propagande climatosceptique dont l’impact médiatique a été important et dont il reste probablement des traces</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – Deux directions seraient intéressantes. Non seulement les mouvements citoyens visant à répandre de nouveaux comportements individuels et une notion de frugalité – je pense que se limiter à cela serait très insuffisant – mais encore le niveau où les décisions sont prises, étatique et bien au-delà.</p>
<p>Pensez par exemple aux règles comptables, on néglige le plus souvent leur impact politique, il est pourtant profond. Pour commencer, le fait de désigner les salaires comme un coût, et les dividendes comme des bénéfices, plutôt que de voir les uns et les autres comme les parts respectives des salariés et des actionnaires, mène à chercher systématiquement à réduire les premiers – question d’efficacité, vous voyez ! – tandis que les seconds il faut les maximiser ils deviennent l’objectif en soi. Et pourtant parler des salaires comme coût et des dividendes comme bénéfices... n’est qu’une convention.</p>
<p>Ce genre de convention est produit par des organismes comme la FASB pour les Etats-Unis, l’IASB pour le reste du monde. Voilà un exemple d’endroit où les décisions sont prises, où il faudrait agir.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/IASB.jpg" alt="IASB.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>The International Accounting Standards Board - pour vivre heureux, vivons cachés</em></p>
<p><ins>Question</ins> – Le risque d’extinction découle-t-il seulement du phénomène du réchauffement ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – La complexité est encore une question essentielle. Elle a des dimensions multiples.</p>
<p>A Fukushima par exemple, ce sont des modèles différents qui décrivaient la résistance mécanique du réacteur respectivement à un séisme et à un tsunami. Les deux n’ont pas été mis en rapport, le cas d’occurrence conjointe d’un tremblement de terre provoquant un tsunami a été négligé, et les conséquences ont suivi.</p>
<p>Pensez encore à la dépendance de toute ville moderne envers l’électricité, y compris même pour la distribution d’eau. La fin de l’approvisionnement électrique signifierait le besoin pour la population urbaine d’émigrer à la recherche d’eau.</p>
<p>D’une manière générale, ils sont nombreux les domaines où l’humain a perdu le contrôle, ainsi que les points de fragilité du système. Voyez les « flash crash », les krachs éclair en Bourse, en quelques secondes, sans intervention humaine, causés par des logiciels de trading automatique. </p>
<p><ins>Question</ins> – N’y a t il pas un risque de cercle vicieux, dans le sens où l’homme étant déclaré incapable de faire face à de tels problèmes, la décision humaine serait remplacée de plus en plus par une intelligence artificielle – menant à perte de contrôle encore aggravée ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – Les travaux en intelligence artificielle mettent souvent en jeu des réseaux de neurones simulés par ordinateur, et ces réseaux obtiennent des résultats. Voir AlphaGo de DeepMind, premier logiciel à battre un champion de go en 2015, quand l’année précédente on prédisait qu’il faudrait une décennie avant d’y parvenir.</p>
<p>Qu’il s’agisse des discussions sur des « munitions autonomes », comprendre des drones qui prendraient d’eux-mêmes l’initiative de faire feu – et demain décideraient tout seuls qui doit être préventivement éliminé pour terrorisme, peut-être ? – ou des liens intenses de la recherche en I.A. avec les armées, il y a plus d’une raison de s’inquiéter des perspectives de l’intelligence artificielle.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Qinetiq-Maars_m.jpg" alt="Qinetiq-Maars.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>MAARS de Qinetiq - Il est là pour vous protéger</em></p>
<p><ins>Question</ins> – Que pensez-vous du Transhumanisme ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – L’immortalité ou du moins une espérance de vie de mille ans donnerait-elle plus de responsabilité à notre espèce qui serait obligée de prendre en compte le long terme ? Ou serait-elle indifférente à l’environnement car adaptable à peu près à tout ?</p>
<p>Je soupçonne que la question restera académique. Les biologistes expriment des doutes sérieux, il semble y avoir une limite « dure » à la durée de vie humaine, le corps humain est un tout qui n’est pas fait pour durer indéfiniment et qui ne se modifie pas aussi facilement que cela.</p>
<p>Je crois bien davantage aux robots qu’aux cyborgs.</p>
<p><ins>Question</ins> – Peut-on parler du remplacement des emplois comme d’un risque existentiel ? Et la finance, est-elle un risque existentiel ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – La question du machinisme était déjà posée par Ludd au XIXème siècle – qui y répondait en cassant les machines. La meilleure réponse est de chercher à partager le bénéfice de l’installation de la machine, afin que le travailleur qu’elle a mené à licencier en ait sa part. Un mécanisme de taxe sur la machinisation serait intéressant.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/Luddite.jpg" alt="Luddite.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Il y a de meilleures solutions...</em></p>
<p>La finance peut poser un risque existentiel indirect si une crise amène à la disparition de toute possibilité de paiement, parce que les banques ne se prêtent plus ou disparaissent. L’impossibilité de se procurer le nécessaire finit par menacer la vie.</p>
<p><ins>Question</ins> – Comment êtes-vous passé de l’anthropologie au monde de la finance ?</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – J’ai été invité à travailler dans la finance suite à mon activité dans le domaine de l’intelligence artificielle, non en tant qu’anthropologue – c’était aux débuts des algorithmes de trading boursier. Il y avait là un intérêt propre, mais encore je l’ai compris un intérêt proprement anthropologique. La méthode des anthropologues est en effet l’observation participative, et elle ne peut fonctionner pour un milieu qui se ferme de lui-même à l’observation – comme le milieu financier le plus souvent. C’était donc encore une occasion rare d’appliquer l’anthropologie là où elle ne peut l’être en général !</p>
<p><ins>Question</ins> – Deux questions provocatrices : un effondrement économique n’aurait-il pas de bons côtés, d’une part en forçant à chercher des solutions, d’autre part en forçant à laisser dans le sol une grande partie des énergies fossiles devenues trop complexes à exploiter ? D’autre part, les tendances nationalistes et populistes n’auraient-elles pas aussi des avantages, en forçant à ramener les échelons de décision à des niveaux où ils sont contrôlables par une démocratie nationale classique ainsi qu’en permettant à l’humanité plusieurs expériences indépendantes, d’où amélioration des chances de produire des systèmes viables ? Ceci indépendamment des inconvénients indéniables par ailleurs.</p>
<p><ins>Paul Jorion</ins> – Certaines espèces animales font varier leur densité en fonction du stress perçu, elles l’adaptent ainsi à la « capacité de charge » de leur environnement. On a pu aussi considérer que la guerre de 1914 était en quelque sorte nécessaire et qu’elle a permis d’éliminer des jeunes hommes qui étaient « en trop ». On pourrait donc envisager un rôle de la pression économique pour adapter la densité des humains. Il est possible de se rapporter par exemple aux travaux de Chayanov, sociologue de la ferme russe au début du XXème siècle.</p>
<p>Cependant, l’espèce humaine est une espèce colonisatrice, comme les rongeurs. En cas de pression trop forte, la réaction est d’aller plus loin et de coloniser ailleurs. Mais la colonisation spatiale est une voie bloquée dans l’état actuel de la technique.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Interstellar_m.jpg" alt="Interstellar.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>"Interstellar" n’était qu’un film. Nous n’avons pas de planète de rechange</em></p>
<p>Nous n’avons donc pas d’alternative, nous devons tirer des conclusions de nos réflexions commencées dès l’Antiquité sur l’éthique, et agir dans ce sens. Nous entretuer ne serait pas une solution.</p>
<p>L’étude concrète, sociologique, des méthodes de fixation des prix mène à une image bien différente des théories comme quoi le prix est le simple résultat de la rencontre de l’offre et de la demande. En réalité, par des négociations et des concessions réciproques, les différents acteurs d’un système économique cherchent à maintenir dans la durée leurs relations, à s’assurer que tout le monde « puisse vivre » afin que l’activité puisse continuer. C’est ce tissu de bonnes volontés réciproques qui fait marcher la société, c’est ce genre de choses qui peut servir de base à des solutions.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2016/05/20/Extinction-de-l-humanit%C3%A9-Une-rencontre-avec-Paul-Jorion#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/47Nous n'y pouvons rien faire...urn:md5:0c53e793b236d65edc1679eaad480a57Tuesday 18 February 2014Tuesday 18 February 2014Alexis TouletEntretiensCatastrophismeClimatCrise des ressourcesCrise environnementaleCroissanceDennis MeadowsEffondrementsEnvironnementPic pétrolierPic énergies fossilesVague scélérate<em>Dennis Meadows est l’un des auteurs de l’étude visionnaire sur "Les limites à la croissance” qui dès 1972 alertait sur le risque d’une crise d’effondrement dans la première moitié du 21ème siècle provoquée par l’épuisement des ressources de la planète.</em><div><em><br /></em></div><div><em>Voici en exclusivité pour Nœud Gordien la version française de l’interview qu’il accorda à l’occasion des quarante ans de l’étude originelle de 1972.</em></div><div><em><br /></em></div><div><em>Le message du septuagénaire n’est pas plus optimiste maintenant qu’à l’époque, et il n’est pas destiné aux petites natures.</em></div> <p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Dennis_Meadows_m.jpg" alt="Dennis Meadows" title="Dennis Meadows" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p>Dennis Meadows est l’un des auteurs du fameux livre de 1972 "<strong><em>Les limites à la croissance dans un monde fini</em></strong>". Partant de l’idée de bon sens que la croissance indéfinie est impossible dans un monde fini, les auteurs, un groupe de scientifiques du M.I.T. américain, utilisaient une modélisation des interactions entre ressources, technologie, pollution et population au niveau du monde entier pour tenter de caractériser des "<em>avenirs possibles</em>" du système économique, de la population humaine et de la planète. Leurs résultats les amenèrent à alerter sur le risque qu’en continuant un développement économique sans limite, l’humanité risquait d’épuiser les ressources de la planète et même de dépasser la capacité de la nature à se renouveler elle-même.</p>
<p>L’étude de 1972 a décrit plusieurs scénarios d’évolution possible de l’économie, de la population et des ressources mondiales, chaque scénario correspondant à des choix différents que l’humanité pouvait collectivement faire à partir de 1972. Leur scénario "<em>On continue comme avant</em>", qui correspond grosso modo à ce qui s’est passé par la suite, prédisait que <strong><em>l’approche des limites de la planète commencerait à exercer un fort impact sur la croissance à partir des environs de l’année 2010, impact qui irait ensuite croissant, finissant par déboucher d’ici 2050 au plus tard sur un effondrement</em></strong>, c’est-à-dire une baisse précipitée du niveau de vie et peut-être de la population mondiale, dans une situation d’épuisement des ressources et de l’environnement naturel.</p>
<p>Il est certes permis de mettre en rapport cette alerte précoce avec l’augmentation d’un facteur 2,5 du prix du pétrole depuis 2005, la tendance au plafonnement de la production de carburants liquides, les tensions alimentaires qui se manifestent depuis 2007 ainsi qu’avec la crise financière initiée en 2008 et toujours en cours.</p>
<p><strong><em>Voici en exclusivité pour Nœud Gordien la version française d’une récente interview de Dennis Meadows</em></strong>, accordée au magazine autrichien Format à l’occasion des quarante ans de l’étude originelle de 1972.</p>
<p>Le discours de Meadows est d’un pessimisme frappant. Il est tentant – et il serait rassurant – de le rejeter d’emblée comme extrémiste. Attention cependant, car Dennis Meadows est tout sauf un excité apocalyptique ! Avoir été à l’origine de l’étude visionnaire des "<em>Limites à la croissance</em>" dès 1972 lui confère une très forte crédibilité. Il mérite d’être écouté, que son regard sur les prochaines décennies soit trop sombre ou qu’il soit justifié, et les questions qu’il pose sont quoi qu’il en soit judicieuses, bien que fort dérangeantes.</p>
<p>La version originale de l’interview est <a href="http://www.format.at/articles/1222/525/329547/da" title="L'interview originale en allemand">disponible en allemand sur le site de Format</a>.</p>
<p>Une version anglaise est également <a href="http://damnthematrix.wordpress.com/2013/03/31/there-is-nothing-we-can-do-meadows" title="Version anglaise">disponible sur le site Damn the Matrix</a>.</p>
<p>« </p>
<p>FORMAT interviewe Dennis Meadows, l’un des auteurs de l’étude sur "<em>Les limites à la croissance</em>” il y a quarante ans. Les chercheurs américains y démontraient par un ensemble de modélisations, non la date précise d’une crise d’effondrement, mais le fait qu’au milieu de ce siècle, les ressources de la planète Terre seront épuisées.</p>
<p>Ce livre s’est vendu à 30 millions d’exemplaires et Meadows est aujourd’hui le plus connu au monde des "<em>prophètes du crépuscule</em>". Rainer Himmelfreundpointner de Format a rencontré Meadows lors d’une visite à Vienne pour une interview exclusive. Le message du septuagénaire n’est pas plus optimiste maintenant qu’à l’époque, et il n’est pas destiné aux petites natures.</p>
<p>Dennis Meadows, 70 ans, a ébranlé la croyance en un progrès durable avec son étude, commandée par le Club de Rome, "<em>Les limites à la croissance</em>" il y a 40 ans. Economiste, il a été directeur du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), conférencier et il a enseigné au Dartmouth College et à l’Université du New Hampshire, où il a toujours un cours.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: M. Meadows, selon le Club de Rome, nous faisons face aujourd’hui à une crise du chômage, une crise alimentaire, une crise économique et financière mondiale et une crise écologique mondiale. Chacune d’elles est un signal nous avertissant que quelque chose ne va vraiment pas. Quoi au juste ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Ce que nous voulions dire en 1972 dans "<em>Les limites à la croissance</em>" <strong>(1)</strong>, et qui est toujours vrai, c’est qu’une croissance physique sans fin sur une planète finie est tout simplement impossible. Passé un certain point, la croissance s’arrête. Soit c’est nous qui l’arrêtons… en changeant notre comportement, ou bien c’est la planète qui l’arrêtera. 40 ans plus tard, nous sommes désolés d’avoir à le dire, mais nous n’avons pratiquement rien fait <strong>(2)</strong></p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Dans vos 13 scénarios, la fin de la croissance physique – croissance de la population mondiale, de la production de nourriture, ou de quoi que ce soit d’autre qui se produise ou qui se consomme – commence entre 2010 et 2050 <strong>(3)</strong>. La crise financière est-elle une partie de tout cela ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Vous ne pouvez pas faire ce genre de comparaison avec notre situation actuelle. Imaginez que vous avez le cancer, et que ce cancer cause de la fièvre, des maux de tête et d’autres douleurs. Ce ne sont pas ces maux qui sont le véritable problème, mais le cancer. Pourtant, ce sont les symptômes que nous essayons de traiter. Personne ne peut croire que le cancer est en train d’être vaincu. Des phénomènes comme le changement climatique et la sous-alimentation ne sont que les symptômes d’une maladie de notre Terre, qui mène inévitablement à la fin de la croissance.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Le cancer comme métaphore de la croissance incontrôlée ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Oui. Les cellules saines s’arrêtent de croître à un moment donné. Ce sont les cellules cancéreuses qui croissent jusqu’à tuer l’organisme. La croissance de la population ou la croissance économique, c’est la même chose. Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : réduction du taux de natalité ou accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ?</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Personne ne veut avoir à décider.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Moi non plus. De toutes façons, nous avons perdu la possibilité de choisir. C’est notre planète qui s’en chargera.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Comment ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Continuons à parler du régime alimentaire. Faites le calcul, prenez la nourriture par personne depuis les années 90. La production de nourriture augmente, mais la population croît plus rapidement. Et derrière chaque calorie de nourriture qui arrive dans les assiettes, dix calories de carburants fossiles ou de pétrole sont utilisés pour la production, le transport, le stockage, la préparation et le traitement des déchets. Plus les réserves de pétrole et de carburants fossiles vont diminuer, plus le prix de la nourriture augmentera.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Ce n’est donc pas un simple problème de distribution ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Bien sûr que non. Si nous partagions équitablement, personne n’aurait faim. Mais le fait est qu’il faut des carburants fossiles comme le pétrole, le gaz ou le charbon pour produire de la nourriture. Et ces ressources diminuent. Que les nouvelles réserves de pétrole et gaz de schiste soient exploitées ou non, le pic du pétrole <strong>(4)</strong> et le pic du gaz <strong>(5)</strong> sont dépassés. Cela signifie une pression énorme sur le système tout entier.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Suivant vos modèles la population sera en 2050 aux alentours de 9,5 milliards de personnes, même avec une stagnation de la production de nourriture pour les 30 ou 40 ans à venir.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Et cela signifie qu’il y aura beaucoup de gens très pauvres. Beaucoup plus que la moitié de l’humanité. Aujourd’hui il y a une grande partie de l’humanité qui n’est pas nourrie correctement. Toutes les ressources que nous connaissons sont sur le déclin. On ne peut que deviner où tout cela nous mènera. Il y a trop de "<em><strong>si</strong></em>" pour l’avenir : si nous sommes plus intelligents, si il n’y a pas de guerre, si nous faisons une percée technologique. Nous en sommes déjà à ce point où nous ne savons plus faire face à nos problèmes, comment le ferions-nous dans 50 ans quand ils seront plus grands ?</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: C’est notre manière de faire fonctionner notre économie qu’il faut blâmer ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: A propos de notre système économique et financier, il y a quelque chose d’important que l’on oublie. C’est un outil que nous avons développé et qui reflète donc nos objectifs et nos valeurs. Or les gens ne se soucient pas de l’avenir, mais seulement de leurs problèmes actuels. C’est bien la raison pour laquelle nous avons une crise de la dette si grave. La dette, c’est l’opposé du souci de l’avenir. Quiconque s’endette dit : je ne m’occupe pas de ce qui arrivera. Et quand pour beaucoup de gens l’avenir ne compte pas, ils créeront un système économique et financier qui détruit l’avenir. Vous pouvez trifouiller ce système autant que vous voulez. Du moment que vous ne changez pas les valeurs dans la tête des gens, ça continuera. Si vous donnez à quelqu’un un marteau et qu’il l’utilise pour tuer son voisin, il ne sert à rien de remplacer le marteau. Même si vous le lui enleviez il resterait un tueur potentiel.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Les systèmes qui organisent la manière de coexister des gens, ça va et ça vient, ça peut changer.</p>
<p><strong>Meadows </strong>: Mais l’homme reste le même. Aux Etats-Unis, nous avons un système dans lequel il est acceptable que quelques-uns soient immensément riches et beaucoup soient fichtrement pauvres, et même qu’ils soient mal nourris. Si nous continuons à trouver cela acceptable, changer le système n’aidera pas. On en reviendra toujours aux mêmes valeurs dominantes. Ces valeurs ont beaucoup de conséquences sur le changement climatique. Et qui s’en soucie ?</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: L’Europe?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: La Chine, la Suède, l’Allemagne, la Russie, les Etats-Unis et tous les autres ont des systèmes sociaux différents, mais dans chaque pays les émissions de CO2 augmentent, parce que les gens en réalité ne s’en inquiètent pas vraiment <strong>(6)</strong>. 2011 était le record. L’année dernière <strong>(7)</strong> il y a eu plus de dioxyde de carbone produit qu’à aucun autre moment de l’histoire auparavant. En dépit du fait que tous veulent que ça décroisse.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Qu’est-ce qui ne marche pas ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Oublions les détails. La formule de base pour la pollution en CO2 se compose de quatre éléments. Premièrement le nombre de gens sur Terre. Multipliez par le capital par personne, donc combien de voitures, de maisons et de vaches par personne, on arrive au niveau de vie mondial. Ceci à son tour multiplié par un facteur d’utilisation d’énergie par unité de capital, c’est-à-dire combien d’énergie il faut pour produire des voitures, construire des maisons ou pour nourrir les vaches. Et finalement, multipliez cela par la fraction de cette énergie qui vient de sources fossiles.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: A peu près 80 à 90 pour cent.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: A peu près. Si vous voulez que les émissions de CO2 déclinent, le résultat d’ensemble de cette multiplication doit décliner. Mais que faisons-nous ? Nous essayons de réduire la part d’énergie fossile en utilisant davantage de sources alternatives telles l’éolien et le solaire. Puis nous travaillons à rendre notre utilisation de l’énergie plus efficace, à isoler les maisons, à optimiser les moteurs et tout çà. Nous ne travaillons que sur les aspects techniques, mais nous négligeons complètement le facteur population et nous croyons que notre niveau de vie s’améliore, ou du moins reste le même. Nous ignorons la population et les éléments sociaux dans l’équation, et nous nous concentrons totalement sur la seule résolution du problème du point de vue technique. C’est la raison pour laquelle nous échouerons, parce que la croissance de la population et du niveau de vie sont beaucoup plus grandes que ce que nous économisons <strong>(8)</strong> par l’efficacité énergétique et l’énergie alternative. Donc les émissions de CO2 vont continuer à augmenter. Il n’y a pas de solution au problème du changement climatique aussi longtemps que nous ne nous attaquons pas aux facteurs sociaux qui comptent.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Vous voulez dire que la Terre va prendre les choses en main ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Les désastres sont le moyen de la planète pour résoudre tous les problèmes. Du fait du changement climatique, le niveau des mers s’élèvera parce que les calottes glaciaires fondent. Des espèces nuisibles se répandront dans les zones où elles ne rencontrent pas suffisamment d’ennemis naturels. L’augmentation de la température mène à des vents et tempêtes massives, qui à leur tour affectent les précipitations. Donc, davantage d’inondations et davantage de sécheresses.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Par exemple ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: La terre qui aujourd’hui fait pousser 60 pour cent du blé de la Chine deviendra trop sèche pour l’agriculture. En même temps il continuera à pleuvoir, mais ce sera en Sibérie, et le pays deviendra plus fertile là-bas. Il y aura donc une migration massive depuis la Chine vers la Sibérie. Combien de fois ai-je dit cela dans mes conférences en Russie. Les plus vieux étaient inquiets. Mais la jeune élite a seulement dit : "<em>Qu’est-ce que ça peut me faire ? Je veux juste être riche</em>".</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Que faire ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Si seulement je le savais. Nous arrivons à une époque qui nécessite des changements drastiques dans à peu près tous les domaines. Malheureusement on ne peut changer rapidement notre société ni notre système de gouvernement. De toutes façons, le système actuel ne fonctionne pas. Il n’a pas arrêté le changement climatique, ni empêché la crise financière. Les gouvernements tentent de résoudre leurs problèmes en imprimant de l’argent, ce qui entraînera presque certainement quelques années d’inflation très élevée. C’est une phase très dangereuse. Je sais seulement qu’une personne qui vit dans une époque incertaine a le choix entre la liberté et l’ordre, et qu’elle choisit l’ordre. L’ordre n’est pas nécessairement adéquat, ni juste, mais la vie est raisonnablement assurée, et les trains circulent à l’heure.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Craignez-vous la fin de la démocratie ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Je vois deux tendances. D’un côté, la dissociation d’Etats en unités plus petites, comme des régions telle la Catalogne, et de l’autre une superpuissance forte et centralisée. Pas un Etat, mais une combinaison fasciste d’industrie, de police et d’armée. Peut-être y aura-t-il même les deux à l’avenir. La démocratie est en vérité une expérience sociopolitique très récente. Et elle n’existe pas véritablement actuellement. Elle n’a produit que des crises qu’elle ne sait pas résoudre. La démocratie n’apporte en ce moment rien à notre survie. Le système s’effondrera de l’intérieur, non pas à cause d’un ennemi externe.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Vous parlez de la « <em>tragédie des communs</em> » <strong>(9)</strong></p>
<p><strong>Meadows</strong>: C’est le problème fondamental. Si dans un village tout le monde fait brouter ses vaches sur le pré luxuriant – qu’en Angleterre on appelait «<em> les communs </em>» – le bénéfice de court terme va en premier lieu à ceux qui choisissent d’avoir davantage de vaches. Mais si cela continue trop longtemps, toute l’herbe meurt, et toutes les vaches.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Donc il faut un accord sur la meilleure manière d’utiliser le pré. La démocratie dans ses meilleurs jours peut y parvenir.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Peut-être. Mais si le système démocratique ne peut résoudre ce problème au niveau mondial, il essaiera probablement une dictature. Après tout, il s’agit de problèmes comme le contrôle de la population mondiale. Nous sommes maintenant depuis 300 000 ans sur cette planète et nous avons gouverné de bien des manières différentes. La plus réussie et la plus efficace a été la tribu ou le clan <strong>(10)</strong>, non les dictatures et les démocraties.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Est-ce qu’une percée technologique pourrait sauver la Terre ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Oui. Mais les technologies ont besoin de lois, de ventes, de formation, de gens qui travaillent avec – je vous reporte à ce que je disais juste avant. De plus, la technologie n’est qu’un outil, comme un marteau, ou un système financier néolibéral. Tant que nos valeurs sont ce qu’elles sont, nous essaierons de développer des technologies qui répondent à ces valeurs.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Le monde entier voit actuellement son salut dans une technologie verte durable.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: C’est un fantasme. Même si nous arrivons à augmenter drastiquement le rendement de l’utilisation de l’énergie, à utiliser beaucoup plus les énergies renouvelables, et si nous faisons des sacrifices douloureux pour limiter notre consommation, nous n’avons pratiquement aucune chance de prolonger la vie du système actuel. La production de pétrole sera réduite de moitié environ dans les 20 prochaines années <strong>(11)</strong>, même compte tenu de l’exploitation du pétrole de schiste. Tout va simplement trop vite. De plus, le pétrole permet bien davantage de choses que l’énergie alternative. Et on ne peut faire fonctionner aucun avion avec des éoliennes. Le directeur de la Banque Mondiale – qui juste auparavant était responsable pour l’industrie mondiale du transport aérien – m’a expliqué que le problème du pic pétrolier n’est pas discuté dans son institution, c’est tout simplement tabou. De toutes façons quiconque essaie est viré ou muté<strong>.</strong> Après tout, le pic pétrolier détruit la croyance en la croissance. Il faudrait tout changer.</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Dans les dépenses des compagnies aériennes la part des combustibles fossiles est très élevée.</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Exactement. Et c’est pourquoi l’ère du transport aérien de masse bon marché se terminera bientôt. Cela ne sera accessible que pour les grands empires ou pays. Si vous avez beaucoup d’argent vous pourrez peut-être vous protéger de la pénurie d’énergie et de nourriture. Mais vous ne pourrez pas vous cacher du changement climatique, qui affecte à la fois les pauvres et les riches</p>
<p><strong>FORMAT</strong>: Avez-vous des solutions à ces méga malheurs ?</p>
<p><strong>Meadows</strong>: Il faudrait changer la nature de l’homme. Nous sommes aujourd’hui programmés de la même manière que nous l’étions il y a 10 000 ans. Si l’un de nos ancêtres était attaqué par un tigre, lui aussi ne se souciait pas de l’avenir, mais de sa survie immédiate. Mon inquiétude est que pour des raisons génétiques nous ne soyons tout simplement pas capables de maîtriser des choses comme le changement climatique de long terme <strong>(12)</strong> Tant que nous n’apprenons pas à faire cela, il n’y a pas de moyen de résoudre tous ces problèmes. Nous n’y pouvons rien faire. Les gens disent toujours: "<em>Nous devons sauver la planète</em>". Non. La planète va se sauver toute seule. Elle l’a toujours fait. Parfois il y a fallu des millions d’années, mais c’est arrivé. <strong><em>Nous ne devrions pas nous inquiéter de la planète, mais de l’espèce humaine.</em></strong></p>
<p> »</p>
<br />
<p>(1) : "<em>Les limites à la croissance</em>" a été republié en 2004 dans une version mise à jour. Le livre est disponible en français, dans toutes les bonnes librairies.</p>
<p>(2) : L’exemple le plus net d’action commune de niveau mondial couronnée de succès pour changer un comportement dommageable pour l’environnement est l’interdiction des CFC (chlorofluorocarbones), qui a abouti à stopper la dégradation de la couche d’ozone et à laisser les processus naturels la reconstituer. Cet exemple – que Dennis Meadows cite d’ailleurs dans la mise à jour de l’étude en 2004 – mis à part, force est de lui donner raison.</p>
<p>(3) : Des études récentes, telles celle de <a href="http://www.esf.edu/efb/hall/2009-05Hall0327.pdf">Charles A. S. Hall et John W. Day (2009)</a> et celle de <a href="http://www.ingentaconnect.com/content/oekom/gaia/2012/00000021/00000002/art00010?crawler=true">Graham M. Turner (2012)</a> indiquent que l’économie mondiale suit en effet une trajectoire assez similaire à celle que prédisait le modèle initial des "Limites à la croissance" en 1972.</p>
<p>(4) : La production de pétrole brut a en effet à ce jour été maximale en 2006 et il est tout-à-fait possible que cette année demeurera celle de la production la plus élevée. Le total de production de tous les carburants liquides a continué d’augmenter depuis cette date à rythme lent, mais seulement grâce aux apports du gaz naturel liquéfié, des biocarburants et du pétrole de schiste, ce qui ne saurait continuer bien longtemps ces ressources supplémentaires ayant chacune des limites assez étroites.</p>
<p>(5) : La production de gaz continue d’être en augmentation, même lente. Il est possible que Dennis Meadows anticipe quelque peu sur ce point.</p>
<p>(6) : Les émissions de gaz carbonique (CO2) ont en effet continué imperturbablement d’augmenter, quelles que soient les grandes intentions affichées par les uns ou par les autres.</p>
<p>(7) : Il s’agit de l’année 2011. Cependant, l’année 2012 a vu des émissions encore plus élevées, et 2013 a battu le record établi en 2012.</p>
<p>(8) : Dennis Meadows fait probablement ici référence au <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_Jevons">paradoxe de Jevons</a>, qui a pour conséquence qu’une augmentation de l’efficacité énergétique peut paradoxalement résulter en une augmentation de la consommation totale d’énergie.</p>
<p>(9) : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Trag%C3%A9die_des_biens_communs">Un classique de l’étude économique</a> : en l’absence d’accord mutuel régulant l’utilisation d’une ressource commune limitée, les personnes les plus dépensières utiliseront sans limite cette ressource, jusqu’à l’épuiser ou la dégrader complètement.</p>
<p>(10) : La plus réussie en terme de simple durée : tribus et clans existent depuis des dizaines de milliers d’années, les nations, cités, royaumes et empires seulement depuis des millénaires. Quant aux autres critères de succès, nous nous garderons de suivre Meadows sur ce point.</p>
<p>(11) : Sur le sujet du pic pétrolier, il est utile de consulter <a href="http://petrole.blog.lemonde.fr/peak-oil-le-dossier/">le dossier réuni par Matthieu Auzanneau du blog "Oil Man"</a></p>
<p>(12) : Ni le respect des limites de la nature, ni la planification de très long terme ne sont hors d’atteinte de l’humanité. A preuve la gestion prudente de leurs ressources par la plupart des communautés paysannes traditionnelles. A preuve <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%AAt_de_Tron%C3%A7ais#Histoire">la forêt de Tronçais</a> plantée au XVIIème siècle sur ordre de Colbert qui s’inquiétait de ce que l’épuisement des forêts priverait la Marine du Roy de bois pour ses bâtiments vers l’année 1900, soit plus de deux siècles plus tard !</p>
<p>La question posée par Dennis Meadows est cependant troublante et difficile car pour gérer prudemment les ressources et l’environnement naturel mondial sur le long terme, c’est à l’échelle de l’humanité qu’il serait nécessaire d’agir, non à celle d’un groupe de villages ou d’une seule nation. Or la coopération internationale a été pratiquement toujours défaillante sur le sujet, et ceci depuis des décennies.</p>
<br />
<p><strong><em>Traduit et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur. Les notes sont de Nœud Gordien. Toute erreur dans la traduction serait de la seule responsabilité de Nœud Gordien.</em></strong></p>
<p><strong><em>Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Noeud Gordien est un site d’analyses et d’investigations sur la Crise. Article écrit par Alexis TOULET. Merci de visiter notre site</em></strong></p>
<p><strong><em><br /></em></strong></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2014/02/18/Nous-n-y-pouvons-rien-faire...#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/30Réchauffement climatique : ce qui est sûr, ce qui ne l'est pas, les questions ouvertesurn:md5:959dc50b61148e5a3556a87299bb092cMonday 30 September 2013Monday 30 September 2013Alexis TouletEssaisCatastrophismeClimatCrise environnementaleEnvironnementPic pétrolierPic énergies fossilesRéchauffement<em>Changement climatique, climato-scepticisme, climato-catastrophisme…
<br />
L’essentiel, à grandes lignes : ce qu’on sait, ce qu’on soupçonne, ce qui n’est pas clarifié, les questions. Et deux scénarios...</em> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Le 5<sup>ème</sup> rapport du GIEC, l’organisme
international chargé de rassembler et de synthétiser l’état de la recherche sur
le changement climatique, a été publié le 27 septembre 2013 dans ses bases
scientifiques. Voici une <a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ONERC_SPM_V3.pdf" title="Rapport du GIEC édition V - les bases scientifiques">première traduction –non officielle– en français</a> sur le site gouvernemental dédié au
développement durable.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">A cette occasion, les climato-sceptiques relancent
la polémique sur les conclusions du GIEC, qu’ils mettent en doute. Qu’est-ce qu’être
climato-sceptique ? C’est remettre en cause la réalité du réchauffement du
climat de la Terre, la prévision qu’il doive continuer durant le restant de ce
siècle, ou encore son origine humaine. L’existence du débat n’est guère
surprenante compte tenu des enjeux gigantesques : le réchauffement menace entre
autres production agricole, écosystèmes marins, courants océaniques et
infrastructures portuaires, tandis que limiter ses effets autant que faire se
peut suppose une transformation difficile, coûteuse et de longue haleine de l’ensemble
des activités économiques… Serait-ce pour rien ?</p>
<br />
<h4>Commençons par ce qui est le plus fondamental <ins>et qui ne fait pas débat</ins></h4>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">1) <strong>Le contenu en CO2 de l’atmosphère a
augmenté d’un niveau préindustriel de 280 ppm (parties par million) au niveau
actuel de 400 ppm</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Ce niveau n’est d’ailleurs absolument pas
stabilisé, il est en cours de forte augmentation : en l’an 2000, nous étions
aux alentours de 370 ppm.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Voici <a href="http://www.youtube.com/watch?v=bbgUE04Y-Xg"><span style="color:blue">une
excellente animation montrant l’évolution du contenu de l’atmosphère en CO2</span></a> à
différentes échelles temporelles jusqu’à 800 000 ans dans le passé.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">L’augmentation du CO2 atmosphérique depuis le
milieu du XIXème siècle est d’une violence sans précédent, ce que l’on
visualise bien sur une échelle de temps de deux millénaires, par exemple au
temps 2mn20s de la vidéo. La partie la plus récente de la courbe apparaît
presque verticale.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">2) <strong>Cette augmentation violente du CO2
atmosphérique est le résultat de l’activité humaine</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">En cause la consommation d’énergie fossile ainsi
que certaines autres pratiques comme la déforestation. Les preuves sont
nombreuses : la corrélation temporelle entre industrialisation et augmentation
du CO2 est étroite, les quantités correspondent (en tenant compte du fait
qu’une partie du CO2 est absorbé par l’océan), enfin aucune autre explication
n’existe, c’est-à-dire qu’aucun mécanisme naturel connu ne pourrait produire
une augmentation de la concentration en CO2 si grande et si rapide.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">3) <strong>Le CO2 est un gaz à effet de serre (GES)
qui provoque un forçage radiatif</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Tout comme plusieurs autres gaz dont la
concentration dans l’atmosphère a augmenté du fait de l’activité humaine (le méthane
principalement) il provoque un forçage radiatif c’est-à-dire qu’il augmente la
quantité d’énergie que la Terre absorbe du rayonnement solaire qu’elle reçoit
en diminuant la quantité d’énergie que la Terre renvoie vers l’espace. Cet
effet de serre est de la physique assez simple, il est connu depuis longtemps
et son existence ne fait pas débat. S’il n’existait pas, on ne pourrait
construire de serres !</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">4) <strong>Dans les 800 000 dernières années, le
niveau de CO2 a été fortement corrélé avec la température moyenne de la planète</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Le niveau de CO2 a oscillé dans les derniers 800
000 ans entre le niveau 280 ppm et le niveau 180 ppm, ce dernier correspondant
aux âges glaciaires.</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/CO2_temperature_800k.png" alt="CO2_temperature_800k.png" title="CO2 et température passés, mesurés par carottage des glaces de l'Antarctique" /><br />
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:center"><em>CO2 et températures passés, mesurés par carottage des glaces de l’Antarctique</em></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">La concentration en CO2 a été fortement corrélée à la fois
avec la température moyenne à la surface de la planète et avec le niveau des
mers. On peut se reporter par exemple à <a href="http://www.museum-marseille.org/Video_en_flux_continu_18000ans.htm"><span style="color:blue">cette vidéo décrivant la Terre il y a 18 000 ans</span></a>.
La température était 4,5°C en-dessous de la température moyenne actuelle, le
niveau des océans 100 m plus bas. </p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">A noter aussi que la dernière fois que le CO2 était
à 400 ppm comme en cette année 2013 <a href="http://news.nationalgeographic.com/news/energy/2013/05/130510-earth-co2-milestone-400-ppm/"><span style="color:blue">semble avoir été au Pliocène il y a 2,5 à 5 millions
d’années</span></a>. La température était alors plus élevée de 2 à 3°C, le
niveau de la mer de 10 à 40 mètres. A noter que la reconstruction du niveau de
CO2 dans la période avant 800 000 ans dans le passé est nécessairement
indirecte, car elle ne peut plus s’appuyer sur des échantillons d’atmosphère ancienne
préservés par la glace, elle est donc plus incertaine.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Il vaut la peine de préciser que les mesures
initiales du niveau de CO2 dans les 800 000 dernières années faisaient
démarrer les remontées de la température plusieurs siècles avant les remontées
du taux de CO2, ce qui pouvait surprendre et être interprété comme un facteur
de doute : n’était-ce pas alors la température qui faisait augmenter le
CO2, et non l’inverse comme dans l’effet de serre ? L’explication si ce
décalage était avéré –ce que l’on
croyait jusqu’ici– serait qu’une
augmentation initiale de température due à un autre facteur –modification de
l’orbite de la Terre, etc...– aurait provoqué l’augmentation du CO2
atmosphérique, laquelle ensuite aurait renforcé l’augmentation de la
température en une boucle auto-entretenue jusqu’à atteindre un nouveau point
d’équilibre : la fin de la sortie de glaciation. <a href="http://www.newscientist.com/article/dn11659-climate-myths-ice-cores-show-co2-increases-lag-behind-temperature-rises-disproving-the-link-to-global-warming.html#.UinmNdJFDqE"><span style="color:blue">C’est expliqué par exemple ici</span></a>.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Mais <a href="http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2013/03/le-co2-chauffait-il-y-a-18000-ans.html"><span style="color:blue">les dernières études du début de cette année</span></a> affinant
les mesures précédentes font disparaître ce décalage, qui semble n’avoir été
qu’un artefact.</p>
<br />
<h4>Continuons avec des points qui, à un degré ou un autre, font débat</h4>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">5) <strong>Le niveau de CO2 est fortement corrélé
avec la température moyenne, y compris quand il est supérieur à 280 ppm</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Que la corrélation existe lorsque la concentration
de CO2 est comprise entre 180 et 280 ppm est prouvé par le point 4. L’existence
du forçage radiatif n’étant pas en cause, il est extrêmement naturel de supposer
que cette corrélation continue au-delà de 280 ppm : il faut bien que la chaleur
supplémentaire accumulée sur Terre par forçage aille quelque part ! Reste
cependant à le vérifier, ce qui revient à le vivre.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Un point important à souligner : la
corrélation n’est pas forcément immédiate à notre échelle de temps, ni
d’ailleurs linéaire ! Il faut du temps pour que le forçage radiatif fasse son
effet et augmente la température, il faut du temps pour que l’augmentation de
la température élève le niveau de la mer. Et la Terre étant un système
suprêmement complexe, rien n’interdit que la chaleur supplémentaire accumulée
du fait du forçage n’apparaisse d’abord à un endroit, puis à un autre. Par
exemple, dans l’océan, avant l’atmosphère.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">6) <strong>La rapidité d’alignement de la température
moyenne et du niveau de la mer avec la concentration en CO2 est... <ins>inconnue</ins></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Dans le passé, des changements de concentration à
échelle de millénaires provoquaient des changements de température et de niveau
des mers à échelle de millénaires. Stimulus et réaction avaient des échelles de
temps comparables, bien au-delà de l’échelle d’une vie humaine.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Le stimulus massif CO2 (et autres GES) d’origine
humaine est cette fois <ins style="color: rgb(34, 34, 34); font-size: 10pt;">extrêmement rapide</ins> à échelle de la
Terre : passage de 300 à 400 ppm en un siècle environ, puis poursuite de l’augmentation jusqu’à 500 à 800 ppm le siècle suivant – en fonction des décisions que prendra notre espèce. Ce stimulus sera-t-il suivi d’une réaction étalée sur plusieurs
millénaires... ou plusieurs siècles... ou sera-t-il beaucoup plus rapide ? La
réaction sera-t-elle de forme linéaire, c’est-à-dire progressive à rythme à peu
près constant ? Ou bien non-linéaire : un seuil étant atteint, les
bouleversements s’accéléreraient brutalement ?</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">7) <strong>Il est
cependant considéré très probable que le réchauffement résultant de l’activité
humaine a déjà commencé</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Le réchauffement
climatique d’origine humaine est certain, du fait des points 1 à 3 ci-dessus, mais cela ne prouve pas en soi qu’il
ait déjà commencé. L’échelle de temps de la réaction du système Terre au
stimulus en GES que nous avons apporté est sujette à étude, comme indiqué au
point 6.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Le rapport du GIEC considère comme très probable
que le réchauffement tendanciel observé depuis la première moitié du XXème
siècle est bien le début du réchauffement résultant du CO2 d’origine humaine,
lequel continuera sur sa lancée sur plusieurs siècles même si toute émission
humaine de CO2 cessait, vu la très grande inertie du système Terre. Il faut
noter que le récent ralentissement du réchauffement à la surface terrestre
n’est pas contradictoire avec l’idée que le réchauffement récent est bien d’origine
humaine. Voici le graphe de la température moyenne en surface telle que mesurée depuis 1850 :</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify"><img src="http://www.metoffice.gov.uk/media/image/j/r/global-mean-temp-anomalies-comparison1.gif" title="Ca monte, mais pas continûment..." /></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:center"><em>Mesures de la variation de température moyenne mondiale dans les 150 dernières années</em></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">On observe que le mouvement de la température n’a
pas été linéaire : augmentation 1ère moitié du XXème siècle, stabilité
approximative jusque 1975, augmentation jusque vers 2000-2005, stabilité
approximative depuis. Les causes de cette non-linéarité ne sont pas nécessairement
claires, mais elle n’a rien de surprenant en soi : nous parlons bien d’un
système complexe, la Terre, avec de multiples parties et rétroactions.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">8) <strong>Des rétroactions positives pourraient
apparaître qui amplifieraient élévation de la concentration du CO2, de la
température et autres conséquences</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Les conséquences finales de l’augmentation du CO2
par les hommes dépendent aussi des rétroactions du système Terre, c’est-à-dire
des multiples effets qui en résulteront, depuis les courants marins jusqu’à la
couverture forestière, nuageuse ou glaciaire, parmi bien d’autres. Certaines rétroactions
sont négatives, c’est-à-dire qu’elles contrecarrent le stimulus d’origine,
d’autres positives : elles l’amplifient. Ces rétroactions ne sont pas
complètement modélisées, loin s’en faut.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Il existe par exemple un risque de dégazage du
méthane contenu dans le pergélisol des zones polaires, c’est-à-dire le sol gelé
de ces latitudes. Ces régions pourraient se réchauffer bien davantage que la
moyenne terrestre, provoquant un dégagement massif de méthane, lequel est un
très puissant GES, vingt-cinq fois plus que le CO2. Si ce risque était avéré,
la rétroaction positive serait de grande ampleur, le dégazage pouvant même dans
un scénario catastrophe devenir auto-entretenu. La question n’est pas entièrement
clarifiée pour l’instant, les recherches continuent.</p>
<br />
<h4>Quelles sont alors les principales
questions ?</h4>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">La confirmation absolue, au-delà de la forte
probabilité actuelle, du fait que le réchauffement passé est déjà anthropique serait
certes intéressante, mais les questions les plus importantes sont au fond en
deux groupes :</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">1) <strong>Echelle
de temps de la réaction du système Terre, et étendue des rétroactions positives</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Le réchauffement final sera-t-il de 2 à 3°C, ou au-delà
de 5 °C, voire bien au-delà ?</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Sera-t-il atteint en deux ou trois générations ?
Siècles ? Plus tard ?</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Questions analogues concernant l’élévation du
niveau des mers, l’acidification des océans...</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Quelles non-linéarités dans ces phénomènes ?
Quels effets de ralentissement ou au contraire d’accélération faut-il craindre ?</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Nous avons déjà mis en mouvement le système Terre, et
ses réactions ne sont pas parfaitement connues, loin s’en faut. Augmenter
encore le stimulus en gaz à effet de serre, c’est prendre des risques
supplémentaires, que ce soit pour nous, pour nos petits-enfants, ou pour nos
lointains descendants.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">2) <strong>Les
autres questions principales portent donc sur nos actions</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Utiliserons-nous "seulement" la
totalité du pétrole et du gaz conventionnel ? Ceci limiterait nos émissions de
CO2, mais nous voici arrivés à l’époque du pic du pétrole, le pic du gaz n’est plus
très loin, ce qui signifie une diminution de nos ressources en énergie fossile…
laquelle est le carburant principal de nos économies</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Ou bien utiliserons-nous encore la totalité du
charbon, et en plus le gaz et le pétrole de schiste, plus éventuellement même
les hydrates de méthane, c’est-à-dire le méthane gelé du fond des océans ? C’est
la question de la transition vers des énergies non fossiles, et de la
possibilité même d’effectuer cette transition suffisamment rapidement sans
effondrement de la civilisation industrielle...</p>
<img src="http://www.yannarthusbertrand2.org/index2.php?option=com_datsogallery&func=wmark&mid=2197" title="Exploitation de sables bitumineux en Alberta, Canada" /><br />
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:center"><em>Sables, schistes, charbons : reporter la transition hors de l’énergie fossile, et après nous le déluge !</em></p>
<br />
<h4>Quels sont les scénarios ?</h4>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify"><strong>Un scénario pessimiste</strong> serait : l’espèce humaine échoue à effectuer
une telle transition, et pour continuer encore quelques décennies la
civilisation industrielle elle consomme charbon et schistes, ce qui augmente
suffisamment l’étendue du changement climatique pour amputer drastiquement les
moyens à la disposition de l’humanité post-civilisation industrielle.
Amputation qui ne pourrait qu’avoir des conséquences humaines terribles, en termes
de diminution brutale de la population.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">L’impact humain résulterait des conséquences d’un réchauffement important sur la productivité agricole, la productivité marine (pêcheries), le transport maritime (ports à reconstruire), la capacité à nourrir correctement une population humaine qui augmente, et les risques dérivés de guerres et de troubles à la stabilité sociale en général :</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- La situation agricole devrait se tendre même sans augmentation de la température : population qui augmente, changement des habitudes alimentaires (plus de viande), érosion des sols, engrais issus de l’énergie fossile devenant plus rares. Elle sera encore plus contrainte avec les conséquences du réchauffement : météo plus extrême, disponibilité de l’eau</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- La productivité marine est gravement affectée par l’acidification des océans, laquelle résulte de l’augmentation du CO2 atmosphérique</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- La montée des océans est estimée entre 30 cm et 1 mètre d’ici la fin du siècle, et <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Current_sea_level_rise#cite_note-syr_3-2-1-14">même la valeur la plus petite causerait déjà des problèmes</a></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">- Les difficultés à nourrir correctement l’humanité, la disponibilité de l’eau et la montée des océans pourraient provoquer des exodes massifs de réfugiés et d’autres événements violents, soulèvements, guerres et guerres civiles</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Ce scénario n’est pas le seul possible, mais il
constitue un risque bien réel.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify"><strong>Un meilleur scénario</strong> serait de faire de la transition hors des fossiles un objectif majeur et prioritaire pour l’humanité, permettant d’éviter
l’effondrement final de la civilisation industrielle tout en réalisant assez
rapidement la transition pour éviter d’utiliser trop de charbon et de schistes.
En croisant les doigts ensuite pour que l’effort soit suffisant pour éviter des
bouleversements du système Terre trop rapides et inconfortables, et en s’y
adaptant de toutes façons autant que nous le devrons.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify">Ce scénario pourrait devenir réaliste, mais
seulement au prix d’efforts très importants, voire énormes, faisant l’objet
d’accords internationaux.</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;text-align:justify"><strong>Nous en
sommes aujourd’hui hélas très loin.</strong></p>
<br />
<br />
<br />
<p><strong><em>Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Noeud Gordien est un site d’analyses et d’investigations sur la Crise. Article écrit par Alexis TOULET. Merci de visiter notre site</em></strong></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2013/09/07/R%C3%A9chauffement-climatique-%3A-ce-qui-est-s%C3%BBr%2C-ce-qui-ne-l-est-pas#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/27