Le Noeud Gordien - Leçons de chosesA l'heure de la Vague scélérate - Conjonction et synergie de toutes les crises en une déferlante globale2024-03-28T20:23:54+01:00urn:md5:2e1e50df2175f77cc507de58e6d51ff5DotclearUn exemple de protection efficace d'une économie nationaleurn:md5:87f1caad9d2f3f49ae96452167ac76feMonday 19 March 2018Monday 19 March 2018Alexis TouletLeçons de chosesEconomieEtats-UnisLeçons de choses du LundiPolitiques publiquesProtectionnisme<em>Comment protéger efficacement les intérêts économiques d’un pays ? Ce n’est pas si difficile, pour peu que son gouvernement soit conscient des enjeux et que ce pays soit indépendant.</em> <h3 align="center">Série "Les leçons de choses du Lundi" - N°3</h3>
<p>Que ce soit pour le déplorer ou pour s’en réjouir, on parle davantage de protection de l’économie nationale suite à la décision du président américain Donald Trump de placer des barrières tarifaires sur les importations d’acier et d’aluminium. Mesures qui peuvent sembler plus ou moins convaincantes - sachant que les métaux de base ne sont pas nécessairement une industrie d’avenir, ni créatrice de beaucoup de valeur ajoutée ni d’emplois.</p>
<p>Voici un exemple récent de protection raisonnée et efficace d’une économie nationale qui contient quelques leçons pour la France. <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-03-14/broadcom-said-to-abandon-qualcomm-bid-on-government-opposition-jeqd4ss6" hreflang="en">L’administration Trump a bloqué le rachat de l’Américain Qualcomm par l’ "Américain" Broadcom</a> une société théoriquement américaine, aujourd’hui basée à Singapour. La raison citée était "<em>la sécurité nationale</em>", le soupçon étant bien évidemment que Broadcom ne serve que de "faux nez" aux intérêts chinois, en l’occurrence Huawei.</p>
<p>Pourquoi c’est particulièrement <strong>judicieux et efficace</strong> :</p>
<ul><li>Qualcomm est leader mondial dans le domaine des semi-conducteurs, notamment les processeurs pour téléphones portables</li>
<li>C’est l’une des entreprises les plus innovantes au monde, par le nombre de brevets déposés</li>
<li>Le rival chinois avait il y a deux ans encore <a href="https://venturebeat.com/2015/12/08/chinese-chip-designers-still-lag-top-rivals-like-qualcomm-by-four-to-five-years/" hreflang="en">quatre ou cinq ans de retard</a> sur Qualcomm. Les intérêts derrière Broadcom ont tenté leur chance au culot : le rachat de Qualcomm aurait vraiment été un très joli coup</li>
<li>Surtout dans le cadre d’une stratégie de conquête visant à la domination de marchés entiers : c’est ainsi que les terres rares, les panneaux solaires etc. sont aujourd’hui des industries absolument dominées par la Chine, qui en a conquis la quasi-totalité et y fait donc la pluie et le beau temps</li>
</ul>
<p>Pourquoi c’est particulièrement <strong>instructif pour notre pays</strong> :</p>
<ul><li>Nous suivons la politique exactement inverse de bradage de nos industries les plus en pointe : <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/11/02/alstom-ge-l-aboutissement-de-dix-huit-mois-de-tractations_4801409_3234.html" hreflang="fr">Alstom</a>, <a href="https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/stx/chantiers-navals-fincantieri-boucle-le-rachat-de-50-de-stx-5541004" hreflang="fr">STX</a>...</li>
<li>Ceci pour deux raisons, dont la première est que <ins>pour rester ou redevenir une puissance industrielle sérieuse, il faut des gens sérieux aux commandes</ins>. Ni l’Allemagne, ni le Japon, ni les Etats-Unis même sous le président Trump - aussi décrié soit-il - ne sont dirigés par de tels branques, que l’on pardonne à l’auteur la franchise du terme</li>
<li>Et la seconde est bien sûr <ins>notre appartenance à l’Union Européenne</ins>. Ce n’est pas la seule, car il aurait peut-être été possible de "finasser" si le ministre de l’Economie Emmanuel Macron avait pris la mesure des enjeux de l’affaire Alstom, ou si le président de la République Emmanuel Macron n’avait pas choisi d’ignorer ceux du cas de STX. Mais si les Etats-Unis ont pu <a href="https://www.reuters.com/article/us-qualcomm-m-a-broadcom/u-s-sees-national-security-risk-from-broadcoms-qualcomm-deal-idUSKCN1GI1S8" hreflang="en">bloquer sans autre forme de procès</a> le rachat de Qualcomm, citant "<em>des risques pour la sécurité nationale</em>" sans les préciser car ils sont "<em>classifiés</em>" et le justifiant de la seule signature d’un ordre direct par le président... c’est bien parce qu’ils n’appartiennent pas à l’UE, et n’ont à respecter que leur droit propre, non pas un droit ni une cour de justice à prétentions supranationales</li>
</ul>
<p>Défendre ses intérêts y compris économiques sans finasser ni s’excuser : voilà ce que peut une nation indépendante.</p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Qualcomm_Snapdragon_m.jpg" alt="Qualcomm_Snapdragon.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>Viser la domination d’une industrie d’avenir en rachetant au culot un concurrent en avance sur vous ?</em></p>
<p align="center"><em>Pas à une nation indépendante et consciente de ses intérêts. A la France, par contre...</em></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2018/03/19/Un-exemple-de-protection-efficace-d-une-%C3%A9conomie-nationale#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/102Présidentielle en Russie - le marketing électoral de Vladimir Poutineurn:md5:edbe0d91b78ec930a29d5fd0d3f1f435Monday 12 March 2018Monday 12 March 2018Alexis TouletLeçons de chosesLeçons de choses du LundiPoutineRussie<p><em>Le 18 mars, Vladimir Poutine sera candidat à sa succession pour un nouveau mandat de six ans. A quoi ressemble le marketing électoral du président sortant ? Un petit tour au pays de l’homme idéal.</em></p> <h3 align="center">Série "Les leçons de choses du Lundi" - N°2</h3>
<p>Voici comme premier exemple la très récente chanson du groupe <em>Fabrika</em>, intitulée <em>Vova Vova</em>, c’est-à-dire « Vladimir ! Vladimir ! » en forme familière et affective. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=95VTlKr6pZs" hreflang="ru">Le clip</a> est tout à fait d’actualité, bien coordonné avec les échéances électorales russes. L’argument en est assez simple : trois jeunes femmes préparent l’une d’entre elles qui va bientôt épouser un homme qu’elles vantent toutes à grands cris, rêvant assez peu habillées sur ses photos en prenant des poses plus que suggestives, voire directement sexuelles. Cet homme idéal et adulé est bien entendu Vladimir Poutine.</p>
<p>Dissipons tout risque de malentendu : il ne s’agit pas d’une caricature ironique préparée par des opposants. Le message est vraiment du premier degré, sur un ton humoristique sans doute, mais destiné à faire sourire, certainement pas à ridiculiser. La vidéo se termine sur une affiche électorale du président sortant <em>« Mon choix »</em>. </p>
<p><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Fabrika_-_Vova_Vova_m.jpg" alt="Fabrika_-_Vova_Vova.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></p>
<p align="center"><em>« Vladimir ! Vladimir ! »</em></p>
<p align="center"><em>Épouser l’homme idéal</em></p>
<p>Autre exemple révélateur, quoique faisant plutôt partie d’un marketing "de fond" en continu sans lien direct avec l’élection puisqu’il date de la fin 2017, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ZpKSoB6gzuc" hreflang="ru">ce clip</a> où une députée de <em>Russie Unie</em> le parti du président accompagne les enfants d’une école de cadets qui chantent leur attachement au président : <em>« Tonton Vlad’ on est avec toi »</em></p>
<p>C’est bien au président, et non au pays, que ces enfants, dont certains vraiment petits, disent leur loyauté, même s’il les appelle « <em>au dernier combat</em> ». </p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Tonton_Vlad_on_est_avec_toi_m.jpg" alt="Tonton_Vlad_on_est_avec_toi.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>« Tonton Vlad, on est avec toi ! »</em></p>
<p align="center"><em>Apprendre la loyauté dès le plus jeune âge</em></p>
<p>Voici quelques extraits de leur chant, <a href="https://mychords.net/vyacheslav-antonov/99324-vyacheslav-antonov-dyadya-vova-my-s-toboj.html" hreflang="ru">dont le texte original est ici</a> :</p>
<blockquote><p>Le XXIe siècle est arrivé, la Terre est fatiguée des guerres<br />La population de la planète a sorti l’Hégémon<br />Dans l’Union européenne pas d’opinion, le Moyen-Orient gémit de douleur<br />Par-delà l’océan, le président est privé de pouvoir</p>
<p><em>Des mers du nord jusqu’aux lointaines frontières du sud c’est à nous<br />Des îles Kouriles jusqu’aux côtes de la Baltique<br />Que la paix règne sur Terre, mais si le commandant en chef<br />Nous appelle au dernier combat - Tonton Vlad’ on est avec toi !</em></p>
<p>Qu’arrivera-t-il à ma génération<br />Si elle montre de la faiblesse, nous perdrons tout le pays<br />Mais nos véritables amis sont la Marine et l’Armée</p>
<p>(...)</p>
<p>Sébastopol est à nous avec la Crimée, nous les préserverons pour nos descendants<br />Nous retournerons l’Alaska à la Mère Patrie</p>
</blockquote>
<p>A noter que des russophones ont pu remarquer que le russe de cette chanson est pauvre et argotique, ses rimes sont plates - à l’époque soviétique au moins, la propagande était faite par de vrais hommes de lettre, la langue en était magnifique, on en faisait de vrais poèmes ! Ce n’est plus ce que c’était... tout fiche le camp, en somme.</p>
<h4>Élites déchaînées et autocratie</h4>
<p>Il faut dire quelque chose pour les dirigeants russes : <strong>ils osent</strong>. Pour comparer avec les élections présidentielles de 2017 en France, et en reconnaissant que tous les <a href="https://www.numerama.com/politique/164725-classement-rsf-de-liberte-de-presse-france-chute.html" hreflang="fr">médias d’Etat et privés</a> n’ont pas toujours été <em>absolument</em> et <em>parfaitement</em> impartiaux - que l’on pardonne à l’auteur cette litote - il reste que nous n’avons quand même pas eu droit à un trio de demoiselles peu habillées en train de se pâmer en criant <em>« Manu ! Manu ! »</em>.</p>
<p>En Russie cependant, tout est encore plus ouvert et le cynisme des élites, qui servent et que sert le président, se porte plus haut que chez nous, en ce domaine comme pour ce qui est de l<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2018/03/04/Poutine-et-Folamour%2C-le-quoi-et-le-pourquoi-des-nouvelles-armes-nucl%C3%A9aires-russes#N3">’accaparement des richesses</a>.</p>
<p>L’espèce de culte de la personnalité qui s’est progressivement constitué autour de Vladimir Poutine, aidé par les conflits avec le Bloc occidental notamment autour de la guerre civile ukrainienne, a fini par faire basculer le système politique russe dans la direction d’<strong>une véritable autocratie</strong> de fait, même si les formes extérieures restent celles d’un système démocratique. Cela ne peut manquer de susciter l’inquiétude quant à la stabilité de la Russie à moyen / long terme, car le propre d’une autocratie est d’être d’autant plus fragile lors d’un changement de pouvoir qu’elle est verrouillée sur le court terme. Surtout lorsque aucun successeur désigné n’est en vue, ce que signe clairement la loyauté personnelle promue par textes et chansons. Vladimir Poutine a 65 ans, il est au pouvoir directement ou indirectement - lorsqu’il occupait le poste de premier ministre, Dmitri Medvedev étant le président en titre - depuis maintenant dix-huit ans : tôt ou tard il devra passer la main, mais comment faire ? La transition, inévitable à terme et dès 2024 sauf modification de la constitution, ne peut être qu’un risque maximum dans un système si personnalisé.</p>
<h4>Et la technocratie ?</h4>
<p>Il est vrai que <strong>la technocratie aussi présente des risques</strong> pour la stabilité, et l’Union européenne le démontre de plus en plus clairement. Les élections nationales à potentiel fortement troublant ont tendance à se multiplier en UE, l’Allemagne dernièrement, et l’Italie ira-t-elle à terme jusqu’à une forme de rupture ? Sans compter le risque pas du tout négligeable que crise bancaire et / ou crise de la dette publique ne resurgissent sous une forme ou sous une autre, peut-être la prochaine fois dans un pays plus "gros" que la Grèce voire que l’Espagne. Sans compter la possibilité que la migration de masse ne reprenne une ampleur comparable à celle de 2015, ce qui aurait des conséquences politiques imprévisibles...</p>
<p>De l’Union européenne et de la Russie, laquelle a le système politique le plus fragile, laquelle risque le plus des événements déstabilisants, voire brisants, et le plus tôt ? Impossible à discerner - seule l’expérience le dira.</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2018/03/12/Pr%C3%A9sidentielle-en-Russie-le-marketing-%C3%A9lectoral-de-Vladimir-Poutine#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/101Brexit, pourquoi l'UE demande-t-elle autant d'argent - et pourquoi les négociations vont échouerurn:md5:7f28bda961b7fa21e630e9ca76ee1303Monday 13 November 2017Monday 13 November 2017Alexis TouletLeçons de chosesBrexitCrise économique et financièreCrises politiques et internationalesLeçons de choses du LundiRelations internationalesRoyaume-UniUnion Européenne<p><em>Combien l’Union européenne exige-t-elle du Royaume-Uni en guise de "solde de tout compte" pour le Brexit, pourquoi ce paiement, pourquoi le gouvernement britannique est-il si embarrassé et agité - et pourquoi l’échec des négociations débouchera très probablement sur un Brexit "dur" sans accord commercial.</em></p>
<p><em>Voici la première des "Leçons de choses du Lundi" du Nœud Gordien.</em></p> <h3 align="center">Série "Les leçons de choses du Lundi" - N°1</h3>
<h4>La question de fond : Payer combien, et d’ailleurs pourquoi ?</h4>
<p>Mettant à part tout l’aspect politique de la question – certes fondamental, et on y reviendra plus loin – qu’est-ce que la Grande-Bretagne devrait payer, dans le sens « ce qu’il serait juste qu’elle paie » lorsqu’elle quittera l’UE le 29 mars 2019 ? Il ne s’agit pas ici de ce qu’on essaiera de lui faire payer – davantage, évidemment – ni de ce qu’elle essaiera de payer – beaucoup moins, naturellement. Mais plutôt de ce qu’il en serait si la chose était décidée en toute justice (certes, on peut toujours rêver !)</p>
<p>Il s’agit ici non des contributions acquittées régulièrement jusqu’à la date de la sortie – que personne ne remet en question – mais du « solde de tout compte » que l’UE exige de la part de Londres.</p>
<p>Des chiffres entre 40 et 100 milliards d’euros ont circulé, ce qui est fort imprécis – et à partir de 0 milliard et 0 centime, du point de vue de certains partisans de longue date du Brexit !</p>
<p>D’une manière générale, on trouvera dans la presse et les communications et autres "petites phrases" des uns et des autres de part et d’autre de la Manche ce genre de chiffres assénés avec autorité – mais guère de détails un tant soit peu clairs sur ce que cette somme recouvre, et comment c’est calculé. Pour essayer d’y comprendre quelque chose, la source la plus complète semble bien être <a href="http://www.cer.eu/sites/default/files/pb_barker_brexit_bill_3feb17.pdf">cette étude de 14 pages</a> <em>(PDF, en anglais)</em> d’Alex Barker, le chef du Bureau Europe du Financial Times. Le texte est clair quant à la composition du total et quant aux raisons de considérer tel ou tel paiement comme justifié ou non.</p>
<h5>Le montant</h5>
<p>Suivant les hypothèses (voir page 10) Barker arrive à :</p>
<ul><li>Un paiement net de 57 à 73 milliards d’euros, dans une position pro-UE maximaliste qui inclurait aussi les passifs éventuels là où l’UE s’est portée garante pour l’avenir – essentiellement des conséquences éventuelles différées de la crise financière</li>
<li>Une vue plus modérée se situerait entre 48 et 61 milliards, sans ces éventuels passifs</li>
<li>Enfin une position favorable au RU aboutirait à un total entre 25 et 33 milliards, excluant les subventions promises à Pologne, Hongrie et République tchèque pour 2019 et 2020 et incluant la remise sur la contribution 2018, qui serait payée l’année suivante</li>
</ul>
<h5>Payer ou pas</h5>
<p>Voir encore une intéressante revue (pages 11 et 12) des arguments légaux d’un côté et de l’autre sur la question de principe le RU aurait-il quoi que ce soit à payer après sa sortie – en somme, l’ "option 0" rêvée par les pro-Brexit intransigeants :</p>
<ul><li>Il n’y a que peu de précédents légaux comparables, donc pas vraiment de jurisprudence applicable</li>
<li>Des arguments et dans un sens et dans l’autre peuvent être trouvés dans le droit international et le droit de l’UE – voir les discussions sur ce qui se passerait si l’Ecosse sortait du RU, certaines déclarations de Londres sur le partage dans ce cas des dettes communes allant... nettement dans le sens des intérêts de l’UE ! Dans l’ensemble cependant, pas une grande clarté</li>
<li>En cas d’effondrement des pourparlers et de Brexit "ultra-dur", c’est-à-dire non seulement absence de traité commercial pour l’avenir mais Londres qui refuserait de payer un centime après la date de sa sortie, l’affaire serait portée devant la Cour de justice de La Haye, qui se baserait sur l’article 70 de la Convention de Vienne sur les traités internationaux – comme par exemple le traité de l’UE est un traité international – donnant quelque espoir au RU de s’en sortir sans rien avoir à payer... mais pas de certitude, car l’article laisse une certaine place à l’interprétation</li>
</ul>
<h5>Position de force</h5>
<p>L’aspect politique est évidemment prépondérant : en définitive c’est la position de force dans les négociations qui décidera du montant à payer, sauf évidemment en cas de rupture des négociations. La Commission est dans une position forte parce que le temps joue contre le RU, et parce qu’elle est en mesure d’expliquer à tous les Etats membres restants qu’ils ont tout intérêt à ce que les Britanniques paient – les pays d’Europe centrale en particulier, traditionnellement plus proches des positions de Londres, ont du souci à se faire pour les futurs fonds de cohésion.</p>
<p>Comme l’écrit Barker <em>« il est difficile d’apercevoir des contraintes politiques émerger d’elles-mêmes pour contraindre les exigences de l’UE à 27 »</em> ... autrement dit les gouvernements des pays membres n’ont aucune raison de se gêner (<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#R1">1</a>)</p>
<p>Et comme il le discute page 13, il y a en fait des <strong>risques sérieux d’effondrement des négociations sur ce point</strong>, parce que les politiciens britanniques ne sont guère prêts à payer à l’UE, et encore moins à l’expliquer à leurs électeurs. L’information suivante est assez révélatrice… pour ne pas dire en décalage complet avec les exigences de l’UE !</p>
<blockquote><p><em>"Le Trésor du Royaume-Uni, dans son budget de Novembre 2016, a attribué à d’autres usages les fonds avec lesquels il aurait réglé les contributions à l’UE après 2019"</em></p>
</blockquote>
<p>Qu’est-ce qui permettrait de contourner éventuellement cet obstacle ? Selon l’auteur, essentiellement des astuces de présentation. Plus quelques entourloupes quand même – bien dissimulées dans la conclusion de sa dernière page – c’est qu’il est tout de même sujet de Sa Très Gracieuse Majesté, et a les intérêts de son pays à cœur !</p>
<h4>Mais il faut tout de même parler de l’aspect politique</h4>
<p>Et donc de <a href="http://www.lepoint.fr/europe/sommet-europeen-theresa-may-aux-abois-20-10-2017-2166119_2626.php" hreflang="fr">la perception de tout cela par les Britanniques</a>.</p>
<blockquote><p>Theresa May, même si elle obtient un répit de deux ans supplémentaires, sera tout de même confrontée à une difficulté politique chez elle. La période de transition impliquera, en effet, que la Grande-Bretagne bénéficie de l’accès au marché intérieur, paie sa quote-part, se soumette à la jurisprudence de la CJUE (la Cour de justice de l’Union européenne), mais… ne prenne plus part aux décisions de l’Union. « En effet, juridiquement, les Britanniques ne seront plus dans l’UE au 30 mars 2019, relève un diplomate français. Ils n’auront donc plus de droits de vote. Et ils devront respecter les décisions prises à 27 sans eux… C’est un véritable protectorat. »</p>
</blockquote>
<p>"<em>Une difficulté politique</em>"... En effet, et c’est peu de le dire !</p>
<p>Voici le genre de caricature politique qui se trouve dans le Telegraph, journal certes conservateur mais... justement, Madame May l’est aussi. Nous ne parlons pas d’un tabloïd, il représente plutôt des opinions construites qu’à l’emporte-pièce.</p>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Cartoon_Paying_for_Brexit_m.jpg" alt="Cartoon_Paying_for_Brexit.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>« Bien sûr, c’est Monsieur Davis qui paie »</em></p>
<p align="center"><em>« Je crois que Monsieur le ministre se trompe… »</em></p>
<p align="center"><em>(Davis est le négociateur du Brexit pour le Royaume-Uni)</em></p>
<p>C’est là le genre d’état d’esprit dans lequel se trouvent une grande partie des Britanniques, et certainement la plupart des partisans du Brexit.</p>
<p>Payer 60 milliards d’euros <strong>et</strong> rester soumis à la Cour de Justice de l’UE <strong>et</strong> devoir continuer la libre-circulation des Européens <strong>et</strong> ne plus avoir voix au chapitre ? A la City, le cœur financier de Londres, on l’espère sans doute très fort, et Madame May doit bien suivre, du moins faire ce qu’elle peut. Au final il est tout de même très difficile d’imaginer que ce genre d’accord soit acceptable pour la population britannique. Voir déjà la révolte d’une partie des conservateurs sur ce sujet avec cette <a href="http://www.express.co.uk/news/politics/868148/no-deal-Top-Brexiteers-order-Theresa-May-end-Brexit-negotiations-EU-Brussels" hreflang="en">Lettre ouverte à Theresa May des partisans les plus décidés du Brexit, y compris plus de 50 parlementaires conservateurs</a>.</p>
<ul><li>Ils lui enjoignent de <strong>cesser toute négociation pour un accord de Brexit</strong> à moins que Bruxelles ne commence immédiatement les négociations sur la relation commerciale future - alors que la mission que les chefs d’Etat européens ont donnée à Michel Barnier consiste à d’abord fixer les détails de la séparation y compris financiers avant de négocier un accord commercial pour après la sortie</li>
<li>Les Britanniques utiliseraient alors le temps restant avant mars 2019 pour se préparer à des relations avec l’UE régies par les seules règles de l’OMC l’Organisation Mondiale du Commerce. Inutile de préciser - même s’ils ne l’écrivent pas - que la somme versée par Londres à Bruxelles comme solde de tout compte pourrait s’écrire avec un seul chiffre... celui qui a été autrefois inventé par les Indiens</li>
</ul>
<p>Cette lettre représente une forte pression sur Theresa May, qui n’est pas si confortable au Parlement (c’est une litote) et dont le siège à la limite pourrait s’avérer éjectable. Et la stratégie exigée reviendrait à lancer un ultimatum à Bruxelles.</p>
<p>Deux de leurs arguments ont un certain poids :</p>
<ul><li>S’il doit n’y avoir aucun accord, autant le savoir tout de suite car du moins l’incertitude sera levée et elle est toujours mauvaise pour les affaires</li>
<li>La stratégie de l’ultimatum – éventuellement du bluff – peut avoir ses avantages, étant donné que beaucoup de pays européens préféreraient conserver des relations économiques ouvertes avec le Royaume-Uni. Rappelons que Berlin a <a href="http://atlas.media.mit.edu/en/profile/country/deu/" hreflang="en">un excédent de 54 milliards de dollars</a> dans son commerce avec Londres (<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#R2">2</a>) C’est aussi ce qu’espère Nigel Farage, <a href="https://www.theguardian.com/politics/live/2017/oct/20/brexit-theresa-may-angela-merkel-hopeful-deal-europe-politics-live" hreflang="en">qui a estimé que</a></li>
</ul>
<blockquote><p><em>"Angela Merkel (sous) pression de l’industrie allemande (est) le seul espoir"</em></p>
</blockquote>
<p>Reste le sujet qui donne des sueurs froides à tous les responsables politiques britanniques : à côté d’éventuelles <em>"opportunités"</em> économiques du Brexit, il y a aussi le <em>"petit"</em> détail <del>du racket</del> de l’ « industrie » financière.</p>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Tintin_and_the_Brexit_plan_m.jpg" alt="Tintin_and_the_Brexit_plan.jpeg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>Le Brexit vu par l’ « industrie financière » de Londres</em></p>
<p align="center"><em>Comment, mais comment donc conserver l’accès au marché européen si lucratif ?</em></p>
<h4>Au fait, quelles seraient les conséquences pour le Royaume-Uni si l’« industrie financière » de la City était réduite à la portion congrue ?</h4>
<p>La contribution du centre financier de Londres – premier centre européen et <a href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/03/28/londres-reste-la-place-financiere-la-plus-reputee_5101928_3234.html" hreflang="fr">centre financier mondial le plus réputé</a> – aux finances publiques britanniques est très considérable. Qu’on en juge :</p>
<ul><li>D’après <a href="http://www.dailymail.co.uk/news/article-4700008/City-London-accuses-France-plot-wreck-Britain.html" hreflang="en">cet article du Daily Mail</a> de 2017, le centre financier lui-même rapporterait 66 milliard de livres chaque année au Trésor britannique. Si l’on rapproche ce chiffre de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Budget_of_the_United_Kingdom" hreflang="en">ceux du budget</a> (2016), nous parlons d’un peu plus de 9% du budget de l’Etat</li>
<li>Selon cette autre <a href="http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/banksandfinance/12031950/City-of-Londons-tax-bill-hits-highest-since-financial-crisis.html" hreflang="en">estimation du Telegraph</a> en 2015, la contribution de la City au budget aurait été de 11% en 2015 à comparer avec 13,9% en 2007</li>
<li>La City publie elle-même chaque année un document nommé "<a href="https://www.cityoflondon.gov.uk/business/economic-research-and-information/research-publications/Documents/Research 2016/total-tax-report-2016.pdf" hreflang="en">Total Tax Contribution</a>" <em>(PDF, en anglais)</em> qui comme son nom l’indique vise à bien faire comprendre au gouvernement à quel point il est dépendant de cette « industrie ». La dernière livraison (2016) situe la contribution directe aux impôts à <em>« 11.5% of the UK Government’s total tax receipts »</em>, en hausse de 0,5% par rapport à 2015, pour un montant total de 71,4 milliards de livres. La majeure partie de ces revenus fiscaux provient des taxes sur l’emploi</li>
</ul>
<p>En résumé, les seuls impôts directs sur la City représentent entre 9 et 11,5% des revenus du Royaume-Uni en tant qu’Etat, sans compter encore les impôts sur les activités induites. L’impact direct et indirect qu’aurait le départ d’une partie de la City risque d’être très important (<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#R3">3</a>)</p>
<p>Ajoutons encore sa contribution à l’équilibre de la balance des paiements, sachant que la balance commerciale du Royaume-Uni était déjà dans le rouge de 221 milliards de dollars en 2016 avec un taux de couverture des importations par des exportations de seulement 65%, à comparer avec 90% pour la France qui pourtant ne va pas précisément très bien.</p>
<p>La question à cent balles – enfin, un peu plus – étant de savoir si l’activité financière sera gênée voire ruinée par le Brexit un peu, un peu plus, beaucoup, encore plus...</p>
<h4>Le Gouvernement de Sa Majesté en a perdu son fameux sang-froid</h4>
<p>Le gouvernement britannique est tiraillé, faut-il dire coincé et déchiré, entre d’une part :</p>
<p>- <strong>La décision du peuple souverain</strong> – une formulation française à l’origine, mais c’est bien ainsi que les choses se passent en Grande-Bretagne quoi qu’il en soit de la théorie sur le « <em>parlement souverain</em> » – qui leur a dit clairement que c’est sortie de l’UE et contrôle de ses frontières nationales tout seuls comme des grands, et si le gouvernement ne veut pas eh bien il le fait quand même un point c’est tout</p>
<p>Et d’autre part :</p>
<p>- <strong>Les énormes pressions de leur secteur financier</strong> – hypertrophié comme chacun sait – qui veut continuer à faire des affaires en Europe sur un pied d’égalité avec les banques d’UE, et pour ça il leur faut la liberté totale financière comme ils l’ont à ce jour, et puisque les autres pays de l’UE ne veulent pas la maintenir (<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#R4">4</a>) sauf à maintenir en même temps la liberté d’immigration pour les Européens au Royaume-Uni et le pouvoir de la Cour de Justice européenne alors les financiers sont d’accord pour dire adieu au contrôle de ses frontières nationales et adieu au « comme des grands », sauf que... sauf que le populo risquerait d’en être <strong>vraiment</strong> faché</p>
<p>Et ça leur fait mal, au gouvernement britannique.</p>
<p>Surtout parce que la réalité politique est qu’il leur est pratiquement impossible de faire ce que leurs meilleurs instincts leur commanderaient de faire, c’est-à-dire donner tout ce qu’elle veut à Madame la City, et Monsieur le Peuple eh bien il irait se faire voir. Comme dans l’ancien temps, les gens de bien sont servis comme il faut – bien, donc, puisque ce sont des gens de bien, c’est élémentaire quand même – tandis que le vulgaire, eh bien il a le sourire de M’dame Maggie, il peut l’envelopper dans un <em>Union Jack</em> si ça lui chante, et il faudra bien que ça lui suffise.</p>
<p>Oui mais en pratique ils ne peuvent pas. Ne peuvent plus. C’est ça le principe du référendum... une procédure de « <em>Frog</em> » (Français) un truc pareil (<a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#R5">5</a>)</p>
<p>Alors on rêve d’avoir "le beurre et l’argent du beurre", on presse on complote on pleurniche on fait des représentations aux uns et aux autres. Ce ne serait pas possible d’avoir les deux ? Non ? Nan mais vraiment pas ? On en pleure des rivières sa petite maman.</p>
<p>Et ça ne marche pas.</p>
<p>Et avec l’article 50 on s’est mis sur une trajectoire de sortie qui aboutira le 29 mars 2019. Alors il va bien falloir faire quelque chose quand même.</p>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Stiff_Upper_Lip_m.jpg" alt="Stiff_Upper_Lip.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>« Garde ta lèvre supérieure rigide », c’est-à-dire « Garde ton sang-froid »</em></p>
<p align="center"><em>Difficile pour un gouvernement coincé entre un peuple britannique qui maintient sa décision de partir et une City debout sur le frein de tout Brexit « dur »</em></p>
<p>Ce à quoi les Britanniques seront forcés, c’est-à-dire accepter leurs pertes – une bonne partie si ce n’est le plus clair <del>des trafics</del> de l’activité de la City – faire contre mauvaise fortune bon cœur et se dire que le vin étant tiré, il faut le boire, le gouvernement ne pourrait-il s’y résoudre dès maintenant, avec l’argument que la situation n’ayant guère de chance de changer, autant réduire la période d’incertitude tout en faisant preuve d’un tant soit peu d’assurance et de respect de soi ?</p>
<p>Outre-Manche, on appelle ça garder la lèvre supérieure rigide – <em>« keep a stiff upper lip »</em> – une vertu ancestrale que… eh bien, les ancêtres avaient eux, oui.</p>
<p>Pour l’instant, ce n’est pas vraiment ça.</p>
<p>Mais un de ces jours pas si lointain, les Britanniques vont la retrouver, cette vertu ancestrale – <strong>c’est qu’ils y seront bien forcés</strong>. Et puis ça ne disparaît pas comme ça, ce genre de choses. A force de fouiller dans les malles au grenier, les vieux souvenirs de l’Empire et tout ça, on finit par retomber dessus.</p>
<p>... Quant aux soixante milliards pour les finances de l’UE, autant ne pas trop y compter. La question sera plutôt : programme d’austérité dans les dépenses au niveau de l’Union, ou contributions plus importantes des Etats membre restants ?</p>
<p align="center"><em><img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Thatcher-Fontainebleau-Plantu_m.jpg" alt="Thatcher-Fontainebleau-Plantu.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></em></p>
<p align="center"><em>Il fut un temps où Londres obtenait des autres capitales un « chèque » de réduction de sa contribution. Les Britanniques accepteraient-ils qu’au moment même où ils décident de partir, ce soit eux qui cette fois-ci doivent faire le chèque ?</em></p>
<p align="center"><em>Nul n’est obligé d’y croire… Et le Brexit sera dur</em></p>
<br /><br />
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#" name="R1">1</a> – Rappelons toutefois les incertitudes sur l’avenir de l’UE elle-même. Elections italiennes, crises bancaires potentielles, migration de masse qui reprendrait de l’ampleur… Il est possible que l’on n’assiste à aucun événement troublant, voire déstabilisant, voire brisant pour l’UE d’ici le départ officiel du RU au printemps 2019. Mais ce n’est pas le seul scénario.</p>
<p>Pour les Britanniques, comme dans un autre genre pour les Russes, bref pour tous les pays européens qui ont à faire face à une UE qui leur présente un front uni, ce genre d’événement pourrait-il ouvrir des occasions ?</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#" name="R2">2</a> – Remarquons que les intérêts de l’Allemagne et de la France s’éloignent quelque peu sur le sujet, Berlin ayant à cœur de préserver son excédent commercial, tandis que Paris doit s’inquiéter d’un Brexit trop réussi qui risquerait d’encourager la forte minorité des 30 à 40% de Français intéressés à emboîter le pas.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#" name="R3">3</a> – Remerciements au contributeur <a href="http://www.air-defense.net/forum/topic/19953-on-prend-les-paris-les-british-quittentou-pas-leurope/?page=107&tab=comments#comment-1091698" hreflang="fr">Boule75</a> pour ces références</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#" name="R4">4</a> – Aucune vertu dans le refus du "passeport européen" pour les banques britanniques… il s’agit de faire reprendre la même activité par les banques continentales, et Jean-Claude Juncker <a href="https://www.politis.fr/articles/2014/11/juncker-au-centre-dun-scandale-fiscal-impliquant-340-multinationales-28907/" hreflang="fr">sera bien d’accord</a> que c’est le Luxembourg qui doit être le paradis pour les banques européennes plutôt que Londres.</p>
<p><a href="http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#" name="R5">5</a> – Enfin les <em>« Frogs »</em> quand ils ne sont pas trop éloignés de leurs propres pratiques traditionnelles, naturellement. Depuis un certain 29 mai 2005, il est en pratique exclu de faire des référendums en France, puisque le peuple a tendance à répondre mal, ce qui démontre le danger de lui poser trop de questions. Mais ce David Cameron, un véritable Chirac celui-là, s’est cru bien astucieux à faire un truc de <em>Frog</em> et à croire qu’il pouvait s’en sortir... le gros malin !</p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2017/11/13/Brexit%2C-pourquoi-l-UE-demande-t-elle-autant-d-argent-et-pourquoi-les-n%C3%A9gociations-vont-%C3%A9chouer#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/86Le TTIP - Leçon de choses en neuf mots et un secreturn:md5:693f7fc070333206cc8c2200c7dfc6a5Sunday 8 November 2015Sunday 8 November 2015Alexis TouletLeçons de chosesActualitéCrise économique et financièreCrises politiques et internationalesDémocratieEtats-UnisInfluenceTTIPUnion Européenne<em><p>Le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, TTIP dans son sigle anglais, est un accord commercial en cours de négociation entre Union Européenne et Etats-Unis. Il est d’autant plus controversé et contesté qu’il promet s’il est adopté de bouleverser les règles non seulement du commerce international entre les deux blocs économiques, mais encore d’avoir des impacts majeurs des normes sociales aux normes environnementales, et jusqu’à l’équilibre entre Etats et entreprises.</p>
<p>On peut cependant comprendre cet accord en <strong><em>seulement neuf mots</em></strong>...</p>
</em> <p>Le TTIP est l’héritier d’un autre accord de commerce négocié secrètement avant d’être tué dans l’œuf en 1998. L’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) avait entraîné de vives oppositions de la part des partisans de l’exception culturelle, de syndicats et des défenseurs de l’environnement lorsqu’il avait été rendu public par des mouvements de citoyens américains, ce qui avait finalement entraîné son abandon. Comme le disait l’une des responsables des ONG américaines <em>«l’AMI est comme Dracula : il meurt à être exposé en plein jour»</em></p>
<p>Cependant, comme tout vampire digne de ce nom, il parvient toujours à renaître sous une autre forme...</p>
<br />
<h4>Neuf mots</h4>
<p>John Hilary, directeur de l’ONG charitable britannique War on Want (<em>Guerre contre le Besoin</em>) a rencontré au mois d’octobre Cecilia Malmström, qui en sa qualité de Commissaire au commerce de l’Union européenne est la responsable des négociations pour le TTIP du côté européen.</p>
<p>Ce qui fut l’occasion d’une leçon de choses inoubliable sur la nature du TTIP comme sur celle du processus de décision européen.</p>
<p>Il le rapporte dans sa tribune publiée dans la presse britannique : <a href="http://www.independent.co.uk/voices/i-didn-t-think-ttip-could-get-any-scarier-but-then-i-spoke-to-the-eu-official-in-charge-of-it-a6690591.html">Je ne pensais pas que le traité TTIP pouvait devenir encore plus effrayant - jusqu’à ce que je parle avec la négociatrice en chef de l’Union Européenne</a></p>
<blockquote><p>J’ai eu récemment le rare privilège d’un coup d’œil derrière la façade officielle de l’Union européenne en rencontrant la Commissaire au commerce dans son bureau à Bruxelles.</p>
<p>(Cecilia Malmström) est en charge de la politique de commerce et d’investissement pour l’ensemble des 28 Etats membres, et ce sont ses collaborateurs qui finalisent actuellement le traité TTIP avec les Etats-Unis.</p>
<p>Quand je le lui fis remarquer, Malmström reconnut qu’aucun traité de commerce n’a jamais inspiré une opposition aussi large ni aussi passionnée. Mais lorsque j’ai demandé à la Commissaire au commerce comment elle pouvait continuer de faire une promotion aussi assidue de ce traité en face d’une opposition publique aussi massive, sa réponse fut froide et concise : <strong>"Je ne reçois pas mon mandat des peuples européens"</strong> (<em>“I do not take my mandate from the European people.”</em>)</p>
</blockquote>
<p>Rien que neuf mots.</p>
<p>Et pourtant, tout est dit.</p>
<p>Naturellement, la Commissaire a plus tard <a href="http://www.independent.co.uk/news/world/europe/a6695996.html">démenti avoir prononcé ces paroles.</a> </p>
<blockquote><p>Je n’ai pas dit cela. Ce que j’essayais d’expliquer, c’est que le mandat pour négocier le TTIP et les autres traités de commerce est donné par le conseil des ministres (…) le mandat ne peut être changé que par l’ensemble des Etats membre. Ce n’est pas de ma responsabilité.</p>
</blockquote>
<p>Nul doute que des conseillers en communication sont passés par là, et lui ont expliqué les inconvénients d’une telle franchise…</p>
<p>Et cependant, même dans son démenti elle confirmait encore le fond de l’affaire. En résumé : je n’ai pas dit cela... mais pourtant c’est vrai. Sans négliger d’ajouter que de toute façon la chose n’était pas de sa responsabilité.</p>
<p>Comme le lui répondait par voie de presse John Hilary – qu’elle venait tout de même d’accuser de mensonge – «<em>ses commentaires n’ont fait que confirmer en public ce qu’elle nous avait dit en privé</em>»</p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.Cecilia_Malmstrom_m.jpg" alt="Cecilia_Malmström - « Je ne reçois pas mon mandat des peuples européens »" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>Commissaire au Commerce de l’Union Européenne, en charge de la négociation du TTIP</em></p>
<p align="center"><em>« Je ne reçois pas mon mandat des peuples européens »</em></p>
<br />
<h4>Secret maniaque</h4>
<p>Si l’opposition de nombreux hommes politiques, ONG, syndicats et simples citoyens au traité TTIP est aussi radicale, c’est aussi à cause du secret maniaque maintenu autour du texte en cours de négociation.</p>
<p>C’est que les négociations sont absolument secrètes, avec un nombre extrêmement réduit de personnes disposant du texte en cours de négociation. Wikileaks a annoncé une prime à qui fournirait une version à jour, mais il y a peu de chance qu’elle soit jamais versée, car <a href="http://transatlantique.blog.lemonde.fr/2015/08/11/pourquoi-la-fuite-du-tafta-reclamee-par-wikileaks-est-peu-probable/">le secret est très très bien gardé.</a></p>
<blockquote><p>Depuis un an, ces documents sont sous haute surveillance. Sur l’insistance des Américains, ils ne sont plus transmis par voie électronique ou sur papier, comme auparavant, afin de limiter les possibilités de fuite. Pour les consulter, les heureux élus doivent se rendre dans une salle de lecture ultra-sécurisée à Bruxelles (ou l’une de ses annexes, dans les ambassades américaines d’Europe), où il est interdit d’utiliser un téléphone portable, ou tout autre appareil qui permettrait de les scanner. « Il n’est pas possible de sortir les documents de la salle : seulement de prendre des notes sur des feuilles qui nous sont fournies, avec notre nom inscrit dessus, expliquait M. Jadot au Monde il y a quelques mois. Or, tout seul, il est impossible de recopier des centaines de pages de textes juridiques, d’autant que nous signons une déclaration de confidentialité. »</p>
</blockquote>
<p>Le plan est clairement de bloquer toute information et d’empêcher tout débat jusqu’aux derniers moments avant la signature, afin de prendre de vitesse les critiques et de faire alors pression sur chaque Parlement national appelé à approuver le traité. Les arguments sont connus et éculés, mais ont jusqu’ici eu à chaque fois un impact déterminant :</p>
<ul>
<li>il est impossible d’apporter la moindre modification car sinon aucune négociation n’aboutira jamais,</li>
<li>c’est donc à prendre ou à laisser,</li>
<li>le libre-échange est par principe et dans tous les cas une bonne chose,</li>
<li>un seul pays ne peut se permettre de bloquer un accord d’importance presque mondiale,</li>
<li>le voudrait-il qu’il se retrouverait sous pression maximale de la part des Etats-Unis, tandis que les autres pays européens ne piperaient mot...</li>
</ul>
<p>Nul parlement d’un pays européen n’a jamais résisté jusqu’ici à ce genre d’argumentation.</p>
<p>Sans doute un peuple pourrait-il aller jusqu’à se permettre de répondre comme il le souhaite, et non nécessairement comme on l’attend… mais comme aucun pays ne prévoit de faire approuver le TTIP par référendum !</p>
<p>Et une fois le texte signé il deviendrait totalement inamovible et impossible à modifier pour aucun pays européen, sauf naturellement pour ce pays à sortir au préalable de l’Union Européenne.</p>
<p>Qui donc "ne reçoit pas (son) mandat des peuples européens", négocie en secret au profit des plus puissants puis tente d’imposer ses décisions aux pays européens et à leurs parlements par le chantage, sans qu’il soit possible de revenir moindrement sur ces décisions après coup ?</p>
<p>Qui... <strong>sinon l’Union européenne !</strong></p>
<img src="http://www.noeud-gordien.fr/public/.TTIP_m.jpg" alt="L'UE et au-delà" title="xxx" style="margin: 0 auto; display: block;" />
<p align="center"><em>L’Union européenne, et au-delà...</em></p>http://www.noeud-gordien.fr/index.php?post/2015/11/05/Le-TTIP-Le%C3%A7on-de-choses-en-neuf-mots#comment-formhttp://www.noeud-gordien.fr/index.php?feed/navlang:en/atom/comments/37